C’est dans la foulée d’une coupe de cheveux que Joakim Mæhle est venu s’asseoir dans le hall de l’hôtel Oceania, dans le centre-ville de Brest, samedi en début d’après-midi. L’occasion de discuter avec l’arrière droit du Racing Genk, présent avec les U21 Danois pour un match amical contre la France le lendemain soir (victoire 1-0 des Danois), de son début de carrière, de sa superbe saison en Belgique et de son poste de latéral droit.

Comment va l’équipe nationale Espoirs du Danemark ? 

Elle va bien ! Il y a une très bonne harmonie parmi les joueurs, l’environnement autour de l’équipe est excellent. Tout le monde est content après le très bon match face à la Belgique. On va très probablement avoir un match un peu plus dur face à la France (ndlr : l’interview a été réalisée le samedi 23 mars) mais c’est toujours excitant de jouer face aux meilleures équipes. On a hâte de le jouer cette rencontre. 

Cette expérience de l’équipe nationale est assez récente pour toi alors que beaucoup de joueurs se connaissent des sélections nationales de jeunes, même si tu as certainement joué contre les autres joueurs en clubs. Comment est-ce que tu la vis ? 

C’est toujours quelque chose de particulier de jouer pour ton pays, de porter ce maillot et de chanter l’hymne national. Tout le monde est très gentil. C’est vrai que ça ne fait pas longtemps que je côtoie les équipes nationales. J’ai fait un peu de U20 et désormais les U21. Comme tu l’as dit, je connais certains joueurs contre qui j’ai joué et d’autres avec qui j’ai évolué à Aalborg. C’est toujours sympathique de revenir et de voir tout le monde. On prend toujours beaucoup de plaisir à tous se retrouver. 

Et tu as aussi un de tes coéquipiers à Genk avec toi… 

Oui, Marcus Ingvartsen ! 

Il est expérimenté à ce niveau donc ça doit t’aider. 

Oui, il a plus ou moins fait toutes les équipes nationales danoises chez les jeunes. Il a une histoire un peu différente de la mienne. On apprécie le fait de vivre ensemble que ce soit ici ou en Belgique.  

Tu n’as jamais été le meilleur de ton équipe chez les jeunes. Tu as même déclaré que tu ne pensais jamais devenir footballeur professionnel… 

Non, jamais. Je viens d’assez loin. Il y avait toujours des joueurs devant moi. J’ai toujours eu le rêve, la passion et l’envie de le devenir évidemment mais c’était compliqué à Aalborg car, comme je l’ai dit, j’ai toujours eu des joueurs devant moi et des blessures ont freiné mon développement personnel. J’ai eu une éclosion un peu tardive. Autour de 18-19 ans, j’ai sauté des étapes. Désormais, je joue en Belgique, à un niveau supérieur, et je prends mon pied. 

Etant donné que tu ne pensais jamais devenir footballeur professionnel, est-ce que tu considères tout ce qui t’arrive désormais comme du bonus ? 

Je ne dirais pas ça car j’ai toujours travaillé très dur pour atteindre mon rêve. En revanche, tout est allé très vite du moment où je n’étais pas professionnel, devenir professionnel au Danemark et désormais l’être en Belgique. Cela a été un parcours très rapide si l’on peut dire. Parfois, c’est même un peu difficile de le suivre, de se souvenir où je suis actuellement par rapport à d’où je suis parti. Je pense que j’ai une belle histoire et que beaucoup de jeunes joueurs peuvent apprendre grâce à elle. 

Tu sais que tu ne pouvais pas devenir footballeur professionnel parce que tu manquais de confiance en toi ou qu’il y avait des signes qui montraient que tu n’y arriverais pas ? 

Je n’ai jamais manqué de confiance en moi. Jamais une seule fois. Je pensais simplement que Aalborg se concentrait sur d’autres joueurs que moi. Quand j’ai eu 17-18 ans, j’ai bien progressé et j’ai vu qu’ils s’en étaient rendus compte également. J’ai eu la chance qu’ils me fassent confiance et qu’ils me proposent un contrat professionnel. 

Joakim Maehle la belle histoire de persévérance pour arriver dans le monde pro avec Aalborg. Crédit photo : Instagram Joakim Maehle.

Quelque chose a changé chez toi pour que tu progresses ? 

