Le championnat néerlandais, l’Eredivisie, a prouvé lors de ses dernières décennies qu’il était le championnat parfait pour les joueurs d’origines nordiques et jeunes talents. C’est ce qu’ont parfaitement compris les deux jeunes talents nordiques, Alexander Isak et Martin Ödegaard, et leurs clubs respectifs, le Borussia Dortmund et le Real Madrid. Cela sous forme de prêt afin qu’ils retrouvent la confiance et retournent sur le devant de la scène, en vue d’un possible retour dans leurs clubs.

Les deux plus grands talents du football nordique possèdent des débuts de carrière similaires. Après une superbe première saison professionnelle dans leur club formateur à 15 et 16 ans, ils ont rejoint directement un top club européen. Mais avec peu de temps de jeu en équipe première, cela les a conduits à partir en prêt où ils ont su s’épanouir et être décisifs. Déjà utilisés comme exemples de flops, et disparaissant des radars européens pour leur plus grand épanouissement, ils ont su montrer en retrouvant la sélection et en étant parmi les meilleurs joueurs du championnat, qu’ils avaient l’étoffe pour finir par s’imposer dans leurs clubs respectifs. Récit de leurs débuts de carrières jusqu’à aujourd’hui.

Les débuts précoces au pays, le football n’a pas d’âge :

Né le 17 décembre 1998 à Drammen, Martin Ødegaard est directement tombé dans le football de par son père, Hans Erik, ancien footballeur ayant fait toute sa carrière en Norvège. Il a beaucoup compté pour son début de carrière, étant bien plus qu’un père, mais un formateur. En effet, il a été son entraineur personnel de ses 5 à 13 ans dans le club qu’il a créé le Drammen Strong, et a fait de son fils en quelque sorte une machine à s’entrainer. Des milliers d’heures d’entraînements en dehors du club à se perfectionner, toujours avec le ballon, sous 3 facteurs qu’il décrit comme essentiels à son développement : 1. beaucoup d’entrainements / 2. des entraînements durs / 3. s’entrainer de la bonne façon.

« Mon père n’a jamais parlé de gagner, d’être le meilleur. Ce n’était qu’une question de développement. D’être un peu meilleur tout le temps. Ce devrait être amusant, sans stress, sans danger. Il parle toujours de faire des erreurs. Il veut que je fasse des erreurs. Et réessayez. Il m’a toujours encouragé à prendre le ballon. » – Martin Ödegaard pour le média norvégien Josimar.

Des facteurs qui peuvent paraître simples mais qui ont été parfaitement appliqués par le jeune milieu offensif norvégien. Il a été formaté depuis très jeune à devenir un génie du ballon rond mais c’est lui qui en redemander et qui ne cesser de sortir dans la rue ballon sur l’épaule, ne pensant que football. Et le travail a payé et en a fait un précoce du football, surclassé depuis tout petit. À 13 ans, après avoir rejoint pour continuer sa formation le grand club local Strømsgodset, il commence déjà à s’entrainer avec l’équipe première et à 14 ans il était déjà repéré par les plus grands clubs, en allant passer des tests au Bayern, Stuttgart et Manchester United. Jugé trop tôt par son père pour un départ, Ødegaard reste à Strømsgodset, qui comptait déjà sur lui pour la saison 2014 à venir.

Martin Ödegaard avec son meilleur ami le ballon rond, et sur son terrain préféré à Drammen, où il y a passé des milliers d’heures à se perfectionner. Crédit : Instagram Martin.

Toujours pas entré au lycée, il avait déjà le niveau de l’élite norvégienne et un des meilleurs joueurs du club qui lui aura offert un contrat professionnel après 3 matchs en championnat devenant obligatoire. C’était la sensation, il était devenu le plus jeune joueur à évoluer en championnat norvégien à 15 ans et 118 jours puis plus jeune buteur, 11 jours plus tard. Au final une saison à 23 matchs (15 titularisations) pour 5 buts et 6 passes décisives. Des statistiques et des records impressionnants à 15 ans, mais encore plus dans le jeu où tout était si facile pour lui que ça soit au niveau compréhension du jeu ou technique. Aucun problème de différence physique qui peut pourtant être dur sur l’homme en Norvège, mais les adversaires ne pouvaient l’atteindre une fois avec le ballon faisant facilement la différence techniquement avec sa vitesse d’exécution.

