À l’instar de nombreux compatriotes, Jesper Olsen est passé par la case Ajax Amsterdam au début de sa carrière. Cet ailier gauche de poche a longtemps déstabilisé ses adversaires par ses dribbles déroutants. Bien connu en France, il a notamment porté le maillot des Girondins et du SM Caen. 

Mais le Danois a également brillé en Angleterre avec Manchester United où il a sévi pendant quatre ans. Conservé dans l’effectif par Sir Alex Ferguson lors de son arrivée au club en 1986, le manager écossais a même fait une croix sur le prometteur John Barnes (24 ans à l’époque). Quelques semaines plus tard, l’international anglais signe chez le grand rival : Liverpool.

Un envol rapide

Comme bon nombre de Scandinave, avant et après lui, Jesper Olsen ne déroge pas à la règle. Après avoir débuté dans le championnat local sous les couleurs du Næstved Idræts Forening (devenu Boldklub en 1996), le lutin danois s’envole pour les Pays-Bas en 1981. A tout juste 20 ans, il rejoint l’un des plus grands clubs du pays et d’Europe : l’Ajax Amsterdam. Après des débuts remarqués avec son premier club de Næstved, situé à seulement une trentaine de kilomètres de sa ville natale (Fakse), où il s’illustre pendant quatre saisons et où il se révèle être l’un des espoirs les plus prometteurs du Danemark, l’histoire aurait pu être différente.

Rapidement sur les tablettes des ténors européens, Jesper passe un essai avec Arsenal dès la saison 1978/79. Il marque même lors d’un match avec la réserve des Gunners. Mais le transfert ne se concrétise pas. L’Ajax décide de passer à l’action. Après un premier échec en 1980, les Lanciers parviennent donc à leur fin l’année suivante. Son arrivée à Amsterdam correspond au début de sa carrière professionnelle. Comme beaucoup d’amateurs de football de sa génération, Olsen a grandit en admirant les exploits des Godenzonen en Coupe d’Europe.

« J’ai toujours admiré l’Ajax. Je connaissais bien tous les joueurs du club à l’époque et j’appréciais leur jeu fantastique. » – Jesper Olsen

Et comme le hasard fait parfois bien les choses, le jeune ailier a l’immense chance et privilège d’arriver au club en même temps que son idole de jeunesse : Johan Cruyff. Après une parenthèse dorée en Espagne (Barcelone) et une « riche » aventure aux USA (Los Angeles Aztecs, Washington Diplomats), le célébrissime N°14 batave est revenu dans son club formateur avec l’idée de boucler la boucle. Ce retour aux sources permet au jeune danois de côtoyer pendant deux ans l’immense star mondiale du ballon rond.

Amsterdam

Quand Jesper arrive dans la ville aux mille et un canaux, l’équipe d’Amsterdam domine le championnat depuis les années 70 avec pas moins de cinq titres en Eredivisie. Il ne tarde pas à gagner un surnom : De Vlo (la puce en VF) pour sa grande capacité à sauter pour éviter les tacles adverses et son grand sens du dribble, notamment grâce à ses multiples changements de direction. Dès sa première saison, Olsen remporte le titre de champion des Pays-Bas.

La saison suivante, le Danois s’illustre avec Johan Cruyff en réalisant un penalty inédit : un penalty passé. Le 5 décembre 1982, l’Ajax reçoit Helmond Sport. Le « Hollandais volant » se fait faucher dans la surface et l’arbitre accorde un coup de pied de réparation. A la grande stupéfaction du gardien adverse et de ses coéquipiers, au lieu de tenter directement sa chance, Cruyff passe le ballon à Jesper. Il le lui remet instantanément et le N°14 de l’Ajax marque face à un gardien sans réaction. Le but est valable. En effet, un penalty est un coup franc direct dans la surface mais il peut être joué indirectement.

