Considéré à ses débuts comme l’un des meilleurs attaquants de sa génération, Martin Dahlin éblouit le monde entier lors de la Coupe du Monde 1994 aux Etats-Unis. La suite de sa carrière n’est pas à la hauteur des espérances. Entre un transfert raté en Italie, une tentative de rebond compliquée en Angleterre et une blessure au dos rédhibitoire, Dahlin ne connaît pas un parcours à la hauteur de son immense talent.

Attaquant racé, au fort tempérament, Martin Dahlin devient rapidement une immense star en Suède. Ses performances avec l’équipe nationale lors des compétitions internationales (Euro 92 et World Cup 94) avec notamment ses compères Kennet Andersson, Tomas Brolin ou encore Henrik Larsson l’amènent sur le devant de la scène mondiale. Deuxième joueur noir à porter les couleurs de la Suède, mais beaucoup plus médiatique que son prédécesseur, il devient également un symbole de réussite dans son pays.

Premiers pas

Fruit de l’union entre un père vénézuélien, musicien, et d’une mère suédoise, psychologue, Martin voit le jour en 1968. Ses parents se rencontrent à Copenhague, puis déménagent en Suède où il naît à Uddevalla, une banlieue de Göteborg. Il hérite du prénom Martin en hommage à Martin Luther King, assassiné douze jours plus tôt à Memphis. Après quelques années de vie commune, le couple décide de se séparer. Le père rentre au Venezuela sans jamais reconnaître son fils. Et sa mère se dirige alors plus au sud vers la ville de Lund. D’habitude, les petits garçons reçoivent la passion pour le football de leur père. Dans le cas de Martin, cela vient de sa mère.

Elle développe rapidement son intérêt pour ce sport en lui racontant l’histoire de Pelé. En 1958, le jeune joueur brésilien illumine la Coupe du Monde organisée en … Suède et remportée par le Brésil contre le pays organisateur, porté par un groupe de stars (Bengt Gustavsson, Nils Liedholm, Arne Selmosson, Lennart Skoglund) basées en Italie. Tout naturellement, il prend une licence avec le club de Lunds BK. Après plusieurs années passées à apprendre les bases du football, l’entraîneur anglais Roy Hodgson, qui a débuté sa carrière de coach en Scandinavie (Halmstads BK, IK Oddevold et Örebro SK), le repère pour sa nouvelle équipe : Malmö. Et Martin Dahlin rejoint le club phare du sud de la Suède, distant de seulement quelques dizaines de kilomètres de Lund.

« Dès que j’ai vu à quel point Mario Kempes s’amusait à marquer des buts à la Coupe du Monde 1978, j’ai su que c’était ce que je voulais faire. » – Martin Dahlin

Avec les Himmelsblått, le jeune homme (20 ans) remporte immédiatement le championnat et termine meilleur buteur d’Allsvenskan avec dix-sept réalisations. Son palmarès gonfle encore plus avec un nouveau succès en championnat plus une victoire en coupe. Très doué devant le but (son ratio est d’un but tous les deux matchs), la Fiorentina vient aux renseignements. Sans succès. Martin est l’un des rares joueurs noirs en Suède. Lors de certains déplacements, il subit des huées et insultes racistes. Il répond sur le terrain en marquant des buts. Après quatre saisons avec Malmö, Mönchengladbach le recrute pour 700 000€.

Crédit photo : Twitter Malmö FF

L’apogée en Allemagne

En Allemagne, Dahlin évolue dans un grand championnat européen. Le Borussia Mönchengladbach a déjà vu, sous ses couleurs, un autre célèbre Scandinave : Allan Simonsen. Mais le club de Rhénanie-du-Nord-Westphalie n’évolue plus dans les hautes sphères nationales et continentales depuis déjà quelques saisons. Pour sa première saison avec « die Fohlen », Martin a un temps d’adaptation avec seulement deux buts en douze apparitions. Par la suite, si le Borussia reste englué dans le ventre mou de Bundesliga, le Suédois trouve la bonne carburation à partir de la saison 1992/93.

