Dernier représentant de la Suède pour la rubrique rétro, ce solide défenseur axial a été l’un des piliers de la sélection pendant plus d’une décennie. Auteur d’une carrière riche et diverse, il s’est aujourd’hui reconverti au poste de technicien. Retour sur le parcours de Olof Mellberg.

Premiers pas

Début septembre 1977, le petit Erik Olof Mellberg voit le jour à Gullspång. Cette petite localité est coincée entre le plus grand lac de Suède : le Värnen et un autre plus modeste : le Skagern. Ses parents Berit et Erik exercent le métier de professeur d’éducation physique et lui transmettent rapidement leur goût pour le sport et l’effort Avant de débuter la pratique du football, Olof se débrouille plutôt bien avec une raquette entre les mains. Son niveau est excellent, et à l’instar de Björn Borg, il rêve plus de Wimbledon que de Wembley. Cependant, comme beaucoup d’enfants, il multiplie les activités sportives et tape également dans un ballon. A l’âge de 14 ans, Mellberg range définitivement sa raquette pour se consacrer exclusivement au football. Il rejoint Gullspångs IF, petit club local pendant deux ans avant de séduire le club du Degerfors IF. L’option est très intéressante pour lui. L’équipe évolue en première division suédoise et ce n’est qu’à seulement quarante kilomètres de sa ville natale.

Robuste et fort dans les airs avec ses cent quatre-vingt neuf centimètres et ses quatre-vingt autre kilos, Olof est rapidement considéré comme une grande promesse à son poste de défenseur central. Aligné en équipe première, il fait ses premières armes en Allsvenkan obtenant un temps de jeu conséquent pour un débutant. Si son club évite la relégation au terme de sa première saison, Degerfors est malheureusement dans la charrette à l’issue de l’édition 1997. Mais Mellberg ne s’éternise pas en deuxième division et file dans la capitale. A Stockholm, il endosse le maillot de l’AIK. A seulement 21 ans, le jeune défenseur axial fait forte impression avec son nouveau club. Champion de Suède quelques mois plus tard, le Racing Santander saute sur l’occasion de recruter l’un des grands espoirs européens à ce poste.

« L’AIK est l’un des meilleurs clubs de Allsvenskan. Je pense que je peux plus progresser que dans n’importe quel autre club. » Olof Mellberg

L’adaptation est difficile pour le Scandinave. Bien que Santander se trouve au nord de l’Espagne, le choc culturel est intense pour le jeune homme. En dépit de cette période de transition, Mellberg gagne vite ses galons de titulaire et impressionne la Liga. Au terme de sa première saison, los Racinguistas obtiennent le maintien (15ème). Titulaire indiscutable dans l’axe de la défense, le Suédois participe encore à deux autres éditions du championnat espagnol malgré des rumeurs de départ vers les grands d’Espagne (Barcelone et Valence). Le spectre de la descente plane au-dessus du club de Cantabrie et après la troisième année pour Olof, les Verdiblancos chutent à l’étage inférieur avec Oviedo et Numancia. Comme quatre ans auparavant avec Degerfors, il évite la seconde division grâce à un transfert. Cette fois, direction l’Angleterre, Birmingham et Aston Villa.

Aston Villa

En Grande-Bretagne, Mellberg trouve un environnement plus proche de sa Suède natale. Avec son intensité physique et ses duels aériens, la Premier League semble faite pour lui. Dans son nouveau club, il retrouve une autre Légende nordique. Les buts des Villans sont gardés par l’immense Peter Schmeichel. Associé à l’Irlandais Steve Staunton dans l’axe de la défense, le Suédois impose sa grande stature aux attaquants adverses. Si la vitesse n’est pas son point fort, il compense par un timing parfait, un sens de placement impeccable et un engagement physique intense. Huitième au terme d’une première saison plus difficile que le classement le laisse voir (changement d’entraîneur, éliminations précoces des coupes nationales et face à Varteks en UEFA), la nomination de Graham Taylor n’apporte pas les résultats escomptés. L’équipe flirte même avec la relégation en Championship (16 ème) et termine seulement avec trois points d’avance sur West Ham. Doug Ellis vire Taylor et confie la direction du club à David O’Leary. Sous son management, Olof devient un élément essentiel de l’équipe. L’ancien coach de Leeds United mène ses troupes jusqu’en demi-finale de League Cup (défaite contre Bolton) et à une étonnante sixième position en championnat.

