L’heure est venue ! Les barrages européens, donnant droit aux derniers tickets pour la Russie, débutent ce jeudi. La dernière marche avant, peut-être, l’aboutissement de longs mois de travail, d’espoir, de rêves. Pour la Suède et le Danemark, absents en 2014, il s’agit de renouer avec l’histoire. Si elles ont connu des trajectoires différentes dans ces éliminatoires, les deux équipes ont néanmoins prouvé qu’elles étaient prêtes à se frotter aux meilleures nations du continent. Les Vikings ont faim et un énorme festin est prévu pour juin. À eux de s’y inviter !

 

Suède – Italie (match aller le 10/11, retour le 13/11) :

Il s’agit DU choc des barrages. Sans doute celui que les deux équipes voulaient éviter. Les formations se connaissent bien et nous offrent toujours des joutes serrées, rarement prolifiques en buts. Il faut cependant remonter à 1998 pour trouver trace d’un succès suédois. Leur dernier rencard, pas le plus sexy, date de l’Euro 2016 en France. Les Transalpins s’étaient alors imposés 1-0, grâce à un but d’Eder au bout de l’ennui… Mais la Suède a changé. Les légendes Isaksson, Källström et Zlatan ont cédé leur place, Janne Andersson a pris celle d’Erik Hamren sur le banc.

Les Blågult ont fait peau neuve, avec la ferme intention de montrer autre chose que le jeu souvent ennuyeux proposé à l’Euro. Le résultat est probant. À l’unique but inscrit en trois rencontres en France, ont succédé 26 réalisations durant ces dix matchs d’éliminatoires. La Suède termine ainsi meilleure attaque du groupe A, largement devant les Bleus, et élimine les Pays-Bas. Mieux, elle a longtemps tenu tête à la bande à Deschamps pour la première place, s’offrant même son scalp en juin, à Solna (2-1).

Emil Forsberg est un atout de choix pour la Suède

Tout au long de la campagne, le duo Forsberg – Augustinsson s’est affirmé dans son couloir gauche. Granqvist et Lustig ont prouvé qu’en plus d’être des rocs en défense, ils restaient des menaces permanentes sur coups de pieds arrêtés, avec 3 buts marqués chacun. Marcus Berg a quant à lui rempli son rôle de finisseur, trouvant le chemin des filets à huit reprises. Au total, ils sont dix joueurs à avoir planté au moins une banderille dans les cages adverses.

La toute récente Friends Arena joue également son rôle et donne des ailes à ses héros. Dans leurs 5 parties jouées à domicile, les Scandinaves comptent quatre victoires et un nul, 18 buts marqués, 2 encaissés. Malheureusement pour les Suédois, deux défaites en Bulgarie (3-2) et au Pays-Bas (2-0) sur la phase retour les auront empêchés d’accrocher la France jusqu’au bout. Les voilà en barrages, face à l’ogre italien.

Ce dernier se présente avec peu de certitudes, même s’il n’a perdu qu’un match et que le bilan comptable est bon (23 points). Car cette unique défaite est une claque prise en Espagne, 3-0, et que depuis, la Nazionale a battu Israël 1-0, fait match nul à domicile face à la Macédoine (1-1), et s’est difficilement imposée en Albanie, également sur la plus petite des marges. Les Transalpins ont cependant récupéré des blessés importants et pourront compter sur l’expérience de joueurs habitués aux grands rendez-vous.

 

La Friends Arena de Solna

Au milieu, les Verratti, De Rossi et consorts mettront sûrement la paire d’axiaux suédois en difficulté. Mais Sebastian Larsson et Jakob Johansson, qui ont été alignés lors des trois rencontres précédentes, sont de gros moteurs, prêts au combat. Le 4-4-2 bien huilé, a quant à lui déjà fait ses preuves défensivement, contre la France notamment.

Handicap ou non, la Suède recevra au match aller. Inutile de préciser que la Friends Arena sera en fusion et que les vikings seraient bien inspirés d’en sortir avec un avantage pour le match retour, à Milan. L’exploit passera sans doute par là.

La stat’ :

Aucun des huit derniers affrontements entre Suédois et Italiens ne s’est conclu avec plus d’un but d’écart. 5 victoires pour l’Italie (trois fois 1-0, deux fois 2-1), 2 pour la Suède (deux fois 1-0), 1 nul (1-1)

Le joueur :

Emil Forsberg, 4 buts et 2 passes décisives dans ces éliminatoires, est le métronome des Blågult. Après son ascension avec le RB Leipzig, il est devenu le leader technique de la Suède. Et dans des matchs fermés, sa patte précise aura forcément son importance.