Crédit photo : Twitter Borussia

Martin trouve régulièrement le chemin des filets et atteint à chaque édition la barre symbolique des dix buts (10, 12, 11 et même 15 lors de sa dernière saison). Avec Stefan Effenberg, Patrik Andersson (son ancien coéquipier à Malmö) ou Heiko Herrlich, et l’Autrichien Bernd Krauss aux manettes, le club allemand retrouve le devant de la scène. Cinquième en 1995, quatrième en 1996 et vainqueur de la coupe contre le VfL Wolfsburg (3-0), Mönchengladbach semble renouer avec son glorieux passé. Et également avec la Coupe d’Europe (quarts de finale de la Coupe des Coupes et deuxième tour de la Coupe de l’UEFA).  

« J’aimerais aller en Italie, en Espagne ou même en France un jour. Si je dois quitter l’Allemagne, je veux que ce soit pour quelque chose de très bien. » – Martin Dahlin

Après avoir refusé Everton, et une belle revalorisation salariale à la clé, Martin Dahlin est sur les tablettes de nombreux clubs européens. Il est au top de sa carrière. Au terme d’une aventure allemande de cinq saisons, la Roma l’arrache à son club mais également à la concurrence transalpine de la Juventus et de la Fiorentina. Le Scandinave part donc pour la péninsule italienne avec l’idée de s’inscrire dans la lignée de ses glorieux aînés : Gunnar Gren, Kurt Hamrin, Nils Liedholm ou encore Gunnar Nordahl.

Fin prématurée

Malheureusement, l’expérience romaine tourne au fiasco. Avec Carlos Bianchi sur le banc, finalement remplacé par Liedholm, le buteur ne trouve pas beaucoup d’espace parmi la rude concurrence en attaque composée de Balbo, Delvecchio, Fonseca et l’ascension d’un jeune et talentueux produit de la formation romaine : Francesco Totti. Une blessure au genou ne joue pas en sa faveur non plus. Le fantasque président Franco Sensi le renvoie immédiatement à l’expéditeur après seulement trois matchs sans aucun but.

De retour en Bundesliga, le Suédois retrouve le sens du but. Son ancien club est ravi de l’accueillir à nouveau. Avec dix buts en dix-neuf apparitions, Dahlin retrouve ses standards passés. Pas suffisant pour les dirigeants giallorossi. Après ce prêt, les romains trouvent une porte de sortie à leur joueur devenu indésirable. Deux ans après leur premier titre de Premier League (le troisième de leur histoire), les Blackburn Rovers, toujours orphelins de Alan Shearer parti l’année précédente à Newcastle, misent sur l’international suédois pour l’équivalent de 3.5M€.

« Mon désir était de jouer pour la Roma, mais l’entraîneur pensait différemment. » – Martin Dahlin

Arrivé en Angleterre avec de grandes espérances placées en lui, Dahlin déçoit. Il ne trouve les filets qu’à quatre reprises en vingt-sept matchs. Un bilan famélique et inhabituel pour lui. Handicapé par une blessure survenue à l’entraînement, son rendement s’en ressent fortement. D’ailleurs, malgré une dernière tentative de rebond à Hambourg où il dispute huit matchs, l’attaquant suédois doit mettre définitivement et prématurément un terme à sa carrière à seulement 30 ans.

Avec les Blågult

Jean-Paul Vonderburg. Ce nom ne vous dit probablement rien. Pourtant, il s’agit du premier joueur noir à être devenu international suédois. Le 14 février 1990, ce défenseur axial étrenne le maillot blågult par une défaite (1-2) contre les Emirats Arabes Unis. Si le nom de Vonderburg ne vous rappelle rien, sa modeste carrière en club et internationale y est sans doute pour beaucoup. Ce n’est pas le cas pour Martin Dahlin. Deuxième joueur sur la liste, mais plus médiatique que Vonderburg, Martin débute naturellement son parcours international par les sélections de jeunes : U18, U21 et même les Olympiques lors des JO de Séoul. Il lui faut attendre 1991 pour honorer sa première cape avec les seniors.

