Pour ce nouvel opus de la saga rétro, Nordisk Football vous propose un petit retour en arrière. Pas trop long. Un crochet par les années 90 et 2000 pour retracer le parcours d’un feu follet suédois, bien connu dans le nord de Londres.

De 1998 à 2007, Karl Fredrik Ljungberg a principalement animé le côté droit du milieu des Gunners. Même si, parfois, Arsène Wenger l’a également aligné dans une position plus axial de l’entrejeu londonien. Un joueur précieux pour le coach alsacien. Mais également pour sa sélection durant une décennie.

Jeunesse

Située à l’extrémité sud du pays, la Scanie est la région natale de Ljungberg. Le futur gunner voit le jour le 16 avril 1977 à Vittsjö, petite bourgade bordée par un lac et entourée de forêts. En 1982, ses parents décident de déménager à Halmstad. Cette ville côtière, un peu plus au nord, distante de 70 km de Vittsjö, représente un grand changement dans le vie du petit Fredrik. Son père, Roy Alve Erling, est ingénieur civil et propriétaire d’une entreprise de construction et de conseil. Sa mère, Elisabeth Bodil, est employée au département du travail suédois.

Le jeune garçon ne veut pas entendre parler de ce déménagement. Pour lui faire changer d’avis, ils l’inscrivent au club de foot local : le Halmstads BK. Sous la direction de Olle Eriksson (dénicheur de talent dont un certain Nils Liedholm), Ljungberg découvre avec sa catégorie les joies du ballon rond. De ses 5 ans jusqu’à ses 14 ans, il est entraîné par monsieur Eriksson. L’éducateur remarque vite les prédispositions de son nouveau disciple. Déjà très talentueux pour son âge et altruiste, Fredrik n’hésite pas à passer le ballon à ses coéquipiers pour les laisser marquer le but victorieux.

« J’ai un joueur dans mes rangs et s’il ne devient pas un joueur de l’équipe nationale, personne ne me maudira. Il a huit ans. Et il s’appelle Fredrik Ljungberg. » – Ole Eriksson à Tord Grip, entraîneur de Malmö en 1985

Inspiré également par le footballeur brésilien Sócrates, le suédois attribue une grande part de sa réussite à son premier entraîneur. Doué pour d’autres sports comme le hockey sur glace ou le handball, il est d’ailleurs sélectionné avec l’équipe nationale U15 mais ne donne pas suite préférant se consacrer au football, Ljungberg est également impliqué dans son cursus scolaire. A 18 ans, il décide d’intégrer l’université pour étudier les technologies de l’information et l’économie. Mais malgré un certain équilibre pour concilier les études et le football, il finit par quitter les études pour se consacrer exclusivement à sa carrière.

Halmstads BK

Fredrik abandonne les études pour une bonne raison. Son club formateur lui propose un contrat pro. Surclassé dans les catégories supérieures depuis ses 12 ans, il débute avec les seniors en Allsvenskan (première division suédoise) le 23 octobre 1994 à l’âge de 17 ans. La saison suivante, son temps de jeu s’étoffe avec seize apparitions et son premier but en pro. Mais cette même année, Ljungberg étoffe également son palmarès avec cette victoire en coupe contre l’AIK (3-1). C’est le premier (et le seul encore aujourd’hui) succès de l’équipe dans cette compétition.

Sur leur lancée, le HBK continue sa progression. Après un exercice 1996 moyen, ils remportent le titre l’année suivante. Fredrik joue un rôle important dans ce sacre. En dépit de blessures répétées (déjà), il marque et délivre des assists importantes. Des sollicitations commencent à parvenir sur le bureau des dirigeants de Halmstad. Ljungberg reste encore pour le début de la saison 1998. Il porte le maillot bleu à dix-huit reprises en Allsvenskan. Les intérêts de Barcelone, Chelsea, Aston Villa, Parme et Arsenal deviennent de plus en plus grands.

