Latéral droit solide et offensif, ses centres précis ont fait le bonheur de ses coéquipiers d’attaque comme Márcio Amoroso, Oliver Bierhoff, Andriy Chevtchenko ou encore George Weah. Si sa carrière s’est principalement déroulée au Danemark et en Italie, Helveg a également évolué en Premier League et en Bundesliga. Un parcours progressif, riche et mouvementé sur la fin.
Une affaire de famille
Thomas Helveg naît au début des 70’s à Odense. Cette grande ville danoise (la troisième du pays), située sur l’île de Fionie, est l’une des plus anciennes du pays. Le nom de Odense provient d’Odins Vé, qui signifie « le sanctuaire d’Odin ». La famille Helveg réside donc dans cette cité, connue aussi grâce à Hans Christian Andersen auteur de conte pour enfants. Et dans cette famille, le sport de prédilection est le football. Le père de Thomas joue en Première Division sous les couleurs du B1913 et connaît même les joies de la sélection nationale avec l’équipe B. Mais ce n’est pas le seul membre de la famille Helveg à jouer au football. L’oncle de Thomas connait une carrière similaire. Et plus tard, son frère aîné Henrik réalise également un parcours honorable notamment en Superliga.
Le jeune Thomas débute donc naturellement le football comme son père, son oncle et son frère. Son premier club se situe dans son quartier à Odense. Il s’agit du Skt Klemens Fangel IF. Par la suite, le jeune garçon rejoint une autre équipe de la banlieue de Odense : le Dalum IF. Rapidement, ses talents de footballeur attire l’attention du plus grand club de la ville. Encore junior, il signe avec le Odense Boldklub. Thomas se distingue avec le titre de champion danois junior. Le coach de l’équipe première Roald Poulsen le convoque pour participer aux entraînements avec les pros. Et à la fin de la saison 1989, Poulsen l’appelle pour substituer Moseby (suspendu) et Nedergaard (blessé). Sans pression, Helveg répond présent, joue ses deux premiers matchs professionnels, signe un but et décroche le titre de champion du Danemark.
« J’ai rejoint l’équipe lors des deux derniers matchs de la phase finale et j’ai marqué l’un des buts à l’avant-dernière journée. Le titre est arrivé après une victoire 2-0 sur AGF. C’était grand et fort, vous ne pouvez jamais oublier » – Thomas Helveg
La saison suivante, il s’installe progressivement dans le XI titulaire. Son temps de jeu augmente, il découvre l’Europe en se frottant au grand Real Madrid (1-4 / 6-0). Son palmarès s’étoffe en 1991 avec le succès en Coupe nationale obtenue face à Aalborg (0-0 / 3-4 tab). OB et Thomas réédite cette belle performance deux ans plus tard contre le même adversaire mais cette fois, pas de besoin d’attendre les tirs au but pour soulever le trophée. Lors de la saison 1993/94, OB dispute donc la Coupe des Vainqueurs de Coupe. Et le club danois hérite du club londonien de Arsenal. Le technicien de Odense charge Helveg de s’occuper du marquage de l’attaquant international anglais Ian Wright. Et si le défenseur s’en sort avec les honneurs, les Gunners se qualifient tout de même pour le tour suivant (1-2 / 1-1). Ses bonnes prestations dépassent les frontières et un départ à l’étranger devient vite une évidence.
La Dolce Vita en Italie
Après cinq saisons, Helveg quitte son club formateur pour rejoindre l’Udinese. Au Frioul, il rejoint une équipe à la lutte pour le maintien. Mais Thomas s’adapte bien à sa nouvelle vie. Avec vingt-deux apparitions et deux buts à son actif, son bilan personnel est plutôt positif. D’ailleurs, il remporte le prix du footballeur danois de l’année 1994 succédant à Peter Schmeichel. Collectivement, c’est un combat trop difficile pour les Zebrette. L’équipe est reléguée en Serie B. En dépit de cette descente, l’effectif reste compétitif avec Valerio Bertotto, Alessandro Calori, Stefano Desideri, Paolo Poggi ou Andrea Carnevale. Et le club du Nord-Est de la péninsule ne demeure pas longtemps dans l’antichambre de l’élite. Au bout d’une saison bien maîtrisée, couronnée par une seconde place au classement général juste derrière Piacenza, l’Udinese monte dans l’ascenseur et retrouve la Serie A. Giampaolo Pozzo décide de confier l’équipe à Alberto Zaccheroni. Sous la direction du technicien Romagnol, l’Udinese va obtenir son maintien avec brio. L’arrivée dans le Frioul de Oliver Bierhoff va dynamiser l’attaque des Bianconeri.