Je ne sais pas. J’ai joué pas mal de bons matchs à la suite et je me sentais vraiment bien quand je m’entraînais avec l’équipe première. C’était sur une période d’environ six mois à un an.  

Généralement, les arrières latéraux ne veulent initialement pas devenir arrière latéral et sont des ailiers ou des milieux défensifs reconvertis au cours de leur formation. Comment ça s’est passé pour toi ? 

Initialement, j’étais attaquant jusqu’à mes 14-15 ans. Puis on m’a replacé comme ailier, que ce soit à gauche ou à droite. Mais je ne marquais pas beaucoup de buts donc on m’a dit de descendre d’un cran. C’est comme ça que je suis devenir arrière latéral. Je prends beaucoup de plaisir à ce poste, notamment à Genk, car les arrières latéraux sont très offensifs. J’ai encore besoin de progresser au niveau défensif mais je suis toujours un jeune joueur. J’ai hâte de voir jusqu’où je peux aller. 

Le poste d’arrière latéral a beaucoup évolué ces dernières années, passant d’un rôle principalement défensif à devenir un élément important des constructions offensives et des contre-attaques. Cela sied plutôt bien ton style de jeu… 

Oui, totalement. Avant, les arrières latéraux n’étaient pas vraiment importants dans une équipe, ils étaient là pour défendre. Désormais, dans ce que l’on peut appeler le football moderne, la position et son style de jeu a changé. Les latéraux sont devenus plus importants dans une équipe et ça colle à mes qualités de devoir aider l’équipe offensivement mais aussi défensivement. J’ai un gros moteur, je peux courir longtemps et à haute intensité pendant les 90 minutes. Un latéral doit être devant et derrière en même temps. Ça me va très bien effectivement.  

4-3-3 à Genk ou 3-4-3 avec le Danemark ? 

(réfléchit) Ah, c’est difficile à dire. Je pense que le 4-3-3 à Genk est vraiment bien parce que je dois m’occuper de l’ensemble du côté droit. Je sais que l’on joue avec un ailier droit mais il joue plus à l’intérieur donc c’est à moi de coller la ligne de touche. Mais dans un 3-4-3, tu es beaucoup plus concentré sur le côté offensif et évidemment, c’est ce que je préfère. Difficile de choisir l’un des deux mais je dirais que je préfère le 4-3-3 de Genk. 

Comme tu l’as dit, Genk joue un football très offensif. C’est ce qu’ils t’avaient décrit quand ils voulaient te signer ? 

Absolument. Je jouais le même style de jeu à Aalborg en tant qu’arrière latéral offensif et c’est ce qu’ils recherchaient à Genk. Au début, on avait un entraîneur différent que celui que l’on a actuellement car il a été licencié l’hiver dernier. L’actuel (Philippe Clément) donne une attention particulière aux latéraux en leur demandant de bien faire leur travail. Je me vois comme un arrière latéral offensif donc notre style de jeu à Genk me va particulièrement bien. 

Genk est une équipe très agréable à voir jouer, vous donnez du plaisir aux gens et je pense que cela se voit que tu en prends sur le terrain aussi… 

Oui, totalement. Cette année, je joue beaucoup de matchs et je prends beaucoup de plaisir à chaque fois que je rentre sur le terrain. On a vraiment une excellente équipe à qui un style offensif va très bien avec de très bons attaquants et milieux de terrain qui arrivent à créer pour eux et les autres dans de très bonnes positions et situations.

Du plaisir prit sur le terrain avec Genk, il le prouve avec ses montées offensives qui entraînent parfois ce genre de buts incroyables.

Et évidemment, vous gagnez la majorité de vos matchs donc… 

C’est vrai que le fait de gagner rend les choses beaucoup plus plaisantes. (rires) 

Tu as joué avec au moins trois ailiers droits différents cette saison avec Genk (Ndongala, Paintsil, Ito). C’est difficile d’ajuster ton jeu par rapport aux qualités de l’ailier qui est devant toi ? 

