Simon Kjær, « le Viking de Horsens »

Simon Kjær, "le Viking de Horsens"

Ses débuts

Simon Kjær voit le jour à Horsens, à la toute fin des années 80, en 1989. Comme d’autres cités danoises, la ville est construite autour d’un fjord éponyme, sur la côte est de la péninsule danoise du Jutland. Cette commune au charme unique, où la culture et la nature se côtoient harmonieusement, est le lieu de naissance d’un futur grand ambassadeur du foot nordique. Dès ses quatre ans, il tape dans ses premiers ballons au sein du petit club de Lund IF, situé à quelques encablures de sa ville natale. Le jeune Simon y évolue jusqu’à ses douze ans avant de rejoindre le club phare de la région : le FC Midtjylland. Et c’est tout sauf un hasard.

En effet, son père Jørn, un ancien footballeur de l’AC Horsens, travaille comme responsable de l’équipement pour les Ulvene. Pur produit de la formation du FCM, l’un des premiers clubs danois à avoir une académie, Simon côtoie notamment Christian Sivebæk ou encore l’international néo-zélandais Winston Reid. À l’époque, entre ses quatorze et ses dix-sept ans, son poste de prédilection est milieu de terrain. Deux événements vont influencer la suite de sa jeune carrière. Le premier intervient quand son entraîneur décide de le repositionner au poste de défenseur central. À ce nouveau poste, il se fait très vite remarquer pour son habilité technique et par son physique imposant. Il faut dire que le jeune homme de 17 ans mesure déjà 1m82 pour 78 kg. Lors d’un tournoi de jeunes en France, où il est élu meilleur joueur, il attire l’attention du LOSC mais son club rejette l’offre et lui propose de signer pro. Promu en équipe première dès janvier 2007, Kjær participe à la bonne saison de son équipe avec à la clé à nouveau une deuxième place au classement de la Superliga. Lors de cette édition, il prend part à dix-neuf matchs de championnat et deux de Coupe du Danemark. Le deuxième tournant survient quand Midtjylland participe au Tournoi international de Viareggio en Italie.

 

Le tournoi se tient en tout début d’année 2008. Beaucoup d’observateurs viennent essayer de trouver la perle rare même si Simon Kjær n’est déjà plus un inconnu pour les nombreux scouts européens puisque son club a été sollicité peu de temps auparavant par des formations anglaises de Premier League comme Middlesbrough ou Chelsea. Le défenseur danois s’illustre avec son équipe inscrivant un but sur penalty contre Sansovino. Et même si Midtjylland ne sort pas de son groupe de qualif, un homme est convaincu par les prestations de Kjær. Cet homme s’appelle Rino Foschi et il occupe les fonctions de Directeur Sportif pour l’US Città di Palermo, le club sicilien présidé par le fantasque Mauricio Zamparini. Sous sa direction, Palermo est passé de la Serie B (deuxième division italienne) à la Coupe de l’UEFA.

Surtout, il a découvert plusieurs jeunes talents transalpins qui ont ensuite évolués sous le maillot azzurro de la Nazionale et sont même devenus champions du monde en 2006 contre la France (Barone, Barzagli, Grosso, Toni & Zaccardo). Alerté par l’un de ses scouts, Foschi ne perd pas de temps et dès février 2008, les Siciliens obtiennent la signature du prometteur central scandinave. Selon les accords du contrat, Simon ne rejoint l’île italienne qu’à partir de juin 2008. Ainsi, il porte encore quelques mois les couleurs de son club formateur afin de finir la saison danoise et de connaître sa première expérience à l’étranger.

Une première expérience réussie en Italie

Pour TuttoMercatoWeb, Rino Foschi se rappelle les coulisses de ce transfert : « Je voulais absolument Kjaer à Palerme. L’Inter le suivait. Je me souviens qu’on m’a parlé de ce garçon, qui jouait au tournoi de Viareggio. Mon principal recruteur, Beppe Corti, m’a dit que l’Inter organisait un match amical contre Midtjylland. J’en ai parlé à Zamparini et il m’a mis dans un avion privé pour aller chercher Kjaer. » Il ajoute : « J’ai rencontré Mikkel Beck, l’agent du garçon. Avant d’accepter, Simon voulait voir la ville. Il voulait le même salaire que Cavani, je lui ai fait un contrat avec des clauses spéciales et finalement nous avons ramené l’affaire à la maison. » Enfin, il conclut : « C’était une opération que je voulais absolument faire grâce aussi aux recommandations de mon équipe et en particulier de Beppe Corti. Je l’ai payé 3 millions. C’était un joueur prometteur comme tant d’autres qui sont passés par mon Palermo. Par exemple Cavani. J’ai très peu profité de Simon en tant que directeur sportif de Palerme parce qu’ensuite je suis parti ».

