Pour sortir du contexte des interviews de joueurs traditionnels, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir un acteur et un métier du monde du football encore trop peu médiatisé et qui pourtant joue un grand rôle dans la performance des joueurs. Nous avons eu en effet la chance d’interviewer Johnny Ramos,préparateur physique et coach, notamment d’Adrian Alvarez, joueur évoluant à Västerås en Suède. Sans plus attendre allons à la rencontre de Johnny et de la Suède, pays qu’il a visité.

Bonjour Johnny, peux-tu nous parler de ton métier en nous expliquant, par exemple, en quoi cela consiste exactement et si tu as certaines anecdotes à nous raconter?

Mon métier consiste à encadrer un club ou un joueur au niveau de la préparation physique, de planifier des séances d’entrainement axé sur le physique, en l’associant à la  spécificité de l’activité en synergie avec le staff, mais également de gérer la charge de travail et de mettre au point des routines d’entrainement pour les joueurs tant en saison que hors saison.

Lorsqu’il s’agit d’un accompagnement individuel, je joue un rôle plus proche, je suis un peu comme un assistant personnel car nous sommes amenés à partager d’avantage que nous pourrions le faire dans une équipe, nous échangeons souvent, cela va plus loin que de la préparation physique, nous échangeons sur les sensations du joueur au jour le jour, sur son mode de vie (récupération, nutrition) de manière plus « spécifique ». Ici, tout est axé autour du joueur ce qui n’est pas forcément le cas lors ce que vous avez une équipe à gérer, du moins c’est plus compliqué.

Comment t’es-tu constitué ce réseau de joueurs ? Est-ce que les clubs ont tendance à ce que leurs joueurs soient suivis par le même préparateur physique, côtoie-tu des agents ?

Il faut savoir avant tout que le choix de devoir s’occuper d’un joueur en individuel est pris par le joueur lui-même, les clubs ne sont pas forcément friands de ce genre de procédés pour des raisons que je peux comprendre, cela dit, s’il y’avait une meilleure communication entre le club et l’hypothétique « staff privé » du joueur, les choses se dérouleraient mieux je pense. Au final nous avons le même objectif pour le joueur : sa réussite. Au niveau des agents, j’en connais assurément plus aujourd’hui que lorsque j’ai commencé, ils font également partie du cercle proche du joueur et je pense que c’est essentiel de pouvoir communiquer avec eux. Aujourd’hui certain d’entre eux me contacte afin de me confier un ou plusieurs de leurs joueurs, ici aussi, c’est une relation à deux sens, nous avons un objectif commun, le bien être du joueur. Il se peut aussi qu’un joueur que j’entraîne recherche un agent, à ce moment-là, je fais volontiers le lien avec les agents que je pense de qualité et respectueux des envies du joueur, cela me parait être le plus important. Le réseau s’étoffe par le bouche à oreille au fil des années.

Quelle est selon-toi la relation entre la préparation et la performance ?

Je pense que c’est une relation indissociable, je ne crois pas ou peu au hasard, du moins mes quelques années d’expériences ne m’ont apporté qu’une seule réponse : seul le travail paie.

« Seul le travail paie »

Ton métier te permet donc de voyager, tu es souvent en déplacement ? Quelle destination as-tu pu visiter récemment ?

Il est vrai que depuis peu, les demandes se sont un peu élargies, sortant peu à peu des frontières de mon pays d’adoption (la Suisse). Parfois je me demande si je ne devrais pas céder aux appels et me concentrer à 100% sur les joueurs, à l’étranger mais le plus gros de mon travail se trouve encore en Suisse, d’autant plus j’aime ce pays et je dois dire que pour l’instant cela me va ainsi, même si on ne peut jamais dire jamais comme on dit ! Les demandes concernent la France principalement ou la partie Suisse Alémanique, puis il y’a eu cette visite en Suède récemment pour  rendre visite à Adrian Alvarez que j’ai préparé avant son départ en Suède. La Suède justement, c’était un mix de travail et de curiosité, dans le sens où nous avons beaucoup discuté de ses projets d’avenir, de football bien sûr, de ses impressions, de nutrition, puis il m’a également fait découvrir son mode de vie là-bas, j’ai pu assister à un entrainement, analyser les façons dont travaillent les gens. C’était très intéressant de le voir totalement adapté à son nouveau mode de vie en Suède, c’était une sorte d’aboutissement pour nous, étant donné qu’on savait qu’il fallait se préparer à quelque chose de différent, à quelque chose de neuf, pour le coup ça s’est plutôt bien passé pour lui, j’avais confiance car c’est un champion de l’adaptation.