Lors de la saison suivante, le Zac’ réussit l’exploit à hisser son équipe dans le top 5 national (5ème) avec à la clé une qualification historique pour l’Europe. Cette performance tient à la tactique très offensive concoctée par l’entraîneur italien. Afin de pouvoir aligner tous ses éléments de l’attaque, il met au point un système tactique organisé en 3-4-3 où le bomber Allemand (Bierhoff), l’attaquant Italien (Poggi) et le buteur Auriverde (Márcio Amoroso) occupent le front de l’attaque. Sans surprise, l’Udinese termine à la troisième place des meilleures attaques devant beaucoup de ténors transalpins. Cette tactique permet de voir les talents offensifs des joueurs de couloirs, dont Thomas Helveg, qui aliment en centres de qualité le grand N°9 mais également les aptitudes défensives puisque les latéraux ont un rôle de piston et doivent aussi revenir soutenir la défense. L’endurance, le physique et la technique sont indispensables pour occuper ce rôle.
« Le saut a été énorme. D’abord parce qu’en Italie, il n’était pas permis d’avoir autant d’étrangers sur le terrain. À l’Udinese, j’ai disputé la position avec deux Polonais (Koźmiński et Adamczuk) et ce fut un combat entre nous. Mais c’était une nouvelle réalité. Être dans le championnat le plus important du monde n’a pas été un choix facile pour moi mais j’ai eu la chance de trouver ma place dans l’équipe. J’ai fait un an en Serie B et nous sommes montés. Cela m’a fait grandir en tant qu’homme et en tant que joueur. » – Thomas Helveg
En 1997, avec l’arrêt Bosman, le recrutement de l’Udinese s’internationalise davantage. La cellule spécialisée dans les transferts prospectent aux quatre coins de la planète. Un autre Scandinave (Martin Jørgensen) rejoint le Frioul mais également des Argentins, des Belges, des Ghanéens et un Marocain débarquent. L’objectif est de repérer le plus tôt possible des jeunes talents pour les faire éclore à Udine et les revendre ensuite plus cher aux grands clubs italiens et européens. Et Thomas Helveg n’échappe pas à cette règle. Auteur d’une grande saison, comme ses coéquipiers, avec une troisième place historique pour l’Udinese (meilleur classement du club), le Danois voit affluer les propositions de grandes équipes transalpines. Après réflexion, il décide de s’engager en faveur du Milan où il retrouve son ancien coach Alberto Zaccheroni et son partenaire Oliver Bierhoff. A l’époque, son transfert estimé à 8,5M€ est le plus élevé pour un joueur Danois. C’est aussi une superbe opération pour l’Udinese avec une très belle plus-value à l’arrivée.
L’apogée au Milan
Après deux saisons peu enthousiasmantes (11ème et 10 ème) sans Coupe d’Europe, le Milan veut redorer son blason. A l’intersaison, l’effectif connaît un sérieux remodelage. Les départs de glorieux anciens sont importants (Desailly, Kluivert, Savićević …) et les arrivées sont moins clinquantes (Abbiati, Ambrosini, Ayala, Coco, N’Gotty …). Très apprécié par son entraîneur, Helveg est le choix N°1 pour le poste de latéral droit. Solide et offensif, avec son mètre quatre-vingt deux, il propose des prestations de qualité et s’impose immédiatement dans le XI titulaire. Le Milan n’est pas parmi les favoris. Cependant, il reste un outsider sur lequel il faut toujours compter. Le début du championnat est mouvementé mais encourageant. Pour la première fois depuis plusieurs saisons, l’objectif initial n’est pas de remporter le titre. Berlusconi veut retrouver l’Europe et en priorité la Champion’s League.
En dépit de la domination florentine de l’équipe dirigée par Trapattoni, le Milan s’accroche dans le wagon de tête. Et même si plusieurs résultats dont une sévère défaite contre Parme (4-0) viennent refroidir l’ardeur des tifosi, l’équipe reste en embuscade. A la mi-championnat, Zaccheroni revoit sa copie et abandonne son traditionnel 3-4-3 pour un 3-4-1-2 plus solide dans l’entrejeu avec la présence de Ambrosini et avec un Boban aligné en soutien des deux pointes (Bierhoff et Weah). Le départ précoce de Lehmann, et la lourde suspension de Rossi, l’oblige à titulariser Abbiati dans les buts. Arrivé au mercato hivernal, Guglielminpietro supplante Ziege. Le résultat va même aller au delà des espérances. L’effondrement de la Fiorentina, amputée de Batigol (blessé pendant un mois et demi) et de Edmundo (parti au Carnaval de Rio pendant trois semaines), va permettre au Milan de refaire son retard et de doubler la Viola dans le money time. Avec ce nouveau Scudetto remporté en fin de saison, le cinquième de la décennie 90, les Rossoneri obtiennent un titre de champion surprise.