Son jeune âge (19 ans) conjugué à un nouvel environnement, très différent de la vie danoise, et à une concurrence plus élevée ont retardé son éclosion en équipe première. Il ne fait sa première apparition sous ses nouvelles couleurs que fin octobre 2008 en remplaçant Paolo Dellafiore lors de la réception de la Fiorentina (1-3). Trois jours plus tard, le Danois réalise une superbe prestation. Impliqué dans l’obtention d’un penalty, transformé par Miccoli, il inscrit son premier but rosanero pour un succès 3-0 contre le Chievo. À partir de ce moment, le défenseur central devient un élément important du XI. Ses qualités physiques et sa ténacité font des merveilles. Mais il démontre aussi ses qualités de finisseur avec deux autres buts contre Lecce et Bologna. À l’issue de sa première saison italienne, Simon termine avec vingt-sept apparitions et trois buts. La Gazzetta dello Sport le met en avant et le nomme deuxième meilleur joueur U21 de Serie A. La culture tactique italienne va impacter la suite de sa carrière comme le remarque son ancien coach chez les jeunes de Midtjylland, Glen Riddersholm : « Simon est un défenseur formé à la tradition italienne de la défense collective. Il est fier de défendre ses propres cages. »

Lors de la saison suivante, il s’affirme comme un titulaire incontournable du club palermitain formant une redoutable charnière axiale avec Cesare Bovo. Cela lui vaut une revalorisation salariale assortie d’une extension de contrat signée en septembre 2009. Devenu son nouvel agent, Jørn Kjær, son père, annonce la nouvelle au média danois sporten.dk : « Il y a longtemps que l’on parle d’un nouveau contrat du côté du club, et Palerme a été tellement satisfait de la première année de Simon au club et dans le football italien qu’ils ont voulu lui donner une augmentation de salaire significative. Simon vient de le signer ici à Rome, et il est très heureux de la grande tape dans le dos. »

Ses performances lui valent d’être nommé Talent danois de l’année 2009 et Joueur danois de l’année 2009. En dépit de son jeune âge, Kjær joue comme un vieux briscard. Il accumule énormément d’expérience et affiche une belle régularité malgré les nombreux mouvements d’entraîneurs sur le banc. Pour sa seconde saison, Palermo réussit à se qualifier pour la Ligue Europa avec un bilan de trente-cinq matchs pour deux buts ainsi que trois apparitions en Coppa Italia. Des années plus tard, Simon déclare : « Palerme m’a sans aucun doute transmis l’amour de l’Italie et du football italien. » À l’intersaison 2010/11, de nombreux clubs veulent l’attirer dans leur effectif. Des rumeurs évoquent l’intérêt des Anglais de Manchester City, Manchester United, Tottenham et de la Juventus. Finalement, ce sont les Allemands du VfL Wolfsbourg qui raflent la mise pour un montant de douze millions et demi d’euro.

Un passage mitigé en Allemagne

Lors de sa signature en Basse-Saxe, Simon déclare : « Ce transfert me permet de rejoindre un grand club. Je suis persuadé que c’est bénéfique pour moi. On a une équipe capable de lutter pour les premières places en Bundesliga. Je dois d’abord m’assurer une place de titulaire. » Ce mouvement fait de lui le joueur danois le mieux payé avec un salaire annuel de trois millions d’euro par an. Mais surtout ce départ en Allemagne est approuvé par le sélectionneur danois Morten Olsen qui voit une bonne opportunité pour son développement. Malheureusement pour lui, Simon va vivre une saison compliquée à l’image de son club. Orphelin de son attaquant vedette, Edin Džeko, parti à Manchester City, et malgré un recrutement ambitieux avec les arrivées du défenseur danois, du milieu brésilien Diego Ribas et du buteur croate Mario Mandžukić, Wolfsbourg plafonne rapidement et se retrouve à la traîne.

