Brøndby affronte ce soir dès 18H45 l’Olympique Lyonnais en groupe d’Europa League pour la 2nde journée, après un match nul 0-0 face au Sparta Prague, qui marquait leur retour en groupe de Coupe d’Europe depuis 2005/2006 alors sous les ordres de Michael Laudrup. Le club populaire de la capitale danoise, champion en titre, vit un début de saison difficile en championnat et n’est clairement pas dans les meilleures dispositions dans le jeu avant la rencontre, surtout en l’absence de son meilleur buteur Uhre. Présentation de ce club à travers son histoire, son effectif actuel et un aspect tactique pour aborder au mieux cette confrontation franco-danoise qui avait déjà eu lieu en 1997 :

Un club familial et dominateur au Danemark…

Le Bröndby IF est un club des quartiers ouvriers de la capitale danoise Copenhague, situé dans la banlieue ouest de la ville, à 20 minutes de la gare centrale. Fondé le 3 décembre 1964, de la fusion de deux clubs amateurs rivaux, le BØIF et le Brøndbyvester IF, ils auront repris la licence du premier club pour débuter au 6e échelon national. 18 ans après, le club faisait ses débuts dans l’élite en 1983. Depuis lors, les jaunes et bleus ont toujours été un club évoluant au sein de la 1re division.

Et si le club a pu atteindre la 1re division et être performant dès le début, elle le doit beaucoup aux Laudrup, un bon centre de formation et une bonne cellule de recrutement. D’abord avec le père Finn et son beau-frère Ebbe Skovdahl qui auront participé aux années précédent la montée dans l’élite puis ses deux fils qu’il a placé au club. Avec en premier lieu Michael Laudrup, qui aura activement participé à la montée finale, qui lui aura valu d’être le premier joueur évoluant à Bröndby à être sélectionné en sélection A danoise puis après ses débuts en 1re division un transfert record à l’époque à la Juventus. Sera ensuite venu son petit frère Brian Laudrup, qui aura participé aux premiers titres de champion du club.

Bröndby est donc ensuite devenu le club dominateur danois en brillant sur la scène nationale et continentale à la fin des années 80 et lors de la décennie suivante. 8 de leurs 11 titres de champion ont d’ailleurs été glanés entre 1985 et 1998 (85, 87, 88, 90, 91, 96, 97, 98, 02, 05, 21). Une période faste avec la présence de légendes danoises comme Peter Shchmeichel, Kim Vilfort l’ancien du LOSC et meilleur buteur de l’histoire du BIF, John Jensen, Lars Olsen et Bent Christensen sous les ordres notamment d’un certain Morten Olsen. Lors du sacre surprise du Danemark à l’Euro 1992, il y aura d’ailleurs eu de nombreux joueurs passés ou évoluant au club qui avait alors une grande influence.

…avant la naissance d’un rival dominateur

C’est lors de cette fameuse année 1992, qu’aura été créé leur grand rival, le FC Copenhague, également né d’une fusion de clubs avec l’objectif de devenir la meilleure équipe de la capitale et du Danemark. Bien sûr les supporters et le club jaune et bleu auront vu d’un mauvais œil la création de l’équipe au grand moyen financier au pays qui aura directement eu son ticket dans l’élite et qui aura pu emménager dans le tout nouveau stade, le Parken Stadium, aussi stade de la sélection.

Avec l’arrivée du FCK, cela aura donné le derby surnommé New Firm pour la jeune rivalité des deux clubs que tout oppose, en référence au Old Firm entre les Rangers et le Celtic. A l’inverse, cette même année, Bröndby n’était pas loin de la faillite après le rachat de la banque danoise InterBank avec l’aide d’un holding et l’argent qui était espéré en Ligue des Champions après une belle demi de Coupe UEFA. Problème, le club est éliminé en qualification et l’holding fait faillite, le club est côté en bourse et les actions chutent, ce qui condamna quasiment le club à la banqueroute avec une dette d’environ 53M€, énorme à l’époque.

