Les Îles Féroé sont réputées pour être « l’archipel aux moutons », avec des décors somptueux composés de fjords, falaises et cascades. Il y aurait tant à dire sur le spectacle que nous offre la nature à travers ces terres méconnues du grand public… Mais recentrons-nous et parlons football ! Sport de prédilection et élément fort de la culture féroïenne. Cela mérite bien quelques anecdotes à ressortir fièrement lors de vos apéros post-confinement entre amis !

1/ Cette saison, le champion en titre féringien, le KÍ Klaksvík, aura 22 joueurs dans son effectif.
Sur les 22 joueurs, 15 ont un métier à côté. Il y a donc seulement 7 joueurs de football à plein temps qui peuvent « gagner suffisamment » pour en vivre.

Source : Ole Erik Midtskogen, joueur norvégien du club pour TV2 Sporten.

2/ Amed Davy Silla, ancien attaquant franco-ivoirien désormais retraité, qui est passé en France par l’équipe réserve du LOSC, Cesson ou encore Istres en Ligue 2, a évolué durant 3 ans aux Îles Féroé de 2005 à 2007.

Il aura terminé meilleur buteur du championnat en 2007 avec 18 buts sous le maillot du B36 Tórshavn, mais il aura également disputé les tours préliminaires de Ligue des Champions en affrontant notamment le Fenerbahçe, qui comptait alors dans ses rangs un certain Nicolas Anelka.

Source : 20 minutes.

3/ Si le premier championnat officiel de football aux Îles Féroé a eu lieu en 1942, la compétition a dû s’interrompre après seulement deux éditions, 1944 ne voyant pas de championnat se dérouler.

En effet, alors sous tutelle britannique suite à l’invasion du Danemark par les nazis, l’archipel ne comptait pas assez de ballons pour pouvoir pratiquer une saison de football. Le championnat reprendra l’année suivante en 1945, avec le retour sous autorité danoise. Les Îles Féroé sont désormais une province autonome depuis 1948.

Source : rsssf.com

4/ 433 : c’est la moyenne du nombre de spectateurs par match dans le championnat lors de la saison 2018. Soit un peu moins de 1% de la population. Avec 755 spectateurs de moyenne, le KÍ Klaksvík est l’équipe la plus soutenue. La Fédération compte plus de 5 200 licenciés, soit 10% de la population.

Source : Transfermarkt.

5/ Joan Edmundsson (1991) est le seul joueur féringien à évoluer en professionnel en dehors des pays nordiques. Il évolue en Allemagne à l’Arminia Bielefeld en 2. Bundesliga, où son équipe est pour l’instant leader du championnat. Il pourrait donc potentiellement évoluer en Bundesliga la saison prochaine.

Avant lui, il y avait eu Gunnar Nielsen gardien de but, qui évoluait en Angleterre et qui a pu disputer un match de Premier League avec Manchester City face à Arsenal. Alors âgé de seulement 22 ans, et numéro 4 dans la hiérarchie, il avait profité de l’absence du 2e et 3e gardien puis de la blessure en plein match de Shay Given pour disputer 17 minutes et 5 minutes de temps additionnel dans l’élite anglaise. Et en réussissant à conserver le score du match nul 0-0 face à des van Persie, Bendtner, Nasri,… Un évènement sur l’archipel, la Premier League étant le championnat de prédilection pour les fans féringiens de ballons rond.

Joan Edmundsson a d’ailleurs un petit frère, Andrias Edmundsson (2000), second joueur féringien a évoluer actuellement en dehors des pays nordiques. Défenseur central, il joue pour l’instant avec les U23 de Sunderland, et est considéré comme un des plus grands espoirs footballistiques au pays.

Et dans la famille Edmundsson, il y a également un 3e frère, Hákun (1996), qui évoluera cette saison dans l’élite féringienne avec l’ÍF Fuglafjördur, bon dernier du championnat la saison passée. A côté du football, il est éboueur.

