Avant la reprise du championnat finlandais le mercredi 1er juillet, nous avons pu échanger avec un des rares français évoluant en première division finlandaise, la Veikkausliiga : Jean-Christophe Coubronne latéral droit évoluant au FC Lahti, et ayant un parcours des plus atypiques.

Il s’est confié à nous sans filtre, retraçant l’évolution de sa carrière, de sa non-conservation par son club formateur en France à cause de sa taille, à ses années en Italie pleines de passion mais terni par les magouilles, au Portugal et son football business, pour rebondir en Finlande où il est depuis 3 ans et où il retrouve le plaisir des terrains. Des passages semés de haut et de bas mais qui résume bien un grand nombre de carrières, avec toujours des messages d’espoirs pour se relever et retrouver goût à ce sport si particulier :

Montage réalisé par : @NatsBrs

Bonjour Jean-Christophe Coubronne, peux-tu nous parler de tes débuts footballistiques en France et de ta formation à Sochaux ?

En France, je suis parti à Sochaux j’avais 14 ans et j’y suis resté jusqu’à mes 18-19 ans. J’ai signé stagiaire pro mais la dernière année je n’ai pas été conservé. Mais j’en garde de très très bons souvenirs du centre de formation, on avait un super groupe et une superbe génération 88/89 de très bonne qualité. On a quasiment tout gagné en parcours jeunes notamment la Coupe Gambardella. Il y avait des joueurs comme Marvin Martin et plusieurs joueurs qui sont en Ligue 1/Ligue 2 et partis à l’étranger. Vraiment une superbe équipe.

Jean Christophe Coubronne au centre fêtant le titre a. Crédit photo : club de Sochaux.

À partir des U17 j’ai commencé à être appelé en sélection française jusqu’aux U20, et là j’étais quasiment tout le temps surclassé en club. Cela m’est même arrivé de jouer avec la CFA ce qui était rare à l’époque car les groupes professionnels c’était quasiment 30 joueurs et certains redescendaient, il n’y avait pas trop de places. Mais moi j’avais du temps de jeu avant que je me fasse une pubalgie qui m’a arrêté 6 mois et après ça a été un peu plus compliqué… À Sochaux depuis tout jeune j’avais commencé comme arrière latéral mais j’ai très vite été replacé dans l’axe et chaque année quand on avait les entretiens de fin d’année ils me disaient qu’à mon rôle ce qu’ils cherchaient c’était des joueurs très grands et physiques. Moi je faisais mon petit mètre quatre-vingt pour un défenseur central, je compensais cela par ma vitesse car j’étais un des plus rapides à chaque fois. Et en sélection cela ne m’empêchait pas de jouer dans l’axe avec des Mamadou Sakho, Moussa Sissoko, …

Ils me disaient qu’à mon rôle ce qu’ils cherchaient c’était des joueurs très grands et physiques. […] Pour dire, l’entraineur des Espoirs qui appelle des clubs en France, même cela ça n’a pas marché.

Je m’en sortais quand même pas mal malgré ma taille. Pour ma dernière année de contrat, ils ont essayé de me passer arrière droit pour dire on va voir ce qu’on peut faire. Mais au poste de défenseur central il y avait un autre joueur de la génération 90 qui faisait 1m86, plus ou moins les mêmes caractéristiques et c’est lui qui a eu le contrat et pas moi. Et en latéral il y avait déjà ce qu’il fallait en équipe une. Notre génération n’était pas très physique on avait de très bons joueurs de ballon, c’est d’ailleurs pour ça qu’on a autant gagné et ils ont quand même signé professionnel. Donc c’est pour dire qu’ils n’étaient pas accrochés qu’au physique à tous les postes comme Marvin Martin en 10.

