Ils l’ont fait, les Huuhkajat (Hiboux Grands Ducs) vont participer à leur premier tournoi majeur de leur histoire avec cet Euro 2020 ! À travers cette qualification historique, le groupe finlandais a mis fin aux regards envieux vers leurs voisins nordiques et à ce sentiment d’échec qu’avaient les 5,5 millions d’habitants vis-à-vis du football dans l’ombre du hockey où ils sont vice-champion du monde en titre.

Présentation de cette sélection nordique désormais comparée à l’Islande, qui va disputer son premier tournoi avec des similitudes dans la motivation et l’esprit d’équipe, le jeu défensif, mais avec cette part de créativité accentuée qui peut laisser espérer de belles choses.

Parcours de qualification et préparation :

En 18 participations aux qualifications de Coupe du Monde depuis 1938 et 13 pour l’Euro depuis 1968, ils n’étaient jamais arrivés à décrocher une participation à un tournoi. Pas même avec la génération dorée des Sami Hyypiä, Jari Litmanen, Teemu Tainio, Mikael Forssell,… . Mais cette 33e tentative fut donc la bonne à travers une génération pas des plus talentueuses mais formant un collectif soudé et unifié qui a été chercher cette qualification dans un groupe pas si abordable.

En effet, après nous avoir déjà étonnés lors de la Ligue des Nations dans la ligue C en terminant 1re de leur groupe devant la Hongrie, la Grèce et l’Estonie, ils ont confirmé lors de ces éliminatoires pour l’Euro 2020 en étant très solide défensivement et efficace devant avec le finisseur de Norwich, Teemu Pukki auteur de 10 buts en 10 matchs de qualifications. Malgré 4 défaites en 10 rencontres (dont 2 face à l’Italie), ils ont pu aborder la fin des qualifications assez sereinement en terminant avec 4 points d’avance sur le 3e, la Grèce, qui les ont battus lors de la dernière journée.m

Une qualification réalisée sans Roman Eremenko (Spartak Moscou puis Rostov – 73 sélections) qui était suspendu pour 2 ans pour cocaïne puis de retour à la compétition en octobre 2018, Alexander Ring (New York City puis Austin – 44 sélections), Niklas Moisander (Werder Brême – 62 sélections) et Perparim Hetemaj (Chievo Verone puis Benevento – 49 sélections), parmi les meilleurs joueurs finlandais. Un choix du sélectionneur pour Eremenko et un choix personnel pour le reste des joueurs qui avaient décidé de prendre leur retraite internationale.

Une qualification venant récompenser le très bon travail de management de Markku Kanerva au sein de son groupe. Depuis sa prise de position, le changement de tournure de la sélection finlandaise a été radical, en passant au classement FIFA en 2017 de la 110e place à la 54e place actuellement. Ils seront d’ailleurs la 2e nation la moins bien classée de cet Euro à 24 juste devant la Macédoine du Nord. Car en effet avant sa prise de position en 2017, la sélection finlandaise était au plus mal après n’avoir remporté aucune rencontre lors de l’année 2016 en 9 matchs avec 7 défaites et 2 nuls.

Résultats :

Italie – Finlande 2-0
Arménie – Finlande 0-2 (Jensen, Soiri)
Finlande – Bosnie-Herzégovine 2-0 (Pukki x2)
Liechtenstein – Finlande 0-2 (Pukki, Källman)
Finlande – Grèce 1-0 (Pukki)
Finlande – Italie 1-2 (Pukki)
Bosnie-Herzégovine – Finlande 4-1 (Pohjanpalo)
Finlande – Arménie 3-0 (Jensen, Pukki x2)
Finlande – Liechtenstein 3-0 (Tuominen, Pukki x2)

Par la suite, ils auront terminé second de leur groupe de Ligue des Nations en Ligue B devant l’Irlande et la Bulgarie face auxquelles ils l’auront emporté à chaque fois par deux fois mais derrière le Pays de Galles où au contraire ils auront concédé deux défaites fatales pour espérer voir la Ligue A. Malgré une victoire prometteuse 2-0 avec les remplaçants face à la France à l’extérieur où ils auront montré tout leur réaliste, depuis les résultats ne sont plus tellement en rendez-vous en 2021.