Crédit photo : Twitter Aston Villa.

L’année suivante, les coéquipiers de Juan Pablo Ángel et Norberto Solano glissent dans le ventre mou du classement avec une dixième place moyenne et sortent rapidement des coupes nationales. Le règne de David O’Leary touche à sa fin au terme de la saison 2005/06. Incapable de ramener son groupe dans la première moitié du tableau et de retrouver sa période de grâce connue dans le Lancashire, l’Irlandais quitte le club par consentement mutuel après avoir assuré le maintien (16ème). Quelques mois plus tard, le mythique président et actionnaire majoritaire Doug Ellis vend le club pour raison de santé. Sa présidence aura duré 23 ans. Après de nombreuses spéculations, le club annonce son rachat par l’homme d’affaires américain Randy Lerner, propriétaire de la franchise NFL des Browns de Cleveland. L’arrivée d’un nouveau propriétaire s’accompagne également d’un nouveau manager. Auréolé après son passage victorieux au Celtic, Martin O’Neill est accueilli avec enthousiasme par les fans.

« Olof Mellberg était toujours très concentré sur tout ce qu’il faisait, et il ne manquait jamais un match. C’est un Suédois typique – très têtu et méticuleux dans tout ce qu’il fait. On savait qu’on pouvait toujours compter sur lui. »  John Gregory, ancien joueur et manager de Villa

L’arrivée du Nord-Irlandais aux commandes ne change pas la hiérarchie des axiaux et Mellberg conserve sa place de titulaire. L’équipe débute par une belle série d’invincibilité avant de connaître un gros trou d’air entre fin novembre et mi-janvier. Villa redresse la barre pour grimper jusqu’au milieu du tableau (11ème) suite à une nouvelle période sans défaite. A l’intersaison, O’Neill apporte des améliorations à son effectif. Avec l’arrivée de Zat Knight, Olof glisse sur le côté droit de la défense pour laisser l’axe central à l’Américain et à Martin Laursen. L’apport offensif indéniable de John Carew est un élément important du bon classement final (6ème) de l’équipe des Midlands. Lors du mercato hivernal, le Suédois annonce sa future signature à la Juventus pour la saison 2008/09. Pour son dernier match à Villa Park contre Wigan, la rencontre est baptisée « Olof Mellberg day » en remerciement de son dévouement pour le club. Il dispute son dernier match avec le maillot des Villans contre West Ham United à Upton Park. Pour l’occasion, il dépense environ 40 000 £ pour acheter 3 100 maillots à son nom, son numéro et la mention « Thanks 4 Your Support » (le 4 était son numéro de maillot). Ces maillots sont ensuite remis en guise de remerciement à chaque fan de Villa présent à Upton Park.

Crédit photo : Birmingham Mail.

Derniers contrats

Après un septennat en Angleterre, Olof débarque dans une top team européenne. A Turin, le Scandinave arrive dans une nouvelle dimension. Et même si la Vecchia Signora est encore en reconstruction deux ans après le Calciopoli et la descente en Serie B, la Juventus reste un ténor du Calcio. Quand il arrive dans la Péninsule, les Piémontais viennent de retrouver la Serie A l’année précédente et sont déjà qualifiés pour la Champion’s League. Pas mal pour un promu. Grâce à cette qualif’, le Suédois découvre (enfin) la prestigieuse compétition continentale. Malgré un groupe compliqué (BATE Borisov, Real Madrid et Zenit St Petersbourg) les Bianconeri assurent la première place grâce à un double succès éclatant contre les Merengues (2-1 à Turin et 0-2 à Madrid) et un merveilleux Del Piero. Mais l’obstacle Chelsea en huitième est encore trop élevé pour l’équipe de Ranieiri (1-0 / 2-2). En Serie A, les coéquipiers de Pavel Nedvěd finissent dauphin du leader intériste (dix points de retard) et assurent une nouvelle présence en Champion’s League.

