Solide défenseur dans les duels mais également propre dans la relance, Patrik Andersson a trop souvent été trahi par son physique. Surtout dans la seconde partie de sa carrière, au moment où il portait les couleurs de très grandes équipes européennes. Mais ce joueur athlétique a quand même connu un beau parcours poursuivant l’héritage familial initié par son père, Roy.

Originaire du sud de la Suède, d’une ville côtière peu éloignée de Malmö, Patrik y a commencé son aventure footballistique. Son père ne voulait pas le voir rejoindre le grand club régional : le Malmö FF avant de voir son fils jouer avec l’équipe première. De 1979 à 1988, il fait sa formation avec le club de Bjärred IF et y gagne son surnom : « Bjarred ».

Une affaire de famille

Patrik voit le jour à Borgeby, un bourg de la localité de Bjärred où trône un magnifique château viking. La famille Andersson baigne dans le football. En effet, Roy est défenseur international suédois. Il évolue avec Malmö FF depuis 1968 et ne connait qu’un seul club jusqu’à sa retraite sportive en 1983. Au cours de sa carrière, Roy remporte le prestigieux prix Guldbollen (ballon d’or suédois) en 1977 et dispute la Coupe du Monde 1978 en Argentine. Quand Patrik commence la pratique du football, son père est encore en activité. Coïncidence ou pas, le jeune garçon se fixe au même poste que son paternel au sein de la défense centrale. Papa Andersson a un second fiston, Daniel. Le jeune frère de Patrik naît en 1977. Comme papa, il porte le maillot Himmelsblått de Malmö et aussi celui de la sélection nationale. D’ailleurs, tous les trois sont parmi les joueurs les plus performants de Di blåe.

« Patrik et Daniel ont passé du temps avec moi pendant de nombreuses séances d’entraînement. Ils ont donc dû profiter de cet environnement pendant leurs jeunes années. Mais je ne les ai pas poussés à jouer au football, c’est venu tout seul. » – Roy Andersson

Mais revenons à Patrik. A l’âge de 17 ans, il intègre finalement l’ancienne équipe de son père. Nous sommes en 1988 et seulement un an plus tard, Roy Hodgson le fait débuter en équipe première. Mais le jeune garçon n’est pas encore un membre à part entière. Il alterne les passages entre la formation professionnelle et l’équipe junior. D’ailleurs, Patrik atteint la finale du championnat de Suède avec les jeunes de Malmö. Comme Søren Lerby avec le Danemark et le Bayern en 1985, Andersson participe à deux matchs le même jour. Le premier en Allsvenkan contre l’AIK. Et ensuite, un second avec les juniors lors de la finale aller, gagnée 2-0 contre l’IF Brommapojkarna. Un exploit resté lettre morte. Au retour, dans un rencontre disputée sans lui, Brommapojkarna s’impose finalement et obtient le titre.

Fraîchement nommé à la tête de Malmö, Bob Houghton intronise Andersson comme titulaire régulier. La polyvalence du jeune homme l’amène à évoluer en défense centrale ou au poste de milieu défensif. Cependant, l’apogée du club dans les années 70/80 touche à sa fin et Patrik n’obtient pas mieux qu’une troisième place au classement. Pourtant, l’équipe compte dans ses rangs de bons joueurs comme Martin Dahlin. Si Malmö ne brille pas trop sur la scène nationale, Patrik s’illustre avec une excellente saison 1992. Il marque même sept buts. Un très beau total pour un élément défensif. Et après quatre saisons avec les Himmelsblått, Patrik Andersson franchit le pas et s’envole vers l’Angleterre. Les Blackburn Rovers payent 800 000£ pour s’assurer les services de ce jeune défenseur athlétique et prometteur.

Départ à l’étranger

Nous sommes en décembre 1992. Depuis quelques mois, la First Division a fait peau neuve. L’ère de la Premier League vient de débuter. Si la présence d’étrangers est désormais très importante dans le championnat anglais, ce n’est pas le cas au début des années 90. Le Suédois est même l’un des premiers non britanniques à faire son apparition lors de la première saison de la nouvelle Premier League. C’est également l’un des premiers étrangers à signer avec les Rovers. Cependant, l’aventure anglaise n’est pas brillante. Blackburn dépense sans compter pour renforcer son équipe. L’effectif est fourni. La concurrence est rude. Et l’arrivée de Henning Berg en janvier 1993 ne va pas faire les affaires de Andersson. Principalement utilisé au milieu par Kenny Dalglish, il ne se montre pas à son avantage. Son temps de jeu s’en ressent avec seulement douze apparitions pour un but contre Sheffield Wednesday en League Cup.

