Le sélectionneur suédois de 55 ans, Janne Andersson, en 2 ans a réussi à reconstruire une sélection suédoise dépourvue de ses anciens cadres pour les mener jusqu’en huitième de finale. Sa marque de fabrique ? Déjouer les pronostics grâce à la rigueur et la cohésion d’équipe qu’il impose dans ses équipes.

Pourtant Janne a connu un parcours loin d’être banal en sillonnant les basses divisions suédoises et passant toute sa carrière au pays, pour arriver jusqu’au Graal de la sélection. Présentation :

Un parcours atypique, des petites divisions suédoises à la sélection

Peu de personnes retiendront de Janne Andersson sa carrière de joueur en tant qu’attaquant au niveau amateur. Même s’il reste toujours le meilleur buteur de l’histoire à l’Alets IK, club de sa ville d’Halmstad au sud de la Suède, lorsqu’ils évoluaient en sixième et cinquième division. Il aura également connu deux autres clubs : l’IS Halmia, en 5ème division et un autre le Laholms FK en 4ème division.

Puis Janne va se voir proposer de devenir entraîneur-joueur dans son club de cœur l’Alets IK à seulement 25 ans en 6ème division puis 5ème où son père, Olle Andersson, était le président durant 19 ans. Son travail va être suivit, et il va recevoir une offre pour devenir l’assistant à Halmstad de l’entraîneur Stuart Braxter (actuel sélectionneur de l’Afrique du Sud) qu’il ne pourra refuser. Il prendra ensuite les pleins pouvoirs à Laholms FK où il y restera 6 ans et aura fait monter le club en D3.

Retour de nouveau à Halmstad comme assistant, puis 3 ans après en 2004, il obtient les pleins pouvoirs comme entraîneur, le fruit de son travail reconnu. Ses débuts sont tonitruants, il surprend en classant son équipe 2ème et sera élu entraîneur de l’année.

Élu entraineur de l’année 2004 en Suède, première reconnaissance pour Janne.

Il ne s’arrête pas là et l’année suivante il qualifiera Halmstad pour les phases de poule de la Coupe UEFA en 2005 après avoir éliminé le Sporting en barrage avec une victoire 3-2 au Portugal, mais terminera dernier de la poule. Il restera au club jusqu’en 2009, à la suite d’une saison tout près de la relégation 13e sur 16, il démissionnera de lui-même. Il tentera ensuite le challenge Örgryte, qui se révèlera être un échec. Alors que le club venait de descendre en D2 et était favori pour la remontée directe il ne terminera que 9e.

La consécration à Norrköping

Après des récentes expériences décevantes, Janne Andersson rebondit à Nörrkoping en 2011, tout jeune promu dans l’élite. Il est alors accueilli avec scepticisme par les fans et médias, et cela ne s’arrange pas avec la première saison où l’équipe a failli être reléguée terminant 13e. Mais le club va décider de lui maintenir sa confiance et elle va bien faire.

Les années suivantes sont plutôt encourageantes avec une saison prometteuse en étant 5e puis 9e et 12e. Mais c’est en 2015 où il concrétise son travail, il créer la grosse surprise en remportant le titre d’Allsvenskan avec son équipe de Norrköping pour son premier gros titre personnel. Au bout du suspense, avec un match du titre face à Malmö qui aura marqué les esprits avec le premier titre depuis 26 ans pour le club tant attendu depuis 1989, le 13e.

La saison suivante il continuera sur les mêmes standings en étant 2ème à la 12ème journée, néanmoins quelque chose de plus grand l’attendait… reprendre la sélection nationale après l’Euro 2016. Cinq ans et demi au club, qui montre que la patience et le travail acharné sont payants, Andersson le sait mieux que quiconque : son projet à long terme axé sur la promotion des jeunes du centre de formation (Christoffer Nyman, Alexander Fransson, Isaac Kiese Thelin, Linus Wahlqvist, …) aura fini par payer et relancer le club en haut de l’affiche.

Janne Anderssson est arrivé sous le feu des critiques, il est reparti en héros avec ce titre national tant attendu, lui valant ce beau tifo lors de son dernier match devant 15 000 personnes.