Mon contrat se terminait au mois de juin, mais au mois de juillet je suis quand même appelé avec l’équipe de France pour le tournoi des jeunes de Méditerranée, l’équivalent de Jeux Olympiques que pour la zone méditerranée. Et la semaine d’après il y avait le festival de Toulon c’était les Espoirs, et les jeux de Méditerranée c’était les U20. Le coach des Espoirs était là aussi, c’était Erick Mombaerts à l’époque, qui était venu voir le tournoi. Moi je fais un très bon tournoi, même lui me dit comment ça se fait que Sochaux ne t’ait pas conservé. Après je lui explique que le problème c’est ma taille, et il me propose de m’aider en appelant des clubs pour moi.

Pour dire, l’entraineur des Espoirs qui appelle des clubs en France, même cela ça n’a pas marché. Et j’ai fait ce tournoi en Italie, où il y avait Novara qui était venu me superviser, l’Udinese qui était intéressé et le Wisla Cracovie. J’ai eu une offre de Novara et du Wisla, mais j’ai accepté celle de Novara car j’ai eu peur de partir en Pologne. Je ne regrette pas mais à l’époque j’ai eu peur car j’étais jeune avec la langue et tout ça. En tant que défenseur brute j’étais attiré par l’Italie, ça reste proche de la France, j’allais découvrir une nouvelle culture et je parlais déjà un peu italien de niveau scolaire, j’étais plus attiré par Novara.

Tu rebondis donc en Italie à Novara où tu signes ton premier contrat professionnel, une belle récompense avec notamment 2 montées de Serie C à Serie A. C’était comment cette expérience ?

La première année ça se passe bien où j’étais directement dans le groupe professionnel, j’ai fait une quinzaine de matchs avant de me blesser en me cassant le ligament de la cheville. On avait un groupe incroyable, une superbe ambiance et un super entraineur, avec des joueurs assez expérimentés où j’étais le plus jeune dans l’équipe. J’ai découvert une nouvelle culture, une nouvelle méthode, et les entraînements à l’italienne ce n’est pas ce qui se passe en France. C’est des séances très très longues avec beaucoup de doubles séances et avec des matchs amicaux quasiment chaque semaine ainsi qu’une préparation physique très très dure et intensive.

Deux premières années vraiment merveilleuses, la troisième j’ai découvert d’autres facettes du football.

Première année, première montée. Deuxième année, je reste mais j’ai beaucoup moins de temps de jeu avec une dizaine de matchs néanmoins j’ai quand même la chance de jouer la finale des playoffs face à Padora. On monte en Serie A, et à partir de cette année-là, dernière année de contrat. J’aurais dû prolonger mais le directeur sportif Pasquale Sensibile se fait licencier alors qu’il voulait me prolonger quelques mois auparavant. Mais vu qu’il était en embrouille avec le président, il n’avait plus aucun droit et plus aucun pouvoir et ça ne s’est pas fait. Nouveau directeur sportif qui arrive, j’avais fait mes preuves jusque là tout se passait très bien, mais la dernière année c’était un peu guerre ouverte avec le club. Pas l’entraineur car c’était toujours le même et lui il voulait qu’on me prolonge et qu’on me prête pour ensuite revenir.

Du coup dernière année compliquée, j’arrive quand même à faire quelques bancs et un match d’une demi-heure en Serie A. J’étais à chaque fois convoqué avec le groupe professionnel, bon en tribunes mais j’avais ma place aux entrainements je n’étais pas au placard. Du coup on redescend, le nouveau directeur sportif avait quasiment changé toute l’équipe et il avait brisé un peu le cœur de l’équipe. C’était plus ce que c’était même si la Serie A ça reste un autre niveau on ne va pas se le cacher. Deux premières années vraiment merveilleuses, la troisième j’ai découvert d’autres facettes du football.

Finalement tu te retrouves libre durant une année, comment as-tu surmonté cette épreuve et réussi à rebondir ?

