26 mai 2016, Lotta Schelin, drapée dans le drapeau suédois, et Ada Hegerberg, revêtue des couleurs norvégiennes, célèbrent la victoire de l’Olympique Lyonnais contre Wolfsburg en finale de la Champion’s League féminine. Cette simple scène de joie comporte plusieurs aspects : la confirmation de la domination lyonnaise sur la scène européenne avec une 3e victoire en 5 ans, un départ en beauté pour la suédoise qui joue là son dernier match pour Lyon et une passation de témoin entre une des premières légendes du club et celle qui sera appelée à lui succéder.

Car avant Hegerberg la norvégienne, buteuse prolifique et 1er Ballon d’Or féminin de l’Histoire, il y a bien eu Schelin la suédoise, attaquante racée dont la carrière est indissociable de l’Histoire lyonnaise.

Les débuts : les 1ers faits d’armes à Göteborg

Crédit photo : Nils Petter Nilsson pour Göteborgs Posten.

Charlotta Eva Schelin nait le 27 février 1984 dans la capitale suédoise, Stockholm. Mais à 2 ans à peine elle déménage avec ses parents et sa sœur aînée Camilla et la famille traverse le pays pour s’installer à Kållered, petite ville située à 10km au sud de Goteborg. C’est là qu’elle commence le football, s’inscrivant avec sa sœur au club local.

« …c’est ma sœur qui a commencé à jouer. Elle a deux ans de plus que moi et quand elle a eu 6 ans, elle a pu commencer le foot avec d’autres filles. Moi, j’avais trop envie mais il fallait que j’attende encore. Mais on jouait beaucoup à la maison, en plus notre père était prof de sport : il y avait beaucoup de ballons ! On kiffait. Et dès que j’ai eu 6 ans, j’ai pu jouer… » – Interview du 18 juin 2015 pour Le Libero Lyon.

Après cette année inaugurale ? Elle connaitra 2 autres club, le Hällesåkers IF et le Mölnlycke IF. Mais dans sa jeunesse « Lotta » est également adepte du tennis de table, de l’athlétisme ou encore du snowboard, sports qu’elle pratiquera un moment avant de se concentrer sur le football. À l’adolescence, suite à une poussée de croissance, elle souffre de problèmes sérieux à la colonne vertébrale et se voit même conseiller d’abandonner le sport par plusieurs médecins. Mais à force de rééducation et d’entrainement, elle finit par se rétablir complètement avant ses 18 ans.

En 2001, à 17 ans, elle fait ses débuts en Damallsvenskan, la 1ère division suédoise, avec l’équipe du Landvetter FC, qui deviendra en 2004 le Kopparbergs/Göteborg FC après son déménagement dans la capitale régionale. Après une 1ère saison prometteuse, qui la voit marquer 8 buts en 19 matchs, la jeune Schelin connait en Août 2002 sa 1ère grosse blessure qui la tiendra éloignée des terrains pour plus d’une saison. Elle revient pour l’exercice 2004 et réussit la prouesse d’inscrire 14 réalisations en 15 matchs joués, ce qui lui vaudra le titre de « Révélation de l’année » en fin de saison. Si le championnat suivant est moins réussi, avec 10 buts en 22 matchs, Lotta Schelin finit la saison 2006 en tête du classement des buteuses avec 21 réalisations en autant de matchs. Ce qui lui vaudra les distinctions d’attaquante de l’année et joueuse suédoise de l’année, le 1er de ses 5 Diamantbollen.