« Nous ne vendons pas de poisson, vous savez. » – Stig Nilsson, président de Halmstads BK à propose de l’offre de transfert du FC Barcelone jugée insuffisante

Un événement va accélérer le processus. Observé pendant plus d’un an par les scouts de Arsenal, le manager français des Gunners, Arsène Wenger, autorise le club à engager les démarches pour recruter le joueur sans l’avoir vu évoluer en live. L’alsacien l’a seulement vu jouer à la télévision lors d’une rencontre internationale entre la Suède et l’Angleterre (2-1) pour les qualifications à l’Euro 2000. La solide performance de Ljungberg contre la Three Lions décide Wenger de sortir son chéquier et de payer les £3M nécessaires à son recrutement.

Arsenal

Et pour ses grands débuts sous le maillot rouge et blanc, Ljungberg ne va pas faire regretter à Wenger son investissement. Sur le banc des remplaçants, le suédois entre en cours de jeu et inscrit son premier but anglais quelques minutes plus tard d’un subtil petit lob contre le grand rival de l’époque : Manchester United (3-0) et Peter Schmeichel. Des débuts tonitruants. Mais dans un premier temps, le suédois doit se faire sa place dans cet effectif très concurrentiel composé de joueurs de renom tels que Anelka, Bergkamp, Overmars ou Parlour. A partir de la saison 2000/01, suite aux départs conjugués de Marc Overmars et de Emmanuel Petit, Freddie va devenir un titulaire à part entière.

Sa rapidité et sa polyvalence vont être des atouts de taille. Même si le suédois préfère jouer sur un côté du milieu de terrain, il est capable d’évoluer dans une position plus axiale ou comme second attaquant dans le schéma tactique 4-5-1 composé par Wenger. Il entre dans l’histoire en devenant le premier joueur à inscrire un but hors d’Angleterre lors d’une finale de FA Cup (2001) disputée à Cardiff et perdue contre Liverpool (1-2). Cependant, l’apogée de sa carrière londonienne intervient lors de la saison 2001/02. Profitant de la grave blessure de Robert Pirès au genou, Ljungberg se montre décisif à de multiples reprises. Avec 12 buts, son meilleur total en carrière, il marque dans des moments importants de la saison.

« Avec Fredrik Ljungberg, vous savez que ce que vous voyez est ce que vous obtenez. Vous savez qu’il donnera toujours à 100%. Il fait toujours de son mieux pour l’équipe. » – Thierry Henry

Comme cette égalisation contre United dans un match où finalement Arsenal s’impose 3-1. Ou comme lors de cette victoire à Anfield où il provoque un penalty (transformé par Henry) et marque le but vainqueur (2-1). Après avoir conquis le titre de Premier League, les Gunners font coup double en remportant la FA Cup contre Chelsea (2-0). Sacré homme du match, Ljungberg devient le premier joueur en 40 ans à marquer lors de deux finales consécutives. Le suédois remporte d’autres trophées avec Arsenal (Cf palmarès plus bas). Notamment le titre de 2004 où les Gunners sont tout simplement « Invincibles » avec 26V et 12N. Mais la fin de son aventure est gâchée par des blessures notamment à la hanche qui laisse penser à un cancer. Finalement, c’est un empoissonnement du sang contracté lors de nombreuses séances de tatouage.

Diminué par une blessure persistante à la cheville, Freddie ne peut changer le cours du match et empêcher la défaite de son équipe lors de la finale de Champion’s League 2006 contre Barcelone (2-1). Début 2007, des rumeurs de son départ enfle dans les médias. En cause, un temps de jeu réduit suite aux blessures du suédois. Mais Wenger réaffirme sa volonté de conserver son joueur jusqu’à la fin de son contrat en 2009. Pourtant, après neuf années de bons et loyaux services, Ljungberg quitte le Nord de Londres pour aller un peu plus à l’Est. A l’intersaison estivale de 2007, il s’engage avec West Ham United et Upton Park.

Fin de carrière

A 30 ans, c’est un nouveau défi dans la carrière du joueur. Mais rien va ne se dérouler comme prévu. Les Irons ne font pas un mauvais championnat avec une 10ème position au classement. Pourtant, au bout d’une saison, et alors que son contrat court encore sur trois ans, les deux parties se séparent après avoir trouvé un accord pour résilier. Sa carrière est alors au point mort. Il décide de faire un break. Annoncé un peu partout (LA Galaxy, Lazio, Milan, Roma, Fiorentina, AS Monaco et même Portsmouth), l’avenir footballistique de Fredrik s’écrit pourtant en pointillé. Néanmoins, il s’entretient physiquement avec son ancienne équipe de Halmstad.

