Le jeune gardien suédois de 22 ans a été le grand rempart de son club de l’AIK lors de ses 3 années comme titulaire, récompensé par un titre de champion en 2018, où il affichait des statistiques impressionnantes. Propulsé dès l’âge de 20 ans dans le rôle de titulaire à ce poste à grandes responsabilités, encore plus dans ce club à pression en Suède, cela n’a pas toujours été facile pour lui en ayant grandement été remis en question à ses débuts.

Mais force de caractère il a su s’imposer et s’améliorer jusqu’à convaincre le leader à la mi-saison de 2. Bundesliga, l’Arminia Bielefeld, de miser sur lui. Aujourd’hui il va pouvoir connaitre sa première expérience à l’étranger, retour sur le parcours d’Oscar Linnér :

Les débuts footballistiques dans la capitale suédoise :

Oscar Linnér a grandi à Stocksund, ville aisée de la banlieue de Stockholm, dans la villa de ses parents habitant dans le même quartier que Björn Ulveaeus du groupe ABBA ou de la famille Bernadotte, héritière du trône suédois depuis 1818. Passionnés de football avec son petit frère Albin, le cadet avec deux ans de différence, ils débutent ensemble dans le club local du FC Djursholm. À 12 ans, Oscar prend les gants pour la première fois, par pur hasard puisque le gardien titulaire était tombé malade. Il ne quittera plus jamais les cages, se plaisant à ce poste à responsabilité, convenant parfaitement à son caractère malgré un physique pas encore idéal pour le poste.

« Quand j’avais 15 ans, je n’étais pas du tout développé. J’étais mince et pas très grand, j’avais à peine un muscle sur mon corps »

A l’opposé, son frère est attaquant, où ils évoluent ensemble jusqu’aux U17 et s’entrainent beaucoup tous deux, participant à leurs développements respectifs. Le jeune gardien se voit avoir l’opportunité de rejoindre l’un des meilleurs centres de formation du pays, celui de l’IF Brommapojkarna. Mais son passage là-bas ne dura qu’un un, n’étant pas pas conservé par le club, il décida donc de mettre la priorité sur ses études à l’université d’économie.

Pourtant en parallèle, il se voit avoir une belle opportunité en décembre 2014, un essai avec l’équipe U19 de l’AIK, qui a besoin d’un nouveau gardien chez les jeunes. Et le club situé à Solna convaincu, décide de miser sur lui pour ses jeunes. Un rêve qui devient réalité pour lui en s’engageant avec son club de cœur tout comme son frère qui ne tarde pas à le rejoindre, dans le club où ils allaient depuis tout petit au stade pour les soutenir. Il faut dire qu’Oscar s’est bien endurci physiquement. Mesurant désormais 2 mètres pour environ 80 kg, ayant profité d’une croissance rapide à sa puberté, le jeune gardien suédois possède désormais de meilleures caractéristiques pour son poste et cela va grandement l’aider à passer professionnel.

Oscar Linnér avec son frère Albin avec le maillot de l’AIK.

Opportunité saisie

On le sait, avoir du temps de jeu pour un gardien est chose difficile, encore plus pour un jeune dans un club visant le titre chaque année. Il faut savoir saisir des opportunités lorsqu’elles se présentent, et c’est parfaitement ce que va faire Oscar Linnér. Après quelques mois en U19, il s’est vu propulsé temporairement comme gardien de l’équipe première de l’AIK à la suite de la blessure de Patrick Carlgren, le numéro 1, et les occupations internationales avec le Canada de Kenny Stamatopoulos qui est ensuite devenu son entraîneur des gardiens. Il en profite pour disputer 4 rencontres en 2015 dont 2 Européens à 18 ans puis 2 en 2016 où il était devenu officiellement le numéro 2 du club.

C’est en 2017 que tout s’accélère pour Oscar Linnér, Carlgren part en Turquie, et l’entraineur Rikard Norling ainsi que la direction décide de miser sur lui comme numéro 1 plutôt que recruter un gardien expérimenté, eux qui ont pourtant comme objectif de retrouver le titre espéré depuis 2009. Un beau signe de confiance montré par le club en misant sur un gardien de 20 ans au club depuis un peu plus de 2 ans et qui a disputé 6 matchs professionnels.

L’épisode Braga, ne la rendu que plus fort

Son bilan des premiers mois dans la peau d’un titulaire n’est pas négatif, les résultats suivent et il encaisse très peu de buts malgré quelques erreurs d’appréciations. Mais un épisode malheureux aurait pu tout venir changer, le jeudi 3 août 2017, un match retour du 3e tour qualificatif d’Europa League face au club portugais de Braga. Après un bon match nul 1-1 à l’aller, son club mène 1-0 et est qualifié pour les barrages jusqu’à la 74e minute. Une grosse faute de main et de panique qui profite à l’attaquant Rui Fonte pour l’égalisation, puis en prolongations une très mauvaise sortie après un corner botté au second poteau à la 121’ juste avant la séance de pénaltys qui profite à Raul Silva pour le 2-1. Oscar Linnér aura coûté la qualification à son équipe si importante pour le club sur le plan sportif et économique, il le reconnaitra et l’assumera pleinement.

Être gardien c’est aussi assumer ses erreurs et savoir rebondir. Crédit photo : Instagram Oscar Linnér.