Le groupe suédois

Danemark – Irlande (aller le 11/11, retour le 14/11)

Privé de Coupe du Monde en 2014 et d’Euro en 2016, le Danemark est assoiffé de compétition internationale ! Le pays attend ces barrages comme le début d’une nouvelle ère. Les joueurs, quant à eux, connaissent la mesure du défi et l’attente qu’il suscite. Pour mettre toutes les chances de leur côté, ils se sont même rendus ces jours-ci au château de Kronborg, pour s’inspirer de la statue de « Holger Danske », héros légendaire de la nation.

Le groupe devant l’imposant Holger Danske (photo : DBU)

Avec deux défaites lors des trois premiers matchs dans le groupe E, les Danois n’étaient pas dans les meilleures dispositions pour décrocher leur ticket pour la Russie. Mais Simon Kjaer et ses coéquipiers ont su élever leur niveau de jeu pour réaliser une deuxième partie de campagne quasi-parfaite avec cinq succès et deux nuls. Durant cette période, les filets de leurs adversaires ont tremblé à dix-sept reprises, tandis que les hommes d’Åge Hareide ne concédaient que quatre buts.

Le point culminant de cette belle dynamique est la correction infligée à la Pologne à Copenhague, en septembre. Un 4-0 qui a marqué les esprits et gonflé le capital confiance du Danemark. Christian Eriksen avait alors fait étalage de sa classe et de son talent, compilant 1 but et 3 passes décisives. Une belle partition, au sein d’une symphonie de 10 rencontres que le maestro achève avec 8 buts et 4 passes décisives au compteur.

Simon Kjaer et le Danemark ont dominé la Pologne de Lewandowski au Parken (photo : Metro)

Mais le joueur de Tottenham n’est pas seul dans cette équipe. L’omniprésent Delaney (26 ans), pilier du Werder Brême, confirme de match en match qu’il est un milieu de premier plan. Les pépites Christensen, Sisto, Dolberg (pas sélectionné pour les barrages) ou encore Yussuf Poulsen, auteur d’1 but et 4 passes décisives, poursuivent leur progression et mettent à profit leur temps de jeu. Les cadres comme Kjaer, Schmeichel et Kvist font le job. Il y a donc de quoi être optimiste avant ce face-à-face avec l’Irlande. Mais Hareide veillera à ce que ses poulains ne se voient pas trop beaux. D’autant que l’Irlande n’a pas toujours réussi aux Danois.

Les deux dernières confrontations, datant certes de 2002 et 2007, se sont soldées par des fessées, 3-0 à Dublin, et 0-4 à Copenhague. On sait également que les Irlandais, portés par leur « fighting spirit » et leur formidable public, sont capables de se transcender dans les grands rendez-vous. Le Pays de Galles en a fait les frais lors de la « finale » pour la 2e place du groupe le 9 octobre dernier. Enfin, des blessures pourraient ternir le tableau. Henrik Dalsgaard est déjà forfait, Nikolai Jorgensen s’est fracturé le poignet ce weekend (mais devrait tout de même jouer avec un plâtre) et Simon Kjaer souffre des ischio-jambiers. De possibles absences qui pourraient rebattre les cartes.

Eriksen, Poulsen et Jorgensen ont déjà fait parler la poudre (photo : AFP/Getty Images)

Comme ses voisins suédois, le Danemark recevra à l’aller.

La stat’ :

Matchs amicaux et éliminatoires confondus, le Danemark n’a plus perdu depuis le 11 octobre 2016, soit neuf rencontres (5 victoires, 4 nuls).

Le joueur :

Un revenant, Nicklas Bendtner. Absent des listes danoises depuis novembre 2015, l’ancien Gunner d’Arsenal, 30 ans en janvier, a déclaré cette semaine avoir pensé à mettre un terme à sa carrière après un nouveau passage décevant, à Nottingham Forest. Mais sa persévérance a été récompensée, puisqu’il a fait son retour en sélection en septembre, lors du festival face à la Pologne. Aujourd’hui à Rosenborg, il est en pleine bourre après ses 18 buts en 27 matchs de championnat ! Alors, même s’il ne sera peut-être pas aligné d’entrée, pourquoi ne pas imaginer une belle histoire qui ferait de lui le sauveur national face à l’Irlande ?

Le groupe danois. À noter que Jonas Knudsen (Ipswich) remplace Dalsgaard blessé.

Durant quelques jours, des nations entières vont désormais chavirer au rythme des frappes qui fusent et des filets qui claquent. Entre bonheur et tristesse, le rêve des uns passera par le drame des autres. Place au football. Place aux héros.

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