La récompense de son travail en Suède : la sélection suédoise 

Du fait de son véritable aperçu du football suédois par son expérience, et de ses qualités reconnues par son travail à Halmstad et à Norrköping, Janne Andersson s’est vu reprendre le flambeau d’Erik Hamrén en sélection. Pourtant ce n’était pas gagné pour Janne Andersson à la tête d’une sélection suédoise qui sortait d’un Euro 2016 bien triste et qui vient de perdre ses nombreux cadres (Isaksson, Källström, Ibrahimovic), le nouveau sélectionneur a du travail sur la planche. D’autant qu’il n’est pas gâté au tirage au sort des éliminatoires avec un groupe composé notamment de la France et des Pays-Bas.

Pour l’anecdote, pour se cacher et ne pas être découvert lors de la signature, Janne Andersson a signé son contrat avec le secrétaire général de la fédération sur une place de parking du magasin Biltema. Le magasin pour marquer le coup a ensuite décidé de peindre un terrain de football sur la place de parking avec un ballon de football bleu-jaune au milieu pour la Suède. Au vu de l’excellent travail de Janne en sélection cette place de parking pourrait bien devenir mythique à l’avenir.

Souvenir de la signature du contrat de Janne Andersson à la tête de la sélection suédoise.

La sauce Andersson a tout de suite pris notamment grâce à ces choix comme le fait de choisir Andreas Granqvist comme capitaine qui s’est révélé être un véritable patron qui élève l’équipe, faire appel au début à Lars Lagerbäck pour le conseiller et l’aiguiller lui qui avait l’expérience internationale et de la sélection. Ou encore de faire le choix de prendre dans son staff Daniel Ekvall, un conseiller psychologique. La force mentale est une chose sur laquelle ils ont énormément travaillé depuis la prise de fonction de Janne Andersson et on a pu voir combien cela a payé que ça soit lors du barrage ou en Coupe du Monde. 

Janne Andersson est connu pour son style dur et pour son leadership qui motive les siens.  Quelqu’un de très émotif sur son banc laisse parler ses émotions et est très communicatif. Même s’il a repris les fondamentaux qui ont fait le succès de la Suède avec le système du 4-4-2, il a construit une équipe, un groupe et un style. Le sélectionneur suédois sait qu’il ne dispose pas des meilleurs joueurs, mais il a pris les joueurs les plus intelligents qui travaillent et avec une mentalité gagnante.

Il s’inspire grandement de ce que l’ancien entraîneur d’handball de la sélection suédoise durant 16 ans, Bengt Johansson, a pu apporter au niveau tactique et dans sa façon de manager. Né dans le même quartier que lui à Halmstad, il était surtout son professeur de sport à l’école primaire, ce qui lui a donné l’envie du sport. Johansson aura fait gagner au handball suédois 2 championnats du monde et 4 championnats d’Europe, ainsi que 3 médailles d’argent aux JO. On souhaite le même palmarès à Janne Andersson même si cela paraît compliqué, en tout cas le quartier d’Halmstad aura apporté à la Suède deux grands tacticiens.

« Je suis incroyablement fier, presque ému en pensant à la manière avec laquelle nous avons évolué sur le terrain, tellement disciplinés. Nous avons une approche simple depuis le début, c’est ce sur quoi nous basons tout. » – Janne Andersson après la  victoire qualificative 3-0 face au Mexique.

Cela fait désormais plus de 33 ans qu’Andersson entraîne avec plus de 440 matchs dans l’élite suédoise depuis les années 2000. L’homme qui déjoue les pronostics, compte bien continuer à enchaîner les surprises, lui qui en l’espace de 2 ans aura battu la France, les Pays- Bas, l’Italie, passer devant l’Allemagne en poule et requalifier la Suède pour un 8ème, 12 ans après. Il est en train d’atteindre l’apogée de sa carrière d’entraîneur à la tête de son pays pour le moment son plus grand rendez-vous, face à la Suisse à 16H pour réécrire une nouvelle page au football suédois.

Janne Andersson toujours émotif ne retient pas ses émotions lors de la qualification suédoise en 8e.

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