Il a également très vite sauté les étapes sous le maillot norvégien, pour dire il a d’abord fait ses débuts en A plutôt qu’en U21, en devenant bien sûr le plus jeune débutant en sélection à jouer pour son pays à 15 ans et 253 jours en amical face aux Émirats arabes unis. La hype en Norvège était tellement forte qu’il faisait même ses débuts officiels en éliminatoire pour l’Euro un mois plus tard. La génération norvégienne était en fin de cycle on se préoccupait de l’avenir et Martin Ødegaard devait représenter ce renouveau, avec ce « génie ».

« Tout s’est bien passé, mais en Norvège, il n’y a pas eu d’étoile pendant longtemps. Les médias ont donc tout magnifié. J’avais quinze ans et c’était déjà une maison de fous tous les jours. » – Martin Ødegaard pour le média néerlandais AD, dont nous tirons beaucoup d’informations dans cet article.

Drammen était devenu le point de rendez-vous des scouts/recruteurs des plus grands clubs européens et des journalistes de tous pays. Ses prestations avaient fait le tour de la toile et avaient attiré des scouts de tous les grands clubs du continent qui venait le voir à l’oeuvre de leurs propres yeux. De même après chaque entraînement et match, 15 à 20 journalistes l’attendaient pour avoir l’exclusivité. Sa vie avait définitivement changé, alors qu’il avait seulement 15 ans. De quoi perdre la tête avec cette surmédiatisation, heureusement pour Ødegaard, il était superbement bien entouré pour éviter cela.

La saison terminée, il avait déjà tous les grands clubs du vieux continent à ses pieds. S’en suit un long chemin de réflexion pour le père et le fils qui auront été visiter en quelques mois les meilleurs clubs formateurs au monde dont le Barça, Liverpool, l’Ajax, le Bayern, Man. City et enfin le Real Madrid. Le monde du football était à ses pieds, et Odegaard et son père choisiront pour la suite de sa carrière, le projet proposé par les Blancos du Real Madrid.


Du côté d’Alexander Isak, il a été formé à l’AIK depuis ses 6 ans, club situé dans la banlieue de la capitale Stockholm à Solna où il est né de parents érythréens un 21 septembre 1999. Il sera très vite surclassé de catégories en raison de ses performances mais également de sa rapide croissance, mesurant déjà 1m90 avant ses 16 ans. L’attaquant longiligne allait alors faire ses débuts en U19 à 15 ans, puis ses débuts en pro à 16 ans lors d’un match de Coupe. Entré dans le dernier quart d’heure, cela lui sera suffisant pour inscrire son premier but professionnel. Quelques semaines plus tard, il a la surprise d’être titularisé lors de la première journée de championnat contre Östersund où il récidive alors âgé de 16 ans, 6 mois et 16 jours.

Des débuts rêvés dans le monde des grands pour le jeune attaquant suédois, qui allait lancer sa dynamique dans le championnat suédois. Le changement d’entraîneur en cours de saison, n’y change rien, à 16/17 ans, le jeune Isak s’installe comme un titulaire et devient le meilleur buteur de son équipe lors de la saison 2016 avec 10 buts en 24 rencontres. Avec notamment un doublé qui aura marqué les esprits lors de la victoire 3-0 au derby de la capitale contre le rival Djurgården, le jour de ses 17 ans. Il sera fort logiquement élu révélation et jeune joueur de l’année du championnat suédois et aura terminé second au classement avec son club de l’AIK.

Alexander Isak et l’AIK une belle histoire d’amour, au club depuis ses 6 ans qui n’aura duré qu’un an en professionnel. Crédit : Instagram Isak.

Forcément, malgré son jeune âge, beaucoup demandaient qu’Alexander Isak soit sélectionné avec les A suédois suite à sa grosse saison, comme cela avait pu être le cas avec Martin Ødegaard en Norvège. Mais avec une sélection assez conservatrice, Isak se sera contenté des U17/U19 puis U21. Néanmoins, Janne Andersson lui donnera sa chance lors d’une tournée de matchs amicaux non officiels de janvier avec des joueurs évoluant dans les pays nordiques, où il sera devenu le plus jeune joueur à avoir marqué pour la Suède, à 17 ans et 114 jours battant un record de 1912. Les éloges pour Isak flambèrent en Suède et les comparaisons également avec sa grande taille, ses débuts précoces,… on lui donnait désormais le surnom du « nouveau Zlatan Ibrahimovic ». Comparaison qu’il refuse :

« Je ne suis pas le nouveau Zlatan, je ne suis que moi-même. La comparaison ne me dérange pas, mais j’ai déjà dit que je ne me regardais pas de cette façon » – Alexander Isak pour Veronica Inside.

