crédits photo : FCK.dk

 

Depuis sa création à proprement parler (même si le terme fusion serait plus approprié) en 1992, le FC København a souvent fait figure de maître du football scandinave à l’échelle européenne. Cette suprématie s’explique notamment par une domination peu ou prou régulière sur le foot danois se traduisant par de nombreux titres nationaux, même s’il n’est pas rare que les lions se fassent surprendre de temps à autre, comme cette saison. Cette aura ainsi que les moyens financiers – il faut le rappeler, largement au-dessus de la moyenne scandinave – permettent d’attirer de nombreux joueurs, et notamment d’anciennes promesses danoises ayant eu du mal à percer une fois parties à l’étranger. Ces dernières années, les exemples d’anciens pensionnaires de Superliga revenant au bercail (comprenez au pays et précisément au FCK, pas forcément dans leur ancien club) sont légion… et les fortunes bien diverses. La politique de transfert des Lions de ces derniers temps repose en partie sur ses coups de poker. Explications.

Un petit (re)tour et puis s’en va

Tous formés dans la capitale (respectivement à B93, FCK et AB), les trois piliers du groupe de Ståle durant l’exercice 15/16 qu’étaient Zanka, Cornelius aka « Corner » et Jørgensen ont tous profité d’un retour au Parken pour relancer provisoirement leur carrière.

Le premier coule des jours paisibles à Huddersfield en Première League où il n’a pas manqué une seule minute de jeu en championnat, à l’instar de son compatriote Lössl. Son club s’est sauvé, son aventure se poursuivra donc plus que probablement en Angleterre. Mathias « Zanka » Jørgensen, défenseur au tempérament parfois imprévisible, avait quitté le FCK l’été 2012 pour rejoindre la destination de premier choix de nombreux Danois, les Pays-Bas (et plus précisément le PSV Eindhoven). Il reviendra toutefois dans sa ville natale deux ans plus tard après une expérience mitigée. Revigoré après trois saisons au FCK, il repart à la conquête de l’étranger en s’installant comme expliqué ci-dessus à Huddersfield.

Le second fit sensation durant l’été 2013 grâce à son transfert record à Cardiff City qui avait placé énormément d’espoirs en lui, comme en atteste le montant de son départ (plus de 8,7M, un record à l’époque). L’attaquant d’à peine 20 ans joue 11 rencontres sans trouver une seconde fois le chemin des filets. Les capricieux dirigeants de Cardiff décident alors de se séparer de sa jeune recrue en invoquant un manque d’efficacité et un salaire trop élevé :  « Corner » revient six mois plus tard au FCK qui aura réalisé en fin de compte une belle plus-value financière ! Comme Zanka, il retrouve un bon niveau avec son club formateur et attire les regards des recruteurs de l’Atalanta qui le signe en juillet 2017. Avec trois buts en 23 rencontres, Cornelius réalise une saison en demi-teinte, surtout ces derniers mois. Alors que la première moitié de saison s’était montrée prometteuse, « Corner » voit son temps de jeu  considérablement se limiter ces derniers mois.

Enfin, le cas de Nicolai Jørgensen est aussi assez intéressant. Parti à Leverkusen en 2010 à l’âge de 19 ans, il sera prêté dans un premier temps au FCK allemand (le FC Kaiserslautern – qui depuis sombre progressivement dans les abysses du football teuton) et ensuite au FCK danois où il fera une saison complète (12/13). Conquis, les Lions l’achèteront en fin de saison où il se refera une santé pendant trois saisons. C’est alors qu’à l’été 2016, Feyenoord s’attire les faveurs du joueur qui deviendra le principal artisan du titre national de son équipe la même année en plantant 21 roses et 14 passes décisives. Cette année, son équipe marque un peu le coup bien que les stats du Danois demeurent honorables (dix réalisations en 26 rencontres).

Les trois joueurs ont d’ailleurs été repris dans le groupe élargi de Åge Hareide pour la Coupe du Monde. Reste à savoir s’ils feront effectivement partie du groupe des 23.

Des retours moins concluants

D’autres n’ont pas connu un tel succès lors de leur retour au pays, on pense en particulier à Kasper Kusk et à Jores Okore, lesquels, après être revenus au pays et au FCK, ont rapidement pris la direction du nord du Jutland et de l’AaB où ils évoluent actuellement. Leur retour ne leur a pas servi de tremplin comme ce fut le cas pour les trois joueurs internationnaux précédemment évoqués.

