Le football nordique regorge de joueurs talentueux et atypiques, nombre d’entre eux sont connus à travers le monde. Mais d’autres, plus discrets, ont une importance équivalente et sont de véritable héros dans leur pays. Ainsi, aujourd’hui nous allons découvrir un homme qui a une importance capitale dans le renouveau du foot dans son pays et qui sera de nouveau le capitaine ce soir face à la France : Aron Gunnarsson.

Ce Viking natif d’Akureyri dans le Nord de l’Islande il y a 29 ans a totalement révolutionné et fait connaitre son pays à travers le monde entier. Cela grâce a son parcours lors de l’Euro 2016 et la CDM 2018 où l’Islande n’est pas passé inaperçu et son public non plus. En effet, ce dernier facilement reconnaissable à son physique atypique et son fameux « clapping » (BOOM, BOOM, HÚH! ) apparut lors de l’Euro 2016 ne cesse de faire parler de lui à chaque rencontre de l’équipe nationale : Strákarnir okkar.

« On ne joue peut-être que devant 10 000 personnes, mais quand ils font le clapping… mec, on se croirait à 100 000 » Aron Gunnarsson

Un style Nordisk

Dans un pays totalement isolé du reste du monde, avec un climat propre à chaque période de l’année où la pratique du sport dépend des saisons et avec une famille principalement axée sur le handball (Arnór Þór Gunnarsson son frère et handballeur professionnel en Allemagne et international), personne n’aurait pu deviner que Aron Gunnarsson finirait footballeur professionnel.

« J’avais du plaisir au foot, je n’en avais pas au hand, c’était trop simple pour moi » – Aron Gunnarsson

Avec un physique aux apparences de bûcheron, Aron Gunnarsson représente l’habitant typique des pays nordiques, il ne mesure cependant que 1m78 pour 70 kilos. Sa longue barbe, sa personnalité, son charisme et sa chevelure prennent néanmoins le dessus sur ses informations et transforment ce joueur en un guerrier pendant 90 minutes lors de chaque match.

De plus, il montre un amour absolu pour son pays et sa ville natale, c’est ainsi que cela l’a poussé à le tatouer sur son corps pour ne jamais l’oublier et rappeler d’où il vient. Le plus connu représente le drapeau de l’Islande avec les armoiries du pays, qui le recouvre de haut en bas de son dos. Le drapeau est représenté en couleur afin qu’il n’y ait pas de confusion avec les autres drapeaux nordiques. Puis, il a aussi tatoué l’église de son village natale avec sa rivière sur son avant-bras droit pour se rappeler de sa ville d’Akureyri.

Aron Gunnarsson fier de ses origines, l’Islande dans la peau. Crédit photo : Instagram Aron.

Il est également connu comme l’un des meilleurs lanceurs au monde, issu de sa formation d’handballeur. Ses touches longues sont connues de tous et peuvent créer des occasions dangereuses peu importe la distance tant ses lancés peuvent être lointain. Elles représentent une véritable menace pour ses adversaires et un atout pour ses coéquipiers.

« On peut avoir les bras deux fois plus gros que les miens, ça ne changera rien. Tout dépend de la manière dont vous lancez, pas de la force avec laquelle vous le faites » – Aron Gunnarsson

Enfin, ses allures pourraient montrer un joueur nerveux et dangereux mais c’est tout le contraire. En effet, sa carrière en club comporte une statistique assez impressionnante au vu de son style de jeu et de son poste (milieu défensif), Aron n’a obtenu que 1 carton rouge en plus de 400 matchs. Cela montre en lui son respect des règles, tout en ayant un jeu musclé.

Une carrière sans risques…

Auteur d’une carrière tout à son honneur, mais sans risque de parcours, Gunnarsson a débuté et appris les bases du football dans son pays. Précisément dans le club de Thor Akureyri, le club de sa ville natale. À l’âge de 17 ans, il est repéré par l’AZ Alkmaar et intègre l’équipe des u19. Avant de gravir les échelons et d’effectuer son premier et unique match professionnel au club, à 18 ans sous Louis Van Gaal . En effet, il rejoindra Coventry à l’été 2008 en Championship (D2 anglaise) où il va vite devenir une pièce maîtresse du système de son entraîneur et participera à 133 matchs en 3 saisons.