L’aventure italienne se termine là pour Olof. Le bilan n’est ni bon ni mauvais et l’opportunité de rejoindre la Grèce lui permet également de disputer l’Europe. Son séjour hellène dure trois saisons. Avec l’Olympiakos, il enrichit son palmarès de deux titres de champion de Grèce. En dépit d’un effectif pléthorique, le Scandinave tire son épingle du jeu. Ses prestations sont régulières, convaincantes et saluées par la critique et les fans. Malgré l’instabilité à la tête du club avec le changement de plusieurs dirigeants, il a toujours donné satisfaction. Son tempérament de gagneur, sa constance, son grand professionnalisme et son expérience sont des atouts précieux pour l’Olympiakos. D’ailleurs, quand les Erythrólefkoi connaissent des turbulences au classement, Mellberg n’a jamais souffert de la vindicte populaire. Au bout de trois saisons, il ne souhaite pas prolonger son contrat et recherche un nouveau défi.

Crédit photo : Sport-fm.gr

Plus d’une décennie après son départ de Santander, Olof retrouve l’Espagne. A 35 ans, il s’engage pour une saison avec Villarreal. Le club de la périphérie de Valence évolue alors en Segunda Division. Le vétéran de la défense partage l’axe avec le jeune et prometteur Argentin Mateo Musacchio. Lors de cette saison, il retrouve son ancien stade El Sardinero et signe deux succès (0-3 / 1-0) face à ses anciennes couleurs. A l’instar de son défenseur Suédois, le Submarino Amarillo réalise un superbe deuxième moitié de saison avec une seule défaite en vingt matchs et valide son ticket pour la Liga un an après leur descente.

« Ça a été une bonne année, tant sur le plan personnel que sur le terrain. Nous avons atteint notre objectif et je suis fier d’avoir aidé l’équipe à revenir en Liga. »  Olof Mellberg

Non conservé à l’issue de sa seconde expérience ibérique, Mellberg retrouve le Grand Nord. Mais il ne retourne pas au pays. Juste un peu plus au sud, au Danemark. En juillet 2013, Olof s’engage avec le FC Copenhague pour un contrat de deux ans. Avec le champion danois, il retrouve son ancien club lors de la phase de groupe de Champion’s League et se rappelle au bon souvenir de son ex-employeur. Face à la Juve, il signe le fameux Gol dell’Ex (synonyme d’égalisation). Pourtant, ce but n’empêche pas la défaite du FCK (3-1). Si le classement final (2nd) est flatteur pour Copenhague, la saison n’a pas été un long fleuve tranquille avec le limogeage de Ariël Jacobs remplacé par Ståle Solbakken alors que le club était 11ème. Fin juin, il rompt son contrat avec les Løverne et quelques jours plus tard, Olof Mellberg raccroche définitivement ses crampons.

Avec l’équipe nationale

La carrière internationale de Mellberg débute en 1996 par les U21. Trois ans plus tard, il est prêt pour endosser le maillot Blågult avec l’équipe A. Le duo Söderberg & Lagerbäck lui offre son baptême du feu contre l’Italie à Palerme. Peu après son intronisation dans le groupe, il est dans la liste des convoqués pour l’Euro 2000. Une première compétition internationale délicate avec une élimination précoce dès la phase de groupe. Bien installé au sein de la sélection, sa présence devient incontournable lors des prochaines échéances de la Suède. Ainsi, il est à nouveau de la partie pour la Coupe du Monde 2002. Peu avant le début de la compétition, un incident provoqué par un tacle trop appuyé sur Freddie Ljungberg amène une bagarre entre les deux hommes et le début d’une profonde inimitié. En Corée du Sud et au Japon, la Suède tombe en huitième de finale face au Sénégal (1-2 beo).

Les Blågult atteignent encore la phase finale de l’Euro 2004 organisé au Portugal. Durant la phase de qualif, Mellberg hérite du capitanat. Mais leur parcours s’arrête en quart contre les Pays-Bas (0-0 / 5-4). Lors de cette rencontre, son tir au but est détourné par Edwin van der Sar. C’est le seul échec pour sa sélection. Après une nouvelle campagne réussie, l’équipe nationale débarque au Mondial 2006 en Allemagne. Une nouvelle altercation avec Ljungberg, suite au nul peu flatteur obtenu contre Trinité et Tobago, fuite dans les médias. L’ambiance n’est pas optimale et la Suède tombe face au pays organisateur en huitième de finale (2-0).