La carrière du jeune Kusk avait pourtant bien commencé à Aalborg. En deux ans, il a totalisé 20 buts et tout autant de passes décisives, contribuant ainsi grandement au sacre des blancs et rouges lors de la saison 13/14. Ses bonnes performances attirent les regards du FC Twente qui s’empresse alors de le signer, mais il ne répondra pas véritablement aux attentes des dirigeants bataves. 12 mois plus tard, il revient au Danemark par la petite porte après une saison décevante et paraphe un contrat avec les Lions. Après deux saisons et demie somme toute correctes chez les bleus et blancs, l’ailier retourne en janvier 2018 dans le club de ses débuts.

Jores Okore connaîtra lui une expérience à l’étranger plus longue, mais tout aussi douloureuse. En effet, après deux grosses saisons à un bon niveau à Nordsjælland, le jeune Okore s’envole pour la région de Birmingham et signe un contrat avec les Villans. Gros manque de bol, il se fait les ligaments du genou en début de saison après trois rencontres comme titulaire. Saison terminée. Il revient en force l’année suivante en disputant 23 rencontres. Mais son histoire en Angleterre se terminera à la fin de la saison 15/16 avec la relégation du club. Le robuste Okore rentre alors au Danemark, au FCK. Cependant, Solbakken lui préférera la paire centrale Zanka-Johansson, le joueur n’aura pas vraiment voix au chapitre et ne portera les couleurs de Copenhague qu’à six petites reprises. Il cherchera donc au terme de la saison à partir vers d’autres cieux plus radieux et atterrira à Aalborg où il se refait une petite santé.

Returnees dans l’effectif 17/18

L’effectif de cette saison compte également des « danish returnees » dont font notamment partie Thomsen, Fischer et Boilesen. Boilesen et Fischer ont quitté le Danemark très jeunes si bien qu’ils n’ont jamais joué avec l’équipe première de leur club de formation (respectivement Brøndby et AGF/FCM). Tous deux atterrissent dans l’équipe de jeunes de l’Ajax, mais leur destin sera foncièrement différent : Fischer perce en équipe première, mais après avoir décidé de rejoindre Middlesbrough, sa carrière fera du sur place. Il sera ensuite acheté par Mayence qui le revendra aussitôt à Copenhague. Le joueur qui cherchait du temps de jeu avant le Coupe du Monde ne fera assurément pas de vieux os au Telia Parken tant il écrase déjà tout sur son passage en quelques mois en Superliga.  Il ne fera pas de vieux os au Danemark. Le jeune Viktor a pour le moment réussi son pari puisqu’il a été retenu dans les 35 provisoires pour la coupe du Monde.

Le cas de Boilesen est plus complexe. Ses débuts à l’Ajax sont excellents, il enchaîne performance sur performance et devient un pion incontournable du club ajacide. Pourtant, un différend avec son club le fera totalement disparaître des écrans de radar durant la saison 15/16 où il ne jouera pas une seule rencontre avec son club. En fin de contrat, il décide de quitter les Pays-Bas et débarque chez les Lions. Sa carrière a également été entachée par de nombreuses blessures, freinant de fait sa progression. Cette saison, il compte plus de 20 rencontres à son actif. Il est également repris dans les 35 de Hareide.

Thomsen s’est quant à lui essayé chez les Canaris du FC Nantes après une belle période à Aalborg, mais force est de constater que le natif de Skagen est revenu au pays six mois plus tard. Après une enchainement de blessures et quelques rencontres au poste de latéral droit (!) pendant une grosse année, Thomsen retrouve enfin des couleurs ces derniers mois en arpentant à nouveau son flanc gauche, son poste de prédilection.

On l’aura donc vu au travers de ces exemples non exhaustifs (auraient également pu être cités Kvist, Poulsen, Ankersen, …), le FC Copenhague aime rapatrier des joueurs danois en difficulté à l’étranger, et ce quelle que soit la raison (blessures, manque de temps de jeu, différend avec le club …), les dirigeants des Lions ne ratent jamais une occasion de recruter des joueurs bien connus à l’échelle nationale et même parfois européenne. Au vu de ces nombreux exemples, une question peut naturellement se poser : les joueurs danois sont-ils trop légers pour le haut niveau ? Pas forcément, une carrière se compose toujours de hauts et de bas et puis, comme partout, il y a à boire et à manger (d’autres joueurs réussissent comme Wass, Sisto, Durmisi, Poulsen …). Quoi qu’il en soit, mon petit doigt me dit que cette politique de « danish returnees » – bien que pas innovante pour un sou – a encore de beaux jours devant elle.

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