Formé à Monaco et passé par toutes les sélections de jeunes de l’équipe de France, Malaury Martin est arrivé en Norvège en 2014. Après une saison à Sandnes Ulf, c’est dans un gros club norvégien, Lillestrøm SK, qu’il signe en 2015. Il nous partage cette expérience sur une terrasse ensoleillée d’Oslo.

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©Terje Bendiksby / NTB scanpix

Tout d’abord, comment s’est passée ton intégration à Lillestrøm ?

Très bien, il y avait un bon staff, c’est un bon club. Rien à voir avec mon ancien club (Sandnes Ulf), là on parle d’un club historique norvégien, un club professionnel, un club structuré. L’intégration a été très facile, très rapide, j’ai de suite été mis dans de très bonnes conditions et j’étais vraiment satisfait de tout cela.

Tu es donc satisfait de ce club ?

A part actuellement à cause des résultats, oui tout à fait. Cette saison bizarrement, les résultats sont plus compliqués. On a plutôt bien démarré et puis la coupure a été vraiment un problème pour nous et depuis les résultats ont du mal à revenir. C’est dommage parce que je pense que cette saison il y avait vraiment quelque chose à faire, il y avait de l’espace dans les premières places, on voit par exemple que Molde a du mal comme la saison dernière même s’ils avaient brillé en Europa League. C’est dommage car à la fin de saison on aura des regrets, parce que je pense qu’on va réussir à rectifier et à retrouver des résultats plus positifs.

Le départ de Fred Friday a-t-il aussi eu une influence sur la baisse de régime de l’équipe ?

Fred est une vraie perte pour l’équipe, la perte du meilleur buteur du championnat n’est pas facile à gérer et l’équipe en souffre.

Et à titre plus personnel comment juges-tu ta saison (20 matchs, 6 buts, 4 passes décisives) ?

Pour l’instant elle est plutôt pas mal. Elle a bien démarré et là pour l’instant, pour un milieu de terrain, je suis plutôt satisfait de mon rendement même si mes objectifs sont encore plus élevés et j’espère que ça va continuer au niveau des buts.

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©Scanpix

Par rapport au jeu, la Tippeligaen ressemble un peu à l’Angleterre ?

C’est un football qui attaque beaucoup, qui n’est pas forcément très défensif, qui laisse beaucoup d’espaces, beaucoup de courses vers l’avant donc en tant que milieu axial cela demande beaucoup d’efforts comme en Championship, championnat que j’ai connu dans le passé. C’est pour cela que c’est un championnat qui me plaît. On joue pour marquer, pour gagner chaque match même si ce n’est pas toujours possible. Il y a beaucoup de buts. Ça me plaît par exemple de jouer des matchs comme celui contre Rosenborg où à la mi-temps il y a 4-0 et au final ça fait 4-3 avec un but refusé et des actions assez chaudes. C’est du spectacle et cela amène du plaisir aux supporters.

Au niveau de la préparation il y a aussi des ressemblances ?

C’est compliqué, en Championship il y a beaucoup plus d’équipes donc parfois on joue tous les trois jours et là on ne s’entraîne quasiment plus, on fait un peu de tactique mais surtout des soins et de la récupération. Ici il y a des périodes comme les mois d’avril et mai où cela ressemble à ça, avec des matchs tous les 3 jours entre la coupe et le championnat. Ensuite, on est plus sur un championnat normal avec un match par semaine et de la préparation entre chaque match.

Les plus petites ambiances dans certains stades, ça te gène ?

C’est aléatoire. C’est un petit peu le point négatif, certains stades et certaines ambiances ne sont pas du niveau d’une première division. De mon côté à LSK, c’est un stade où il y a toujours beaucoup de supporters, des ultras très démonstratifs. Il y a tout de même pas mal d’équipes qui ont de bons supporters, je pense à Molde, Rosenborg, Viking, Strømsgodset. Il y a une dizaine d’équipes avec de bonnes ambiances et puis 6-7 équipes où on est comme dans un autre championnat.