Pour sauver le club, ils auront dû mettre en place un plan de sauvetage financier complexe en vendant de nombreux cadres comme John Jensen à Arsenal et en misant à nouveau sur la formation qui aura notamment apporté l’émergence d’Ebbe Sand. Malgré cela, le club aura remporté trois championnats d’affilée entre 1996 et 1998 avant de se faire complètement dépassé particulièrement par le FCK qui remportera la plupart des championnats suivants avec 13 titres sur ses 29 saisons d’existence, dépassant Bröndby au niveau du palmarès. Seule grande satisfaction, une magnifique saison 2005 avec Michael Laudrup sur le banc avec notamment les 3 grands acteurs Daniel Agger, Johan Elmander et Thomas Kahlenberg.

S’en seront suivi 16 ans de disette, avec la domination du FCK et l’émergence du FC Midtjylland, avant que Bröndby ne remporte un nouveau titre de champion du Danemark en début d’année 2021. Un champion avec de la réussite avec 1 point d’avance sur Midtjylland, une belle revanche, après avoir manqué plusieurs fois de peu le titre lors des dernières saisons. Avec notamment un grand duo offensif : Mikael Uhre meilleur buteur du championnat avec 19 buts et le meneur de jeu Jesper Lindstrøm provenant du centre de formation et vendu 7M€ cet été à l’Eintracht Francfort. Un départ qui se ressent particulièrement en ce début de saison pour Bröndby, qui n’a plus la même production offensive et qui après 10 journées n’est que 8e sur 12 avec 2 victoires, 5 nuls et 3 défaites déjà à 13 et 12pts des deux premiers. Et avec la Coupe d’Europe en plus le jeudi soir, le BIF a vraiment du mal à concilier les deux tableaux.

Un passif européen fourni, mais nostalgique

Bröndby a pu avoir au cours de son histoire de belles références européennes avec notamment un quart de finale de Ligue des Champions en 1986-87 éliminé par Porto et un quart de finale de Coupe de l’UEFA 1996-97 éliminé par Tenerife. Mais leur meilleur résultat et d’un club danois de l’histoire européenne reste une demi-finale en Coupe de l’UEFA face à l’AS Roma en 1990-91, où ils ont loupé la finale à 8 minutes de la fin en encaissant le but du 2-1, alors qu’ils étaient qualifiés grâce au but à l’extérieur après le 0-0 à domicile. Le BIF est ensuite devenu le premier club danois à accéder aux groupes de Ligue des Champions en 1998-99, positionné dans un groupe de la mort avec le FC Barcelone, le Bayern Munich et Manchester United. Ils auront terminé bon derniers avec 3pts, mais avec une victoire de prestige 2-1 face au Bayern.

Et depuis lors, cela est bien plus difficile avec seulement une participation en groupe de Coupe UEFA 2005-2006 où ils ont enchainé les tours qualificatifs quasiment chaque saison sans jamais se requalifier. Ce n’est que grâce à leur titre de champion la saison dernière et au bon coefficient du Danemark… grâce au FC Copenhague et au FC Midtjylland, qu’ils ont pu être assurés de retrouver les phases de groupes en démarrant en barrage de Ligue des Champions. Ils n’auront néanmoins pas fait le poids face la jeune équipe du RB Salzbourg bien supérieur et qui aura malgré tout loupé beaucoup d’occasions pour au final s’incliner 4-2 au cumulé (2-1/2-1).

Au cours de leurs épopées européennes, les jaunes et bleus n’ont pas eu l’occasion d’affronter de nombreuses équipes françaises. Seulement 2 clubs, les deux Olympiques. Marseille lors du premier tour Ligue des Champions 1989-90 avec une défaite 4-1 au cumulé (1-1/0-3) puis Lyon au premier tour de la Coupe UEFA 1997-98 avec aussi une élimination, défaite 7-3 au cumulé (2-3/1-4). C’est donc une tout autre double confrontation que s’apprête à vivre Bröndby et l’Olympique Lyonnais dans ces groupes d’Europa League, 24 ans plus tard.

« On va jouer notre jeu, et puis je pense aussi qu’on peut faire quelque chose là-bas. Parfois, c’est juste une occasion qui est nécessaire. » – Mikael Uhre pour Bold.dk

« Il est important de souligner que c’est un match où nous devons sortir et jouer notre chance et pas seulement le voir comme une expérience. C’est super de sortir et de s’essayer contre les grosses équipes, par rapport aux équipes contre lesquelles nous jouons quotidiennement en 3F Superliga. Il y en a ici dans l’équipe qui ont essayé de jouer à l’international plus que d’autres, mais il n’y a personne dans notre équipe qui, en tant que telle, a réussi avec ça. Nous devons donc sortir et le créer pour nous-mêmes. » – Kevin Mensah sur le site du club.