Elle est également cette année-là nommée dans la sélection FIFA pour la joueuse de l’année et reçoit une récompense spéciale décernée par les arbitres suédois pour son fair-play sur les terrains. Elle conservera son titre de meilleure buteuse pour la saison 2007, avec 26 buts, ce qui lui vaut à l’intersaison des offres des 2 plus grands clubs du pays que sont l’Umeå IK et le Linköpings FC. Malgré ces approches, Schelin décide de rester dans son club pour cette année olympique, même si elle ne jouera que 5 matchs avec son équipe. Officiellement remise sur pieds en 2007 avec un 1er championnat prévu pour 2009, la ligue professionnelle américaine, la Women’s Professional Soccer, tente de séduire les meilleures footballeuses mondiales et Lotta Schelin se déclare intéressée. Après les JO de Pékin elle signe néanmoins un contrat avec le club français de l’Olympique Lyonnais qui vient de remporter son 2nd titre de champion de France. Elle est néanmoins choisie par l’équipe américaine des Saint Louis Athletica à l’issue du 2nd tour de draft 2008 mais décline la possibilité de jouer aux USA en raison du contrat signé avec Lyon.

« Chaque année je recevais des propositions d’Umeå, Linköping et d’autres clubs suédois. Mais je voulais partir aux États-Unis. En 2008, personne ne partait dans les autres championnats européens. À l’époque, on pensait que la Suède avait le meilleur championnat. Donc pour moi, c’était soit les États-Unis, soit rester en Suède. Et puis Farid Benstiti m’a appelée. Je ne savais rien de la France ! Heureusement que Lyon avait joué contre Umeå quelques mois avant en Ligue des champions. Et encore, je n’avais même pas vu le match… Mais j’avais entendu parler de cette équipe si forte. » – Interview du 18 juin 2015 pour Le Libero Lyon.

Ce transfert crée une polémique en Suède en raison du salaire de Schelin qui gagnera en France plus d’1 million de couronnes suédoises (un peu moins de 150 000 euros) par an. Elle est alors accusée de privilégier l’aspect financier au sportif, la D1 féminine étant alors considérée comme moins compétitive que la Damallsvenskan suédoise.

« J’ai été beaucoup critiquée en Suède car personne ne connaissait le championnat de France. À l’époque, les deux championnats se valaient. Mais c’était une belle opportunité et je me suis lancée, sans trop savoir où j’allais. Je me sentais prête. Je ne savais rien du championnat, mais je voulais tenter l’expérience ! »

Lotta Schelin ne pouvait alors deviner qu’elle venait de se lancer dans une aventure qui allait durer 8 ans et la voir gagner tous les trophées possibles avec son nouveau club.

Le règne : les années lyonnaises

Crédit photo : club de Lyon.

L’arrivée à Lyon est pourtant difficile: une blessure avait interrompu prématurément sa saison précédente et Schelin revient en plus des JO de Pékin affligée de maux de tête et d’estomac. La concurrence en attaque est également forte avec Sandrine Brétigny, qui vient de finir 3 fois d’affilée meilleure buteuse du Championnat, la Brésilienne Katia da Silva (qui va lui succéder pour les 2 saisons suivantes) et la jeune Elodie Thomis arrivée l’année précédente. L’entraineur, Farid Benstiti, la titularise pourtant d’entrée et, alors que sa nouvelle recrue l’informe qu’elle peut également jouer sur les ailes, lui annonce clairement qu’il l’a faite venir pour jouer au centre et marquer des buts. Ce qu’elle fait dès ses premiers matchs, se surprenant elle-même : « Dans les premiers temps, ça allait, j’étais moi-même surprise… C’était l’euphorie ! ». Le retour de la trêve hivernale est plus difficile. Entre le sentiment d’isolement dû à la barrière de la langue, l’éloignement des siens et une 1ère déception avec la défaite en ½ finale de la Champion’s League contre Duisbourg, Lotta connaît un gros coup de blues et ses performances s’en ressentent :

« …après Noël, entre la barrière de la langue et l’éloignement, j’ai trouvé cela super dur. En plus, on a été sorties en demi-finale de la Ligue des champions (par Duisbourg), et il restait deux mois de championnat. C’était trop long, je voulais juste rentrer chez moi en Suède. Mes performances étaient en dents de scie, entre quelques matchs très très bons et les autres où je ne pouvais même pas contrôler le ballon. » – Interview du 18 juin 2015 pour Le Libero Lyon.