Pour débuter les qualifications pour la Coupe du Monde 2022, ils ont réalisé deux matchs nuls face à la Bosnie et l’Ukraine, qui ne sont pas de si mauvais résultats en soi, mais les derniers matchs de préparation pour l’Euro ont par contre été catastrophiques. D’abord face à la Suède le 29 mai avec une défaite 2-0 certes avec pas mal d’absents mais avec trop peu de choses montrées et encore moins face à l’Estonie le 4 juin, 116e mondiale, avec une défaite 1-0 pas du tout rassurante avec de nouveau peu de choses produites. Aucun but marqué lors des 2 derniers matchs et 6 matchs de suite sans victoire, la Finlande n’arrivera pas en pleine confiance contrairement à il y a un an jour pour jour si la compétition avait bien eu lieu comme initialement prévue. Néanmoins malgré l’inquiétude des derniers matchs on sait que dans une compétition tout est possible et qu’il est difficile de se fier à cela.

Effectif :

1- Lukas Hradecky, Bayer Leverkusen (ALL) – 31 ans

12- Jesse Joronen, Brescia (ITA) – 28 ans

23- Anssi Jaakkola, Bristol Rovers (ENG) – 34 ans


4- Jonah Toivio, BK Häcken (SWE) – 33 ans

5- Leo Väisänen, Elfsborg (SWE) – 23 ans

2- Paulus Arajuuri, Pafos FC – 32 ans

3- Daniel O’Shaugnessy, HJK (FIN) – 26 ans

25- Robert Ivanov, Warta Poznan (POL) – 26 ans

22- Jukka Raitala, Minnesota United (USA) – 32 ans

17- Nikolai Alho, MTK Budapest (HUN) – 28 ans

18- Jere Uronen, KRC Genk (BEL) – 26 ans

13- Pyry Soiri, Esbjerg fB (DEN) – 26 ans

15- Niko Hämäläinen, Queens Park Rangers (ENG) – 24 ans


14- Tim Sparv, AE Larisa (CHY) – 34 ans

6- Glen Kamara, Glasgow Rangers (SCO) – 25 ans

19- Joni Kauko, Esbjerg fB (DEN) – 30 ans

24- Onni Valakari, Pafos FC (CHY) – 21 ans

11- Rasmus Schüller, Djurgården (SWE) – 29 ans

16- Thomas Lam, PEC Zwolle (NED) – 27 ans

7- Robert Taylor, Brann (NOR) – 26 ans


10- Teemu Pukki, Norwich City (ENG) – 31 ans

20- Joel Pohjanpalo, Union Berlin (GER) – 26 ans

26- Marcus Forss, Brentford (ENG) – 21 ans

9- Fredrik Jensen, FC Augsbourg (ALL) – 23 ans

8- Robin Lod, Minnesota United (USA) – 28 ans

21- Lassi Lappalainen, CF Montréal (USA) – 22 ans

Le XI probable :

Marrku Kanerva a disputé l’entièreté des matchs de qualification dans un schéma 4-4-2 classique et historique qu’il mettait en place depuis sa prise de position. Mais depuis le report d’un an avec la Ligue des Nations et les matchs de préparation, il a préparé une autre tactique avec 3 centraux dans un 3-5-2 / 5-3-2. Le but étant de pouvoir s’adapter au style de jeu de l’adversaire et de renforcer leur solidité défensive en donnant une supériorité centrale.