Ses bonnes prestations à Coventry lui permettent de rejoindre Cardiff en 2011, avec pour objectif de monter en Premier League et de réaliser son rêve de jouer dans l’un des meilleurs championnats du monde. Une montée acquise lors de la saison 2012/2013 après deux saisons bien maîtrisées en Championship malgré l’échec en Playoffs durant sa première saison au club. Malheureusement, cette joie n’est que de courte durée, Cardiff termine 20ème lors de l’exercice 2013/2014 de PL avec seulement 30 points et Gunnarsson ne dispute que 23 matchs dont 17 en tant que titulaire.

Le retour en Championship est assez compliqué, les saisons 2014/2015 et 2015/2016 sont peu mouvementées. Cardiff stagne alors dans le ventre mou de Championship et termine 10ème en 2014/2015 puis 12ème en 2015/2016. Mais, la saison 2017/2018, est totalement différente, avec l’équipe la plus expérimentée du championnat avec une moyenne de 26,2 ans, le club de Cardiff obtient de nouveau son billet pour la PL.

Néanmoins, cette saison en Premier League s’avère difficile pour Cardiff, l’équipe se trouve dans la zone de relégation depuis le début de saison et lutte pour le maintien. Le Viking apporte cependant une véritable solidité à l’effectif qui remporte 1,25 point par match lorsqu’il est titulaire contre 0,3 point lorsqu’il ne l’ai pas.

Aron en préparation pour ses fameuses touches sous le maillot de Cardiff. Crédit : Twitter du club.

Des débuts délicats en sélection

Aron Gunnarsson et la sélection c’est une longue histoire d’amour qui dure depuis près de 15 ans et qui n’est pas prête de se terminer. Son talent lui permet d’intégrer assez rapidement l’équipe senior où il dispute son premier match le 2 février 2008 face à la Biélorussie, avec une défaite 2-0. À cette époque, l’Islande est un pays qui reste peu connu du monde, mais l’équipe nationale va totalement changer la face de ce pays en seulement une quinzaine d’années.

La sélection s’est en effet construite une réputation en très peu de temps, la période 2008-2011 est une période de rodage ou l’équipe se découvre sous les reines de Ólafur Jóhannesson, et subit un échec aux qualifications de l’Euro 2012. Cependant, l’arrivée de Lars Lagerbäck en janvier 2012 va modifier de nombreuses choses, dès 2013, il modifie totalement le schéma de jeu et met en place un système en 4-4-2 avec Gunnarsson qu’il nomme capitaine pour la première fois le 27 mai 2012 contre la France (2-3) au poste de sentinelle afin d’apporter de la solidité défensive. Ce nouveau système qui s’accompagne de très bonnes performances lors des poules qualificatives à la CDM 2014 permet à la sélection d’obtenir une place de barragiste synonyme de véritable exploit.

Mais le tirage au sort est loin d’être un cadeau, en effet, il s’agira de la Croatie de Luka Modric ! Après avoir rivalisé au match aller en obtenant un match nul (0-0) devant leur public, l’exploit reste encore envisageable au match retour. Malheureusement, les espoirs de qualifications vont vite disparaître et la sélection croate plus expérimentée s’imposera 2-0. Cette défaite symbolisera la fin d’une campagne très prometteuse pour cette sélection.