Schelin termine tout de même sa 1ère saison française avec un total de 17 réalisations en championnat et 7 en Coupe d’Europe et forma avec sa coéquipière brésilienne Katia da Silva un duo d’attaque redoutable. Elle remporte également son 1er championnat avec Lyon et se voit nommée au trophée UNFP de joueuse de l’année.

La saison suivante est également contrastée : Lyon remporte une nouvelle fois le championnat et accède à sa 1ère finale de Ligue des Champions mais la saison de Schelin est marquée par les pépins physiques, notamment une blessure aux ligaments qui l’empêche de participer à la finale européenne perdue aux tirs au but contre le Turbine Postdam. Sur le plan individuel, sa saison est logiquement moins prolifique que la précédente avec 11 buts en championnat et 5 en coupe d’Europe.

L’exercice 2010-11 voit l’Olympique Lyonnais, désormais entrainé par Patrice Lair, remporter de nouveau le championnat mais surtout toucher enfin au Graal européen en prenant sa revanche sur les allemandes de Postdam, battues 2-0 en finale. Lotta Schelin participe pleinement à cette campagne avec 9 buts et notamment un doublé décisif lors de la demi-finale aller contre Arsenal. Cette campagne européenne et la victoire finale reste un de ses meilleurs souvenirs :

« 2011, c’était tellement merveilleux ! On était comme une machine, tout marchait bien. On s’entendait bien sur le terrain et en dehors. On voulait trop gagner. Et quand on l’a fait… C’est le plus beau souvenir de ma carrière. » – Interview du 18 juin 2015 pour Le Libero Lyon.

Sur le plan personnel, elle finit de nouveau avec 11 réalisations en championnat et remporte son 2e « Ballon de Diamant », le trophée de la meilleure joueuse suédoise de l’année. 

La saison suivante est de nouveau très prolifique puisque Lyon conserve son titre européen, en battant les allemandes de Francfort sur le score de 2 à 0. Schelin est de nouveau une pièce maitresse de ce succès avec 5 buts durant cette campagne mais également 6 passes décisives, ce qui fait d’elle la meilleure passeuse de la compétition cette année là. Au niveau domestique, elle remporte son 1er doublé coupe-championnat et inscrit 33 buts sur l’ensemble des 2 compétitions. Son année lui permet également de remporter son 3e Diamantbollen.

La saison suivante est celle de la consécration pour l’attaquante suédoise. Malgré la défaite contre Wolfsburg en finale de la Champions League, Schelin inscrit 7 buts dans la compétition. Elle remporte un nouveau doublé coupe-Championnat et finit cette fois meilleure buteuse de D1 avec 24 réalisations et 16 matchs. Sa saison lui vaut le trophée UNFP de meilleure joueuse de l’année, une 1ère pour une joueuse étrangère. Mais les distinctions ne s’arrêtent pas là puisqu’elle est également cette année là Soulier d’Or européenne, de nouveau « Ballon de diamant » en Suède et termine 3e au classement des meilleures joueuses européennes de l’année. Elle signe une prolongation de contrat de 3 ans avec l’Olympique Lyonnais, pour un salaire annuel estimé à 2 millions de couronnes suédoises.

Lors de la saison 2013-14 ses relations, ainsi que celles d’une partie de l’équipe, avec l’entraineur Patrice Lair se dégradent, ce qui se ressent dans ses performances. Au point de lui faire songer à quitter le club :

« Patrice, on connait sa demande d’excellence, et ça fait gagner aussi. Cependant, la dernière année a été compliquée. … (s’il était resté au club) j’aurais aimé partir même si j’étais encore sous contrat et ça m’aurait embêtée par rapport au club, et puis je voulais rester ici. Mais continuer comme ça encore un an, ça aurait été impossible. » – – Interview du 18 juin 2015 pour Le Libero Lyon.

Lyon sort de la Ligue des Champions dès les 16e de finale après une défaite contre leurs anciennes rivales de Postdam. Schelin remporte cependant un nouveau doublé sur la scène nationale, avec 12 réalisations en championnat, ainsi qu’un nouveau Diamantbollen, son 5e et dernier.