Après ça embrouille avec mon agent, je pars avec un nouvel agent italien qui me dit de ne pas m’en faire que j’ai joué 30 minutes en Serie A, que je suis jeune, donc que je peux partir en vacances tranquille et qu’il va me trouver quelque chose. Sauf qu’il y avait une loi en Italie et je crois qu’elle est toujours d’actualité, c’est que s’ils font jouer des joueurs de moins de 20 ans en Serie C ou Serie B, le club reçoit de l’argent de la fédération mais il faut que ça soit des italiens. Donc sur les côtés, ils mettaient quasiment que des jeunes italiens, car l’argent qu’ils récupéraient c’était l’équivalent d’un budget annuel. Le club faisait même des profits, ça reste les magouilles à l’Italienne. En jouant sur les côtés, j’étais pénalisé et mon agent n’a pas été au top donc je me suis retrouvé un an sans club.

Je suis donc rentré en France et je m’entrainais avec le club de chez moi, Arles Avignon. J’avais fait un essai au Servette de Genève qui redescendait en seconde division en Suisse, mais juste après cela j’ai eu une offre du Portugal en première division, que j’ai acceptée.

Une belle opportunité au Portugal à Olhanse en Liga Nos puis en D2, comment c’était et pourquoi cela s’est mal terminé ?

Première année en première division, durant la préparation grosse blessure. Cela m’a écarté au début, mais j’ai réussi à bien revenir et enchaîner quelques matchs avant Noël contre Porto et Benfica. Mais après changement d’entraineur et là c’est devenu un peu plus compliqué. Puis on est redescendu, mais je suis resté au club en D2 pendant trois ans où j’ai fait plus de 100 matchs pour le club et j’ai même été capitaine de saison.

L’ambiance était magnifique, bon la D2 portugaise c’est un peu spéciale car tu as énormément de matchs 46 dans la saison donc c’est des saisons interminables et beaucoup de voyages en bus jusqu’au nord. Mais il y avait beaucoup de niveau, quand tu joues contre Benfica B, Sporting B, … j’ai pu jouer contre des Renato Sanches, Nelson Semedo, Rafael Leao, Gonçalo Guedes, … Au niveau football ça joue vraiment bien, mais au niveau financier, ce sont des clubs pas stables et c’est le gros problème au Portugal.

Les magouilles d’arbitrages là bas tout le monde le sait.

Mon avant-dernière année au Portugal c’était Cristiano Bacci mon entraineur, un italien qui vient d’ailleurs de gagner la Ligue des Champions asiatique en Arabie Saoudite à Al Hilal en temps qu’adjoint. J’étais son capitaine, et il me dit qu’il a une offre à Belenenses en première division et qu’il veut m’y emmener avec lui, mais qu’il ne voulait pas y aller tout de suite pour remercier le club et essayer de jouer la montée. Il me dit qu’on fait 6 mois et on voit au mois de décembre, si on peut jouer la montée on reste, sinon on part là bas. Tout était arrangé, ce n’était pas des propositions qu’on a tous les 5 ans, donc je signe un nouveau contrat.

Et malheureusement 11 premiers matchs, 10 défaites. Saison catastrophique à tous les points de vues. L’entraineur se fait virer, le club redescend. J’avais encore une année de contrat mais je résilie car le club n’avait plus les moyens. Le club était même proche de la faillite. Pour les salaires, il fallait se battre depuis le début en allant voir le président, c’était compliqué, à chaque fois c’était une galère. Et après quand on apprend des choses, des arrangements, c’est écorant pour les joueurs.

Ils y en a qui profitent, et ils y en a qui vivent mal. J’avais des jeunes portugais qui ne touchaient même pas 700€ par mois, et y avait des mecs qui arrivaient en prêt de D1/D2 italienne qui touchaient des 15 000€ par mois qui s’en foutaient de jouer ou pas juste pour s’amuser. Quand tu es capitaine tu dois gérer tout ça, tu as des salaires qui ne sont pas payés, les résultats ça se passe mal, … Les magouilles d’arbitrages là bas tout le monde le sait. Il y a un entraineur il a fait 6 années d’affilée avec 6 clubs différents, 6 montées…

Notre club avait voulu le recruter, il a demandé 100 000€ de budget juste pour les arbitres. Il a peut être du mérite, mais avec les à-côtés il ne s’en cache pas. Malheureusement tout le monde le sait quand tu regardes les matchs de Benfica, Porto, y a Benfica qui s’est fait attraper plusieurs fois par des e-mails de corruptions car ils parlaient avec les arbitres et envoyaient des sous sur le compte. Tout le monde le sait, mais à chaque fois ils arrivent à s’en sortir. Cela tue les matchs.