Ces mauvais résultats amènent le club à se séparer de l’entraîneur anglais Steve McCLaren, pourtant auréolé du Prix Rinus Michels 2010 sacrant le meilleur coach de l’Eredivisie pour son excellent travail avec le FC Twente. Après un intérim assuré par une ancienne gloire du football allemand, Pierre Littbarski, un autre grand nom germanique est nommé sur le banc des Weißgrünen : Felix Magath, vainqueur de l’euro 1980 avec la Mannschaft et de la coupe des clubs champions avec Hambourg en 1983. Réputé pour sa rigidité et sa sévérité, Magath réussit à maintenir le club en Bundesliga notamment grâce à une victoire très importante en déplacement sur le terrain du Werder. En dépit d’un statut de titulaire et d’une saison honorable à titre personnel, Kjær est poussé vers la sortie au début du mercato estival 2011. Magath ne le souhaite plus dans son effectif.

La parenthèse romaine

À la recherche d’un successeur à Philippe Mexès, parti au Milan, la Roma et son Directeur Sportif Walter Sabatini pense au Danois pour renforcer le secteur défensif de la Magica. Si un transfert sec est évoqué dans les médias, Simon s’engage finalement sous la forme d’un prêt payant de trois millions d’euro assorti d’une option d’achat à sept millions d’euro. Une belle occasion pour lui de se relancer dans un championnat qu’il connaît et un pays qu’il affectionne. Mais l’idylle tourne court. Les raisons ? Des performances en deçà des espérances du board romain comme lors du Derby contre la Lazio où il provoque un penalty synonyme d’exclusion (revers 2-1) ou comme lors de la large défaite 4-2 face au modeste Cagliari où Kjær n’a pas brillé. Et également un physique défaillant qui l’a tenu éloigné des terrains pendant plusieurs semaines. D’ailleurs, il ne participe qu’à vingt-deux parties de Serie A. Bien loin de ses standards habituels lors des saisons précédentes. Si Walter Sabatini avait déjà annoncé la couleur à l’issue du naufrage contre les Sardes, c’est logiquement que les Giallorossi ne lèvent pas l’option d’achat et le renvoient en Allemagne.

De retour à Wolfsbourg pour la saison 2012/13, Simon est clair et annonce la couleur dans le magazine Kicker : « Je ne vais pas appeler M. Magath. Il va sans dire que je ne retournerai pas à Wolfsburg. » et d’ajouter : « Je ne jouerai plus jamais sous les ordres de Magath. » Finalement, les choses s’arrangent quand Felix Magath décide de donner une deuxième chance au Danois et de l’intégrer à l’équipe première. Cependant, un départ a failli être concrétisé lors du mercato mais son transfert en Turquie a capoté au dernier moment. Relégué sur le banc des remplaçants lors du premier trimestre de la compétition, il ne fait son retour dans le XI qu’au début de l’année 2013 quand les mauvais résultats de l’équipe appartenant à la galaxie Volkswagen ont eu raison de Felix Magath remplacé par Dieter Hecking lors de la trêve hivernale. Sous la direction du nouveau coach des Wölfe, son temps de jeu et le classement s’améliorent un peu pour finalement échouer dans le ventre mou de Bundesliga, à une modeste onzième place. Son expérience en Basse-Saxe est clairement mitigée et il est temps pour lui de trouver un nouveau point de chute.

