De la Finlande au Finistère, Jere Uronen va devenir le premier joueur finlandais et nordique à évoluer au Stade Brestois. Après 5 belles années à Genk et une participation historique à l’Euro avec son pays, direction la France et la Ligue 1 pour le latéral gauche expérimenté de 27 ans. À un poste de plus en plus exigeant et demandé, un club français a encore fait une belle affaire à l’image de Nîmes avec Birger Meling l’an passé. Présentation en détail du meilleur latéral gauche finlandais puis de son style et de ses caractéristiques :

Un talent finlandais en avance sur son temps

Jere Uronen est né en 1994 dans la ville de Turku, la troisième ville la plus peuplée du pays aux mille lacs située tout au sud. Avec un père ancien footballeur et désormais éducateur et une grande sœur footballeuse, il ne pouvait que lui aussi s’essayer au ballon rond dès l’âge de 5 ans. Même si en parallèle, il aura pratiqué jusqu’à ses 14 ans du hockey sur glace, sport numéro 1 au pays en termes de popularité. Mais le football se sera très vite imposé à lui avec une rapide éclosion de son talent au sein d’un des gros clubs de sa ville le TPS Turku où il aura débuté à 16 ans et demi en professionnel en Coupe.

Malgré un championnat parmi les plus faibles d’Europe, le jeune latéral sort du lot et participe pour sa première saison professionnelle à 16/17 ans à 18 matchs dont 16 comme titulaire avec un but et deux passes décisives. Il aura aussi eu l’occasion de jouer un match de qualification d’Europa League et d’évoluer avec la sélection Espoirs finlandaise. Et après seulement une saison professionnelle avec son club formateur, il aura fait ses valises et traversé la frontière pour rejoindre la Suède en janvier 2012 pour le club d’Helsingborgs IF en Scanie, au sud du pays. Club alors champion en titre et parmi les meilleurs au pays à cette époque avec un gros montant déboursé pour le clubs à l’époque de 700 000€ dû à la forte concurrence sur le dossier. Mais Uronen avait alors privilégié un projet plus adapté à son niveau actuel pour avoir directement du temps de jeu plutôt que de jouer en équipes jeunes dans un top club européen.

Un choix qui se sera révélé payant puisque l’entraineur Age Hareide, ancien sélectionneur du Danemark, lui aura directement fait confiance malgré la concurrence d’Erik Edman international suédois, passé notamment par Rennes. Il disputera 17 matchs de championnat pour sa première saison à 18 ans pour 2 buts et 4 passes décisives et 5 matchs de qualifications de Ligue des Champions notamment contre le Celtic puis 5 des 6 rencontres de groupes d’Europa League. Et cette même année, il aura déjà fait ses débuts en sélection A à 17 ans et 10 mois devenant ainsi le 3e plus jeune débutant de l’histoire des Hiboux Grands-Ducs, cela tout en terminant ses études secondaires. Mixu Paatelainen le sélectionneur de l’époque croyait alors beaucoup en lui pour incarner la nouvelle génération finlandaise.

Malheureusement pour lui, il vécut une terrible saison 2013 où il n’aura pu disputer que 223 minutes à cause d’une lésion au cartilage du genou qui lui aura fait louper quasiment tous les matchs avec l’opération puis la récupération. Désormais bien rétabli et entrainé par la légende suédoise Henrik Larsson, il aura vécu avec lui deux belles saisons pleines installé comme le latéral gauche indiscutable sans doute le meilleur du championnat. Cette confiance lui a permis de jouer totalement libéré et d’inscrire un des buts de l’année contre Hammarby en octobre 2015. Un de ces derniers matchs là-bas, puisqu’après 4 ans au club désormais en difficulté financière et lui voulant continuer sa progression, il quitta Helsingborg après 90 matchs pour 6 buts et 13 passes décisives.

« J’étais à Helsingborg depuis si longtemps que j’étais déjà dans une zone de confort. Je n’ai pas tiré le meilleur parti de moi-même lors des entraînements alors que je pouvais pratiquement être sûr de ma place comme titulaire à chaque match. J’ai apprécié la vie en Suède, mais un confort excessif a commencé à me hanter » – Jere Uronen pour le média finlandais YLE.