Tu es donc parti en Suède avec Alvarez, qu’as-tu découvert là-bas en arrivant :

Je suis allé lui rendre visite oui ! J’ai découvert une culture vraiment différente de ce que j’avais l’habitude de voir chez moi, attention, je n’aimerais pas que cela soit mal interprété, je vis à Lausanne, la capitale olympique, les gens sont globalement sportifs et la culture du sport se ressent tout de même dans cette ville ! Mais il y’a « faire du sport » pour le faire (pour tous les bienfaits qu’il renferme et que tout le monde connait), puis il y’a « faire du sport façon suédoise » (rire). Les gens sont sur des vélos alors que les températures sont très froides, ils se déplacent à pieds et vont voir des manifestations sportives comme le football ou le hockey, les infrastructures que j’ai vu à Vasteras sont dignes de nos meilleures infrastructures en Suisse Romande alors que le VSK est en D3, les gens sont présents, ils soutiennent de toutes leurs forces, c’est très beau. Je me souviens de l’accueil fait à Alvarez, il m’écrivait ou m’appelait tous les jours pour me dire : « Je suis dans la presse » ou encore « La télévision était présente à l’entrainement, les gens m’applaudissent et me reconnaissent dans la rue ! » Il était vraiment comme un enfant qui découvre une nouvelle façon d’être ce qu’il voulait être, un footballeur à part entière et il a réussi à le faire, il n’a jamais cessé de le vouloir, il est très reconnaissant de tout ce qui lui arrive et je vous le dis sincèrement, il le mérite, c’est un travailleur ! Pour tous ces jolies souvenirs, les gens, la mentalité rencontrée là-bas, je dois dire que la Suède m’a énormément plu !

« Adrian Alvarez ? Un travailleur. »

Il y a en effet une certaine culture du football et du hockey principalement en Suède, as-tu pu assister à des rencontres en Suède ? Aussi bien des matchs amateurs que d’Allsvenskan ?

Je n’ai assisté qu’aux entraînements, mais j’ai vu presque tous ses matchs via internet, je me suis également intéressé à ces championnats, que cela soit l’Allsvenskan comme la Superettan, j’ai également beaucoup discuté avec un entraîneur Espagnol qui vit également en Suède à Stockholm, il est l’un des plus jeunes entraîneurs UEFA et pourtant il a choisi un projet suédois, cela doit surement vouloir dire que le potentiel évolutif est intéressant.

« La Suède mais également les pays scandinaves sont très intéressants, ils gagnent vraiment à être reconnus car le potentiel est là »

Est-ce que certains joueurs ton surpris en Suède et pourrait devenir ou sont déjà de très bons joueurs ? D’ailleurs petite parenthèse, Alvarez évolue dans l’ancienne équipe qu’un certain Victor Lindelöf (potentielle nouvelle recrue de MU pour 45M€). Cela montre que même en D3 certains peuvent se révélés ?

Oui c’est sûr ! L’histoire de Lindelöf a fait beaucoup de bruit au sein du club de ce que j’ai pu suivre, Alvarez m’en parlait, je sais que certains joueurs du club sont de proches amis de ce joueur, Le VSK c’est son club. Cela montre en effet que tout est possible, la Suède mais également les pays scandinaves sont très intéressants, ils gagnent vraiment à être reconnus car le potentiel est là et l’atmosphère est saine, ils leurs manque peut-être encore le petit coup de projecteur mais ils ont de bons ambassadeurs dont Monsieur Ibrahimovic, Lindelöf ou encore le jeune Martin Ødegaard que toute l’Europe s’arrachait il y’a encore pas si longtemps.

Si un jour tu as la possibilité d’aller en Scandinavie au sein d’un club, où aimerais-tu aller ? Pourquoi ?

C’est une question compliquée, mais si elle est compliquée elle doit être bonne ! Comme ça d’instinct je répondrais Malmö FF, forcément c’est un club historique en Suède, club formateur d’Ibrahimovic et sans doute très avancé en matière d’infrastructures, lorsque que je vois le VSK je ne peux qu’imaginer Malmö ou L’AIK mais encore Brondby ou Copenhague pour changer de pays. A vraie dire, je ne connais pas assez les clubs et les façons de faire pour m’exprimer mais si un projet sérieux arrive un jour, je l’étudierais pourquoi pas !

« Aux joueurs motivés par l’envie d’apprendre, de devenir meilleurs, de grandir en tant que footballeur et de se confronter à un nouveau challenge pas évident du tout, je ne peux que conseiller la Suède »

Enfin pour conclure, conseillerais-tu à des joueurs de tenter leurs chances en Suède, et as-tu un mot de fin à nous dire ?

Aux joueurs motivés par l’envie d’apprendre, de devenir meilleurs, de grandir en tant que footballeur et de se confronter à un nouveau challenge pas évident du tout, je ne peux que conseiller la Suède.

Vous concernant, je ne peux que vous encourager à continuer de nous informer comme vous le faites et vous remercier également pour la promotion de ces championnats pas forcément connus chez nous et qui encore une fois méritent un réel intérêt. J’ai beaucoup appris en suivant votre page ! Par ce même billet, je remercie les gens qui œuvre pour la promotion du football et également du sport en général dans le monde amateur, et ce peu importe le pays, merci à vous qui contribuez à le faire connaître, à le développer en encourageant les jeunes à lutter pour leurs objectifs, seul le travail paie. Merci à vous.

Merci Johnny pour votre temps et bonne continuation pour la suite.


Pour plus de détails ou pour contacter Johnny Ramos c’est ici :

Son Facebook : https://www.facebook.com/Jr.Coachingsportif

Son site web : http://www.johnny-ramos.com/

Image à la Une: ©Johnny Ramos & Adrian Alvarez

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