Les terres finlandaises ne sont pas réputées pour être accueillantes lorsqu’il s’agit du football. C’est l’un des rares pays du vieux continent où le football se voit être relégué derrière d’autre sport plus populaires. Pourtant, de nombreuses familles y symbolisent le foot du fait que plusieurs membres de ces familles ont été de grands joueurs ou entraîneurs. Notamment en s’exportant hors des frontières du pays, une certaine forme de réussite et de reconnaissance d’une qualité que même à l’étranger on convoite. Alors qu’en Finlande, ces personnes là, jouant au football sont si rares.

Dans les quartiers d’Helsinki, le jeune milieu de terrain Simo Valakari se fait un nom en montant un par un les échelons du football finlandais. À cette même époque, un seul joueur concentre toute l’attention du public au pays. Les exploits de Jari Litmanen parti dans l’un de ces grands clubs européens loin de la Finlande, à l’Ajax. Il est âgé de deux ans de plus que Simo, qui lui progresse et rejoint les rangs du FinnPa. Le club est alors au plus haut de son histoire en arrivant troisième du championnat. Quelques yeux étrangers aperçoivent Simo Valakari. C’est alors qu’il quitte son pays pour rejoindre Motherwell en Ecosse. La fin des années 1990 verra la réussite de Simo dans îles britanniques où il devient un bon joueur de Motherwell, tout en restant dans l’ombre de la star finlandaise Litmanen. À ce moment là, Onni naît. Le fils de Simo, Onni Valakari sera élevé en Ecosse, sur des terres de football. Les différents choix de carrière de son père vont amener Onni à voyager durant son enfance, à Derby dans le centre de l’Angleterre, puis de l’autre côté de l’Atlantique aux Etats Unis à Dallas.

Même si la MLS n’était pas aussi médiatisée et que le poids du football est moindre par rapport à la Grande Bretagne, Onni se dirige vers le football. Une contagion due à son père et à son enfance en Europe de l’Ouest sans doute. Lorsque Simo décide de revenir en Finlande pour terminer sa carrière de joueur, Onni fait ses premiers entraînements immédiatement sur le sol finlandais. A Turku, dans le sud ouest de pays, où de nombreux clubs de football sont réputés et d’ailleurs l’une des villes disposant des meilleures infrastructures. Alors que Onni débute sa carrière, son père arrête la sienne, même si ce dernier poursuivra sa route vers le coaching. Une chance de plus pour Onni sous les conseils de son père.

 

Onni grandit, toujours aux côtés de son père

Après une courte période où Simo entraîne des jeunes à Helsinki, celui-ci se voit proposer un poste d’entraîneur à SJK. Un club un peu plus au nord, légèrement dans les terres. Ce club est basé à Seinäjoki, une ville en croissance en contraste avec le reste du pays qui connaît des difficultés. La ville n’est pour autant pas très grande, seulement connue pour être le lieu où l’on trouve le centre Aalto hérité d’un très célèbre architecte, urbaniste et designer finlandais reconnu bien au-delà des frontières du pays d’Europe du Nord. Le club de SJK est à l’image de la transformation de cette ville : ambitieux. Fondé seulement cinq ans avant l’arrivée de la famille Valakari, SJK vient d’être promu en Ykkönen (deuxième division). Le club est devenu professionnel et souhaite construire un grand projet sous l’ordre de Simo. Onni, ainsi que ses frères suivent et entreront dans l’académie de SJK créé cette même année.

 

Onni s’approche d’évoluer avec l’équipe A de SJK. | ©Marko Tuominiemi.

Onni encore jeune, ne disputera que quelques minutes en 2015 avec SJK II (l’académie de SJK) en troisième division finlandaise, la Kakkonen. Cependant, il est considéré comme l’un des grands espoirs du club, l’un des premiers de ce jeune club. Tandis que son père au même moment a fait monter le club en Veikkausliiga (D1) et a remporté lors de la deuxième saison dans ce championnat le titre. SJK avec Simo devient champion de Finlande et arrête la série des six titres consécutifs du HJK, le plus grand club de l’histoire du pays. Une réussite aidant indirectement Onni sûrement.

 

Un changement de cap

Alors que tout le monde voit Onni sous les ordres de son père avec SJK, un rebondissement amène la famille à partir de Seinäjoki. Suite à plusieurs désaccords entre Simo et le propriétaire de SJK, qui dirige l’ensemble du club. Simo est destitué de son poste d’entraîneur à la fin de l’hiver 2017, alors que la saison reprend dans peu de temps. Tout le monde parle de cette séparation qui paraît brutale, même si celle-ci n’est pas nouvelle malgré les exploits réalisés par Simo avec SJK. Toute la famille part en direction cette fois ci, du club où pourront signer les enfants de Simo.