Hors de forme, Dahlin manque ainsi l’édition italienne de la Coupe du Monde. Mais après des débuts réussis contre la Grèce, où il marque son premier but international, il ne quitte plus l’équipe dirigée par Tommy Svensson. Demi-finaliste lors de l’Euro 92, organisé en Suède mais gagné par le Danemark, Dahlin devient un membre important de l’équipe avec 20 buts en 33 matchs internationaux. Ses points forts sont sa vitesse, sa confiance et son talent dans les airs. La Suède va déjouer les pronostics lors de la World Cup et réaliser sa meilleure performance depuis 1958 avec leur seconde place obtenue à domicile face au Brésil de Pelé (voir ci-dessus).

« Quand je pense à Martin, je pense à la puissance et à une incroyable capacité à trouver le but. » – Henrik Larsson

Surnommé « OJ » par les médias US pour sa ressemblance avec l’ancien running back américain, Dahlin marque quatre buts en cinq matchs aux USA. Par la suite, le buteur Suédois ne rejoue plus de compétitions internationales. La Suède échoue dans les qualifications pour l’Euro 96 et la Coupe du Monde 98. Comme un signe du destin, Martin dispute son dernier match international à Malmö lors d’une victoire sur la Lituanie (1-0). En l’espace de six ans, l’international suédois marque à vingt-neuf reprises. Cela le place dans le Top 10 de la sélection scandinave malgré une carrière internationale assez courte. Mais intense avec un ratio de 50%.

Reconversion

Malgré sa retraite sportive précoce, Martin Dahlin ne reste pas inactif longtemps. Après avoir lancé une ligne de vêtement à son nom (Dahlin Shirts) dès 1994, il dirige la marque avec la société Heab Hestra. Mais le football lui manque. Et en 2001, il revient dans le milieu du ballon rond.

« Nous avons dans notre écurie des joueurs internationaux suédois, finlandais, danois. En gros, quelques-uns des meilleurs talents de la Scandinavie. » – Martin Dahlin

Contrairement à d’autres anciens joueurs, Martin ne souhaite pas s’asseoir sur un banc de touche. Il devient donc agent de joueurs. Dahlin fonde son entreprise : MD Management. Rapidement, elle devient la première agence de football en Scandinavie.

Martin Dahlin avec Pontus Jansson lors de son transfert à Brentford l’été dernier. Crédit photo : Instagram MD Management.

Son agence regroupe une trentaine des plus grands talents scandinaves dont Sebastian Andersson (Union Berlin), Jimmy Durmaz (Galatasaray), Filip Helander (Rangers), Pontus Jansson (Brentford), Mattias Svanberg (Bologne) … Installé à Monaco, Martin gère son porte-feuille de joueurs en attendant peut-être de s’installer sur un banc si l’envie le titille.

Statistiques :

1987-1991 – Malmö FF : 79 matchs, 39 buts

1991-1996  Borussia Mönchengladbach : 106 matchs, 50 buts

1996-1997  AS Roma : 3 matchs

1996-1997  Borussia Mönchengladbach (prêt) : 19 matchs, 10 buts

1997-1999  Blackburn Rovers : 27 matchs, 4 buts

1998-1999  Hambourg SV (prêt) : 8 matchs

1991-1997  Sélection suédoise : 60 matchs, 29 buts

Palmarès :

Allemagne :

1 DFB-Pokal : 1994–95

Suède :

2 Allsvenskan : 1988, 1989

1 Coupe : 1989

3ème : Coupe du Monde 1994

1 Guldbollen : 1993


Crédit photo à la une : Facebook Svensk Fotboll.

3 thoughts

  1. J’ai été impressionné par le niveau de jeu de Martin Dahlin lorsqu’il évoluait avec les BlackBurn Rovers en Premier League. Il a d’ailleurs marqué 4 buts pour le club anglais. C’est dommage qu’il ait raccroché les crampons à l’âge de 30 ans.

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