« C’est de l’acier 100% suédois ! » – Bernd Rauss

Après seulement un an, le Scandinave quitte l’Angleterre pour l’Allemagne. Malgré son échec, il ne se laisse pas abattre et rebondit au Borussia Mönchengladbach. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, il retrouve son ancien coéquipier : Martin Dahlin. Repositionné à son poste de prédilection par Bernd Krauss, Patrik ne tarde pas à se faire apprécier des supporters du Borussia. Gladbach amène une petite révolution en Buli en devenant la première équipe à jouer régulièrement sans libero mais avec une défense à quatre hommes avec deux centraux et deux latéraux. Dur sur l’homme mais aussi propre dans la relance, le Suédois gagne rapidement ses galons de titulaire. Dixième après une première saison d’adaptation, Andersson et Die Fohlen renouent avec le succès en Coupe d’Allemagne 1995. Emmené par un brillant Stefan Effenberg, de retour au pays après une expérience italienne de deux ans à Florence, et par un prolifique Heiko Herrlich, le Borussia remporte son premier trophée depuis seize ans. Gladbach se hisse dans le top 5 du classement pendant deux ans, participe à deux belles aventures européennes en Coupe des Coupes et en Coupe de l’UEFA avant de connaître une rechute. Le club flirte même avec la relégation lors de la saison 1997/98.

Promu capitaine suite au départ de Effenberg au Bayern, Andersson ne peut empêcher le quintuple Champion d’Allemagne de finir dernier et de quitter l’élite pour la Buli 2. Les supporters du club ne lui en tiennent pas rigueur. Le 01 août 2000, le Borussia organise son centenaire. L’occasion pour les fans d’élire son XI du siècle. Dans les buts : Wolfgang Kleff, en défense : Berti Vogts, Hans-Günter Bruns, Wilfried Hannes et donc Patrik Andersson. Au milieu : Rainer Bonhof, Stefan Effenberg, Herbert Wimmer et Günter Netzer et en attaque : Jupp Heynckes et Allan Simonsen. Des affiches grand format aux images des joueurs sont fixées à l’extérieur du stade ainsi que dans les tribunes Nord et Est. Patrik Andersson assiste aux festivités en tant que joueur du Bayern. Après six ans passés au Borussia, et suite à la descente, le défenseur Suédois a rejoint la Bavière à l’été 1999 pour un transfert estimé à quatre millions de deutsche marks.

Grands clubs

L’arrivée à Munich est une étape importante dans sa carrière. Patrik est enfin dans une top team européenne. Cependant, la concurrence au FC Hollywood est forcément plus féroce. Et Ottmar Hitzfeld a l’embarras du choix pour composer son back four. Si Andersson est au top de sa forme, il va connaître ses premiers soucis physiques en Bavière. Son temps de jeu n’est pas exceptionnel mais suffisant pour apparaître dans les différentes compétitions nationales remportées par son équipe. En cette saison 1999/00, le Bayern frappe fort. Très fort. En véritable cannibale, le FCB remporte tous les titres de la saison en Allemagne : la Bundesliga, la DFB-Pokal et la DFB-Ligapokal. L’année suivante, les Munichois réalisent un autre triplé. Vainqueurs au début de la saison de la DFB-Ligapokal et prématurément éliminés en DFB-Pokal, ils luttent toute la saison avec Schalke 04 pour conserver leur titre de champion. Souvent blessé, « Bjarred » n’est pas un élément incontournable du XI mais il s’offre un moment de gloire pour l’éternité.

« Ce qui était drôle, c’était de voir tous mes coéquipiers courir dans des directions différentes. Puis voir la tribune avec Beckenbauer et Rummenigge, et puis le banc avec Hoeness, Hitzfeld et les joueurs. Les joueurs courent autour du terrain, les joueurs en costume courent sur le terrain. Incroyable. Cela m’a rendu immortel. » – Patrik Andersson

Lors de l’ultime journée de championnat, il suffit de ramener un point de Hambourg pour assurer le titre. A Gelsenkirchen, Schalke fait le job en gagnant son duel contre Unterhaching avec notamment un but de Ebbe Sand. Les fans de Null Vier pensent même avoir remporté le championnat quand Barbarez ouvre le score à la 90′ pour Hambourg. Mais un ultime coup-franc indirect dans la surface, accordé par M. Merk, permet au Bayern et à Andersson servi par Effenberg de décrocher le nul et son dix-septième titre.