Si la saison 2014-15 est de nouveau marquée par une sortie prématurée en coupe d’Europe, toujours en 16e de finale mais cette fois-ci contre le rival naissant du PSG, les performances de Lotta Schelin rebondissent sous les ordres de son nouveau coach, Gérard Prêcheur. Au cours d’un match contre Rodez elle rejoint Sandrine Brétigny comme meilleure buteuse de l’Histoire du club, position qu’elle occupera seule en fin de saison. Elle termine l’exercice avec un total de 34 buts en 21 matchs, ce qui lui permet d’être sacrée pour la 2nde fois meilleure buteuse de D1.

Pour ce qui sera sa dernière saison au club, Lotta Schelin, confrontée à la concurrence toujours plus rude d’Eugénie le Sommer et d’Ada Hergerberg, voit son temps de jeu se réduire. Elle finira tout de même sa saison avec 14 buts en championnat et 4 en Ligue des Champions. Ayant annoncé à quelques semaines du terme de la saison son intention de quitter Lyon, Lotta Schelin joue son dernier match pour le club rhodanien en finale de Champions League contre Wolfsburg. Remplaçante en début de match, elle rentrera en cours de jeu et contribuera à la victoire des siens en inscrivant son pénalty durant l’étouffante séance de tirs au but qui permettra à Lyon de remporter son 3e trophée européen.

Crédit photo : club de Lyon.

Après 8 saisons au club, celle que les supporters ont surnommée Queen Lotta, quitte Lyon en apothéose. Elle aura remporté avec le club 8 titres de champion de France, 5 coupes de France et 3 Champions League. Elle totalise 225 buts en 225 matchs, ce qui fait alors d’elle la meilleure buteuse de l’Histoire du club (elle sera ensuite dépassée par Eugénie Le Sommer), et avec ses 225 matchs elle est la 8e joueuse la plus capée du club.

Après l’annonce de son départ, Lotta déclare très vite qu’elle souhaite retourner en Suède afin de se rapprocher de sa famille. Mais alors que la plupart des observateurs l’imaginent retourner dans « son » club de Göteborg, son choix se porte finalement sur le FC Rosengård, club phare du championnat basé à Malmö. Ce choix montre clairement qu’à 32 ans Schelin privilégie l’aspect footballistique et son « développement en tant que joueuse » en rejoignant un club compétitif, Rosengård reste sur 3 championnats de Suède remportés, et à même de lui offrir un retour en Champions League.

Rosengård : une fin tronquée

Revenue dans son pays, dans une équipe compétitive et jouant l’Europe, Queen Lotta aurait pu espérer une fin de carrière jalonnée de succès et de nouveaux trophées. Malheureusement, rattrapée par des soucis physiques et victime d’une nouvelle blessure particulièrement handicapante, Lotta Schelin ne connaitra pas la sortie espérée. 

Les débuts sont pourtant prometteurs : arrivée en cours de saison, Lotta participe à 6 matchs durant lesquels elle marque à 5 reprises, ne pouvant cependant empêcher l’équipe de Malmo de perdre sa couronne nationale. Mais ce que le public ne sait pas c’est que l’ancienne attaquante lyonnaise souffre depuis plusieurs années de douleurs cervicales, douleurs que va encore aggraver une nouvelle blessure. En juin 2017, lors d’un match contre Limhamn, Schelin est victime d’un « coup du lapin », blessure qui va marquer pour elle le début de la fin :

« Je souffrais de douleurs au cou et à la tête depuis des années. J’ai vraiment atteint mes limites après une blessure en juin 2017 », affirme Schelin. « J’étais prise d’atroces maux de tête et je savais que je ne me sentirais pas bien à la fin des matchs. Lors de l’Euro 2017, je n’étais pas au meilleur de ma forme. Cette douleur me rongeait depuis tellement longtemps. » – Interview du 10 avril 2019 pour le site de la FIFA.