Olof Mellberg capitaine de la sélection lors de la Coupe du Monde 2006. Crédit photo : Ricardo Alvarez.

Après la compétition, il renonce au capitanat et … Ljungberg hérite du brassard. Au tout début des qualifs pour l’Euro 2008, Olof, Zlatan Ibrahimović et Christian Wilhelmsson sont renvoyés chez eux par Lars Lagerbäck pour avoir enfreint le couvre-feu de 23 heures avant le match contre le Liechtenstein.

« C’est le meilleur défenseur suédois de tous les temps. » Zlatan Ibrahimović

La punition ne dure pas longtemps, les joueurs fautifs sont de retour pour le rassemblement suivant. La Suède en profite pour battre l’Espagne (2-0). A l’Euro 2008, la sélection nordique ne brille pas vraiment avec une élimination dès le premier tour. Et ça ne s’arrange pas dans les années suivantes avec l’absence des Scandinaves pour le premier Mondial organisé en Afrique. Pourtant, Mellberg se distingue avec notamment un doublé face à l’Albanie (4-1) et un but en Hongrie (1-2). Le défenseur central dispute un dernier tournoi international en Pologne et en Ukraine pour l’Euro 2012. Le bilan est encore insuffisant avec deux défaites pour une victoire. Olof inscrit son dernier but international contre l’Angleterre et bloque son compteur à 117 sélections pour 8 réalisations, principalement marquées de la tête.

Reconversion

Après un break d’un an et demi, l’ancien défenseur international est nommé en novembre 2015 manager de l’IF Brommapojkarna. Mellberg prend la direction de l’équipe de la banlieue de Stockholm suite à la relégation de BP en Division 1, le troisième échelon national suédois. Pendant sa direction, Brommapojkarna remporte le titre et accède à la Superretan. En deuxième division, les joueurs de Mellberg continuent sur leur bonne dynamique. A cette occasion, il recroise la route de son premier club pro : Degerfors IF. Comme la saison précédente, son équipe s’adjuge la couronne de champion et retrouve la Allsvenskan après quatre ans d’absence. Suite à ce double succès, Olof décide de ne pas renouveler son contrat et quitte donc Brommapojkarna à l’issue de la saison.

« Olof fait une bonne carrière en ce moment. Il a bien réussi en tant que manager à Stockholm, maintenant il est à Helsingborg. Il est très sérieux dans son football. »  Martin Laursen, son ancien coéquipier à Villa

Sans poste, il rencontre une période de chômage avant de retrouver un job dans la capitale du Danemark avec le BK Fremad Amager qui évolue en seconde division. A Copenhague, son ancien assistant Azrudin Valentić à Brommapojkarna le rejoint. Du coup, la structure sportive du club change. Mellberg prend le poste de manager et Valentić entraîneur de l’équipe première. Mais seulement deux mois après son arrivée, l’opportunité de retourner coacher en Suède se présente à Olof. Le jour de son quarante-deuxième anniversaire, il succède à son ancien coéquipier en équipe nationale Henrik Larsson sur le banc du Helsinborgs IF. Quand il prend ses fonctions, l’équipe lutte pour son maintien. Son objectif est clair. Il doit redresser et améliorer la situation. Un pari réussi avec une dixième position au classement général.

Statistiques :

1996-1997 – Degerfors IF : 47 matchs

1997-1998 – AIK : 17 matchs

1998-2001 – Racing Santander : 98 matchs

2001-2008 – Aston Villa : 232 matchs, 8 buts

2008-2009 – Juventus FC : 27 matchs, 2 buts

2009-2012 – Olympiakos FC : 71 matchs, 7 buts

2012-2013 – Villarreal CF : 29 matchs, 2 buts

2013-2014 – FC Copenhague : 22 matchs, 3 buts

2000-2012 – Suède : 117 sélections, 8 buts

Palmarès :

Angleterre :

1 Coupe Intertoto : 2001

Grèce :

2 Superleague : 2011, 2012

1 Coupe : 2012

Suède :

1 Allsvenskan : 1998

1 Guldbollen : 2003

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