La Belgique pour poursuivre sa progression

Le finlandais aura choisi le club belge de Genk avec une arrivée dans le Limbourg en janvier 2016. Une belle affaire estimée à 20 000€ avant sa fin de contrat, où il aura ensuite lancé la grande tendance du club de recruter au sein des pays nordiques (Maehle, Colley, Berge, Aidoo, Onuachu, Thorstvedt, …). Il se sera rapidement imposé comme un titulaire en continuant sur sa belle dynamique et en disputant d’ailleurs un beau parcours européen avec son club jusqu’en quart de finale de l’Europa League 2016/2017. Et après deux années au club en fin 2018, malgré la convoitise de nombreux clubs plus huppés à un an de sa fin de contrat, il aura fait le choix de rester et prolonger jusqu’en 2022.

« Je suis une personne très loyale, et je dois beaucoup au KRC Genk. Ils sont venus me chercher dans un petit club suédois, j’ai fait de grands pas ici et j’ai toujours été bien traité. C’est pourquoi je veux rendre quelque chose en retour » – Jere Uronen pour le média belge Het Belang van Limburg.

Et il aura sûrement bien fait, car il aura disputé en 2019 sans doute sa meilleure saison en professionnel avec un total impressionnant de 43 matchs pour au bout le titre de champion de la Jupiler Pro League, son premier titre. Cela lui aura permis de disputer pour la première fois la phase de groupe de Ligue des Champions dans un groupe très relevé avec Liverpool, Naples et Salzbourg. Une bonne expérience malgré un seul point prit lors des 6 rencontres. Puis malgré une SuperCoupe en 2020 et une Coupe de Belgique en 2021 remportées, son avant-dernière saison fut un peu ternie par les blessures et la fin de la dernière par une place de titulaire perdue au profit du jeune mexicain Gerardo Arteaga.

Au final, il aura passé 5 ans et demi en Belgique, où il aura disputé 169 matchs officiels pour 6 buts et 14 passes décisives et remporté les 3 grands trophées au pays. Il aura d’ailleurs été buteur lors de son dernier match à la dernière seconde face au Club Brugge en Supercoupe perdue 3-2, symbolique de tout ce qu’il aura apporté lors de son passage où il a construit sa famille et confirmé son rang de bon latéral gauche européen. Et à 1 an de la fin de son contrat, il a fait le choix de rejoindre le Stade Brestois pour remplacer Romain Perraud parti à Southampton. Un recrutement intelligent et malin estimé à un peu moins d’1,5M€ pour un joueur confirmé en sélection où il est un élément clé avec déjà 52 sélections à tout juste 27 ans et auteur d’un très bon Euro au niveau personnel où il a d’ailleurs été décisif sur le seul but inscrit par la Finlande dans la compétition sur un bon centre pour Joel Pohjanpalo.

« Uronen a été l’un des joueurs les plus importants de l’équipe nationale. Pukki, Kamara et Hradecky sont les plus connus actuellement mais Jere Uronen est vraiment important car personne ne peut le remplacer. Pour les autres postes, dans l’équipe nationale finlandaise, il y a quelques options mais le poste d’arrière gauche ou d’ailier gauche est vraiment difficile. Personne n’est proche du niveau d’Uronen. Il est de première classe » – Henrik Hyvönen pour le média finlandais Byyri.

Les caractéristiques et style de jeu de Jere Uronen :

Jere Uronen est décrit par ses coéquipiers et proches comme quelqu’un de toujours positif et souriant ainsi que très blagueur. Il comptait d’ailleurs devenir psychologue s’il n’avait pas terminé footballeur professionnel. Le finlandais est très travailleur aux entrainements et dans sa carrière, il a souvent dû se battre pour revenir au meilleur niveau à cause de blessures assez récurrentes. Il utilise d’ailleurs la technologie de capteurs Xampion dans sa semelle qui analyse en temps réels des données techniques de ses entraînements et matchs. Une volonté personnelle pour continuellement se remettre en question et progresser.