La soirée fut encore plus difficile pour lui et le club avec la haine déversée après-match à son encontre sur les différents réseaux sociaux. Le club et le gardien de but se sont vus obligés de désactiver la fonction commentaire sur un certain nombre de photos Instagram, tellement les insultes fusaient. Une lettre de la direction générale du club condamnant ce genre de comportements a également suivi en solidarité à leur gardien. Il s’est ensuite déconnecté de tout cela et s’est remis en marche pour le match suivant. Cela aurait pu affecter sa confiance et sa place de titulaire, cela en a rien été. Au contraire cela l’a rendu encore plus fort et il s’est directement relevé de cela.

« Je suis assez résistant à la critique, je suis probablement aussi assez résistant aux louanges » – Oscar Linnér

La consécration de son abnégation : le titre en 2018

Son entraîneur Rikard Norling l’a laissé apprendre et se développer, et cela a été rapide pour Oscar Linnér où sa persévérance a fini par payer. Pour sa 1ère saison professionnelle comme titulaire, il aura disputé 29 matchs de championnats pour 22 buts encaissés et 12 cleans-sheets. L’équipe aura terminé à la seconde place au classement en étant la meilleure défense du championnat suédois. Et c’est lors de la saison 2018, que tous ses efforts auront été récompensés, une saison remarquable aussi bien au niveau personnel que collective.

21 matchs disputés (une blessure l’ayant empêché de jouer toutes les rencontres) pour seulement 9 buts encaissés et 13 clean-sheets. Des statistiques assez incroyables qui auront payé pour le collectif. De nouveau meilleure défense, mais surtout le titre de champion espéré depuis 9 années qui venait récompenser tout un collectif soudé et les bonnes performances du jeune gardien suédois. En tant que supporter de l’AIK depuis son enfance, il ne pouvait rêver plus belle récompense qu’un titre avec son club de cœur.

20 mois après l’épisode malheureux à Braga, Linnér soulève le trophée Lennart Johansson du championnat suédois. Une belle victoire et un bel aboutissement de son rebond, après été violemment critiqué par de nombreux « supporters », il faisait désormais plus que l’unanimité. Comme il le dit lui-même dans une interview pour le média suédois FotbollDirekt, il doit aussi beaucoup cette tournure positive de carrière à son club : « En soulevant le trophée, je me suis dit que je rendais au club et à Rikard la confiance qu’il m’avait accordée ». Il s’est d’ailleurs fait tatouer sur le haut de son bras le trophée du titre de champion de Suède 2018, montrant toute l’importance que représente ce titre à ses yeux :

La saison 2019 fut un peu plus compliquée au niveau collectif avec une 4e place, mais de nouveau il a brillé dans les cages en Allsvenskan en encaissant moins de buts que de matchs disputés alors que ce fut une année où il a été plus sollicité. Malgré tout, ses problèmes de concentration lui ont de nouveau fait défaut lors d’un match européen lors de cette saison, face au Celtic en barrage d’Europa League, où ses erreurs auront été fatales à son club pour espérer disputer les groupes. Un problème qu’il devra gommer en changeant d’environnement pour sa première expérience à l’étranger.

En effet, Oscar Linnér a tout donné pour en arriver là, sacrifiant beaucoup, toujours motivé par le sportif plutôt que par l’argent. C’est ce qui l’a motivé lors de ce mercato hivernal à rejoindre l’Arminia Bielefeld, actuellement leader de 2. Bundesliga dans le but d’évoluer la saison prochaine dans l’élite allemande.

« Je joue par pure passion non pas parce que je le dois. Je n’ai rien eu gratuitement quand il s’agit de football. »

Les caractéristiques d’Oscar Linnér :

Physiquement imposant par ses 2m01 et 80kg, Linnér excelle par sa rapidité de décision. Il suit son instinct et très souvent cela est payant, notamment lors de sorties en 1vs1 face à l’adversaire qu’il surprend par ses sorties éclair. Depuis ses débuts professionnels, il a beaucoup progressé dans son jeu de position avec un meilleur placement qui lui donne des statistiques impressionnantes en pourcentage d’arrêt :

Saison 2017 : 29 rencontres – 22 buts encaissés (0,76/match) – 12 clean sheets – 78% d’arrêts et 2,7 par match

Saison 2018 : 21 rencontres – 9 buts encaissés (0,43/match) – 13 clean sheets – 80% d’arrêts et 1,7 par match

Saison 2019 : 27 rencontres – 20 buts encaissés (0,7/match) – 14 clean sheets –  76% d’arrêts et 2,4 par match

Oscar Linnér dispose d’un gros mental, en se mettant dans sa propre bulle, il s’ait garder la tête froide où il laisse peu transmettre ses émotions. Ce qui lui donne une certaine régularité se remettant en question à chaque rencontre. Il a construit un mur mental et à décider qui devrait le franchir et y avoir de l’influence, ce que son entraîneur à l’AIK, Rikard Norling, avait réussi. Et c’est ce que devra faire son nouvel entraineur pour en tirer le meilleur.

Il était sans doute le meilleur gardien d’Allsvenskan, où il avait en plus le poids d’une grande pression par les supporters de l’AIK. L’un des clubs avec le plus grand nombre de supporters en Suède ainsi que des médias au vu du statut du club qui joue les premières places chaque année. Il a su prouver qu’il avait les épaules pour devenir le numéro 1 de ce club malgré son jeune âge et trouver de la constance en se remettant en question notamment après l’épisode Braga.

Il est destiné à terme à prendre la succession dans les cages de Robin Olsen avec la sélection et ce transfert en 2. Bundesliga dans un club jouant la montée, devrait lui permettre d’atteindre rapidement ce niveau d’international.


Image mis en avant : Joakim Hall.

Laisser un commentaire