Le XI probable :

Le XI aligné de Bröndby est souvent le même reconduit, que cela soit en championnat ou en Coupe d’Europe, il y a très peu de turnovers dû à un manque de profondeur d’effectif. Pour la confrontation face à Lyon, le club danois devra en plus faire sans son meilleur buteur et finisseur Mikael Uhre qui restait sur un doublé lors de la victoire dimanche dernier 2-1 face à Aalborg et qui n’est pas du déplacement à cause de douleurs. L’avant-centre serbe Andrija Pavlovic sera son remplaçant. On peut cependant voir quelques changements au milieu, avec une alternance de titularisations entre Anis Ben Slimane et Morten Frendrup remplacés par Mathias Greve selon les adversaires et le style de jeu adopté et également le jeune américain Christian Cappis. L’effectif tout comme le XI type est assez jeune, avec une moyenne d’âge d’environ 25 ans et des joueurs qui pour la plupart découvrent ce niveau européen.

« Nous allons jouer d’une manière que nous n’avons jamais faite auparavant. C’est très bien pensé ce que nous voulons faire. Ce ne sera pas une révolution, mais ce sera différent. » – Niels Frederiksen, l’entraineur en conférence d’avant-match.

« Mikael, c’est un joueur important pour nous depuis longtemps, donc bien sûr c’est une perte. Cela signifie que nous ne pouvons pas exécuter les mêmes finitions à partir des mêmes positions que nous l’avons fait. Mais ensuite, vous le considérez comme un entraîneur et regardez où vous pouvez mettre de la vitesse sur le terrain. »

Style de jeu/aspect tactique de Bröndby

Le Bröndby de Niels Frederiksen, ancien sélectionneur du Danemark U21, évolue dans un 3-5-2/5-3-2 avec une priorité donnée à une assise défensive et avec ensuite un jeu principalement de transition d’attaques rapides. Il peut néanmoins s’adapter en plein match en fonction des situations et revenir à une charnière à 2 dans un 4-4-2 avec un milieu en losange. Et avec l’absence de Mikael Uhre, l’entraineur a annoncé hier en conférence de presse qu’il allait adopter un nouveau schéma, on pourrait pourquoi pas imaginer un 5-4-1, avec un seul avant-centre Simon Hedlund et un milieu en plus pour donner encore plus d’impact et une supériorité au milieu.

Après une grande réussite la saison passée à la finition, cette saison cela est encore le cas, mais à un degré moindre, car l’équipe se procure trop peu d’occasions pour suffisamment performer. Depuis le début de saison, malgré son statut de tenant du titre, Brøndby n’a pas réussi à créer plus que ses adversaires avec trop peu de production offensive autre que les deux avants-centres Uhre et Hedlund et leurs appels dans la profondeur.

Réalisation : Vincent Davasse

Les latérales ne contribuent pas assez et le milieu n’est pas assez créatif, il y a trop d’utilisation de longs ballons et d’absence d’un joueur faisant parfaitement le lien entre la défense et l’attaque, ce que faisait très bien Jesper Lindström l’an passé. Leur style fonctionne donc plus sur des adversaires orientés à l’offensive comme cela sera sûrement le cas pour Lyon, où ils voudront se sortir rapidement de la pression adverse en jouant verticalement et rapidement pour contrer. Cela avait bien fonctionné notamment lors de la victoire 2-0 face à Midtjylland le 29 août, leur seul bon résultat depuis le début de saison.

Cela reste une équipe qui défend bien et qui peut être difficilement prenable avec des joueurs physiques qui remportent la plupart de leurs duels et qui taclent le plus du championnat (17 par match dans l’équipe). Cela sera la clé du match pour Bröndby qui pensera d’abord à bien défendre et être bien organisé comme c’était le cas lors du premier match face au Sparta Prague qui s’est terminé sur un score de 0-0.