De nouveau libre, comment as-tu retraversé cette période et as-tu pensé à tout arrêter à ce moment-là dégojûté par le foot business ?

Tu prends plaisir depuis tout jeune à jouer au football, mais quand tu vois les envers du décor ça t’éclaire. Il n’y a plus forcément de mérite. Après il y a tellement de joueurs sur le marché, les agents qui gouvernent un peu ce milieu là, c’est spécial. J’ai eu une offre au Portugal, mais je ne voulais plus foutre les pieds là bas. J’étais même à deux doigts d’arrêter. J’étais vraiment écœuré. Quand il n’y a rien qui va, il n’y a rien qui va. De fil en aiguille, je divorce, vraiment une année noire.

Je rentre donc en France, et je me dis que s’il y a une offre qui m’intéresse je signe, sinon j’étais vraiment prêt à m’arrêter mentalement. Je n’avais pas forcément envie, mais j’étais prêt. J’ai un club de Serie C, Paganese, qui m’avait appelé. Je suis parti là bas lors d’une semaine d’essai ça c’était très bien passé. Mais quand j’ai vu les conditions, même le niveau, c’était juste à côté de Naples et ce n’était pas l’endroit qui faisait le plus rêver. Les jeunes étaient 7-8 dans un appartement, avec le règlement le club les faisaient jouer pour gagner de l’argent. J’ai donc refusé et je suis de nouveau rentré en France.

Et là, après le sud direction le nord, en 2018 en D2 finlandaise au FC KTP, comment s’est présenté ce challenge à toi ?

J’étais parti en vacances avec des potes à Amsterdam, j’avais oublié le foot, et là j’ai un appel d’un ancien entraineur adjoint au Portugal, Fabrizio Piccareta, qui entrainait en Finlande à l’Inter Turku en D1. Il m’appelle et me dit qu’il sait que je suis sans club et me propose de venir. Il me dit de venir faire 3-4 jours pour s’entrainer voir physiquement et si je conviens bien. Mais plus de nouvelles… Entre temps j’étais passé par un agent finlandais pour voir avec les papiers et pour s’occuper de tout ça. Et là j’apprends qu’il part du club et démissionne.

L’agent finlandais me rappelle et me dit que ce n’est pas possible, et alors je lui que ce n’est pas grave que des fois c’est le destin. Il me dit alors qu’il m’a proposé à d’autres clubs. Mais je lui dis j’en ai marre qu’à chaque fois c’est comme ça : on me propose, on me dit que c’est bon et au final ça saute. Je lui dis que je lui donne 10-15 jours pour me donner un contrat avec une offre claire et nette sinon ce n’est pas la peine. 4 jours après, il m’envoie une offre du FC KTP en D2. J’ai réfléchi, j’ai parlé avec mon agent italien qui m’a dit que je suis encore jeune et que ça serait dommage d’arrêter en allant là bas il n’y aura pas de foot business, de ne pas regarder le salaire mais de prendre du plaisir de faire ce que j’aime. Après avoir vu avec ma famille et mes amis, je suis parti en Finlande. Le niveau n’était pas top mais ça jouait quand même, et après une année j’ai pu directement partir pour un club de D1 au FC Lahti.

Comment s’est passée ta saison passée en D1 à Lahti et quels sont tes objectifs personnels et collectifs cette saison avec Lahti ?

La saison passée ça s’est très bien passé, l’adaptation ça allait car ça jouait bien au ballon avec pas mal d’étrangers pour l’intégration. On a fait une saison moyenne car on avait 7-8 joueurs de qualités mais avec des blessures et un banc pas top. On a eu du mal à être très efficace. En Finlande, ils essayent de jouer au ballon, je ne m’attendais vraiment pas à ça.

