Quand on évoque Hammarby à l’heure où vous allez lire ces mots tout le monde est unanime. Chez les reporters de Dplay (diffuseur de l’Allsvenskan) en passant par la rédaction de Nordisk Football ou encore Zlatan Ibrahimovic ! Aucun n’oserait faire le dessin de Bajen comme une équipe défensive bien au contraire.

En effet, aujourd’hui c’est bien l’attaque qui règne en maître dans le sud-est de Stockholm et le fil de l’histoire n’aurait détaillé tous les coachs et leurs tactiques, c’est pourquoi on va s’attarder sur le plan de jeu majeur d’Hammarby sous le technicien maison du club : Stefan Billborn. Fort de sa vision vers l’avant du football il tente de ne pas oublier ce qui permet de ne pas perdre de matchs, l’aspect défensif. Vous aimez le jeu et vous avez envie de comprendre comment Hammarby fait vibrer des milliers de Scandinaves ? Nous oui alors la tactique c’est ce samedi !


PARTIE 2 – L’ASPECT TACTIQUE D’HAMMARBY SOUS BILBORN

Dans cette analyse, nous évoquerons la tactique d’Hammarby appliquée contre Östersund pour le compte de la première journée d’Allsvenskan 2020, en ajoutant quelques remarques ou mouvements utilisés dans d’autres matchs. Pour l’occasion Billborn avait mis en place un 4-2-3-1. Je vous indique donc la composition pour mieux vous repérer par la suite :     

L’aspect offensif :

Comment ne pas débuter par l’aspect offensif, celui qui à la conclusion vous fait lever de votre siège, de votre canapé. Ce club l’a dans l’ADN à l’entrée de cette nouvelle décennie donc je vous propose de faire le tour des séquences nucléotidiques de cet aspect dès maintenant !

En phase de possession « Bajen » joue avec les latéraux très haut et excentrés, Tankovic et Kaçaniklic jouant en faux-pieds, ils sont très souvent attirés vers l’axe laissant leurs espaces respectifs plus libres à pour les deux latéraux. Bojanic et Andersen sont eux très fins techniquement : ils dictent le jeu par leurs bons jeux de passes (notamment le premier avec 3,3 passes clés par match) et ils l’orientent beaucoup sur les latéraux excentrés ou bien en trouvant des intervalles sur Khalili très libre dans son placement, Tankovic ou Kaçaniklic. Balle aux pieds les latéraux ont souvent le rôle de trouver leurs ailiers dans l’intérieur du jeu plutôt que de centrer (seulement 4 centres sur l’ensemble du match) n’ayant aucun homme de grandes tailles dans l’axe (Paulinho n’est pas grand mais les latéraux ont tendance à plus centrer lorsque Johannsson est titulaire étant plus un point de fixation et meilleur dans les airs).

Crédit : InStat

Ils sont donc souvent amenés comme les milieux défensifs à renverser le jeu côté opposé ou à revenir derrière. Une fois les ailiers trouvés, les 4 de devants aiment beaucoup combiner entre eux dans l’axe notamment Tankovic, Kaçaniklic et Paulinho grâce à leurs qualités de dribbles (65% de dribbles réussis sur 90 min en moyenne), leurs qualités techniques et de transition (81% en moyenne de passes réussit dans le camp adverse pour Khalili 76% pour Tankovic 71% pour Paulinho et presque 60% pour Kaçaniklic) qui permet d’orienter sur l’un des latéraux ou trouver une position de tir (9 tirs en dehors de la surface sur 19). Khalili joue lui avec plus de libertés et n’hésite pas à prendre la largeur pour proposer des solutions (quand Johannsson est titulaire la tendance est plus de l’utiliser comme appui sur la défense centrale adverse pour créer plus d’espaces pour que les 3 « mousquetaires » cités précédemment aient plus d’espaces pour se mettre en position de frappe).

Les ailiers jouant en faux-pieds les dédoublements sont très rares et les latéraux sont donc logiquement plus utilisés pour participer au jeu plutôt que d’apporter le danger. Dès lors qu’ils centrent Paulinho, Khalili, Tankovic et Kaçaniklic sont systématiquement dans la zone de vérité pour apporter le surnombre et dominer la défense malgré qu’aucun n’enfile le gilet de pur 9. Pour ce qui est des seconds ballons Andersen et Bojanic trainent aux abords de la surface pour maintenir la pression lorsque Tankovic, Kaçaniklic et leur bande siègent la surface adverse. On remarque aussi que les ailiers aiment beaucoup prendre la profondeur intérieure derrière le latéral adverse bien servit par les latéraux ou par les qualités de passes des milieux défensifs pour provoquer dans la surface puis remettre en retrait ou bien frapper (10 frappes dans la surface).

Cette approche offensive peut beaucoup ressembler à un 2-2-6 montrant l’importance qu’à l’attaque sous Billborn. La remarque à ne pas négliger c’est aussi le goût de la projection qu’à cette équipe (5 contre-attaques dans le match), ainsi « Bajen » aime beaucoup mettre le cerveau des défenseurs adverses à rude épreuve par ses pressings très forts que nous verrons par la suite et qui permettent à Hammarby de récupérer beaucoup de ballons de contre-attaque généralement bien négocier grâce à la qualité des hommes de devant qui peuvent créer des situations très chaudes pour modifier le tableau d’affichage de la Tele2Arena ou des autres enceintes d’Allsvenskan.