C’est à Turku, dans le club de TPS, qu’Onni signe un contrat avec l’équipe première qui joue en Ykkönen (D2), là où son père avait terminé sa carrière de joueur. Mais la signature venant tardivement, la ligue de football refuse qu’Onni joue avec l’équipe de TPS, en attendant le prochain mercato, en été. Pourtant, TPS fait tout pour qu’il puisse jouer dès le début de la saison, en adressant des courriels à la ligue ou encore par l’intermédiaire des médias. Mika Laurikainen, l’entraîneur de TPS répète dans les médias son mécontentement.  Finalement, Onni attendra un peu, et pourra jouer avec l’équipe B de TPS qui joue dans des divisions amateurs.

Arrivé à l’été, Onni débute en Ykkönen et s’installe rapidement dans le jeu de TPS, alors que le club était pourtant à la lutte pour la montée. Il enchaîne les matchs et est souvent titulaire, à seulement 17 ans. TPS décroche la première place et est promu en Veikkausliiga. L’importance de Onni au poste de milieu offensif surprend, avec 6 buts et 2 passes décisives en 13 matchs.

Une demi saison en Ykkönen pleine. | ©Jussi Eskola

 

Une montée en puissance à confirmer

Pendant qu’Onni trouvait sa place dans les rangs de TPS, Simo lui est reparti à l’étranger. Il est devenu entraîneur de Tromsø IL en première division norvégienne. Le club septentrional se trouve dans la zone de relégation à la mi-saison. L’arrivée de Simo apporte un nouveau souffle à l’équipe. Simo réalise un nouvel exploit en sauvant Tromsø de la relégation. La saison se terminant plus tôt en Finlande qu’en Norvège, Simo appelle son fils à le rejoindre dans le nord de la Scandinavie pour prolonger sa saison. D’autant que la famille Valakari se trouve là bas, où son jeune frère Toivo joue avec les équipes de jeunes de Tromsø. De plus, le rythme est légèrement plus soutenu en Norvège. Onni ne s’arrête pas ou presque en cette fin d’année. Il s’entraîne deux semaines avec son père, jusqu’en fin novembre et reprend en décembre avec TPS en Finlande. Un calendrier chargé qui doit lui permettre de s’améliorer plus rapidement et d’être prêt à jouer en Veikkausliiga.

« Nous savons comment c’est. À la maison, il est mon père, mais sur le terrain, je suis comme n’importe quel autre joueur et il est mon entraîneur. », dit Onni Valakari.

Le début de la saison en Finlande arrive vite. Les entraînements dans des enceintes fermés pour se protéger des conditions climatiques rudes du début de l’hiver. La Suomen Cup –la coupe national en Finlande, qui cependant n’attire pas autant que par le passé – reprend, au cours du mois de janvier pour TPS. Onni sera titulaire lors de toutes les rencontres, hormis une qui se d’ailleurs la seul victoire de TPS. Néanmoins, Onni a montré de bonne chose. Il a marqué un but et sera titulaire pour la saison en Veikkausliiga. En début avril, il marque pour la première journée son premier but en première division contre le FC Lahti.

 

Simo et Onni réuni dans le nord de la Norvège. | ©Anders Mo Hanssen

Onni montre de quoi il est capable d’apporter à une équipe. Ce joueur au grand gabarie s’éloigne du profil des autres joueurs que l’on croise souvent à son poste, des joueurs plutôt petit, rapide et technique. Onni se présente plus dans une douceur, qu’il délivre avec ses coups de pieds gauche, comme le montre son premier but contre le FC Lahti. Une frappe enroulée vers le petit filet. Dans un collectif soudé, le jeune milieu est très intéressant. De part son touché de balle et sa qualité de passe. Même s’il a délivré peu de passe décisive, il arrive a trouvé souvent un de ses coéquipiers. Puisque, de l’autre part, il possède également une très bonne vision de jeu. Menant à faire de bonne course, à avoir un jeu avec peu de déchet. Un joueur intelligent sur une pelouse, l’amenant à se retrouver où il faut. Ses deux autres buts de la saison en championnat, marqué d’ailleurs contre le PS Kemi, une équipe concurrente de TPS au classement, lors de deux matchs différents l’indique. Actuellement, depuis son arrivée à TPS, il a inscrit 10 buts en 30 matchs (dont 3 en Veikkausliiga). Des performances qui lui ont permit d’intégrer les U19 de la Finlande.

Le rendez vous approche, le tournoi européen se déroule en Finlande, à Vaasa et à Seinäjoki où Onni avait évolué. Un événement assez rare dans le pays. Dans cette équipe de U19, Onni a gagné du temps de jeu, jusqu’à être titulaire quelques matchs. Dont contre le Monténégro, après avoir marqué un but contre cette même équipe il y a deux jours. Pour sa titularisation, il a de nouveau marqué contre cette même équipe. Deux buts inscrits avec les U19, les deux contre le Monténégro en juin. Malgré ces bonnes performances, Onni n’a pas été sélectionné pour jouer l’Euro U19. D’autres joueurs jouant dans des clubs mieux classés ont été préférés, mais il sera sans doute sollicité un autre jour.


Image à la Une: ©Juha Tamminen

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