Compétitrice dans l’âme, et ayant déjà surmonté plusieurs blessures et problèmes physiques, Schelin décide de poursuivre sa carrière en adaptant ses entrainements et en suivant un protocole de soins afin d’être dans les meilleures conditions possibles pour les matchs. Malheureusement, suite à l’Euro 2017, les choses s’aggravent encore pour la suédoise. Victime de troubles de la vue, elle traverse le début de saison 2018 en fantôme, son club lui octroyant même un congé exceptionnel de plusieurs mois afin qu’elle puisse se reposer chez elle à Göteborg. Malgré cela, l’issue est inéluctable :

« Après avoir consulté le kinésithérapeute, j’ai mis un peu de temps à comprendre ce qui se passait. Lorsque j’ai enfin pris conscience de la situation, je me suis effondrée. Il m’a fallu un an pour réaliser que je n’allais pas pouvoir continuer. Je ne voyais aucune autre solution. C’est pourquoi j’ai décidé de prendre ma retraite » – Interview du 10 avril 2019 pour le site de la FIFA.

Le 31 août 2018, Lotta Schelin annonce qu’elle stoppe sa carrière. Même si son retour à Rosengård ne fut pas celui escompté, elle aura tout de même réussi 16 réalisations en 32 matchs pour son dernier club avec lequel elle aura également remporté une coupe de Suède en 2017.

En sélection nationale : une reine sans couronne

Crédit photo : Fédération suédoise.

Après avoir été sélectionnée dans les équipes de –16 ans puis des – 21 ans, Lotta Schélin fait ses débuts internationaux avec l’équipe sénior le 16 mars 2004 lors d’une défaite contre la France (!) pour le compte de l’Algarve Cup au Portugal. Sélectionnée en remplacement de Sara Johansson, malade, elle montre déjà de belles dispositions et un beau sang froid en participant notamment à la séance de tirs au but contre la Chine pour la 5e place et en transformant son pénalty. Elle restera dans le groupe pour les Jeux Olympiques de 2004 à Athènes durant lesquels elle joue 3 matchs, dont la demi-finale perdue contre le Brésil et le match pour la 3e place (perdu) contre l’Allemagne.

L’année suivante, elle participe à son 1er Euro en Angleterre comme remplaçante. Elle rentre là encore au cours de 3 matchs dont la demi-finale perdue contre les rivales norvégiennes. Puis ensuite lors de la coupe de l’Algarve 2006, elle conduit la Suède à la 3e place, en marquant notamment le seul but du match contre la France dans la petite finale.

En 2007, elle participe à sa 1ère Coupe du Monde en Chine durant laquelle elle inscrit 2 buts en 3 matchs mais ne peut empêcher son équipe d’être éliminée à la surprise générale dès la phase de poule. Après cet échec plusieurs cadres de l’équipe prennent leur retraite, conduisant le sélectionneur Thomas Dennerby à confier plus de responsabilités à la jeune génération dont elle fait partie. De retour en Chine, pour les JO de 2008, elle score à 3 reprises, dont un doublé lors du dernier match de poule décisif contre le Canada. Elle ne peut cependant empêcher une nouvelle défaite contre l’Allemagne en ¼ de finale.

Elle ne comptabilisera qu’une seule réalisation lors de l’Euro 2009 en Finlande, la Suède s’inclinant de nouveau face à la Norvège en ¼ de finale. Lotta Schelin obtiendra son meilleur résultat en Coupe du Monde en 2011 en Allemagne. Après une victoire de prestige contre les USA en poule, les suédoises battent l’Australie en ¼ de finale avec un but de Schelin. L’équipe s’inclinera en demi contre le futur vainqueur, le Japon. Opposée à la France pour la 3e place, la Suède s’impose 2 à 1 avec un nouveau but de l’attaquante lyonnaise.

Cette 3e place qualifie la Suède pour les JO de Londres l’année suivante. Après s’être sortie d’un groupe difficile, comprenant l’Afrique du Sud, contre qui Schelin inscrira un doublé, le Japon et le Canada, les suédoises sont opposées à la France en ¼ de finale, pour une revanche de l’année précédente, remportée cette fois par les françaises. Fin 2012, la nouvelle sélectionneuse, Pia Sundhage, décide que le capitanat sera partagé entre 2 joueuses, Lotta Schelin et Caroline Seger.

