Bodø/Glimt ne s’arrête plus. Sur le toit du football norvégien depuis quatre ans maintenant, le club ne compte pas en rester là. Jamais auparavant autant d’argent n’a afflué sur ses comptes bancaires. On ne vous parle pas de centaines de milliers d’euros, non, mais de plusieurs dizaines de millions. Après avoir réinvesti sur des joueurs, dans son centre de formation ou dans sa structuration, le club norvégien a décidé de passer à la vitesse supérieure avec la construction d’un tout nouveau stade.
Un Aspmyra Stadion vieillissant
Il faut le dire, dans son Aspmyra Stadion de 8 000 places, Bodø/Glimt se sent un peu à l’étroit. De nombreux travaux ont dû être effectués ces dernières années, que ce soit en rénovation ou pour obtenir l’accord de l’UEFA pour y jouer en Ligue des Champions. Car si le club norvégien ne s’y est jamais qualifié, il y dispute, quasi chaque année, les phases qualificatives.
En 2025, l’équipe entraînée par Kjetil Knutsen entrera d’ailleurs dès les play-offs et ne sera donc qu’à deux matchs d’une participation historique en C1. Remettre aux normes un stade inauguré en 1964 coûte beaucoup d’argent, sans qu’il n’y ait de retour sur investissement. Les tribunes derrière les buts sont aussi très décriées par de nombreux supporters. Celles-ci ne possèdent pas de toit. Imaginez-vous assister à un match de championnat en plein mois de novembre au nord de la Norvège sous la pluie ou la neige quand les températures sont presque toujours négatives…
Le respect de l’environnement comme leitmotiv
Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, la direction de Bodø/Glimt a décidé de construire un stade flambant neuf. Pour le design, trois cabinets d’architecture ont été contactés. Plusieurs critères devaient être respectés. Entre autres, un minimum de 8 000 places modulables à 10 000 avec des possibilités d’augmentation si le besoin s’en fait sentir à l’avenir, une hauteur de 22 à 23 mètres maximum pour ne pas dénaturer le paysage et surface au sol totale de 14 000 à 15 000 mètres carrés.
Au final, c’est le projet de Consto, Nordic Office and Architecture qui a remporté la bataille. Son stade en forme de diamant a convaincu les dirigeants, mais pas seulement. « Le stade est aménagé sur le site de manière délicate et respectueuse de l’environnement. Il possède une identité marquée, facilement lisible pour le public et les sportifs. L’expérience à l’intérieur du stade est absolument fantastique, avec une solution durable très convaincante où les structures sont entièrement intégrées au design de manière enrichissante et innovante. Le stade offre une ambiance nordique tout en ayant une dimension internationale – à l’image du club qu’elle accueillera ! », expliquent-ils au travers d’un communiqué sur leur site internet.





La pelouse sera toujours synthétique. Une décision qui a étonné, car l’utilisation d’une pelouse hybride est de plus en plus appréciée par les clubs norvégiens. Aucune explication n’a été officiellement donnée, mais il est fort probable que cette décision s’explique par le climat très spécial au nord de la Norvège. Un véritable atout également en coupe d’Europe lorsque des équipes de haut-niveau viennent à Bodø en plein hiver. Le salon VIP possèdera une grande baie vitrée donnant sur le tunnel qu’empruntent les joueurs pour entrer sur le terrain. D’autres informations quant au design final devraient sortir dans les mois à venir.
Un projet qui ne fait pas l’unanimité dans la région
Mais tout n’est pas si simple. Le projet de construction d’un nouveau stade suscite une vive polémique dans la région de Nordland. Alors que 40 millions de couronnes norvégiennes ont été allouées à ce projet par le conseil régional, les habitants des zones côtières, notamment sur l’île de Træna, voient leurs infrastructures de transport vitales réduites.
Le financement du stade de Bodø/Glimt est justifié par les autorités comme un moyen de renforcer l’attractivité et de retenir les habitants dans la région. Cependant, cette décision est perçue comme ironique par de nombreux observateurs, notamment les membres du Senterpartiet, qui prétendent défendre les intérêts des zones rurales. La priorité donnée à un projet de prestige comme le stade est jugée déconnectée des réalités des communautés locales.
En parallèle à cet investissement, le conseil régional a annoncé des coupes importantes dans les services de transport maritime. Des routes de bateaux rapides, cruciaux pour les communautés éloignées comme Træna, sont supprimées. À partir de cet hiver, le Nordlandsekspressen ne desservira plus le village de pêcheurs les samedis, rendant difficile l’accès à l’île pour les habitants et les visiteurs.
Les réductions des services maritimes ont des conséquences dramatiques pour les communautés côtières. L’entreprise locale Træna 365, en plein développement d’un hôtel à 300 millions de couronnes, voit ses perspectives touristiques s’assombrir avec la perte de ce service crucial. Moa Björnson, la directrice, critique la gestion imprévisible des infrastructures régionales, comparant les décisions politiques à du hasard.
La maire adjointe de Rana, Anita Sollie, tente de justifier que les coupes dans les services maritimes et le financement du stade sont des sujets distincts. Néanmoins, elle reconnaît que la population est en droit de se sentir frustrée par ces choix. La juxtaposition de ces décisions soulève des questions sur les priorités régionales et leur impact sur le développement économique et social.
Le nouveau stade de Bodø/Glimt, bien qu’étant une superbe opportunité de développement pour son club résidant, est perçu comme un symbole de déconnexion entre les décisions politiques et les besoins réels des communautés côtières. Alors que certains se préparent à célébrer la construction d’un stade flambant neuf, d’autres, comme les habitants de Træna, se battent pour maintenir des services essentiels et cruciaux pour leur survie et leur prospérité.
En parlant d’argent, le club norvégien a énormément travaillé sur le financement de son stade. En voici le détail (en couronnes norvégiennes).
- – Fonds propres 125 025 000
– Conseil du comté de Nordland 55 000 000
– Investissements des entreprises 200 000 000
– Autres sources d’investissement 213 000 000
– Financement participatif (crowdfunding) 50 000 000
– Financement sous forme de prêt 140 000 000
– Accords de partenariat 50 000 000
– Fonds divers 25 000 000
Total 858 025 000