Il y a une très bonne ambiance que tu n’as pas citée, c’est celle de Vålerenga. Il y a une rivalité avec LSK assez importante pourtant, c’est même presque le plus gros derby de Norvège non ?

Il y a un beau derby. Après, on peut dire que toutes les équipes quand elles rencontrent Rosenborg (attention la ressemblance est minime), c’est comme en France face au Paris-Saint-Germain pour donner une image, elles ont envie de bien faire. Mais ce derby entre Vålerenga, qui est l’équipe d’Oslo, et LSK, qui est l’équipe de Lilleström qui se trouve à 10 minutes, c’est vraiment une belle ambiance. Pour le match aller le stade était plein. Et encore je le vis dans des périodes où ces équipes ne sont pas au mieux. J’ai pu entendre et j’ai vu des images de ce derby quand les deux équipes jouaient le haut du classement et c’était vraiment un gros derby.

Il y a une pression à Lillestrøm avec ce derby ?

On ne va pas dire que la pression en Norvège est comparable à celle qu’on a en France, même si moi en France j’ai connu Monaco où elle n’était pas non plus terrible. En Angleterre, elle est plutôt positive parce que les supporters encouragent toujours leur équipe quoiqu’il arrive. Pour en revenir à la Norvège, il y a une certaine pression. A LSK, il y a une pression surtout actuellement, avec les résultats qui ne sont pas bons, les supporters le font savoir. Après, encore une fois, je ne pense pas qu’on puisse la comparer à ce qu’il peut y avoir à Marseille ou à Lyon.

Comme tu me parles de ces clubs, tu pourrais revenir en France pour la suite de ta carrière ?

A Marseille et Lyon, ça me semble difficile (rires). Sinon, oui pourquoi pas ? Mon ambition ne se limite pas à la Tippeligaen. Aujourd’hui je suis en Norvège justement pour avoir une bonne visibilité, ce que j’ai notamment grâce à quelques performances remarquées. Automatiquement je suis français donc j’aimerais revenir en France pour moi, pour mon épouse, pour ma famille dont je serais plus proche. Cela serait une bonne chose. Si je ne reviens jamais en France, ça sera le destin, puisque depuis mes 20 ans j’ai toujours été loin de la France.

LSK a sûrement des ambitions mais tu penses que tu pourrais signer dans un club qui vise le podium en Norvège ?

C’est sûr que pour moi ça serait intéressant. Après aujourd’hui on est en cours de saison, en plein mercato, on ne sait jamais ce qui peut advenir. Si c’est un club qui joue l’Europe ça pourrait être intéressant mais je suis bien à LSK. Dans ma tête si je pars c’est plus pour retourner en France ou découvrir un autre championnat européen plus compétitif. Je n’ai pas encore été contacté par des clubs norvégiens qui jouent des qualifications européennes et de ce fait je me projette plus vers un autre pays. Découvrir une nouvelle culture, cela m’intéresserait du côté humain mais aussi sportif.

Je pense que le niveau est équivalent à celui du championnat de Suisse.

Tu parles de découvrir une nouvelle culture, la culture norvégienne te plaît ?

Oslo est une belle ville qui nous plaît à ma femme et moi. C’est une ville agréable à vivre ; quand il fait beau temps comme aujourd’hui c’est encore mieux. On a vécu dans plusieurs pays et on aime la découverte de nouvelles langues et de nouvelles cultures.

Tu as connu d’autres championnats européens (championship et première division suisse) … Où est-ce que tu placerais la Tippeligaen par rapport aux autres ?

Je pense que le niveau est équivalent à celui du championnat de Suisse. Après, j’en discutais avec d’autres joueurs norvégiens, la différence c’est qu’ici, très souvent, il y a des équipes qui montent d’Obos-Ligaen, ce qui peut fausser un peu les choses. Actuellement une équipe comme Start n’a quasiment pas gagné un match depuis deux ans. Ces équipes-là faussent le championnat par rapport aux 10-11 autres qui sont d’un très bon niveau. Financièrement, elles n’ont pas leur place dans le championnat et sportivement ça se voit dans les résultats. Je reviens au sujet des ambiances et des stades, mais c’est pareil, ces équipes ont du mal à ce niveau-là. C’est dommage, en Suisse, le championnat à 10 équipes est très homogène avec un bon niveau. Cela pourrait, à mon avis, être plus compétitif si le championnat était un peu réduit mais c’est mon opinion personnelle. Mais voilà, on est très proches du championnat Suisse.