Moi j’ai fait tous les matchs et ça s’est bien passé. Cette saison je pense qu’on a une meilleure équipe et sans vouloir trop m’avancer, on peut faire de belles choses s’il n’y a pas de blessures. C’est dur d’anticiper avec des matchs tous les 3-4 jours. Il peut y avoir des drôles de surprises et j’espère qu’on va en faire partir car on a un bon groupe. Mon objectif c’est de faire un maximum de matchs avec de bonnes statistiques car c’est important dans le football moderne. L’an dernier j’étais à 5 passes décisives et 2 buts et là pour l’instant je suis à 2 passes décisives en Coupe.

Le but c’est d’apporter du danger offensif. Pour la saison d’après, mon contrat se termine en novembre et on va dire que je fais les choses à la finlandaise, année par année sans trop me prendre la tête et me projeter. L’objectif personnel ça serait à bientôt 31 ans d’essayer de jouer au moins quelques matchs d’Europa League. Je n’ai pas une destination particulière si je dois rester en Europe ça sera ça. Mais en Finlande pour le moment tout se passe bien, je ne prends du plaisir, je suis content d’aller tous les matins aux entrainements, aux vestiaires, je sais qu’il n’y a pas d’histoire.

Jean Christophe Coubronne en action ici face au HJK, club le plus titré de Finlande qu’il affrontera lors de la 1re journée.

En Italie le football, la vie me plaisait, ça me plairait d’y retourner. J’avais vécu quelque chose d’incroyable à mon âge je ne me rendais pas compte, 2 montées de suite, une ville en effervescence, partout où tu vas ils te connaissent. Ils vivent vraiment du football que ça soit en Serie A, B ou C, on était un peu les rois de la ville, on allait boire un coup on était invité et on ne payait rien. C’était vraiment incroyable. Pourquoi pas y retourner, j’étais en contact avec Novara il n’y a pas longtemps, les supporters qui m’ont rappelé pour me dire qu’ils changeaient de président. La nostalgie de l’époque sans doute.

Le gros inconvénient en Finlande le contrat ça commence de janvier et ça fini en temps normal fin octobre là ça sera fin novembre. Ca fait signer dans un club lors du mercato hivernal, faut trouver un club qui ont besoin à ce poste là, à ce moment là. Cette année on ne va pas se mentir, à cause du COVID vas y avoir énormément de clubs en difficulté. Les mercatos risquent d’être assez calme c’est ce qui fait un peu peur. On verra bien ou peut être une destination exotique. Je ne suis vraiment pas fermé à voir.

Comment cela se passe en Finlande depuis bientôt 2 ans et demi au niveau de l’intégration et des différences de cultures, habitudjes, sociales et même footballistique ? As-tu participé aux coutumes du pays avec les saunas, lacs, et des anecdotes à ce sujet ?

Ma première année à Kotka, j’arrive il faisait -23° au mois de janvier. Je suis descendu de l’avion, je ne savais plus où j’étais. Première semaine sauna d’équipe qu’entres joueurs. Ils réservent et nous commandent des pizzas et boissons à volonté. Au bout de 15 jours, il n’y avait aucun des finlandais qui me parlaient, bonjour très poli et respectueux mais ils ne parlaient pas. Je ne connaissais pas encore cette culture là. Je me disais peut être qu’ils pensent un étranger qui arrive il va prendre notre place, tu ne sais pas comment réagir.

Mais il y avait quand même quelques étrangers, ils m’ont dit ne t’en fait pas ils sont tous comme ça. 15 jours d’après, sauna d’équipe ils avaient tous un coup dans le nez et là ils m’ont matraqué de questions pendant 1H. Ils se sont ouverts en fait. Et ce que je ne savais pas quand tu bois des bières dans un sauna, tu le sens bien plus. Je devais les rejoindre au bar, incapable de les rejoindre au bar. Tu sors du sauna c’était à 80°, dehors il fait -20°, j’ai pris une claque d’enfer je suis rentré chez moi quand j’ai enfin trouvé mon appart et j’ai plus bougé pendant 24H.