« Je me souviens de mon premier jour à Milan. Je suis arrivé à Milanello et j’ai tout de suite rencontré Paolo Maldini. Nous ne nous étions jamais rencontrés auparavant, mais il m’a serré la main et m’a dit : « Bienvenue ! Vous voulez un café ou autre chose ? Voici le bar. » Je me suis alors senti à l’aise. » – Thomas Helveg
Pendant les deux saisons suivantes, Thomas Helveg reste un élément clé de la défense de Zaccheroni. Son temps de jeu est conséquent avec près de trente matchs par saison. Cependant, tout va changer suite au départ du coach Italien après une saison 2000/01 moins réussie que les précédentes (6ème). Le Zac’ est remplacé par Fatih Terim, lui-même rapidement évincé et substitué par Carlo Ancelotti. L’arrivée de l’ancien milieu de terrain sur le banc n’est pas une bonne chose pour le Danois qui devient un second choix dans la hiérarchie. Mais les résultats sont au rendez-vous pour Carletto. Après une quatrième place, synonyme de Champion’s League, le manager transalpin parvient à améliorer le classement général grâce à une troisième position au classement. Mais surtout, il ramène la Coupe aux grandes oreilles à Milan après le succès obtenu à Old Trafford contre la Juventus (0-0 / 2-3 tab). Il s’agit du sixième sacre européen pour le club, une première depuis 1994. Ancelotti en profite pour entrer dans le cercle fermé des lauréats du trophée en tant que joueur et entraîneur. Il est le sixième de cette liste prestigieuse où se trouvent Miguel Muñoz, Giovanni Trapattoni, Johan Cruyff, Frank Rijkaard, Josep Guardiola et Zinédine Zidane.
Une fin de carrière itinérante
En 2003, il file chez le rival milanais de l’Inter et retrouve à nouveau … Alberto Zaccheroni nommé en cours de saison en remplacement de Héctor Cúper. En fait, le transfert était déjà acté depuis novembre 2000. Ce mouvement n’a rien de surprenant en Italie. Le Danois a été échangé avec Cyril Domoraud et prêté dans la foulée pour une durée de trois ans et demi à Milan. Le tout pour une somme dérisoire. Thomas endosse enfin les couleurs nerazzurri où il retrouve son niveau. Il dispuste vingt-deux matchs de Serie A et même six rencontres européennes de Champion’s League. Au cours de cette dernière année italienne, barré par l’indéboulonnable capitaine intériste Javier Zanetti, il est utilisé dans la rotation mais également au poste de latéral gauche. A la fin de l’année, Helveg quitte l’Italie après onze ans passées dans la péninsule.
Âgé de trente-trois ans, et libre de tout contrat, il rebondit avec le promu en Premier League Norwich City. Dans le Norfolk, le Danois vient pour apporter de l’expérience à un effectif novice à ce niveau. Mais très vite, le Scandinave ne parvient pas à démonter sa stature d’international. Dépassé, il sort du XI et connait ensuite une longue blessure. De retour dans l’effectif en janvier 2005, Nigel Worthington le réintroduit dans l’équipe type mais cette fois au poste de milieu axial. Sa grande polyvalence est un atout pour son équipe. La saison se termine ainsi, elle est décevante pour les Canaries. Et il n’y a pas de miracle pour le promu qui retrouve illico presto le Championship. Helveg quitte Norwich sans avoir montrer son vrai visage.
« Après avoir passé de nombreuses années en Italie, c’est une grande opportunité de venir en Angleterre. J’ai choisi le bon club. Il y a une super ambiance et j’ai eu l’impression de rentrer à la maison. » – Thomas Helveg
Le latéral droit trouve une opportunité de découvrir un nouveau championnat en signant avec le Borussia Mönchengladbach comme ses compatriotes Allan Simonsen ou Patrik Andersson avant lui. Mais après seulement quatre matchs, une très grave blessure au tendon d’Achille interrompt sa saison. De retour à la compétition, Thomas joue peu (15 matchs en deux ans) et au terme de son contrat, il rentre au pays pour retrouver son club de coeur : Odense. Là-bas, Helveg peut continuer à pratiquer le football avec la perspective de sa reconversion déjà évoquée et un poste de dirigeant à la clé quand la retraite aura sonné. En attendant, il garnit son palmarès d’une nouvelle coupe nationale (2007) et manque de peu le titre de champion (2009 et 2010).