Les gros clubs déjà très à l’affût de ses performances, à la trêve hivernale de longues négociations prirent place. D’abord annoncé au Benfica, puis très proche du Real Madrid où il aurait pu former une formidable association avec Ødegaard, ce sera finalement l’Allemagne et le projet du BvB qui convaincra le jeune attaquant suédois. Pour un montant d’environ 8,6M€, Alexander Isak devenait le plus gros transfert de l’histoire du championnat suédois à seulement 17 ans, et devant un certain… Zlatan transféré à Malmö en 2001 pour 7,8M€.

La remise en question :

Changement de dimension pour Martin Ødegaard avec ce transfert au Real Madrid le 22 janvier 2015, les médias mondiaux s’en emparent encore plus et la finance est au centre des polémiques. Le club Merengue investit sur le long terme pour le premier norvégien de l’histoire du club avec un contrat de 6 ans, notamment terni avec les fausses rumeurs de salaires du DailyMail parlant de 100 000€/semaine qui passe à 35 000€ et 1,5M/an par le média norvégien VG qui a eu accès au dossier. Et le montant du transfert est d’environ 6M€ avec les bonus pour un jeune de 16 ans (quand aujourd’hui le même club débourse 45M€ pour un joueur du même âge comme Rodrygo). Montant très important pour son ancien club de Stromgodset, un record, qui leur aura permis d’améliorer leurs installations.

Une pression colossale repose donc sur les épaules encore effilées de Martin. Heureusement son père Hans Erik est du voyage. Déjà pour aider à son adaptation, mais surtout pour lui éviter les déboires du monde du football, car les vautours utilisant le football pour faire de l’argent ne sont jamais loin notamment vis-à-vis des placements, la fiscalité,… d’où l’importance d’avoir eu au début son père à ses côtés aussi jeune. Il a de nouveau une grande importance pour lui, et ils ont pu continuer leur relation fusionnelle, lui qui a quitté son poste d’entraineur adjoint dans le club norvégien de Mjøndalen et a pris un rôle d’entraineur pour le jeunes du Real.

« J’ai toujours eu de grandes attentes. J’ai appris à gérer ça. En Norvège, toutes les sonnettes d’alarme retentissent lorsque mon nom sort. Il y a toujours une attention quelque part. [… ] Je suis une personne sobre. Un prototype scandinave, oui. Je n’aime pas du tout l’attention ou les attentes exagérées. Je parle aux médias parce que les interviews font partie de mon travail. Mais ce n’est pas un passe-temps. Je n’ai pas joué au football pour cela. »  » – Martin Ödegaard pour Ad.nl

Sa mère est restée avec son frère et ses deux soeurs à Drammen, la famille devait être séparée. Beaucoup de sacrifices ont dû être fait, mais Martin allait réalisé son rêve et savait à quoi s’attendre, le football allait complètement changé sa vie, le sport et dans le club le plus médiatisé au monde. En tant qu’adolescent de 16 ans, Ødegaard a déjà quitté son domicile et son foyer et en parallèle, il continue ses études secondaires durant 3 ans en ligne avec diplôme à la clé.

Mais côté football, cela ne se passe pas comme prévu. Arrivé sous Carlo Ancelotti, qui ne comptait pas sur lui et n’a pas été consulté pour le transfert, c’est logiquement qu’il débute en réserve sous Zinédine Zidane en 3e division espagnole. Son intégration est difficile sur le terrain, sa première mi-saison est décevante où il peine à être décisif seulement 1 but et 1 passe décisive en 11 matchs. Il aura néanmoins au cours de la saison, eu l’opportunité de battre le record du plus jeune joueur à évoluer sous le maillot du Real en Liga alors âgé de 16 ans, 5 mois et 6 jours, en remplaçant Cristiano Ronaldo pour 32 minutes, le 23 mai 2015 contre Getafe.