Points forts :

  • Le grand atout des Huuhkajat est la cohésion d’équipe où la plupart des journalistes finlandais décrivent un bon état d’esprit au sein de la sélection avec des joueurs qui se connaissent très bien depuis maintenant plusieurs années. Un esprit d’équipe d’une sélection comme dans un club parfaitement mené par Markku Kanerva.
  • La Finlande sait contenir l’adversaire avec un bloc bas solide très organisé et un alignement des joueurs souvent irréprochable. Ils forment une équipe unifiée bien organisée qui devrait être difficile à passer avec beaucoup d’espaces couverts et restreints pour l’adversaire. Ils savent aussi saisir l’opportunité lorsqu’elle se présente par la capitalisation des contre-attaques et des coups de pied arrêtés pour surprendre leurs adversaires grâce notamment à un trio au milieu de profils différents. Sparv le capitaine plus défensif et en retrait et Glen Kamara et Robin Lod qui offrent de belles options de dans le jeu de transition. Kamara en récupérateur et Lod le créateur et meneur de jeu qui trouve bien les espaces et relie le jeu entre le milieu et les deux attaquants devant Pukki et Pohjanpalo.
  • Grâce aux différents profils au sein de la liste et les différents axes tactiques, la Finlande peut s’adapter à différentes situations et styles de jeu des adversaires pour pouvoir s’adapter au mieux. Surtout lors d’une compétition comme l’Euro, cela va représenter un bel avantage.

Points faibles :

  • Pour leur première participation à un Euro, la Finlande est peu habituée à ce genre de rencontres à enjeux et à l’appréhension d’une telle compétition. Teemu Pukki, Tim Sparv, Joona Toivio et Jukka Raitala ont tout de même pu participer à un Euro Espoirs en 2009 justement avec Markku Kanerva comme sélectionneur.
  • Un manque d’efficacité offensive lors des derniers matchs, il y a une grande dépendance Teemu Pukki qui marque la plupart des buts de la sélection désormais comme on a pu le voir lors des éliminatoires en inscrivant 10 des 16 buts marqués. En plus de cela, il va démarrer la compétition pas parfaitement à 100% après avoir manqué 5 semaines de football jusqu’à présent et avec seulement 29 minutes de temps de jeu lors du dernier match amical. Il existe également des doutes autour de Joel Pohjanpalo souvent embêté par les blessures, même si le duo pourrait être très prometteur.

♥ La star : Teemu Pukki

Même si Lukas Hradecky, le gardien du Bayer Leverkusen, est impérial dans les buts, impossible de ne pas choisir Teemu Pukki comme star des Huuhkajat. Il est le finisseur de cette sélection, lui qui s’est complétement révélé sous les couleurs de son pays depuis l’arrivée de Kanerva fin 2016 : 21 buts en 37 matchs sous ses ordres alors que lors de ses 53 premières sélections, il n’avait inscrit que 9 buts.

Doté d’un excellent sens du but, il fait souvent la différence notamment grâce à son très bon positionnement et sa frappe redoutable. Et il a pu le prouver lors des éliminatoires en terminant 4e meilleur buteur avec 10 buts marqués sur les 10 rencontres. Également en pleine confiance en club avec Norwich, où il fait sûrement partie des meilleurs transferts libres de l’histoire avec 67 buts en 126 rencontres en 3 ans dont 26 buts cette saison en Championship et avec de nouveau le titre de champion au bout.

Néanmoins, quelques interrogations subsistent de son côté avant le début de la compétition. En effet, il a connu une blessure au ligament de la cheville début mai et il pourrait donc ne pas être à 100% dès le début. En tout cas il ne sera pas en parfaite condition puisque sur les 2 matchs de préparation, il n’a pu disputer que 29 minutes lors du dernier face à l’Estonie. On compte sur sa motivation de battre le record du nombre de buts de Jari Litmanen en sélection (32), où il n’est plus qu’à 2 longueurs de l’égaler pour porter les siens dans cette participation historique.