Tu suis un peu le championnat ici ?

Je suis, je suis. Je suis le football tout court. Avec la facilité qu’on a aujourd’hui, les sites qu’on a à disposition pour nous tenir au courant des résultats des autres équipes, ce n’est pas difficile. Les matchs sont télévisés le vendredi et le dimanche et cela m’arrive de les regarder parce que c’est important de connaître ses adversaires, cela peut aider à connaître leurs points faibles.

Il y a des équipes qui te plaisent particulièrement ?

L’année dernière Molde m’a impressionné en Europa League, j’aimais bien leur manière de jouer et leur système. Aujourd’hui, Rosenborg est une équipe qui développe un bon football, qui marque beaucoup de buts et qui est solide défensivement ce qui est toujours plaisant.

A ce propos, tu as un avis sur les difficultés que rencontrent les clubs norvégiens en qualification pour les compétitions européennes ?

C’est vraiment dommage. Rosenborg aurait dû aller au moins jusqu’au dernier tour de préliminaires parce que l’adversaire était à leur portée. Après, le climat qu’ils ont trouvé à l’extérieur et dont ils n’avaient pas l’habitude a dû jouer (il faisait 40° à Nicosie). J’ai regardé les deux matchs et ils auraient dû se mettre à l’abri dès le match aller. Espérons qu’ils arrivent en poules d’Europa League parce que c’est toujours important pour le football norvégien d’avoir des clubs qui jouent ces compétitions européennes.

Ici cela t’arrive que des gens te reconnaissent dans la rue ?

Honnêtement, à Oslo, c’est arrivé une fois. Ce n’est vraiment pas dans la culture. D’une part, ils n’ont pas une passion extraordinaire pour le football, d’autre part, par leur éducation ils n’oseraient même pas venir arrêter un joueur ou demander un selfie. Après, à Lillestrøm c’est plus petit, les joueurs sont reconnus dans la rue ou quand ils vont au restaurant. Autour de ce club il y a une passion différente pour le football et c’est pour cela que j’apprécie ce club.

Tu as connu un peu les autres joueurs français qui sont ici ? Je pense à Jérémy Berthod par exemple.

Jérémy je l’ai connu à Monaco, on a joué quelques matchs ensemble. Quand il était en Norvège, je n’étais pas encore à LSK et on était un peu loin pour pouvoir partager des moments mais on était en contact. On s’est retrouvés à la Manga (un des stages de pré-saison où toutes les équipes de Norvège se retrouvent en février en Espagne) et où on a pu passer une semaine ensemble. Cela nous a permis de nous rappeler de bons souvenirs. Ensuite, avec Alexy Bosetti on se retrouvait chaque semaine. Etant niçois tous les deux, on a pu être mis en contact et on a passé de bons moments. C’était sympa de l’avoir ici en Norvège, surtout que Sarpsborg ce n’est pas loin d’ici donc on pouvait se retrouver pour manger ensemble et partager de bons moments.

Sinon dans l’effectif il n’y a que des norvégiens ou presque …

Oui des norvégiens et des scandinaves mais j’ai noué de bonnes relations. Ces derniers temps, je passe pas mal de moments avec Michael Jakobsen, le danois et Bassel Jradi. On a créé des liens, c’est automatique dans une équipe et c’est important, sur et en dehors du terrain, d’avoir des amitiés.

Dans l’ensemble tu es heureux ici ?

Oui avec mon épouse, bien sûr on est heureux ici, on ne peut pas dire qu’on ait de quoi se plaindre. Sportivement en revanche, j’ai toujours l’ambition de me battre pour retrouver un championnat plus attractif parce que j’ai connu ça dans le passé. Je connais le plaisir et la fierté d’évoluer en Championship ou en Ligue 1 et l’ambition de retrouver cela m’aide à continuer à avancer.

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