Zinedine Zidane et Martin Ödegaard, un duo prometteur dont on redemande. Le norvégien se dit avoir appris sous ZZ, beaucoup de détails avant de recevoir le ballon, sur le positionnement du corps ou sur ses faiblesses défensives.

La saison suivante est meilleure, plus libéré sur le terrain, il est un titulaire important et dispute 38 matchs même si de nouveau peu décisif avec un seul but malgré 7 passes décisives. Mais bloqué face à l’effectif pléthorique de l’équipe une et à son peu de temps de jeu, on pense alors voir Martin se dirigeait vers un prêt mais le Real le conserve. Il effectue encore la première mi-saison 2015/2016 en réserve avec 3 buts en 13 matchs et de nouveau qu’un seul match disputé en équipe première, cette fois en Coupe contre la D3 Cultural Leonesa. Comme titulaire et auteur d’un bon match, cela aura était à ce jour son dernier temps de jeu en équipe A désormais entraîné par Zidane.

Puisqu’un premier temps proche du Stade Rennais et de la L1 où il s’était même déplacé au stade avec son père, Ödegaard était enfin libéré pour en prêt afin se mesurer de nouveau dans une ligue Européenne. Son choix se portera vers les Pays-Bas et le club d’Heerenveen, championnat et club parfait pour les nordiques et pour enfin avoir du temps de jeu en équipe première. On allait enfin le revoir jouer à haut niveau et voir ce que son expérience en Espagne et les entraînements avec les pros du Real lui avaient apporté depuis la Norvège.


Situation similaire pour Alexander Isak, qui même s’il avait misé sur un club faisant davantage confiance aux jeunes avec Dortmund, il n’aura pas assez eu l’occasion de se montrer. Bloqué également devant, d’abord par Pierre-Emerick Aubameyang, Michy Batshuayi, puis Paco Alcacer voire Maximilian Philipp et André Schürrle. Au final en 2 ans au BvB, Isak aura disputé seulement 116 minutes de temps de jeu en Bundesliga avec une seule titularisation, 99 en Coupe (suffisant pour marquer) et 65 minutes en Coupe d’Europe.

Lors de la première mi-saison 2018/2019, il sera carrément relégué en réserve ne faisant plus aucun banc sous Lucien Favre. La situation devient problématique pour le buteur suédois et on se dirige un peu à l’image d’un Emre Mor vers une vente ou un prêt. C’est un match amical contre Willem II en tournée en Espagne lors de la trêve hivernale, qui aura changé la donne, où les deux clubs et le joueur se seront accordés sur un prêt pour la mi-saison restante. 

Isak sous le maillot du BvB, trop peu vu pour pouvoir juger son vrai potentiel. Crédit : Instagram Isak.

Le choix payant de l’Eredivisie :

Le championnat néerlandais est le parfait championnat de transition, notamment un environnement idéal pour les joueurs offensifs où le style de jeu y est très porté. Malgré un niveau général moyen et peu homogène, cela permet aux jeunes joueurs à fort potentiel de retrouver rapidement la confiance et on le sait un championnat très suivi pour les jeunes. Et Ödegaard et Isak ont parfaitement su saisir cette occasion.

Les débuts à Heerenveen auront été difficiles pour Martin Ödegaard, le manque de confiance se sera cruellement fait ressentir. Mais l’entraineur l’ayant a disposition pour une saison et demie, le norvégien montera petit à petit en puissance et deviendra indispensable au jeu de son équipe à 19 ans étant le créateur technique et d’occasions pour son équipe sur son aile droite. 3 buts et 4 passes décisives en 43 rencontres, ce faible rendement statistique pourrait trahir son passage au club mais en allant plus loin, notamment avec la statistique d’expected assists à 5,44 étant la plus importante de son équipe, on sent que cela aurait pu être bien mieux avec des coéquipiers plus réalistes.

À la fin de son prêt à Heerenveen, le norvégien sera retourné au Real Madrid où il aura effectué la pré-saison aux Etats-Unis avec Lopetegui. Malgré de bons matchs, il n’y avait toujours pas de place pour lui en équipe une, et de nouveau, Ödegaard misera sur la continuité en retournant en Pays-Bas. Cette fois au Vitesse Arnhem pour la saison 2018/2019 où il a franchi un grand pas en tant que titulaire inamovible et en devenant l’un des plus grands créateurs du championnat à 20 ans.