Rebond à Lille

Recruté deux millions d’euro, pour suppléer le départ d’Aurélien Chedjou à Galatasaray, Simon est choisi pour son impact physique associé à un authentique sens de l’anticipation et du placement comme évoqué dans le communiqué du club annonçant son transfert. Dans ce même communiqué, il explique son choix : « Je pense que c’est le bon moment pour moi de venir au LOSC. Que ce soit dans ma progression, d’un point de vue géographique, ou par rapport aux personnes qui vivent dans cette région, il est évident que l’idée de rejoindre un tel club ne peut être que bonne. » Rapidement intégré, il forme une paire presque infranchissable avec Marko Baša épaulée par le gardien nigérian Vincent Enyeama. Entre le 24 septembre 2013 et le 3 décembre 2013, Lille parvient à réaliser dix clean sheets consécutifs. Grandement impliqué dans le très bon début de saison du club, le LOSC est classé en deuxième position après la phase aller avec un bilan de quatre buts encaissés lors des seize premières journées, performance historique dans l’histoire du championnat de France. Si la phase retour est moins aboutie, avec notamment un début d’année 2014 décevant, Kjær impressionne lors de sa première saison en Ligue 1. Patron de la meilleure défense du top 5 des championnats européens 2013-14, Lille ne concède que vingt-six buts en trente-huit matches, dont vingt-et-un clean sheets.

Qualifiés pour le play-off de Champions League après leur succès face aux Grasshopers, les Lillois ne passent pas l’obstacle du FC Porto (0-1 / 2-0) et sont reversés en Europa League. En fait, cet accroc estival est l’amorce d’une saison nettement moins réussie pour les hommes de René Girard. Pourtant, l’effectif n’a pas beaucoup bougé à l’intersaison mais la solidité défensive n’est plus là. Forcément, cela influe sur les résultats aussi bien dans les compétitions domestiques que sur la scène continentale. En Europe, Lille est dans le groupe d’Everton, Krasnodar et … Wolfsbourg mais les Nordistes échouent à la dernière place. Seule éclaircie pour Kjær, le coup-franc direct inscrit contre les Russes (1-1). En Ligue 1, les Dogues commencent bien mais tout se dérègle à partir d’octobre quand le club enchaîne les mauvais résultats (3N et 5D) entre le 5 octobre et le 7 décembre. Un trou d’air de deux mois qui hypothèque les ambitions européennes. Lille termine finalement à la huitième place avec un bilan très éloigné de celui de la saison précédente. Le bilan du Danois dans le Nord est un copié/collé des performances de son club. Il a été impérial pour son premier exercice et moins décisif lors de sa seconde saison. Des années plus tard, à l’occasion d’une confrontation européenne entre le Milan et Lille, il déclare en conférence de presse d’avant-match : « Mon passage à Lille a été très important dans ma carrière. C’était comme un nouveau départ après mon séjour raté en Allemagne et c’était une très bonne période pour moi car j’ai pu progresser. (…) »

Une pige en Turquie

Après s’être relancé dans le Nord de la France, le défenseur de 26 ans s’engage en faveur des Turcs du Fenerbahçe pour un montant avoisinant les huit millions d’euro et un contrat de quatre ans. Sous les ordres du Portugais Vítor Pereira, le Danois apporte son expérience, il découvre son cinquième championnat et endosse sa sixième tunique, et sa solidité défensive. Comme à Lille, les Sarı Kanaryalar s’illustrent par leur défense de fer. La meilleure du championnat turc. Mais, en dépit de joueurs de renom comme Bruno Alves, Raul Meireles, Diego Ribas, Nani, ou Robin van Persie, le club du district de Kadıköy ne parvient à empêcher l’un de ses rivaux stambouliotes, Beşiktaş, de remporter le titre de champion. En coupe de Turquie, c’est l’autre géant de la capitale turque, Galatasaray, qui anéantit les espoirs de glaner un trophée en chipant la coupe grâce à un but de Podolski.

À l’aube de la saison 2016/17, Dick Advocaat est alors nommé sur le banc du Fener mais la saison est plombée par un début d’exercice raté (1N et 2D) et un total de dix résultats nuls qui constituent un retard insurmontable pour contrarier la suprématie des Kara Kartalla du BJK. Simon et ses coéquipiers chutent même d’un rang par rapport à l’année précédente et finissent sur la troisième marche du podium derrière Başakşehir. Défaits en demi-finale de la coupe, les joueurs du technicien néerlandais ne font pas d’étincelles en Europe avec une défaite contre Monaco lors du play-off de Champions League et une élimination peu glorieuse dès les trente-deuxièmes de finale d’Europa League face aux modestes russes de Krasnodar (1-0 / 1-1). Même si les résultats du club turc sont décevants, Kjær conserve une belle côte auprès des ténors européens. Lors du mercato hivernal 2016/17, Chelsea était intéressé pour s’attacher ses services. Interrogé par la presse, il déclare alors : « Encore une fois, c’est flatteur d’être mentionné par d’autres grands clubs et cela confirme que je fais bien les choses, mais je suis un joueur de Fenerbahce et mon seul objectif est ce club. »

