Les notes de la célèbre musique résonnent déjà dans mes oreilles… Ce soir, c’est Champion’s League ! D’accord, ce n’est que le second tour des qualifications, et l’hymne de la compétition ne va sûrement pas retentir. Cela reste néanmoins une soirée au parfum européen, dans le vent et sous un léger crachin typiquement islandais. Bienvenue à Hafnarfjörður, la banlieue la plus au sud de Reykjavik ! J’effectue le court trajet qui me sépare du stade à pied et j’arrive face à l’entrée annexe qui donne directement sous la tribune principale du Kaplakrika, l’antre du FH. Le FH, quésaco ? Le Fimleikafélag Hafnarfjarðar (voilà, on va dire FH) est le principal club de la ville. Double champion d’Islande en titre, il démarre sa campagne européenne ce soir. Son challenger, qui arrive tout droit des Îles Féroé, porte un nom qui pourrait tout aussi bien être islandais, le Víkingur Gøta, et a déjà passé un tour de qualification (victoire 6-2 au cumul contre le champion du Kosovo).

 

J’achète ma place au guichet, tarif unique 2000 couronnes soit 16€. C’est un peu cher pour un match de ce genre mais c’est dans l’ordre des prix en Islande. Je suis arrivé un peu tôt, 45 minutes avant le coup d’envoi, mais il n’y avait pas de billetterie en ligne pour ce match et je préférais assurer le coup même si le stade peut contenir 6000 personnes (c’est le deuxième plus grand du pays derrière celui de l’équipe nationale). En guise de contrôle, le stadier récupère juste ma place… me voilà dans la coursive ! Pas de fouille, on est au pays du respect et de la confiance. Zéro policier dans et autour du stade. L’équipe de sécurité ? Des ados plus occupés par leur smartphone que par ce qu’il se passe en tribune ! Je suis vite frappé par l’odeur caractéristique des stades islandais : du gras, du gras, du gras ! Au menu : pizza, hamburger ou cornet de frites. Je monte, le placement est libre et il n’y a pas encore beaucoup de monde, j’en profite pour m’installer le plus au centre possible. Les visiteurs sont déjà sur le terrain et peuvent compter sur le soutien de nombreux supporters, je suis plutôt surpris par leur nombre !

 

La colonie féroïen

 

C’est l’occasion d’observer un peu plus attentivement les joueurs qui me sont tous parfaitement inconnus. Ils semblent plutôt décontractés et semblent apprécier le soutien de leurs supporters. Certains me paraissent très jeunes, en revanche le gardien remplaçant semble approcher la cinquantaine et se présente avec une bonne bedaine… Il ne repousse que les ballons qui lui arrivent dans les pieds, si jamais il devait entrer en jeu ça promet du lourd (dans les deux sens) ! Les locaux font leur apparition, d’apparence plus sérieuse, les visages sont fermés et concentrés. La tribune s’est rempli peu à peu et est bien garnie quand les deux formations reviennent sur la pelouse pour le début du match.

Entrée des artistes

 

La partie démarre lentement, sans surprise le FH tient le ballon contre un adversaire qui joue surtout pour préserver ses chances en vue du match retour sur son terrain. Le feu follet écossais Steven Lennon pense ouvrir le score à la douzième minute sur une belle demie-volée en pivot depuis l’entrée de la surface mais l’arbitre refuse le but aux Islandais, estimant que l’attaquant s’est aidé du bras pour contrôler le ballon. Plutôt fébrile (sorties hésitantes, dégagements ratés), le portier féringien Elias Rasmussen réussi cependant un arrêt réflexe monstrueux sur une tête à bout portant après vingt minutes de jeu. Il sera ensuite sauvé par son poteau en fin de mi-temps, le FH pousse et rate encore deux belles occasions avant le retour aux vestiaires (0-0). Après la pause la pression devient difficile à supporter pour Víkingur qui concède de nombreux coups de pied arrêtés, et il ne faut pas attendre bien longtemps pour voir Emil Pálsson enfin concrétiser cette domination d’une belle tête sur un corner (1-0). Les visiteurs réagissent vite et deviennent plus agressifs, ils récoltent rapidement plusieurs avertissements mais se procurent également leur première grosse occasion : une belle frappe depuis l’extérieur de la surface après un corner mal dégagé mais Gunnar Nielsen, gardien international… féringien, bien placé, ne se laisse pas surprendre.

 

FH se procure de nombreux coup-francs

 

Curieusement, le rythme retombe. les Islandais semblent craindre de se livrer pour obtenir un avantage plus conséquent. Les occasions se font rares, ce qui n’est pas le cas des accrochages entre joueurs. Le duel est chaud entre l’arrière gauche islandais Bergsveinn Ólafsson et Sorin Anghel ! C’est ce même Anghel qui, à un quart d’heure du terme, va profiter d’une grossière erreur de marquage pour s’infiltrer dans la surface. La défense utilise son joker « tacle par derrière » pour éviter l’égalisation et l’arbitre désigne logiquement le point de penalty. Adeshina Lawal ne tremble pas et marque ce but ô combien important à l’extérieur. Les supporters bleus ciel, qui assurent l’ambiance depuis le coup d’envoi, peuvent laisser éclater leur joie (1-1). Ce but inscrit contre le cours du jeu mais qui vient punir le manque de créativité et une certaine nonchalance du FH semble couper les jambes des joueurs islandais qui ont toutes les peines du monde à se créer de nouvelles occasions. Il faut attendre la toute fin du temps additionnel pour voir une dernière frappe flirter avec la barre transversale. On en reste là, (1-1) score final ! Un résultat qui vient récompenser les efforts d’une équipe de Víkingur solidaire et pugnace. Côté FH il faudra montrer un bien meilleur visage et ne pas se laisser endormir mardi prochain pour espérer voir le troisième tour des qualifications. Le match retour aux Féroé s’annonce des plus indécis !

 

 

 


Image à la Une: ©NordiskFootball

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