« J’aurais probablement pu aller dans des ligues et des clubs plus grands, mais pour ma part, il est primordial de jouer lorsque vous faites un prêt et d’avoir un entraîneur qui croit en vous » – Ödegaard pour VG.

Sous la direction du russe Leonid Slutski, notamment ancien entraineur du CSKA Moscou de 2009 à 2016, Ödegaard aura réalisé sa plus grosse saison de sa jeune carrière. Placé sur l’aile droite, cela n’a pas empêché le norvégien de dicter le jeu de son équipe en étant le leader technique toujours avec élégance et le créateur d’occasions. En attestent ses statistiques de la saison :

Il a notamment impressionné par sa précision sur coup de pied arrêté, l’un des meilleurs dans l’exercice. Il l’a notamment démontré avec 3 passes décisives dans la même rencontre contre le PEC Zwolle (victoire 4-1), toutes sur corner et toutes pour son coéquipier Bryan Linssen. Avec 2 buts en Coupe, Martin Ödegaard a d’ailleurs dépassé la barre symbolique des 10 buts – 10 passes décisives, un bel achèvement pour l’offensif norvégien à qui on reprochait son manque d’efficacité. Les statistiques ne disent pas tout, mais ont fondé sa confiance tout au long de la saison.

Sur le plan collectif, le Vitesse Arnhem a terminé 5e et participé aux barrages pour disputer l’Europa League la saison prochaine, perdu en finale. Une honorable saison en grande partie grâce à Martin Ödegaard comme montré par les statistiques, mais également dans le jeu. Le norvégien a pris une autre dimension, cette saison avec notamment plus de maturité dans son jeu et un gros volume de jeu avec sa capacité à trouver des décalages en transversales ou en passes millimétrées. Pensant toujours à faire briller le collectif avant tout, on a tout de même pu voir Ödegaard tenter davantage sa chance et cela a été récompensé comme par son magnifique but face au PSV, avec son superbe pied gauche.

Cette saison aura été remarquée par Lars Lagerbäck puisque redescendu en sélection Espoirs depuis 2016, après quelques amicaux en A, Ödegaard a fini par retrouver une place de titulaire en compétition officielle face à l’Espagne fin mars denier. Ce qui n’avait plus été le cas dans un match officiel en sélection depuis le 15 novembre 2015, quasiment 4 ans après, un barrage pour l’Euro 2016 où il avait alors 16 ans, 10 mois et 29 jours. Et également par le public et décideurs, élu joueur du mois d’avril, il a ensuite été élu joueur de l’année de son club du Vitesse à 49% puis dans l’équipe type de la saison d’Eredivisie, au milieu aux côtés de Schöne et de Jong et en étant le seul joueur hors Ajax et PSV du onze.

Trophées venant récompenser sa belle saison au Vitesse.

« Il est le meilleur joueur avec lequel j’ai travaillé, et j’en ai travaillé avec beaucoup. Il est prêt pour un autre championnat» – Leonid Slutski son entraineur pour le média néerlandais NOS.


Concernant Alexander Isak prêté à Willem II, il avait la lourde tâche de remplacer le buteur espagnol Fran Sol parti au Dynamo Kiev, qui avait inscrit 13 buts en une mi-saison. Isak se voyait récupérer le fameux numéro 9 sur son dos, un pari pour le club néerlandais où il n’est jamais évident de remplacer un joueur clé au mercato hivernal. D’autant plus avec un joueur peu en confiance et en condition physique.

Le jeune buteur de 19 ans aura eu besoin de 270 minutes pour inscrire son premier but sous son nouveau maillot. Puis la machine Isak était lancée, avec notamment une série de 7 matchs consécutifs à inscrire au moins un but et un record tombé dans le championnat néerlandais, lorsqu’il aura transformé 3 pénaltys dans la même rencontre contre le Fortuna Sittard, le premier à le faire dans l’histoire du championnat. Un prêt plus que convaincant, comme le prouvent ses statistiques de sa mi-saison :

Isak a montré lors de ce prêt le bon visage qu’on avait vu de lui en Suède et qui a convaincu le Borussia Dortmund de le signer, en distillant toute sa palette de buteur avec des buts du droit et du gauche, d’opportuniste, d’actions personnelles et qu’il était un bon frappeur de penaltys avec du sang-froid. Ajouté à cela son aisance technique et une bonne vitesse d’exécution malgré sa grande taille (1m90).