Et une autre fois j’avais fait aussi en plein hiver le sauna et tu te jettes dans le lac. Ils mettent une bombe pour que ça fasse des bulles et que ça ne gèle pas. J’ai cru que j’allais mourir mais ça va j’ai survécu. La première fois faut avoir le cœur accroché, déjà je suis frileux, j’ai réussi à le faire mais c’est au niveau du cœur avec le frais/chaud faut y aller doucement et bouger. Et faut pas repartir directement dans le sauna, pour pas qu’il y est un choc thermique. Moi je suis parti vite au sauna, et la tête qui tourne j’ai vu des étoiles. Faut faire attention. Mais une fois que tu le sais, c’est agréable car le lendemain tu sens vraiment les bienfaits. Cela régénère, tu souffres moins le froid. La spécialité finlandaise et la pêche, profiter des lacs de la nature. Si tu aimes la nature, vraiment c’est un pays qui est magnifique.

Le problème c’est que tu en profites que 4 mois dans l’année. En hiver il fait quasiment nuit toute la journée sombre, mais là en ce moment c’est l’inverse avec le midsummer le « soleil de minuit », c’est une fête pour eux. J’ai été faire un tour, 23H tu as le soleil qui a commencé à se coucher mais il est ressorti 1H30 après il fait quasiment jour toute la nuit. Les premières fois ce n’est pas facile, en hiver t’as l’impression d’être toujours fatigué tu ne vois pas de lumière du jour c’est tdélicat et là en été tu vas te coucher il fait encore jour dehors c’est particulier. Mais ce n’est pas un pays où je me vois rester toute ma vie.

Montage réalisé par : @NatsBrs

La sélection finlandaise s’est qualifiée pour sa première compétition footballistique après des années d’échecs lors des qualifs de l’Euro 2020(21), tu as vécu l’engouement au pays ? Et penses-tu que ça peut changer la perception du football en Finlande qui n’est pas le sport le plus populaire et servir au championnat ?

Le niveau est déjà beaucoup plus correct avec énormément d’étrangers. Ce n’est pas des gros salaires mais économiquement il y a des clubs plus stables, ils payent même en avance. C’est clair, c’est carré. Il n’y a pas de problème, ils te promettent un truc, ils le tiennent. De bonnes structures, bons stades, bons vestiaires même l’ambiance, agréablement surpris. Le seul problème c’est qu’ils sont très fermés.

Au niveau football aussi, ils n’ont pas la culture football. Ils ne savent pas trop comment ça se passe la mentalité de la gagne, les entrainements, … Le sport numéro 1 c’est le hockey sur glace on peut pas comparer, même si le football est en train de prendre de plus en plus d’ampleur notamment avec la qualification pour l’Euro. Je pense ça va être une bonne chose et ça va apporter de l’engouement au football.

L’indoor c’est l’horreur, tu as 30 personnes autour du stade. Ils retransmettent le match à la télévision, à mon avis il n’y a pas grand monde qui regardent c’est plus pour nous pour faire des séances vidéos. Après y a quand même un grand club avec l’HJK, il y a le derby HJK – HIFK et le stade il est plein, avec tifos. Quand ils se sont qualifiés c’était la fête dans le pays. Teemu Pukki l’attaquant c’est une star, tu les voyais partout sur toutes les affiches de publicité, il a des contrats de marketing avec tout le monde.

En Finlande ça suit beaucoup la Premier League et y a énormément de fans de Liverpool. Ils suivent plus le championnat anglais que le notre, en plus ici les 3/4 ne sont pas de gros fans mais plus des spectateurs ils sont calmes et font pas de bruit. Et le reste des ultras.

Quel est le poste où tu te sens le plus à l’aise et préfères évoluer sur le terrain : défenseur central, latéral ou autre ? Et tes qualités/défauts ?