« Brest ne serait que son quatrième club (TPS, Helsingborg, Genk) donc ses choix de carrière sont bien pensés. Il semble être une personne très facile à vivre, calme et axée sur la famille. « Les pieds sur terre » si vous avez ce dicton en français » – Henrik Hyvönen pour le média finlandais Byyri.

Le latéral gauche finlandais n’est pas le plus physique avec ses 74kg pour 1m77 et a surtout évolué dans des 4-2-3-1 / 4-3-3 ou 4-4-2 en Suède et Belgique donc avec très souvent avec un ailier ou milieu devant lui. C’est avant tout un bon défenseur avec un jeu de position intelligent et une bonne couverture des espaces pour bloquer les différentes passes, tirs ou centres et renforcer l’assisse défensive notamment grâce à ses bons appuis extérieurs qui lui permettent de détecter et de bien exécuter la passe intérieure. Il n’a pas peur de se sacrifier pour son équipe par des gestes décisifs comme cela a été le cas à l’Euro et très souvent à Genk où il arrive à bien jouer de son corps.

Mais il est aussi capable de se montrer décisif grâce à son activité sur son couloir avec un bon rythme et une bonne aisance balle au pied. Il aime prendre son couloir et dédoubler en attaquant et n’hésitant pas à tenter sa chance ou l’offrir avec son excellent pied gauche pour des bons centres à ras de terre, tendus ou flottants. Il a d’ailleurs parfois été décrit comme le « Roberto Carlos » de Finlande grâce à sa grande force dans les jambes et pieds et sa puissante frappe du gauche. Son dernier but au club inscrit samedi dernier a d’ailleurs comptabilisé une frappe à 141km/h ou encore comme on peut le voir sur ce coup-franc surpuissant inscrit à l’époque de son passage en Suède. Il a souvent tiré les coups de pieds arrêtés dans sa carrière et pourrait proposer cette fonction en plus à Brest.

Ses datas lors des deux dernières saisons par l’analyste Vincent Davasse :

Comme dit plus haut, son gros point noir serait ses nombreuses blessures trop récurrentes qui l’ont trop souvent freiné. On peut également mettre en avant ses difficultés dans les duels aériens et sa difficulté à défendre sur des ailiers explosifs et puissants ou même s’il n’est pas lent il peut se faire déborder par leur vitesse et impact physique.

« Ses points forts sont un pied gauche fort, de bons centres et être capable de jouer dans le rôle d’arrière gauche et aussi dans le rôle d’aile arrière. Dans l’ensemble, c’est un joueur solide tant en défense qu’en attaque. Faiblesses : allure moyenne et force moyenne. S’il était un peu plus rapide et plus fort il pourrait être encore plus haut. Il a également subi quelques blessures au cours de sa carrière, ce qui peut être considéré comme une faiblesse. Mais je ne suis pas surpris qu’Arsenal ait été intéressé pour le signer il y a quelques années » – Henrik Hyvönen pour le média finlandais Byyri.

Uronen est un grand fan de Manchester United et aimerait jouer un jour en Angleterre pour son rythme et son intensité et si cela aura mis plus de temps que prévu pour lui de rejoindre un club du Top 5, le finlandais est plus que prêt pour relever ce nouveau défi à Brest en Ligue 1. Ce recrutement du club breton à tout pour s’avérer payant et pour le finlandais de confirmer une belle trajectoire de carrière en s’affirmant cette-fois dans un club d’un championnat plus relevé.

« La Ligue 1 a été montrée pendant de nombreuses années mais pour le moment je pense que personne ne le montre. Si un joueur finlandais évolue en Ligue 1, il y a toujours une demande. Par exemple, nous regardions les matchs de Toulouse à cause de Naatan Skyttä (L2) et bien sûr des matchs de Brest à cause d’Uronen » – Henrik Hyvönen pour le média finlandais Byyri.

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