6/ On pourrait croire que le football aux Îles Féroé est récent, mais la création des plus anciens clubs remontent déjà à très longtemps. En effet, les clubs les plus anciens sont le TB Tvøroyri (1892), puis le KÍ Klaksvík et HB Tórshavn (1904). La création des ces clubs de football est intervenue en inspiration de la Grande Bretagne et du Danemark.

Source : site officiel de l’HB Torshavn.

7/ Klæmint Olsen est le meilleur buteur de l’histoire du championnat féringien. Il a 29 ans et a évolué pour le moment dans un seul club : le NSÍ Runavík. Il est également international aux Îles Féroé avec qui il n’a marqué qu’un seul but en 29 sélections, mais face à l’Espagne (s’il vous plaît !) en juin 2019.

Néanmoins si aujourd’hui Olsen est l’une des stars du football dans son archipel, cela n’aurait pourtant jamais dû être le cas. Les médecins lui avaient en effet annoncé qu’il ne pourrait pas pratiquer de sport et encore moins le football, suite à une malformation des pieds. Olsen est né avec le pied gauche bosselé, un désalignement inné qui lui interdisait, croyait-on, de courir et taper dans un ballon. Néanmoins, il n’a pas suivi ces recommandations et a pratiqué le football jusqu’à devenir international et meilleur buteur du championnat de 2013 à 2016, ainsi que l’an passé avec un total de 190 buts en 274 matchs, en étant obligé de mettre tout son poids sur sa jambe droite.

La semaine, Klaemint Olsen est concierge dans une école, le week-end il score pour le club de sa ville natale et écrit sa légende de meilleur buteur de l’histoire du championnat. Telle est la vie qu’il a décidé de mener. Une belle histoire, à l’image de cet archipel.

Source : article dédié à lui par le média norvégien TV2

8/ La tunique originale domicile du B36 Tórshavn était composée d’un maillot noir à manches blanches, d’un short blanc et de chaussettes noires et blanches. Le but était de se rapprocher du maillot du club anglais d’Arsenal, dont les fondateurs du B36 étaient fans et pensaient s’inspirer.

Sauf que… s’étant basés sur les photos de l’époque en noir et blanc, les fondateurs du club étaient loin de se douter qu’ils n’avaient pas les bonnes couleurs ! Imaginez leur surprise en découvrant que les Gunners jouaient en fait en rouge ! Au final, le B36 a conservé le noir et le blanc qui sont toujours les couleurs traditionnelles du club.

Source : Footballcrests.com

9/ Si dans certains grands championnats, on se plaint de la domination d’un club qui chaque année remporte le titre, aux Îles Féroé au moins le suspens est de mise. Sur les 5 dernières éditions, il y a eu 4 champions différents :

2015 : B36

2016 : Vikingur

2017 : Vikingur

2018 : HB

2019 : KI

10/ Imaginez. Vous sortez de chez vous, ballon en main, crampons aux pieds, comme un poussin se rendant à son entraînement du mercredi. Sauf que là, vous allez poser votre sac au pied du banc des Bleus, au Stade de France et vous allez enchaîner les frappes sur le but où Zizou a ajusté par deux fois Claudio Taffarel en finale de la Coupe du Monde 98. Le rêve, non ? Alors OK, les conditions ne sont pas les mêmes, entre la France et les Féroé. D’accord, les dimensions ne sont pas les mêmes non plus, entre le Stade de France et le Tofta Leikvøllur. Mais dans l’idée, on y est !

Parce que sur l’archipel, figurez-vous que les grands stades sont en libre accès en dehors des matchs. Marquer sur le même but que vos joueurs préférés est donc possible ! De même, à la mi-temps des rencontres, les enfants ont le droit de monter sur la pelouse et de s’amuser au milieu des remplaçants qui s’échauffent. Le rêve, on vous dit.

Source : Site de l’UEFA et témoignages.

On espère qu’on vous aura donné un peu plus envie de suivre ce football en plein développement, et qu’on aura pu étayer votre culture footballistique.

Comme le hasard fait bien les choses, pour compléter votre lecture, on vous conseille également l’excellent thread Twitter de @FCGeopolitics sur les Féroé, paru il y a deux jours. Si après tout cela, vous n’êtes pas au taquet sur l’Archipel aux Moutons…

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