A vrai dire, ça l’est un peu oui. Pour les tâches que je dois réaliser personnellement, ça ne change pas tellement mais c’est au niveau de nos combinaisons, de notre coordination que c’est différent. Si je joue avec Ndongala, ce n’est pas la même chose que jouer avec Ito. Ito aime prendre le ballon et déborder, ce que j’aime faire également, alors que si je joue avec Didi – on l’appelle Didi, c’est plus facile de l’appeler Didi que Ndongala (rires) -, je sais que c’est plus un ailier qui va rentrer dans l’axe, comme Paintsil d’ailleurs. Parfois, on a juste besoin de se trouver sur le terrain et ça peut prendre un peu de temps. On joue beaucoup de rencontres donc ça peut changer régulièrement. Je pense qu’ils font tous une bonne saison d’ailleurs, particulièrement Ito depuis qu’il est arrivé. 

Au contraire du côté gauche qui ne change pas tellement entre Uronen et Trossard et qui a donc de vrais automatismes. Tu n’as pas peur parfois que le jeu de ton équipe penche naturellement vers la gauche et te néglige ? 

Je pense que c’est difficile pour les équipes adverses de savoir quel côté elles doivent défendre en priorité. Si elles se concentrent sur notre côté gauche, alors que le côté droit est ouvert. Et inversement, si elles se concentrent sur le côté droit, alors que le côté gauche est ouvert. Jere Uronen est également un arrière latéral très offensif et Leandro Trossard un ailier qui aime rentrer au cœur du jeu. Comme moi, Jere aime prendre son côté et déborder. On a également de très bons milieux de terrain entre Malinovskyi, Berge et Heynen maintenant que Pozuelo est malheureusement parti. C’est très difficile pour les équipes de défendre face à nous car on sait s’adapter aux différentes situations. 

Tu as déjà joué près de 40 matchs cette saison alors que nous ne sommes que fin mars. Es-tu fatigué ou pas encore ? 

Pas vraiment, non. J’ai joué beaucoup de matchs mais le corps n’est pas vraiment fatigué. C’est plus au niveau mental que ça peut être compliqué parfois. C’est beaucoup plus facile de se préparer pour, par exemple, un match à l’extérieur à Besiktas parce que c’est une grosse équipe et tu as envie de prouver ce que tu vaux aux gens en Europa League. Trois jours plus tard, tu dois jouer à Mouscron ou un autre club en Belgique et ça peut être compliqué. Le corps n’est pas fatigué mais le cerveau a parfois besoin de se reposer. 

Où se situe l’Euro U21 dans la liste de tes priorités ? 

Il est très haut. Je suis évidemment très concentré actuellement sur la fin du championnat avec Genk car nous sommes premiers et j’ai vraiment envie de remporter le titre, mais je pense également beaucoup à l’Euro. Selon moi, on a une très bonne génération avec beaucoup de joueurs qui jouent dans des grands clubs et des grands championnats. Je sais qu’il y a beaucoup d’autres très bonnes équipes en lice comme la Belgique, la France, l’Angleterre, l’Italie et j’en passe donc ce sera évidemment compliqué. Je ne dirais pas qu’on a une bonne chance, mais qu’on a une chance de prouver que l’on peut aller loin dans cette compétition. 

Tu l’as dit, le Danemark a une excellente génération de jeunes joueurs. Quelles sont les raisons selon toi ? 

Il y a une vraie envie de développer ses propres jeunes joueurs au Danemark. Je trouve aussi que les jeunes danois prennent les bonnes décisions pour leur avenir. Certains restent dans leurs clubs à l’image du FC Nordsjaelland qui a beaucoup de joueurs dans cette sélection U21. Les joueurs restent là-bas car ils se reconnaissent dans la façon de jouer et on leur fait confiance. Mais d’autres, comme Jacob Rasmussen à Empoli ou Joachim Andersen à la Sampdoria et qui est désormais en équipe A du Danemark, choisissent de partir tôt dans d’autres pays mais signent dans de très bons clubs pour leur développement. C’est aussi mon cas en rejoignant Genk qui est un très bon club pour les jeunes talents. Les joueurs prennent les bonnes décisions et ont aussi la bonne mentalité pour progresser.

Tu chantes souvent la chanson de Samagoal ? 

(rires) Aaaaah, oui, vraiment souvent. Il est un peu fou. Samatta est à côté de moi dans les vestiaires. C’est un mec très drôle, on n’arrête pas de faire des blagues, de s’amuser. Tout est plus facile quand tu gagnes, et ça inclut se charrier et chanter. C’est vraiment un mec top. Mais oui, cette chanson reste dans la tête. (rires) 

Interview de @Quentin_BZH.

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