Mais également son altruisme, dans un rôle en quelque sorte de pivot, lui qui aime également participer au jeu offensif grâce à une bonne compréhension du jeu récompensé par de nombreuses passes décisives. Il a encore quelques aspects à améliorer dans son jeu pour en faire un buteur plus complet, comme son déchet technique au niveau du contrôle (3,6 mauvais contrôle par match en moyenne) et au niveau du placement (0,7 hors jeu par match).

Dans une équipe de seconde zone qui aura terminé 10e au classement, Alexander Isak aura lui terminé 3e meilleur buteur de la phase retour du championnat avec ses 13 buts, derrière Tadic et ses 18 buts ainsi que Luuk de Jong à 14. Un beau bilan, en rajoutant un but important en demi-finale de Coupe face à l’AZ, celui de l’égalisation puis la transformation du dernier penalty à la séance qualifiant son équipe en finale, logiquement balayé par l’Ajax 4 à 0.

Pas de trophée donc pour le passage d’Isak en Eredivisie, mais son passage aux Pays-Bas lui aura donné la visibilité nécessaire pour découvrir officiellement la sélection suédoise A où il est désormais installé dans la liste de Janne Andersson. Mais également pour espérer un retour à Dortmund ou ailleurs dans un grand championnat européen, consolidant qu’Isak avait bien le potentiel pour être un top buteur à l’avenir.

«Je n’ai jamais travaillé avec un joueur aussi complet. Il a tout : la vitesse, la vision, la technique et la capacité de marquer des buts. » – Adrie Koster, entraineur de Willem II qui a notamment vu passer à l’Ajax Klaas-Jan Huntelaar et Luis Suarez.


Un an d’écart sépare deux des plus grands talents du football nordique, Alexander Isak et Martin Ödegaard, né en 1998 et 1999, et qui resteront tous deux dans l’histoire de leur club et championnat formateur pour leur records de précocité et performances remarquées. Pour certains, suite à la médiatisation portée à leur arrivée dans un top club, ils sont désormais catégorisés comme des joueurs surcotés qui ont été trop vite et qui n’en ont pas le niveau. Qu’importe, ceux qui auront pu suivre leurs performances en prêt en Eredivisie, auront pu voir qu’ils avaient largement le niveau de ce championnat et pour plus haut. Leur progression en silence loin des regards, était peut-être la meilleure façon pour se remettre en confiance. Car grâce à leur prêt, ils sont redevenus les jeunes talents européens les plus en vue actuellement et internationaux.

Aurait-il été préférable pour eux de rejoindre directement ce championnat néerlandais à l’image de ce qu’ont fait par le passé des Kasper Dolberg, Christian Eriksen ou Zlatan Ibrahimovic ? Sans doute, du moins pour le temps de jeu et pour suivre une suite logique. Mais ce choix leur a quand même permis de s’entraîner, à peine majeur, avec les meilleurs joueurs au monde et au sein des meilleures installations. Tout en ayant pu voir ce qu’était le très haut niveau ainsi que ses exigences où ils seront déjà mieux adapté en cas d’un possible retour.

En tout les cas ils appartiennent toujours à leurs clubs respectifs, le Real Madrid et le Borussia Dortmund, où de nouveau un choix de carrière décisif les attend pour poursuivre sur la bonne dynamique et à être sur le devant de la scène. Annoncé comme à vendre, la solution passerait peut-être par là où leur temps de jeu serait toujours en suspens, en suivant cette fois la suite logique d’une carrière s’il y en a une même s’il faut faire de nouveau faire un pas en arrière.

Pour Ödegaard, on parle beaucoup de l’Ajax ou du Bayer Leverkusen, qui pourraient être les clubs parfaits pour être un élément clé de l’équipe et continuer sa progression, tout en gardant une chance de revenir un jour dans l’un des grands clubs européens notamment au Real Madrid qui penserait à sa fameuse clause de rachat. Tout comme Isak suivit avec intérêt par la Real Sociedad. Tout ce qu’on peut souhaiter à ces deux jeunes talents nordiques, c’est d’arriver à faire la carrière dont il souhaite malgré le jugement de certains médias les ayant déjà catégorisés, car pour eux le talent est bien là et on souhaite qu’ils continuent à le montrer peu importe où ils joueront la saison prochaine.

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