L’expérience andalouse

Simon pose finalement ses valises mais en Espagne. Recruté pour remplacer Adil Rami en partance pour l’OM, le Danois signe en faveur du FC Séville pour quatre ans et un chèque de douze millions et demi d’euro. Le défenseur de 28 ans est enthousiaste à propos de sa signature en Espagne : « C’est vrai que j’ai joué pour de nombreuses équipes. Venir à Séville est la plus grande étape que j’ai franchie dans ma carrière footballistique. Il est temps pour moi de rester un peu plus longtemps au même endroit, de jouer au plus haut niveau, comme en Ligue des champions. Mais je n’aime pas seulement mon métier, j’aime aussi vivre dans différents pays. Mais maintenant, il est temps de me poser un peu. J’aimerais rester ici pendant plus de deux ans. » Après une saison 2016/17 plutôt réussie sous les ordres de Jorge Sampaoli, Séville connaît un exercice 2017/18 beaucoup plus laborieux. Pour suppléer au coach argentin en partance pour l’Albiceleste, les dirigeants espagnols décident de miser sur la continuité en nommant un compatriote du « Loco dos » : Eduardo Berizzo. L’ancien joueur des Newell’s Old Boys sort de trois années assez réussies avec le Celta Vigo mais l’expérience andalouse tourne court. Malgré un bon début, l’équipe perd des matchs importants (Atlético 2-0, Bilbao 1-0, Valencia 4-0, Barcelone 2-1, Real Madrid 5-0) et est distancée pour la course à la Champions League. Berizzo est viré, Montella arrive. L’Italien ne parvient pas à redonner un second souffle aux Nervionenses. Avec seulement cinq victoires pour quatre nuls et huit défaites, l’Aeroplanino se crashe et doit laisser Joaquín Caparrós finir la saison avec quatre victoires et un nul au compteur. Finalement, le FC Séville termine à la septième position et parvient à arracher une qualification pour l’Europa League (2nd tour de qualification). En Champions League, le club s’est illustré notamment avec sa belle victoire en huitième face à Manchester United mais, en quart de finale, le Bayern de Jupp Heynckes a été plus fort. La grosse déception de la saison est la large défaite en Copa del Rey contre le Barça (5-0). Pour sa première année en Espagne, Simon a été handicapé par plusieurs blessures au cours de la saison. Il s’est illustré en marquant dans le Derby de la ville face au Betis.

Il dresse le bilan dans les médias : « Personnellement, cette année a été étrange… L’année prochaine, je continuerai à m’améliorer. Ne pas avoir de blessures m’aiderait beaucoup. » La saison 2018/19 commence par l’intronisation sur le banc de Pablo Machín. Si l’équipe perd en finale de Supercopa contre les Catalans du FCB, elle débute plutôt bien le championnat. Rapidement sur le podium, occupant même la place de leader à trois reprises, Séville déjoue les pronostics. Mais le début d’année 2019 est complètement raté avec pas moins de six défaites en neuf matchs. Ce trou d’air est fatal à Machín. Séville sort du podium et rappelle, comme l’année précédente, Joaquín Caparrós en intérim pour terminer l’exercice. L’effet psychologique est limité car les Andalous ne parviennent pas à redresser significativement la barre et finissent le championnat à la sixième place, synonyme néanmoins de qualification pour la phase de groupe d’Europa League, soit le classement au moment de l’éviction de Machín. Pour notre Danois, la seconde année espagnole n’est pas beaucoup différente en dépit de ses espérances. Des prestations convaincantes mais aussi de nombreux pépins physiques qui l’empêchent de participer à plus de vingt-matchs de Liga. Au terme de ses deux ans en Espagne, Simon a disputé soixante-quatre rencontres toutes compétitions confondues pour trois buts. La nomination de Julen Lopetegui sonne le glas de son aventure andalouse. Le technicien basque estime que l’effectif est trop fourni en défenseurs centraux et ne compte pas sur lui. « Ce fut un été mouvementé à Séville, avec l’arrivée d’un nouveau directeur sportif, Monchi, et d’un nouvel entraîneur, Julen Lopetegui, ainsi que d’une toute nouvelle équipe composée de 14 ou 15 nouveaux joueurs. Lorsque nous avons commencé la pré-saison, nous avions sept défenseurs centraux. » annonce le Danois pour Goal. Il doit alors trouver un nouveau point de chute et retourne dans un championnat qu’il connaît parfaitement : la Serie A.