♣ Le joueur à surveiller : Glen Kamara

Glen Kamara est le moteur de cette sélection au milieu de terrain, un incontournable dans la tactique de Kanerva. Pourtant, il revient de loin avec un début de carrière compliqué en ayant été formé à Arsenal de 2012 à 2017 où il aura été prêté en D4 et D3 anglaise avant de rebondir en fin de contrat en Écosse à Dundee. Après 2 saisons et une relégation de son club, il aura été recruté pour seulement 55 000€ par les Rangers avant sa fin de contrat. Coaché par Steven Gerrard, avec notamment une belle saison pleine cette année avec le sacre en championnat et un 8e de finale d’Europa League, il y confirme tout son potentiel.

Le milieu finlandais brille par ses nombreuses qualités qui en font un milieu de terrain complet. Il a notamment une belle lecture du jeu qui lui fait anticiper les coups et notamment récupérer des ballons importants. Endurant il se donne toujours et résiste très bien à la pression adverse en perdant peu de ballon où il excelle dans la conservation. A l’aise balle au pied, il est capable de faire avancer et accélérer le jeu au bon moment à travers sa très bonne qualité de passes, notamment progressives et dans le dernier tiers. En témoigne son taux de passes réussis de 91% cette saison Scottish Premiership, le classant numéro 1 dans cet exercice au sein du championnat.

Ciblé en Premier League, cet Euro pourrait lui permettre de viser encore plus haut. Il en a tout cas les moyens et sera l’élément clé au milieu pour sa sélection.

♦ Le joueur qui peut se révéler : Onni Valakari

Le jeune espoir de cette sélection avec le buteur Marcus Forss de Brentford de la génération 1999 également. Il est le fils d’un ancien international finlandais à 32 reprises, Simo Valakari, qui a notamment joué à Motherwell en Écosse où Onni est né. C’est d’ailleurs lui qui aura lancé sa carrière professionnelle en Finlande en tant qu’entraineur au SJK puis à TPS. Il l’aura à nouveau suivi lors de sa prise de poste dans l’élite norvégienne à Tromsø. Une forme de népotisme ? Des doutes rapidement levés par le talent du garçon qui se sera très vite intégré en Eliteserien à 18/19 ans où il aura notamment inscrit ce superbe but.

Malheureusement avec la relégation de son équipe, il aura du poursuivre l’aventure seul sans son père en trouvant un point de chute qui aura beaucoup surpris à Pafos à Chypre. Mais avec 18 buts en 42 rencontres et dans un rôle de titulaire indiscutable et de meneur de jeu de son équipe, Onni continue bien sa progression et confirme son bon choix. Et après avoir connu sa 1re sélection avec les A en novembre dernier face à la France où il a d’ailleurs directement marqué son premier but, il va pouvoir disputer sa première grande compétition avec cet Euro après seulement 5 sélections.

Onni est un milieu offensif élégant doté d’un superbe pied gauche et d’une belle aisance technique. Excellent frappeur de coups de pied arrêtés, il peut débloquer rapidement des situations et sera sûrement un grand atout en sortie de banc pour dynamiser les siens offensivement notamment en cas de situation de retard sur le tableau d’affichage.

Qu’attendre de la Finlande lors de cet Euro 2020 ?

Dans un groupe difficile, avec des matchs à l’extérieur contre le Danemark à Copenhague, la Russie à Saint-Pétersbourg et pour finir la Belgique 1er au classement FIFA, il faudra probablement aller chercher une victoire pour espérer aller plus loin que les poules.

L’objectif serait de pouvoir aller en 8e de finale notamment grâce aux 4 places qualificatives de meilleurs 3e. Néanmoins il n’y aura pas de pression particulière, se qualifier était déjà une belle prouesse, le reste sera surtout que du bonus. Ils ne voudront pas être ridicules et profiter de l’évènement pour montrer leur force de collectif et d’état d’esprit en inquiétant les adversaires pour laisser un beau souvenir pour la suite.

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