La meilleure occasion de cette génération de remporter un titre international se présente en 2013 avec l’Euro organisé à domicile en Suède. Queen Lotta se montre à la hauteur de l’évènement en inscrivant 5 buts dont 2 doublés contre la Finlande et l’Islande en ¼ de finale. Malheureusement les suédoises se verront une nouvelle fois barrer la route de la finale par l’Allemagne, qui s’impose 1 à 0 à Goteborg, sur les terres de Schelin. Véritable crève-cœur pour Lotta qui se voit en outre refuser le but de l’égalisation, pour une faute très contestable.

En octobre 2014, Lotta Schelin inscrit lors d’un match amical contre l’Allemagne sa 73e réalisation pour la Suède, ce qui lui permet de dépasser Hanna Ljungberg et de devenir la meilleure buteuse de l’Histoire de sa sélection. Handicapée par une blessure au genou, Lotta ne réalise pas un bon Mondial 2015 (aucun but en 4 matchs). Tout comme l’équipe suédoise qui, après une phase de poule laborieuse, se fait sévèrement battre par leur bête noire allemande en ¼ de finale sur le score de 4 buts à 1.

Lors des Jeux Olympiques de 2016 au Brésil Schelin est un des éléments les plus expérimentés de l’équipe suédoise. Après une nouvelle phase de poule délicate, durant laquelle Schelin inscrit son seul but du tournoi lors de la lourde défaite 5-1 contre l’hôte brésilien, les suédoises créent la surprise en s’imposant en ¼ de finale contre les grandes favorites américaines après la séance des tirs au but. Après une nouvelle victoire dans cet exercice contre le Brésil, la Suède atteint la finale où elle se voit opposée à leurs éternelles rivales allemandes. A l’issue d’un match indécis c’est une nouvelle fois l’Allemagne qui l’emporte sur le score de 2 buts à 1.

Diminuée par la blessure qui va causer l’arrêt prématuré de sa carrière, Schelin traverse difficilement l’Euro 2017. Elle marque cependant 2 buts mais ne peut rien faire pour empêcher la défaite contre les futures championnes hollandaises en ¼ de finale pour ce qui sera son dernier match avec l’équipe nationale.

Même si elle n’aura pas réussi à remporter de titre avec l’équipe nationale, Lotta Schelin aura marqué son Histoire et la mémoire des fans suédois. A l’issue de sa carrière, elle aura joué 185 matchs et inscrit 88 buts pour la Suède. Cela fait d’elle la meilleure buteuse de l’Histoire de la sélection et la 3e joueuse la plus capée.

Reconversion

Comme beaucoup d’anciens sportifs, Lotta Schelin n’est pas restée longtemps à l’écart des terrains après l’arrêt de sa carrière. Déjà consultante pour une chaine suédoise lors de la Coupe du Monde masculine 2014, Schelin reprend ce rôle d’experte, notamment pour la Coupe du monde 2019 en France. Durant le tournoi, elle intervient pour la chaine suédoise SVT, mais rédige également des chroniques pour le site du journal Le Monde.

Plus original, Lotta Schelin est également devenue consultante et ambassadrice pour le club de hockey, une autre de ses passions, de Göteborg, Frölunda. Lotta est également maman avec sa compagne Rebecca d’une petite Stella depuis août 2019.

Crédit photo : Carl Sandin pour Göteborgs Posten.

Lotta Schelin est incontestablement un des plus grands noms du Football Féminin de ces 15 dernières années. Elle a été l’une des 1ères à tenter sa chance hors de son pays à un moment où les transferts étaient loin d’être aussi courants qu’aujourd’hui. Schelin a également été une des 1ères stars à évoluer en France et a contribué à l’émergence de l’Olympique Lyonnais en tant que grand club européen, comme le rappelle son ancienne coéquipière Sandrine Bretigny :

« Si notre force était avant tout collective quand on a gagné ces Coupes d’Europe, c’est sûr que Lotta a eu son importance dans ce projet. Elle a apporté son expérience, elle pesait sur les défenseurs avec ses déplacements très intelligents. Des déplacements de vrai numéro 9, souvent dans la profondeur, toujours en mouvement. Donc c’était assez facile de la trouver pour qu’elle puisse finir les actions. Ce qu’elle faisait assez bien généralement. » – Cité par le site So Foot, le 26 mai 2016.