Retour et fin de carrière en Italie

Prêté début septembre 2019 à l’Atalanta, à la toute fin du mercato estival, Kjær veut se relancer. Âgé de 30 ans, et fort de son expérience de plus de quatre cent matchs officiels, il se confie pour Goal : « C’est un rêve pour moi de revenir en Italie, et je n’exagère pas » Il poursuit : « C’est dans ce pays que tout a commencé pour moi, à Palerme. Puis, quelques années plus tard, j’ai été prêté par Wolfsburg à la Roma pour une saison, et j’ai toujours dit à mon agent, Mikkel Beck, qu’un jour j’aimerais revenir en Italie. J’adore ce pays, sa culture, ses habitants, sa cuisine, son football, qui est un formidable mélange de passion et de maîtrise tactique. Ma femme et moi avons même choisi de nous marier en Italie, ce qui en dit long. » Son enthousiasme va vite être douché par la réalité sportive. Dans la défense à trois souhaitée par Gian Piero Gasperini, le Scandinave va rencontrer des problèmes tactiques liés à son incapacité à s’adapter à ce système. Le prêt tourne court et dès janvier, il est résilié avant son terme. De retour à Séville, Simon ne va finalement pas s’éterniser en Espagne. Quelques jours après la fin de son contrat à Bergame, il rejoint un autre club lombard : le Milan sous forme de prêt avec option d’achat. Déjà sur les tablettes des rossoneri à la fin des années 2000 et au début des années 2010, il devient le premier Danois à endosser le maillot du Diavolo depuis un certain Jon Dahl Tomasson.

Une autre arrivée de ce mercato hivernal va impacter le cours de la saison 2019/20 du Milan. Il s’agit d’un retour, celui de Zlatan Ibrahimović. Sept ans et demi après son départ pour Paris, le Suédois revient en Lombardie pour aider son ancien club à remonter la pente. Le début de saison compliqué, sous la direction de Marco Giampaolo, vite remplacé par Stefano Pioli, avait hypothéqué les objectifs européens du club. Simon étrenne ses nouvelles couleurs, deux jours seulement après son arrivée à Milanello, à l’occasion de la réception de la SPAL (3-0) lors d’un huitième de finale de Coppa Italia. Même si l’aventure en coupe se termine en demi-finale par une élimination contre la Juve (1-1 / 0-0). En championnat, Kjær réalise de bonnes prestations au sein d’une équipe encore irrégulière. L’épidémie de COVID-19 et l’arrêt de la compétition imposée par les instances italiennes vont rebattre les cartes. Trois mois et demi de pause forcée plus tard, les matchs reprennent fin juin. Un intermède bénéfique pour les Lombards qui terminent cette saison particulière en boulet de canon et invaincus avec notamment neuf victoires et deux nuls lors des onze derniers matchs. Si l’objectif Champion’s League du début de saison fuit les Lombards, la qualification en Europa League atténue un peu le début manqué. Associé avec Romagnoli en défense centrale, Simon donne entière satisfaction et voit le club lever son option d’achat afin de lui offrir un contrat de deux ans.