« J’avais 21 ans et Johan 37 quand il est revenu des États-Unis. Donc bien sûr, c’est lui qui avait eu l’idée. On en avait parlé en septembre cette année-là et on avait travaillé la situation quelquefois. Il y a eu des instants de flottement. Les gens se demandaient : ‘Mais ils ont le droit de faire ça ?’ » – Jesper Olsen

Cette action reste dans toutes les mémoires. Par la suite, d’illustres joueurs ont copié cette action avec plus ou moins de réussite. De son côté, Olsen ajoute un autre titre de champion plus une coupe des Pays-Bas. Et malgré son statut d’ « Intouchable » pour son entraîneur (Kurt Linder), qui le considère comme le joueur le plus talentueux de son effectif sur le plan technique ou tactique, Jesper quitte Amsterdam pour Manchester United.

Manchester

Ardemment désiré par le manager Ron Atkinson, Manchester débourse £350,000 pour le débaucher de l’Ajax. A une époque où les étrangers sont encore rares en First Division, ce recrutement étonne un peu. Pour Ron Atkinson, séduit par les performances du joueur, notamment à l’Euro 84, il n’y a pas débat. Petit à petit, le Danois va remplacer le néerlandais Arnold Mühren sur l’aile gauche de United. Dès sa première saison en Angleterre, son palmarès s’étoffe d’une FA Cup remportée contre Everton (1-0) à Wembley.

Titulaire régulier dans le XI, Jesper contribue au très bon début de saison en 1985/86 avec dix victoires consécutives lors des dix premiers matchs de championnat. Si United reste en tête jusqu’à la fin de l’année, ils rentrent dans le rang et échouent à la quatrième place. Pendant son passage en Angleterre, le lutin danois a souvent dû lutter pour garder sa place de titulaire. Par exemple, Atkinson recrute Peter Barnes pour concurrencer Olsen. A ce moment là, le Danois souffre d’une blessure. Mais dès son retour en forme, Barnes doit lui céder la place et finalement, il est transféré peu de temps après à Manchester City.

« C’était complètement différent des Pays-Bas en termes de style de jeu. Il a fallu s’adapter. À l’époque, le championnat anglais était très dur pour beaucoup de joueurs, mais c’était vraiment bien de jouer dans ce championnat. » – Jesper Olsen

Après une dispute avec Rémi Moses, Jesper est placé sur la liste des transferts par Atkinson. Mais l’arrivée de Alex Ferguson change la donne. Retiré de la liste, le manager écossais le conserve dans l’effectif. Il préfère le garder et laisse même échapper John Barnes. Lors de sa dernière saison complète à Old Trafford, United termine deuxième du championnat derrière le Liverpool de … John Barnes. Il décide donc de changer d’air pour rejoindre la D1 française après un bref passage dans son club formateur.

France

Sur les bords de la Garonne, Olsen rejoint une équipe ambitieuse et concurrentielle sur le plan national et européen. L’effectif est solide, composé de plusieurs internationaux français comme Eric Cantona, Jean-Marc Ferreri, Bernard Genghini, Yannick Stopyra ou Jean Tigana et des stars étrangères telles que Clive Allen ou Enzo Scifo. Dans les années 80, les Girondins ont remporté trois titres de champion de France, deux Coupe de France et se qualifient en Europe tous les ans.

Cependant, lors de son séjour bordelais, Jesper ne remporte aucun titre avec le club français. La passation de pouvoir avec le nouveau club phare de l’hexagone (OM) est en cours. Les tensions entre Claude Bez et Bernard Tapie rythment les saisons. Et en dépit des dribbles du Danois, Bordeaux termine en 1989 dans le ventre mou de D1 (13ème). Et malgré une lutte intense avec l’OM en 1990, les Girondins échouent à la seconde place du classement. Au bout de deux ans, il quitte Bordeaux pour s’engager avec le Stade Malherbe de Caen.

« J’étais convaincu que les joueurs évoluant à Bordeaux formaient l’une des meilleures équipes d’Europe. J’ai vraiment apprécié y jouer. » – Jesper Olsen

En Normandie, Olsen débute à son poste d’ailier gauche avant de progressivement descendre de deux crans pour devenir latéral gauche (très offensif) afin de laisser la place à un jeune talent dénommé Xavier Gravelaine. Sous la direction de Daniel Jeandupeux, Caen s’installe dans le haut du classement et décroche une qualification européenne inattendue. Dès le premier tour, l’aventure continentale s’achève amèrement contre la Real Saragosse. A la l’issue de la saison, Jesper Olsen décide précocement de raccrocher les crampons à l’âge de 31 ans.