Crédit : InStat

Aspect défensif :

Pour la plupart des fans de football, quand on évoque la défense on parle du côté « moins émotionnel » du foot et pourtant sans lui les moments gravés ne seraient plus, c’est donc un pilier. Tant dans l’art de défendre par les tacles ou les duels que dans le placement ou dans la manière de l’exécuter, la défense rayonne et nous permet d’avoir des étoiles dans les yeux quand votre club inscrit un pénalty à la 95ème minute. Parce que oui, sans les phases défensives, sans que les émotions créées par la défense soient si incomparables à celles des attaques, vous ne sauterez pas de joie quand votre club marque un but. C’est toute une philosophie et c’est pour cela qu’on va désormais s’intéresser à la tactique défensive de « Bajen » !

A Hammarby, comme dans tous les clubs, la défense s’oriente différemment selon les situations et je vais vous exposer chacune d’entre-elles. Pour commencer en phase de possession défensive adverse, le club du Sud-Est de Stockholm effectue un pressing très important par une défense en avançant sur l’adversaire allant parfois très haut et s’orientant de manière générale côté ballon. Il s’effectue sur les centraux par Paulinho et Khalili, sur les latéraux c’est Tankovic et Kaçaniklic qui s’en chargent et pour les milieux défensifs ce sont Bojanic et Andersen qui s’y engagent.

Crédit : InStat

Grâce à cette défense en avançant Hammarby repousse très bien les attaques placées face à des adversaires en style défensif à 4. De plus, ce pressing permet de nombreuses récupérations hautes du ballon, ce qui offre à Hammarby des contres attaques (5 contres attaques contre Östersund) dont raffole Kaçaniklic et les 3 autres. Cependant, ce pressing n’est pas invincible et avec certaines combinaisons, des bonnes relances au pied vers l’avant (malgré que Fällman et Fenger ne soient pas mauvais dans les airs), ce peut être contourné également par un renversement ou par une défense à 3. Il peut donc être détourné pouvant permettre à l’adversaire d’avoir plus de libertés et d’espaces à 30 mètres de la surface et donc de se procurer des occasions.

En phase de possession défensive pour Hammarby l’équipe perd parfois des ballons proches de sa surface ou au milieu de terrain lors de transitions peu assurées (14 pertes de balle dans sa partie de terrain) ce qui créer des contres-attaques ou des prises de profondeurs (7 dans ce match) en supériorité numérique pour l’adversaire ajoutant à cela la vitesse des centraux n’ayant pas les jambes d’Adama Traoré. Lorsque l’adversaire joue près de la surface, « Bajen » à tendance à peu intervenir en prenant des risques ou à effectuer un marquage serré notamment les milieux défensifs qui n’interviennent que peu ou pas suffisamment à l’approche de la surface laissant beaucoup de libertés aux adversaires. Ainsi cette équipe ne provoque pas beaucoup de coups de pied arrêtés près de sa surface mais concède plus de tirs à l’extérieur de la surface, pouvant être dangereux (6 tirs au total).

Si les attaquants développent leur jeu sur les côtés ou utilisent les centres, les « Sydost Stockholmers » sont souvent en difficulté. En effet, Fenger et Fällman dont le physique marque de l’autorité dans les airs ne s’engagent que trop peu sur l’adversaire et ne sont que peu autoritaires dans leur surface lorsqu’il s’agit de défendre debout très proche de l’adversaire sans faire faute. Tout ceci laisse du champ aux attaquants de se faufiler dans la surface et faire ce qu’ils savent faire. On remarque aussi que les latéraux sont assez fébriles en 1 contre 1 notamment Söderström qui laisse beaucoup centrer, mais ils interviennent souvent sans faire faute lorsqu’il y a peu de risques.

Crédit : InStat

Globalement Hammarby joue très resserré et n’intervient physiquement que lorsqu’il y a une certaine distance avec la zone qui contient le point de pénalty. Cette défense n’est donc pas un bouclier sans trou puisque la défense éprouve également des difficultés lorsqu’il s’agit de dégager des ballons qui traînent dans la surface ou encore quand il faut relancer proprement depuis sa propre surface. Malgré cela le club à la certitude d’une défense qui a de l’expérience avec 29 ans pour Fällman et 26 ans pour Fenger portant beaucoup de qualités dans les duels (63% de duels gagnés en moyenne dans les airs pour les deux), de l’autorité (59% de tacles réussis en moyenne) auprès des leurs mais aussi des qualités de pressing qui leur permettent de gratter des ballons avec plus de 50% de réussite montrant son efficacité mais aussi une solidarité défensive visible portée par le capitaine Jeppe Andersen.

On peut se mouiller pour affirmer que ce club ne finira très probablement pas meilleure défense du championnat mais qu’elle pourrait s’améliorer au fil de la saison peut-être en optant pour la jeunesse et le profil du jeune Suédois Kalle Björklund. Cette défense aura donc un grand rôle à jouer cette saison pour améliorer ce secteur qui lui avait coûter des points l’année dernière, elle pourrait donc permettre à Hammarby d’avoir une différence de but positive et plus de clean sheet. La défense de « Bajen » devrait donc donner l’ambition au club si elle s’affirme de regarder vers le très haut ou simplement le haut tout en faisant attention à ne pas reproduire les erreurs du passé mais surtout de faire vivre plus de moments joyeux que de moments d’impuissances après un but.


Demain, dimanche 12 juillet à 11H : Épisode 3 – Un club à part entière

Article écrit par Thibaut bientôt 16 ans. Twitter : @ChizyFootball

Laisser un commentaire