♥ Le joueur clé : Andreas Maxsö

Le capitaine et taulier de cette défense à 3 centraux du Bröndby IF et clairement leur joueur le plus régulier. Formé au club, il a néanmoins été révélé dans l’excellent club formateur du FC Nordsjaelland qu’il avait rejoint en jeunes à 15 ans, avant une carrière en dehors des frontières à Osmanlispor en D1 Turc, au FC Zürich en D1 Suisse puis un court passage au KFC Uerdingen en D3 Allemande. Mais depuis son retour au club en septembre 2019, il livre de grandes prestations en étant clairement l’un des meilleurs défenseurs du championnat. Il a d’ailleurs été récompensé par un appel en sélection danoise par Hjulmand lors de la dernière trêve même si avec la concurrence au poste il n’a pu avoir du temps de jeu.

Véritable leader sur le terrain dans l’esprit du club, il est actuellement dans ses meilleures années et conditions. Cela a d’ailleurs attiré des clubs étrangers et cet été il a vécu un transfert avorté à Rostov en Russie pour 1,5M€. Tant mieux pour Bröndby qui a grand besoin, de sa rage lui qui est un très bon tacleur et dernier rempart. Il est propre et prend peu de risque pour éviter toutes possibles erreurs n’hésitant pas à dégager loin le ballon si besoin. Il peut néanmoins se faire prendre par la vitesse avec une lenteur qui peut faire défaut selon les positions.

♣ Le joueur à surveiller (pour le match retour…) : Mikael Uhre

Le finisseur de l’équipe, révélé sur le tard à 25 ans comme tel, lui qui n’avait jamais dépassé la barre des 6 buts sur une saison dans l’élite. Il a brillé l’an passé en terminant meilleur buteur du championnat avec 19 buts, aidant grandement son club à aller chercher le titre tant attendu. Il est ainsi devenu le chouchou des supporters du BIF et avait notamment créé une belle complicité avec le meneur de jeu Jesper Lindström qui savait le servir dans les meilleures conditions. Désormais parti, on s’inquiétait de son futur rendement, mais il démarre bien la saison avec 6 buts après 10 journées et devra bien être marqué par les défenseurs Lyonnais pour caser son rendement.

Mikael Uhre est un avant-centre avec un bon physique athlétique, 188cm pour 89kg, qui est souvent utilisé en point d’appui avec un bon jeu aérien et qui pousse souvent les défenseurs à la faute pour défendre sur lui. Il sait également faire de bons appels en profondeurs en situation de contre. Il peut néanmoins être transparent la plupart du match et quand même claquer grâce à son bon réalisme et ses bons appels.

♦ Le joueur qui peut se révéler : Anis Ben Slimane

Le prometteur milieu dano-tunisien a mis du temps à se faire sa place comme titulaire dans l’entre-jeu du Bröndby IF, lui qui était surtout un super-sub lors de la saison du titre. Mais en ce début de saison, il fait bien partie du XI de titulaire grâce à de bonnes prestations et une régularité trouvée pour l’international tunisien aux 11 sélections qui sera à suivre dans la bataille du milieu face à des Lyonnais bien supérieurs sur le papier.

Anis Slimane est un milieu de terrain intérieur gauche combinant physique et technique. C’est un bon récupérateur avec son bon jeu de corps et jeu aérien du haut de son mètre 88, très à l’aise aussi dans les petits espaces. Mais il est également important pour orienter le jeu où il sait être percutant et trouver de bonnes zones notamment verticalement avec son sens du jeu en jouant très souvent rapidement en une ou deux touches.

Une affiche déséquilibrée sur le papier surtout à l’extérieur avec un grand écart de niveau, si l’Olympique Lyonnais joue la rencontre sérieusement, il n’y aura aucun doute sur le résultat final. Néanmoins, avec une tactique qui va être modifiée en l’absence du finisseur de l’équipe, on peut s’attendre à une équipe de Bröndby qui va encore plus batailler au milieu et en étant bien organisé derrière pour ensuite procéder en contre et espérer être réaliste grâce à la vitesse des joueurs devants. A voir si cela pourra être efficace pour déjouer la supériorité sur le papier et la tactique de Bosz pour prendre au moins 1pt !

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