« J’ai tout donné à West Ham et j’ai apprécié mon séjour, mais la décision est la meilleure pour nous deux. Maintenant, je vais prendre le temps de réfléchir à mon avenir footballistique. » – Fredrik Ljungberg

Après quelques mois de réflexion, le suédois s’engage avec Seattle pour la saison 2009 comme joueur désigné (hors salary cap). Pour être opérationnel à 100%, il subit une intervention chirurgicale à la hanche qui le fait souffrir depuis plusieurs années. Son adaptation est bonne. Sélectionné dans l’équipe des MLS All-Stars, il porte même le brassard à l’occasion du match de gala contre Everton. Après avoir remporté la US Open Cup, il est échangé au Chicago Fire contre le deuxième tour du SuperDraft MLS 2011. Sur les bords du lac Michigan, son expérience américaine se termine à l’issue de la saison 2010. C’est le moment de rentrer en Europe. Fredrik rejoint le Celtic après un essai fructueux.

En Ecosse, il ne retrouve pas ses sensations et doit quitter le club au terme de son contrat, six mois plus tard. Libre, le suédois découvre un nouveau championnat avec la J League en signant pour le Shimizu S-Pulse. Mais là encore, Ljungberg ne reste pas longtemps. Cinq mois après son arrivée, il résilie par consentement mutuel son contrat. Malgré des sollicitations, notamment en Australie ou en Afrique du Sud, il décide de mettre un terme à sa carrière en août 2012. Pourtant, en 2014, le suédois rechausse les crampons pour promouvoir l’Indian Super League avec le Mumbai City FC. Pour quatre matchs seulement. Gêné par son dos, il doit interrompre son contrat et arrête définitivement sa carrière.

Sélection

Dans les radars fédéraux depuis son plus jeune âge, Ljungberg étrenne dès 1993 la tunique Blågult avec les U16 suédois. Par la suite, il joue également pour les U18 et U21 avant de connaître le haut niveau international avec les A en 1998. Il fête sa première sélection à Orlando contre les USA et marque son premier but contre le Danemark. Pas qualifiée pour la Coupe du Monde 1998, la Suède avec Fredrik participe à l’édition 2000 de l’Euro. Une campagne désastreuse, terminée prématurément en phase de groupe avec seulement un point au compteur.

«Bien sûr, il est difficile de dire à l’âge de 15 ou 16 ans si un joueur a le potentiel d’être un joueur international ou non. Pour être honnête, je ne dirais pas que je pensais qu’il allait devenir un joueur international parce qu’il était très petit. Lors de son premier match, nous avons joué contre le Danemark et il a marqué deux buts, alors il m’a convaincu assez rapidement qu’il était un bon joueur, même s’il était très petit, mais il était rapide.»– Lars Lagerbäck, son entraîneur en U21 puis en senior.

Lors de son parcours international, Ljungberg dispute également deux éditions de la Coupe du Monde en 2002 et en 2006. Ainsi que deux autres tournois européens en 2004 et 2008. Les différentes expériences se soldent quasiment toujours de la même façon. La Suède parvient à sortir de son groupe, souvent brillamment comme en Corée et au Japon, au Portugal ou en Allemagne. Mais chutent ensuite dans les matchs à élimination directe. Pourtant, lors de la Coupe du Monde asiatique, les Scandinaves sont dans le « groupe de la mort » avec l’Angleterre, l’Argentine et le Nigéria. Un exploit quand on se souvient des multiples tensions régnant au sein de la sélection.

Un trio qui avait tout pour être magique pour l’attaque suédoise. Crédit photo : Fredrik Sandberg/Scanpix

Un incident (très médiatisé) avec son coéquipier Olof Mellberg, suite à un tacle à retardement du défenseur axial, provoque une bagarre lors d’une séance d’entraînement ouverte avant le départ en Asie. Le courant ne passe pas non plus avec la future star suédoise : Zlatan Ibrahimović. Handicapé par sa hanche, Fredrik joue peu et assiste impuissant à l’élimination des siens contre la surprise sénégalaise (1-2 ap). Au Portugal, Ljungberg marque le premier but de la compétition pour son équipe. Mais là encore, la Suède doit s’interrompre dès les quarts de finale (0-0, 4-5 tab). Comme au Portugal, le Gunner délivre son peuple en marquant à la 89′ minute l’unique but contre Trinité-et-Tobago (1-0).

