Vendredi matin, petit déjeuner. Tu survoles les actualités sportives sur tes différentes applications, en avalant ton café et ta tartine de Nutella. Soudain, le choc ! Tu sursautes et vides la moitié de ton arabica du Brésil sur ton t-shirt. La presse suédoise vient d’en balancer une mauvaise : Kim Källström serait sur le point d’annoncer sa retraite. Bouche bée, l’air hagard, tu te remémores les meilleurs moments passés avec lui, comme si ton héros suédois venait de te dire « c’est fini entre nous ».

Formé à Häcken mais alors joueur de Djurgården, un inconnu scandinave débarque du côté de la route de Lorient en janvier 2004. Les recruteurs du Stade Rennais ont eu le nez creux. Le gaucher de 21 ans se révèle aux yeux de la Ligue 1. Depuis, ton amour footballistique pour le bonhomme n’a cessé de grandir. Parmi ses 21 réalisations et 7 passes décisives en 89 matchs sous le maillot breton, son but venu d’ailleurs face à l’OL en octobre 2005 lui a peut-être ouvert les portes du club rhodanien. Surtout, il nous dressait le portrait d’un joueur que la France du football allait adorer. Ballon gagné à l’arrachée face à Tiago, petit pointu en extension à hauteur de tête pour éliminer Cris, et volée limpide dans la lucarne de Coupet pour conclure. Kim Källström, c’était ça. L’abnégation, la classe, la patte magique.

En une action, il venait de s’offrir trois des meilleurs joueurs du championnat, qui allaient ensuite devenir ses coéquipiers. En signant à Lyon en juillet 2006, le natif de Sandviken passe un cap et remplit son armoire. Une cinquantaine de matchs de Ligue des Champions, 2 titres de champions de France, deux coupes de France, 2 Trophées des Champions. Et encore une fois, l’unanimité autour de lui ! Le garçon est pro, disponible, irréprochable sur et en dehors du terrain. Il maîtrise le français à la perfection et ne se défile jamais lors de ses interviews sans langue de bois. Durant six années, il fait le bonheur des supporters lyonnais à coup d’ouvertures lumineuses, de tacles rageurs ou de scuds envoyés dans les filets adverses.

Kim Källström avait ses célébrations bien à lui ©AFP

Quand arrive le moment de changer d’air, le plus scandinave des Gones s’envole pour la Russie et le Spartak Moscou. Loin des yeux, mais pas si loin du cœur. Dans les colonnes de l’Equipe, le Suédois a rappelé il y a quelques mois encore, que l’OL restait « l’équipe de son cœur », et qu’un retour dans l’encadrement du club l’intéresserait « forcément ». Toujours est-il que son aventure russe durera trois ans. Au milieu, un prêt de six mois à Arsenal. En se rappelant cette escapade anglaise, le joueur expliquait à une radio suédoise qu’il avait reçu un coup de fil de son agent, Roger Ljung, dans les dernières heures du mercato de janvier 2014.

« Veux-tu être prêté à un club de Premier League ?

Non.

Veux-tu être prêté à Arsenal ?

OUI ! "

Sur un nuage, Kim Källström s’envole pour Londres. Malheureusement, lors de la visite médicale, les radios lui détectent des lésions aux vertèbres. Arsène Wenger, présent en personne, décide de le faire signer quand même. Sa première apparition sous le maillot des Gunners ne se fera que trois mois plus tard, mais il aura tout de même le temps de marquer son passage londonien d’un tir-au-but transformé dans un Wembley plein à craquer, en demie finale de la Cup que les Canonniers remporteront ensuite. « Bien que ma contribution fut minime dans les 120 ans d’histoire de ce club, c’était un grand moment pour moi. Les 15 plus énormes minutes de ma vie. »

Soulagé et heureux après son tir-au-but réussi face à Wigan en Cup

En 2015, direction la Suisse et les Grasshoppers de Zürich. Là encore, le joueur étale sa classe et enchaîne les belles performances, brassard de capitaine au biceps. Ne se sentant plus à 100% et désireux de retrouver sa terre natale, le viking résilie son contrat en janvier dernier. Afin de boucler la boucle, il retourne dans le club qui l’a vu percer, Djurgården, accompagné d’Andreas Isaksson, lui aussi ancien de la maison.

Lors de leur premier passage, les deux monuments avaient offert deux titres de champions et une coupe de Suède à l’équipe de Stockholm. Quatorze ans plus tard, ils finissent troisièmes d’Allsvenskan et qualifient leur formation pour la prochaine Europa League. Capitaine de l’équipe, Kim Källström a choisi de s’arrêter là-dessus. Comment lui en vouloir, à 35 ans, après avoir tant donné. La légende suédoise avait déjà tourné la page de la sélection après l’Euro 2016, avec 131 capes et 16 buts, quatre participations à l’Euro et une Coupe du Monde au compteur. Plus le niveau pour défendre le maillot blågult selon lui. L’humilité, la sobriété, toujours.

Avec Isaksson, Kim Källström a marqué l’histoire de Djurgarden

Alors ça y est. Tu vas devoir t’y faire. Kim ne régalera plus sur les terrains. On ne va pas se mentir, tout le monde ne comprendra pas ta tristesse face à cette nouvelle. Quand tu débarqueras à l’entraînement avec ton maillot floqué Källström, tu auras toujours droit à quelques moqueries de tes coéquipiers passés à côté de ce magnifique joueur. Mais peu importe. Kim n’a pas besoin de lumière. Il brille de lui-même par son talent, son dévouement et sa personne. Oui, c’est clair. Il va nous manquer. Que dire, si ce n’est merci ! Ou plutôt, tack, champion ! Et bonne retraite.

Photo du titre : Johanna Lundberg / Bildbyran

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