Le 4 décembre 2010, au seuil de ses quarante ans, il dispute son dernier match avec le maillot De Stribede sur les épaules. Dès janvier 2011, il entame sa reconversion. Dans un premier temps, Thomas endosse le costume d’entraîneur adjoint. Il a même fait l’intérim comme coach principal pendant quelques semaines au printemps suivant. A l’été 2011, et jusqu’en 2013, il reprend son rôle d’assistant de Troels Bach. Mais Helveg décide d’interrompre son contrat pour se recentrer sur d’autres projets. Depuis 2015, il fait partie du conseil d’administration du club de Roskilde FC. En 2018, il se rapproche des terrains et devient l’un des adjoints pour l’équipe nationale danoise.
Avec l’équipe nationale
Thomas débute sa carrière internationale par la sélection olympique. En 1992, il participe au JO organisé à Barcelone. L’expérience n’est pas une réussite avec une dernière place du groupe D (Mexique, Ghana et Australie) avec deux nuls et une défaite au compteur. Helveg doit attendre encore deux ans pour faire son apparition avec l’équipe A. Il connait sa première cape contre la Hongrie (3-1) appelé par Richard Møller Nielsen. Sa prestation est saluée par la presse. Ses bonnes performances à Udine lui valent sa place de titulaire pour les qualifs à l’Euro 1996. Rapidement, le Danois devient un pilier de la sélection. Le latéral droit inscrit son premier but international contre le Ghana juste avant le début du Tournoi européen pour lequel Thomas est naturellement sélectionné. En Angleterre, il dispute sa première grande compétition internationale. Titulaire lors des matchs de la phase de groupe où se trouvent la Croatie, le Portugal et la Turquie, Helveg ne peut empêcher l’élimination de son pays.
Le changement de sélectionneur ne nuit pas à la carrière internationale de Thomas. Bo Johansson continue de s’appuyer sur le latéral droit pour les qualifications à la Coupe du Monde 1998. Encore une fois, le Danemark atteint la phase finale du Tournoi. Dans le groupe C avec la France, l’Afsud et l’Arabie Saoudite, les De rød-hvide se hissent jusqu’en huitièmes de finale. Leur adversaire est le Nigéria. Helveg se signale en inscrivant le quatrième but de la victoire (4-1) sur les Super Eagles. Mais l’aventure française se termine face au futur finaliste Brésilien en dépit de la superbe prestation de Michael et Brian Laudrup. Les deux compétitions suivantes se ressemblent pour Thomas. Que ce soit à l’Euro 2000 ou à la Coupe du Monde 2002, deux blessures nuisent au rendement du Milanais. En Asie, après avoir disputé les trois matchs de groupe, il doit quitter le terrain dès la 7′ contre l’Angleterre.
« L’équipe nationale a été une grande partie de ma vie au cours des 14 dernières années, donc c’est évidemment une décision difficile pour moi, à laquelle j’ai beaucoup réfléchi. » – Thomas Helveg sur sa décision de prendre sa retraite internationale.
Encore une fois, Thomas est retenu pour l’Euro 2004 même si ses belles années sont à présent derrière lui. Titulaire à chaque match, le parcours du Danemark s’interrompt face à la République Tchèque en quarts de finale par une lourde défaite (3-0). Suite à la retraite de René Henriksen, Helveg hérite du capitanat. Il participe encore aux campagnes qualificatives pour le Mondial 2006 et, en partie, pour l’Euro 2008. Cependant, son âge et ses multiples blessures sont un handicap pour le nouveau sélectionneur Morten Olsen qui ne fait plus appel à lui à partir de octobre 2010. Le vétéran de la défense dispute son dernier match international face à la Lettonie. Il part sur une victoire (3-1) avec 108 capes au compteur, soit le quatrième meilleur total du Danemark derrière Schmeichel, Rommedahl et Jon Dahl Tomasson.
Statistiques :
1989-1994 – Odense Boldklub : 103 matchs, 4 buts
1994-1987 – Udinese : 141 matchs, 6 buts
1998-2003 – AC Milano : 105 matchs
2003-2004 – FC Internazionale Milano : 23 matchs
2004-2005 – Norwich City : 20 matchs
2005-2007 – Borussia Mönchengladbach : 27 matchs, 3 buts
2007-2010 – Odense Boldklub : 27 matchs, 3 buts
1994-2007 – Danemark : 108 sélections, 2 buts
Palmarès :
Danemark :
1 SuperLiga : 1989
3 Coupe : 1991, 1993 et 2007
Italie :
1 Serie A : 1999
1 Coppa : 2003
1 Coupe des Champions : 2003
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