Si Brétigny loue sa technique de n°9, Schelin ne s’est, elle, jamais considérée comme « un avant centre typique ». Capable de jouer au centre comme sur l’aile afin de profiter de plus d’espace, son jeu a toujours été étonnement altruiste pour une buteuse de ce calibre. Excellente passeuse, ce manque d’égotisme, qu’elle a toujours attribué à la culture égalitaire suédoise, a souvent énervé ses entraineurs qui auraient souhaité qu’elle se concentre uniquement sur la finition.

Adulée dans son pays, elle y a souvent été comparée, par son palmarès et son efficacité, à l’autre immense star suédoise, Zlatan Ibrahimovic. Comparaison qui a d’ailleurs soulevé une polémique dans le royaume, Ibrahimovic s’étant agacé dans son style habituel d’être comparé à une femme alors que « dans le reste de l’Europe, on (le) compare à Messi et Cristiano Ronaldo. ». Comparaison que Lotta a accréditée tout en la remettant en perspective avec son élégance habituelle :

« Ces comparaisons font toujours plaisir. Après tout, Zlatan est l’un des meilleurs footballeurs du monde. C’est un véritable guerrier sur le terrain, doté d’une technique fantastique et d’une formidable volonté de gagner. Pour moi, il est également une source d’inspiration. J’adore le regarder jouer. Mais j’aimerais que les jeunes joueuses m’admirent en tant que Lotta Schelin, et non comme la version féminine de Zlatan. » – Cité par le site de la FIFA, le 23 décembre 2014.

Johanna Frändén, journaliste suédoise spécialiste de Zlatan et de Schelin remarque d’ailleurs que le caractère des 2 stars est très différent : Elle est polie, charmante, elle n’a pas la même arrogance. ».

Comme le montre sa réponse subtile à la comparaison avec Ibrahimovic, Schelin est également très impliquée dans le développement du football féminin, en Suède et dans le monde. En 2019, elle intègre, aux côtés de 23 autres légendes du football féminin, le FIFA Legends Squad, avec pour mission de contribuer à la promotion de la coupe du monde en France et du football féminin dans le monde. Elle devient ainsi la superhéroine Lotta Lightning ! Mais en se retournant sur son parcours Schelin conclue avec son humilité habituelle :

« Je suis très fière de mon parcours et de ce que j’ai pu accomplir. J’ai tout de même du mal à me voir comme un exemple, j’ai eu la chance de devenir une joueuse professionnelle et j’en suis très heureuse. Si j’ai pu faire évoluer les choses, j’en suis ravie. J’espère avoir œuvré pour aider la génération future. » – Interview du 10 avril 2019 pour le site de la FIFA.

Crédit photo : Instagram Lotta Schelin

Statistiques :

2001-2008 Göteborg FC : 134 matchs, 105 buts

2008-2016 – Olympique Lyonnais : 225 matchs, 225 buts

2016-2006  FC Rosengard : 32 matchs, 16 buts

2004-2008 Suède : 185 matchs, 88 buts

Palmarès :

France :

8 Championnat de France : 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015 et 2016.

dont 2 fois meilleure buteuse du championnat (2012-2013 et 2014-2015)

5 Coupe de France : 2012, 2013, 2014, 2015 et 2016

3 Ligue des Champions : 2011, 2012 et 2016

Suède :

1 Coupe de Suède : 2016

1 Algarve Cup : 2009

Médaille d’argent Jeux olympiques : 2016

3ème : Coupe du Monde 2011

5 Diamantbollen : 2006, 2011, 2012, 2013 et 2014

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