Capitaine exemplaire de la sélection islandaise

Dès l’année 2015, la sélection continue ses bons résultats, avec notamment la qualification à l’Euro 2016, après un parcours exceptionnel lors des qualifications et seulement 1 seule défaite en 6 matchs (Turquie 1-0). Le Laugardalsvöllur devient une forteresse imprenable et l’Islande commence une série d’invincibilité à domicile. La formation en 4-4-2 (double 6) avec Gunnarsson en capitaine commence à s’imposer et la sélection prend de plus en plus d’ampleur dans le monde du football. Ainsi, elle va participer à sa première phase finale d’une compétition internationale…

L’année 2016, correspond à la révélation de l’Islande au monde du football, l’équipe réalise la prouesse de finir second de sa poule devant le Portugal (futur vainqueur de la compétition). Néanmoins, le véritable exploit a lieu en 8ème de finale contre l’Angleterre de Wayne Rooney ! Lors de cette rencontre anodine, où les Britanniques sont largement favori, les Islandais menés par Gunnarsson vont s’imposer 2-1, ce « bonus » se transforma donc en véritable moment d’histoire pour cette équipe.

« À la fin du match, j’ai si rapidement sprinté vers nos supporters, que j’ai oublié de serrer la main des joueurs anglais. » Aron Gunnarsson

Cette première phase finale a fait grandir en cette équipe une envie de vaincre et surtout une envie de Coupe de Monde, de continuer d’écrire l’histoire de ce petit pays du Nord de l’Europe. Effectivement, l’Euro a permis de faire découvrir cette équipe au grand public. Mais cela ne leur suffit pas et la qualification à la Coupe du Monde est alors plus qu’obligatoire pour toute l’équipe afin de continuer à se développer.

Malgré le départ de Lars Lagerback après l’Euro 2016 pour devenir adjoint de la sélection suédoise, le système qu’il avait mis en place va se poursuivre avec la nomination de Hallgrimson son adjoint. Les résultats incroyables de cette équipe lors de la phase de qualification pour la Coupe du Monde permettent de terminer 1ère de sa poule devant la Croatie et de se qualifier directement pour la Coupe du Monde ! À noter que l’invincibilité de l’équipe à domicile en match officiel se poursuit (8 matchs sans perdre entre 2015 et 2017).

Un moemnt qui restera dans leur mémoire collective à tous : la qualification à la Coupe du Monde 2018. Crédit :Instagram Aron.

En revanche, les résultats lors de cette compétition sont très décevants. En effet, l’Islande ne remporte aucun match et ne marque que deux buts pour cinq encaissés. Le match nul contre l’Argentine de Lionel Messi reste la seule satisfaction mais les coéquipiers d’Aron quittent la compétition avec beaucoup de déception et de regrets.

À la suite de cet échec le sélectionneur Hallgrimson décide de ne pas prolonger et Erik Hamren (ancien sélectionneur de la Suède) est nominé au poste. Cependant, il n’arrive pas à imposer son style, ne trouve pas la formation et les résultats obtenus par l’équipe lors des matchs amicaux reflètent ces difficultés, ainsi l’équipe finit l’année avec seulement 1 victoire en 11 matchs, et 4 défaites lors de la Ligue des Nations dont une très lourde contre la Suisse (6-0).

En résumé, après une année 2017 incroyable, la Strákarnir okkar est plus que jamais dans le doute. Elle reste cependant soudée de par les événements qu’elle a vécus (Euro 2016, CDM 2018,..) et son capitaine Aron Gunnarsson qui représente l’âme de cette équipe reste indispensable afin de motiver cette équipe à retrouver le chemin de la victoire !

« Nous sommes unis. Nous sommes des durs. Nous ne craignons rien. » – Aron Gunnarsson

Un avenir incertain

Après plus de 10 ans de football en Europe (Pays-Bas et Angleterre dont 8 ans à Cardiff), Aron Gunnarsson va rejoindre cet été le club de Al Arabi au Qatar où il retrouvera son ancien sélectionneur, Hallgrimson. Ce choix symbolise une carrière décevante de sa part par rapport à son leadership, sa passion pour le football et son talent.

Aron va retrouver Heimir, un duo qui pourrait cartonner au Qatar comme ce fut le cas en sélection. Crédit : Instagram Aron.

Néanmoins, il aura marqué le football islandais de son empreinte et restera « LE CAPITAINE » de cette équipe pour toujours. Des doutes subsistent concernant sa fin de carrière, un retour en Islande semble peu probable au vu de la qualité du championnat mais une reconversion en tant qu’entraîneur reste totalement envisageable.

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