Bodø, un peu plus de 50 000 habitants, ville bombardée lors de la seconde guerre mondiale depuis reconstruite et devenue un paisible havre de paix dans le cercle polaire arctique. D’ailleurs si vous y allez au mois de juin, vous pourrez admirer le « soleil de minuit ». C’est dans cette ville où les « Glimt » (surnom du club) sont en train de mettre toute la Norvège à leurs pieds ! Football spectaculaire, pluie de buts, talents en nombre, les mots ne peuvent qu’être élogieux tant on se régale à voir jouer cette équipe cette saison !

Incontournable leader du championnat norvégien depuis le début de saison, les Glimt n’ont toujours pas connu la défaite cette saison en championnat tout comme en Europa League. Mieux en 20 matchs toutes compétitions confondues ils en sont à 18 victoires et 2 nuls dont 5 matchs se sont finis par un score de 6 à 1 ou 6-0.

Ils pourraient aussi être à deux matchs d’écrire une autre page de leur histoire lancée en 1916, celle de l’Europe avec une possible qualification en groupes d’Europa League. Cependant, il faudra avant tout écarter le géant milanais dès ce soir. Un défi qui s’annonce immense pour les très probables nouveaux rois de Norvège !

Une attaque de feu dans la glace norvégienne ! Jeu.

Bodø/Glimt, c’est 74 buts en 20 matchs. Autrement dit l’assurance de voir des buts à chaque match. Cette réussite offensive est due en grande partie à son trio composé de Philip Zinckernagel, Jens Peter Hauge, Kasper Junker et son joker de luxe Victor Boniface.

Pour analyser plus en profondeur le sujet, nous commençons par le pur produit de la formation : Jens Peter Hauge. À 20 ans, le natif de Bodø, écarquille les yeux de nombreux recruteurs à tel point que le club de Manchester United, par exemple, suivrait sa progression de près. Hauge est le jeune du centre de formation que chaque club aimerait avoir ; décisif, très fin techniquement, possédant un pied de velours et un QI Football au-dessus de la moyenne, voilà comment décrire le droitier de 20 ans au plus de 100 matchs de championnat.

Sur l’autre aile, on retrouve Philip Zinckernagel. Le danois lui n’a pas connu un parcours facile, mais à 25 ans il s’impose cette année comme l’un des meilleurs éléments du championnat. Passé par Copenhague et Nordsjælland lors de sa formation puis tentant sa chance en 2nde division danoise au HB Køge et au FC Helsingør, il parvient lors de cette dernière étape à retrouver l’élite danoise dans le club de SönderjyskE, qui finissait cette année-là à la 2nde place du championnat, derrière Copenhague. Challenge intéressant pour lui, il y restera 2 ans avant d’être recruté en 2018 par les Glimt. C’est vraiment en Eliteserien, où le danois s’épanouit depuis son arrivée, enchainant les prestations de haut niveau. Il est d’ailleurs, chaque année passante, de plus en plus décisif pour en arriver cette saison à 13 buts et 13 passes décisives.

Puis viennent les avants-centres Kasper Junker, 26 ans, et Victor Boniface, 19 ans. Si Junker est un élément incontournable avec ses 11 buts et 4 passes décisives, Boniface lui est vu, pour le moment, comme un formidable suppléant au danois. Et à 19 ans il a déjà été auteur de 6 réalisations et 2 passes décisives. Junker est décrit par les observateurs comme l’attaquant manquant la saison dernière, la saison de l’éclosion de cette équipe. Ayant un profil d’attaquant complet, il est très efficace dans les airs et sait se montrer très adroit devant le but depuis qu’il est arrivé dans le nord de la Norvège.

Le cerveau de la partie. Set.

Impressionnant de facilité cette saison, l’équipe de Bodø doit son jeu au chef d’orchestre, Kjetil Knutsen. L’entraîneur propose depuis plus d’un an et demi un jeu basé sur la possession de balle, une équipe ultra offensive et un contre pressing à forte intensité à l’image d’un Jurgen Klopp à Liverpool. Il forme un duo à succès avec son assistant Morten Kalvenesn, ancien entraîneur de Brann 2 et de l’équipe féminine d’Arna Bjørnar. Celui-ci dirige les entraînements avec brio et a parfaitement su préparer l’équipe physiquement avant la reprise décalée à cause du COVID. Très agréable à voir jouer, chaque joueur connaît son rôle sur le terrain dans ce 4-3-3 très jeune (2e plus faible moyenne d’âge avec 23.4 ans) énergique. On sent que tous les joueurs sont en pleine confiance avec cette belle dynamique.