Rød-Hvide

A l’inverse de beaucoup de joueurs précoces, le Scandinave n’a pas débuté sa carrière internationale en passant via les équipes de jeunes mais directement avec l’équipe A. En 1980, Olsen connait sa première cape contre l’URSS lors d’un match amical. Pas qualifié au Mondial 82, le Danemark participe à l’Euro 84. Pendant les qualifications, Jesper signe un but très important en égalisant à la dernière minute contre l’Angleterre (2-2). Sélectionné pour la compétition, il dispute deux matchs pendant le tournoi dont la demi-finale contre l’Espagne. La «Danish Dynamite» échoue lors de la séance de tir aux buts. Si Jesper réussit sa tentative, Preben Elkjær-Larsen manque la sienne et envoie l’Espagne en finale.

En dépit de cet échec, le football pratiqué par le Danemark a beaucoup séduit en Europe. Cela se poursuit au Mexique en 1986. L’édition américaine voit le Danemark survoler les phases de poules avec notamment un cinglant 6-1 contre l’Uruguay. Olsen marque à deux reprises pendant cette phase de groupe. Mais l’histoire retient plus son erreur en huitième de finale contre l’Espagne. Après avoir ouvert le score sur penalty, Jesper fait une passe en retrait interceptée par Emilio Butragueño. El Buitre égalise avant la pause. C’est le glas des ambitions danoises.

« C’était au-delà de nos espérances. La moindre petite occasion se transformait en but. Tous les joueurs n’ont pas la chance de pouvoir marquer en Coupe du Monde. Mais ce jour-là, nous avons été plusieurs à avoir cet honneur ! » – Jesper Olsen

Les Nordiques s’écroulent et perdent 5-1. Au Danemark, cette action est rentrée dans le vocabulaire courant. Le rigtig Jesper Olsen (un vrai Jesper Olsen) est l’équivalent d’une Arconada. Sélectionné pour l’Euro 88, il ne dispute pas une seule minute pendant la compétition. Non qualifié pour la Coupe du Monde 90, Jesper ne prend pas part non plus à l’Euro 92. En effet, il a mis un terme à sa carrière internationale en mars 1992. Et initialement hors course, le Danemark est repêché pour remplacer la Yougoslavie. Il assiste donc en spectateur au sacre improbable de ses coéquipiers.

Après carrière

Retiré du monde du football depuis l’arrêt de sa carrière, Jesper vit en Australie. En 2003, il décide de créer Fun Football Group. Mais en 2006, le Danois est admis en urgence à l’hôpital pour une hémorragie sous-arachnoïdienne (Accident Vasculaire Cérébral). Alors qu’il rentre de son jogging, Olsen ressent les premiers effets de l’hémorragie. Soigné à temps, il ne garde aucune séquelle de cet incident majeur.

« C’était effrayant de ressentir la perte de contrôle. » – Jesper Olsen

Depuis 2011, Fun Football intègre le groupe Football Star Academy et Oslen est nommé directeur de l’entraînement. Son nouveau job consiste à superviser le programme d’entraînement Elite et transmettre ses connaissances, ses expériences du monde aux nouvelles stars du football en herbe.

La Football Star Academy travaille également avec des clubs dans toute l’Europe comme le Panathinaikos en Grèce et Ipswich Town en Angleterre. Ces collaborations doivent permettre aux jeunes talents australiens d’avoir des opportunités de rejoindre le Vieux-Continent. A l’instar du jeune Daniel Arzani, dans le giron de City Group, qui a rejoint Manchester City en provenance de Melbourne City.

Statistiques :

1977-1981 – Næstved : 64 matchs, 11 buts

1981-1984  Ajax Amsterdam : 85 matchs, 23 buts

1984-1988  Manchester United : 139 matchs, 21 buts

1988 Næstved : 2 matchs, 1 but

1988-1990  Girondins de Bordeaux : 54 matchs, 3 buts

1990-1992 SM Caen : 58 matchs

1980-1990  Sélection danoise : 43 matchs, 5 buts

Palmarès :

Pays-Bas :

2 Eredivisie : 1982, 1983

1 KNVB Beker : 1983

Angleterre :

1 FA Cup : 1985

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