Mais face à l’hôte germanique, la Suède s’incline 2-0 et quitte le mondial. Après cette élimination, Fredrik devient le capitaine de la sélection. Sa participation à l’Euro 2008 est incertaine suite à une fracture des côtes survenus avec West Ham. Mais grâce à une attelle spéciale, il peut jouer en Autriche et en Suisse. Malheureusement, la Suède déçoit dans un groupe à sa portée composée de l’Espagne, la Grèce et la Russie. Éliminé dès le premier tour, Ljungberg reçoit les honneurs en étant désigné par plusieurs médias comme le meilleur joueur suédois de la compétition. Le 27 juin 2008, après dix ans en sélection et déçu par la sortie précoce de son équipe, il prend sa retraite internationale.

Reconversion

En mai 2013, Arsenal annonce vouloir renouer ses liens avec son ancien joueur. Dans un premier temps, il endosse donc le costume d’ambassadeur du club pour accroître la notoriété internationale des Gunners. Puis, en juillet 2016, Fredrik retourne sur les terrains en tant que coach des U15 de l’Academy de Arsenal.

« Je suis très enthousiaste à l’idée de continuer à contribuer au développement et au travail avec certains des jeunes joueurs que nous avons rencontrés dans l’environnement de la première équipe et de travailler avec Unai et son équipe d’entraîneurs pour aider Arsenal à gagner des trophées. J’ai hâte de travailler dans cette nouvelle structure et de transmettre mon expérience et mes connaissances sur ce qui est nécessaire pour réussir à ce niveau. » – Fredrik Ljungberg sur sa nomination dans le staff de l’équipe première de Arsenal

Suite à la nomination en février 2017 de Andries Jonker comme nouveau manager du VfL Wolfsburg, le club de Basse-Saxe dévoile le staff épaulant le néerlandais. Ljungberg devient alors un des deux assistants avec Uwe Speidel. Cependant, cette première expérience avec un groupe pro tourne court. Six mois plus tard, Jonker est viré. Tout comme son staff.

En juin 2018, Freddie rebondit dans son club de toujours. Il prend la tête des U23 de Arsenal. Un an plus tard, il remplace Steve Bould au sein du staff de l’équipe première dans le cadre d’une restructuration majeure du personnel. L’ancien joueur du club et adjoint de Wenger depuis 2012 fait le chemin inverse et s’occupe désormais des jeunes de l’Academy. Suite aux mauvais résultats enregistrés par Unai Emery, les médias annoncent avec persistance la possibilité d’un remplacement du basque par le suédois. Affaire à suivre.

Légende de Arsenal, le suédois aux cheveux rouges a marqué l’histoire du club. Rapide, technique et persévérant, Ljungberg était l’un des joueurs préférés des fans des Gunners. Le suédois donnait toujours le maximum, même si son physique l’a souvent trahi. Également incontournable en sélection, Fredrik a participé à de nombreuses compétitions internationales sans jamais toutefois réaliser un exploit comme ses aînés de 1994.

Statistiques :

1994-1998 – Halmstads BK : 79 matchs, 10 buts

1998-2007  Arsenal FC : 325 matchs, 72 buts

2007-2008  West Ham United : 25 matchs, 2 buts

2009-2010  Seattle Sounders FC : 40 matchs, 2 buts

2010  Chicago Fire : 15 matchs, 2 buts

2010-2011  Celtic FC : 7 matchs

2011-2012 Shimizu S-Pulse : 8 matchs

2014 – Mumbai City FC : 4 matchs

1998-2008  Sélection suédoise : 75 matchs, 14 buts

Palmarès :

Suède :

1 Allsvenskan : 1997

1 Coupe : 1995

Angleterre :

2 Premier League : 2002, 2004

3 FA Cup : 2002, 2003, 2005

1 Charity Shield : 1999

Etats-Unis

1 U.S. Open Cup : 2009

2 Guldbollen : 2002, 2006

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