Knutsen est d’ailleurs pour beaucoup le meilleur entraîneur d’Eliteserien en ce moment, lui qui est arrivé en 2018. Si les observateurs ne voyaient pas cette équipe jouer les avant-postes la saison dernière, les Glimt dirigées d’une main de maître, avaient déjoué toutes les attentes qu’ils sont en train de confirmer cette saison, et de la plus belle des manières. En effet, sa philosophie n’a guère évolué depuis sa prise de poste s’appuie aussi sur des joueurs qui sont capables d’évoluer dans son système. Entre d’une part un recrutement intelligent, bien identifié et à bas coût pour renforcer les postes qui faisaient défaut et d’autre part en faisant confiance à de jeunes joueurs du centre de formation, il semble avoir trouvé la parfaite alchimie pour décrocher le premier titre de champion aux Glimt ! Autre grand facteur du succès de Bodø, leur coach mental Bjørn Mannsverk, présent depuis 2017 et qui a réussi à motiver et à redonner l’envie à de nombreux joueurs comme le milieu Ulrik Saltnes qui pensait à arrêter cette même année, n’éprouvant plus de plaisir à jouer et qui est désormais parfaitement épanoui.

À l’image de l’entraineur, le staff et plus généralement le club familial de Bodø est un révélateur de talent, en s’appuyant depuis quelques années sur la formation et l’éclosion de jeunes talents dans une région où les clubs dans l’élite sont peu nombreux. Bodø /Glimt est le seul club du Nord de la Norvège cette année en Eliteserien, (auparavant il y avait aussi Tromsø encore plus au nord désormais en seconde division). Ainsi on peut compter Hauge, Saltnes, Berg ou encore Bjørkan (dont son père Aasmund est l’ancien entraineur (2016-2017) et désormais directeur sportif du club) comme joueurs formés au club encore présents et des joueurs comme Stefan Johansen (Fulham), Hakon Evjen (AZ), Anders Konradsen (Rosenborg et ex-Rennes), et Mathias Normann (Rostov) partis tenter une expérience à l’étranger.

En effet, le problème économique et de reconnaissance du championnat norvégien peut être un frein pour les joueurs, le club a donc pris l’habitude de vendre ses joueurs dès qu’ils en ont l’opportunité. En janvier dernier, ce fut le cas pour l’ailier gauche Amor Layouni parti en Egypte, Evjen à l’AZ ou du gardien Ricardo Friedrich en Turquie à Ankaragücü. Et lors du prochain mercato, des joueurs comme Hauge ou Zinckernagel qui est en fin de contrat, devraient quitter le club pour le bonheur de leurs futurs acquéreurs.

King of the North … Match ?

12 ! C’est le nombre de matchs restants en Eliteserien. 16 ! C’est le nombre de points sur le second Molde ainsi que le troisième, Odd. Si ce nombre permet de voir l’avenir plutôt sereinement, une question pourrait largement se poser dans cette quête du premier titre de champion de Norvège : Pourraient-ils finir cette saison invaincue et rentrer dans ce cercle très fermé des champions invincibles avec le Milan AC 91/92, Arsenal 03/04 et la Juventus 11/12 pour ce qui concerne les championnats d’après-guerre ?

Si l’euphorie commence à prendre part dans les travers de l’Aspmyra Stadion, la chasse aux records pourrait faire rage dans cette deuxième partie de championnat. Le record de buts par exemple, qui est actuellement de 87, détenu par Rosenborg en 1997 (en 26 journées au lieu de 30 aujourd’hui), avec en moyenne 3,35 buts par match et où Bodø / Glimt est actuellement à 3,6 buts/match après 18 journées. Le record de points de Molde en 2014 avec 71 points, ou encore ceux de la plus grosse marge de points entre premier et deuxième actuellement de 15 points ou pour finir et le record de victoires sur une saison qui est lui aussi détenu par le Molde de 2014 depuis le championnat à 16 équipes. 

Quoi qu’il en soit, les Glimt ont déjà réussi celui du meilleur départ avec 8 victoires consécutives en 8 journées. Mais l’important ne réside pour l’instant pas dans cette chasse aux records, mais bien dans le fait de remporter pour la première fois ce titre que toute une région attend depuis la création du club ! En effet, avec seulement 2 titres en Coupe en 1975 et 1993 et 2 titres en D2 en 2013 et 2017, le club n’a jamais pu remporter le championnat norvégien malgré avoir terminé 4 fois second en 1977, 1993, 2003 et 2019. Fin de cette disette en cette année 2020 ? À demi mot la réponse est OUI !

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