Dans ma carrière c’est vrai j’ai fait tous les postes défensifs. Dans l’axe je me sens naturellement bien car j’ai fait toute ma formation et c’est un poste que je connais par cœur mais je prends pas forcément plaisir parce que j’aime bien attaquer, toucher des ballons et me projeter vers l’avant. Dans l’axe c’est vraiment une position pour dépanner mais je suis efficace je fais mes matchs y a aucun problème.

Là où je préfère c’est vraiment sur le couloir droit, dans un système qu’on joue a 3/4/5 c’est pareil mais sur le couloir et avoir la liberté pour aller devant et amener quelques centres et apporter un peu de danger. Qualités je dirais vitesse, défensivement quand même costaud avec duel 1vs1, un bon pied droit pour les centres même pied gauche. Et point faible le physique car ça m’a handicapé et ça a été un point noir. Et physiquement de la taille, l’endurance.

Enfin, quels conseils pourrais-tu donner à des footballeurs rejetés par leur club formateur ? Et des conseils pour des joueurs francophones qui aimeraient tenter leur chance ou relancer leur carrière en Finlande ?

Quand je m’entrainais avec Arles-Avignon, il y avait les jeunes qui jouaient avec la CFA. Et le coach m’avait demandé de parler devant eux et je leur avais dit les gars vous êtes encore très jeune, dans le foot tout peut se passer, faut toujours y croire, faut toujours se battre, avoir la même envie, la même passion et pas la perdre. Que vous jouez 15 minutes ou 90 minutes, tout peut arriver. Tu peux faire 15 minutes et il peut y avoir un recruteur qui peut te regarder être à ce moment là qui va flasher sur toi, et un autre qui va faire 90 minutes, il ne va même pas le calculer. Je leur ai dit croyez en vos chances, ne vous plaignez pas, battez vous et tout peut arriver.

Et c’est l’année où y avait Ismaël Bennacer aujourd’hui au Milan, Samuel Gigot qui est en Russie, Steven Fortes défenseur central qui était partie au Havre capitaine. L’année d’avant, ils évoluaient en DH personne ne connaissait, ils se retrouvaient en CFA il ne jouait pas tout le temps car les pros redescendaient et faisait un peu la gueule car le club était en train de couler. Et tu en 4 ou 5 qui ont explosé, et y en 2-3 qui m’ont rappelé et qui m’ont dit tu n’avais pas tort. Ils avaient un peu le moral dans les chaussettes, et au final ils ont dit qu’il faut s’accrocher. Bennacer ce qui s’est passé il a joué 20 minutes avec la CFA il y avait Grimaldi qui était là et la fois d’après il est parti directement en pro et ça s’est enchainé. Façon aujourd’hui il y a plein de parcours quand tu vois Griezmann ou Ribéry, faut toujours y croire. Se battre pour ses rêves quand on peut.

Ceux intéressés pour la Finlande, venir sans à priori. Il y a beaucoup d’étrangers, c’est un pays très ouvert. Fermé au niveau rapport avec les gens c’est sur que c’est particulier, mais à part ça c’est très ouvert il y a aucun problème tout est carré. Le niveau est agréablement bon, y a quand même énormément d’étrangers qui font que le niveau s’élève. Et je pense que dans les années à venir cela va continuer va évoluer, ils sont sur la bonne voie. N’ayez pas peur de venir là vous ne serez pas déçu. Comme Walid Abdelali en D2 ou Dimitry Imbongo franco-congolais avec un parcours atypique qui a rejoint mon club. Il a quand même quelques français, beaucoup de brésiliens aussi. Le football évolue positivement.


Un grand merci à Jean Christophe Coubronne pour son temps et d’avoir accepté de se livrer à nous. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite de sa carrière en Finlande pour cette nouvelle saison et on l’espère une belle fin de parcours en Coupe et dans ses objectifs à l’avenir. Vous pourrez le suivre sur son réseau social :

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