La saison 2020/21 démarre sur les chapeaux de roue avec onze victoires et quatre nuls sur les quinze premières journées dont un succès dans le Derby della Madonnina (1-2) grâce à un doublé d’Ibra. Ce brillant départ permet aux hommes de Pioli d’être dans le bon wagon pour la qualification à la Champion’s League et de rêver au Scudetto. Cependant, la première défaite de la saison contre la Juventus (1-3) va enrailler cette bonne dynamique. Si le Milan réagit immédiatement avec deux victoires d’affilée, l’Atalanta leur inflige une correction à San Siro (0-3). Encore une fois, le Diavolo rebondit avec à nouveau deux succès de suite mais trois journées plus tard il enregistre deux défaites consécutives dont une surprenante face à Spezia (2-0) et la revanche de l’Inter (0-3) pour le tournant de la saison. En effet, leader depuis la 3e journée, les Rossoneri voient les Nerazzurri prendre le lead et le large au classement. Lors des quinze dernières journées, les joueurs de Stefano Pioli réalisent un bon parcours avec pas moins de neuf victoires et trois nuls pour trois défaites dont une autre série de deux revers consécutifs qui condamne définitivement les espoirs de Scudetto. Néanmoins, le Milan signe son meilleur résultat en championnat depuis la saison 2011/12 et retrouve la Champion’s League. Une première depuis 2013/14. Pas de trophées en Coppa Italia, le Milan est éliminé par l’Inter en quarts de finale (2-1). Ni en Europe, en dépit d’une égalisation de Kjær à Old Trafford à la 90+2, Manchester United s’impose à San Siro et file en quart de finale de l’Europa League.

Renforcés par les arrivées des deux internationaux français Mike Maignan et Olivier Giroud, les Rossoneri vont livrer une campagne 2021/22 de très grande qualité. Notamment grâce à leur duo offensif composé de Giroud et de Rafael Leão. L’international Portugais est virevoltant, il est aussi bien buteur que passeur décisif et réalise jusqu’alors la saison la plus aboutie de sa carrière. Malheureusement pour Simon, le 1er décembre 2021, il se blesse gravement au genou droit (lésion du ligament croisé antérieur et du ligament latéral interne du genou gauche) dès les premières minutes de la rencontre contre le Genoa. Sa saison est donc terminée et il assiste en tribunes au mano a mano que se livre son équipe avec les voisins et rivaux de l’Inter. Le Scudetto se joue lors de la 20e journée, reprogrammée fin avril 2022 en raison de la Supercoppa disputée début janvier. Bologna bat les Nerazzurri (2-1) sur une erreur de Radu, remplaçant malheureux de Handanovič. Après cette défaite, Milan prend le large et conserve les deux points d’avance pour conquérir le dix-neuvième titre de leur histoire après onze années de disette. Il s’agit du premier trophée de la carrière du Danois.

De retour de convalescence après six mois d’arrêt, Simon est désormais derrière Pierre Kalulu dans la hiérarchie de l’effectif milanais. À 33 ans, le Scandinave change de statut mais apporte toute son expérience en particulier aux éléments plus jeunes. Moins utilisé en championnat, il participe à la très belle campagne européenne du club. Eliminée en demi-finale de Champion’s League par l’Inter (0-2 / 1-0), l’équipe de Pioli échoue aux portes de la finale. Rafael Leão produit sa meilleure saison en carrière mais malgré son apport offensif indéniable, le Milan ne parvient pas à conserver son titre mais obtient une nouvelle qualification en C1 grâce à sa quatrième place. Lors de la saison suivante, Kjær retrouve plus de temps de jeu. Cette fois, c’est lui qui bénéficie des multiples pépins physiques du Français Pierre Kalulu. La saison du Milan est très bonne, le mercato estival a beaucoup apporté grâce aux arrivées dans l’effectif de joueurs tels que Christian Pulisic ou Tijjani Reijnders. Mais les voisins de l’Inter réalisent un exercice 2023/24 quasi parfait et finissent avec près de vingt points d’avance sur leurs rivaux historiques. Coïncidence du destin, le sacre du vingtième Scudetto des Nerazzurri est obtenu lors du Derby à San Siro (1-2). À l’issue de la saison, le club annonce ne pas vouloir renouveler le contrat de Simon. Après six mois sans club, il prend la décision de mettre un terme à sa carrière.

Dans une interview accordée à TV2, le Danois se confie : « C’est vraiment le bon moment pour clore ce chapitre. Ce n’est pas une décision que j’ai prise après l’été, mais une décision à laquelle j’ai pensé toute l’année avant les Championnats d’Europe. » Il ajoute : « Il y a beaucoup de choses qui ont fait que c’était un peu comme ça : voyons ce qui se passe, mais si la bonne aventure ne vient pas, d’abord et avant tout pour la famille et ensuite pour le sport, alors je vais arrêter maintenant. Ma fin est arrivée à San Siro, et cette expérience… Je savais en quelque sorte que c’était ma fin. »

En sélection

Membre important de la sélection, Simon est le deuxième joueur le plus capé de l’histoire du Danemark juste derrière Christian Eriksen. Au cours de sa carrière internationale, Kjær a disputé trois phases finales de Coupe du Monde (2010, 2018 & 2022) et d’Euro (2012, 2020 & 2024). Incorporé à l’équipe nationale par Morten Olsen pour succéder à Martin Laursen, il devient rapidement un élément clé De Rød-Hvide. Mais le défenseur central ne fait pas l’unanimité. Ancien international de 1993 à 2002, Stig Tøfting s’en prend à lui. Il lui reproche le montant de son transfert à Wolfsbourg et les erreurs commises contre l’Islande dans un match qualificatif pour l’Euro 2012. Des années plus tard, avant la Coupe du monde 2018, pour une interview accordée au magazine de football Tipsbladet, Simon déclare : « Il faut toujours un bouc émissaire, et j’ai joué ce rôle pendant un certain temps. Ce cher Morten Olsen a un jour déclaré publiquement que je n’étais pas le meilleur ami du ballon. Au Danemark, cette remarque m’a valu la réputation de ne pas savoir jouer au football. J’apprécie beaucoup Morten, mais je ne peux pas le remercier pour cette remarque, car elle m’a poursuivie pendant des années. »

Finalement, c’est lors du match d’ouverture de l’Euro 2020 disputé le 12 juin 2021 contre la Finlande que Simon va prendre une autre dimension. À la 43′, Christian Eriksen s’effondre sur le terrain du Parken, victime d’un malaise cardiaque. Le capitaine danois est le premier à intervenir, il prend immédiatement conscience de la gravité de la situation et demande aux secours de porter assistance au N°10 de la sélection. En attendant, il veille à garder les voies respiratoires d’Eriksen dégagées et commence un massage cardiaque. Ensuite, une fois l’équipe médicale en place, il demande à ses coéquipiers de former une barrière pour préserver l’intimité des soins. Enfin, pendant l’intervention des secours, il console l’épouse de son coéquipier. Evacué sur une civière, Eriksen est stabilisé et se réveille une heure environ après son incident. « C’était clair qu’il était inconscient, Quand on est arrivé près de lui, il était sur le côté, il respirait et je pouvais sentir son pouls, mais soudain, tout a changé et comme tout le monde a pu le voir, on a commencé à lui faire un message cardiaque. » commente Martin Boesen, le médecin de l’équipe danoise après la rencontre. Un supporter raconte après le match : « Simon Kjær a empêché Eriksen d’avaler sa langue, l’a mis en position de sécurité et a commencé la réanimation avant l’arrivée des secours. Il a ensuite consolé le partenaire d’Eriksen sous les yeux du monde entier. »

Après une interruption de quelques heures, le match reprend et voit le Danemark s’incliner 1-0. En dépit de cette défaite et de l’indisponibilité de leur maître à jouer, les Scandinaves atteignent le dernier carré de la compétition terrassés par l’Angleterre (2-1 ap) dans un match où le capitaine danois inscrit un but contre son camp. « Il s’est révélé au grand public lors de l’Euro. À l’étranger, on le surnomme souvent « le Viking danois », un guerrier cynique et professionnel. Aujourd’hui, il montre une facette de lui-même que le public ne connaissait pas encore. Une facette humaine », explique Glen Riddersholm, son ancien entraîneur à l’académie. Le 27 août 2021, Kjær reçoit le Prix du Président de l’UEFA en même temps que l’équipe médicale qui a stabilisé Eriksen lors du match contre la Finlande. Le Danois poursuit sa carrière internationale pendant encore trois ans mais ses présences sur le terrain lors des grandes compétitions deviennent plus sporadiques. Cela lui suffit néanmoins pour dépasser le record de présences de Peter Schmeichel. Simon Kjær a désormais sa place dans le panthéon du foot danois, un très grand défenseur qui a su montré l’étendue de ses qualités de leader et d’humaniste lors de ce match de juin 2021.

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