Après avoir échoué en demi-finale l’année précédente, Andersson et ses coéquipiers atteignent le Graal contre Valence (1-1 / 5-4). Vingt-cinq ans après le dernier sacre des Allemands dans la compétition. Son échec face à Cañizares lors de la séance de tirs au but, comme son coéquipier Paulo Sérgio, est sans conséquence puisque Zahovič, Carboni et Pellegrino ratent pour Valence face à un Oliver Kahn impérial.

En juillet 2001, le Suédois s’envole pour la Catalogne. Après plus de deux cents matchs de Bundesliga au compteur, et quelques trophées, il s’engage en faveur d’un autre FCB : le Barça. A trente ans, il est dans la dernière ligne droite de sa carrière. Ce transfert est l’aboutissement de son parcours. En Espagne, il forme la charnière centrale avec le Français Philippe Christanval. Mais très impacté par plusieurs blessures aux deux genous, le défenseur ne dispute qu’un total famélique de dix-neuf rencontres en trois saisons de Liga. Ce qui devait être une consécration, tourne au flop pour le pauvre Patrik. L’expérience ne s’éternise pas plus. Et malgré un contrat jusqu’en 2005, il décide de rentrer au pays. Les blessures ont eu raison du colosse Scandinave.

Retour au pays et fin de parcours

Âgé de trente-trois ans, « Bjarred » retrouve son ancien club douze années après son départ. En Suède, il retrouve notamment son jeune frère Daniel. Après un long périple italien où il a porté les couleurs de Bari, Venezia, Palerme, du Chievo ou encore de Ancona, le cadet de la fratrie Andersson retrouve aussi son club formateur. Nommé capitaine, le parcours de Patrik impose le respect. Et malgré ses récents pépins physiques, il montre la voie à ses coéquipiers en Allsvenskan. Pour la première fois depuis 1988, Malmö se hisse jusqu’au titre de champion de Suède. Il ajoute donc ce trophée à son palmarès, lui qui n’avait jusqu’alors rien gagné dans son pays. Cependant, son physique lui joue à nouveau des tours. Gravement blessé au genou lors d’un match de qualification pour la Champion’s League contre les Suisses du FC Thun, il est contraint de mettre un terme à sa carrière professionnelle deux jours plus tard.

« Le temps passé à Malmö FF a été un bonus pour moi. Je ne suis pas rentré pour prouver quoi que ce soit, mais parce que c’est tellement amusant. Je voulais me sentir impliqué dans ce qui se passe dans le club et la ville et en redonner une partie Malmö FF et les supporters m’ont donné. » – Patrik Andersson

Cette décision est la conséquence logique d’un physique défaillant qui ne l’a pas épargné depuis son arrivée au Bayern en 1999. Lors de ses six dernières saisons pros, « Bjarred » n’a disputé que soixante-treize matchs de championnat. Un bilan illustrant parfaitement les blessures à répétition qui lui ont gâché sa fin de carrière. En octobre 2007, Malmö lui offre un poste. Patrik décline la proposition mais accepte d’endosser le costume de directeur sportif un an plus tard. Ensuite, en 2010, il devient scout chargé de superviser la Scandinavie pour Manchester United. Cette mission ne dure qu’un an. Puis en 2011, Andersson change de rôle. Il est nommé responsable des ventes scandinaves de la marque Pelé Sports. Patrik diversifie ses activités avec des participations dans des sociétés nordiques de la finance ou l’entreprise de construction Serneke Group. Il dirige également trois écoles de sport à Stockholm et organise des camps pour jeunes footballeurs, aussi bien en Suède qu’à Barcelone.

En sélection

Avant d’endosser le maillot de la Suède au plus haut niveau international, « Bjarred » débute par les U20. En 1991, il dispute le Mondial de cette catégorie organisé au Portugal. Mais les Scandinaves échouent en phase de groupe. Le sélectionneur national, Tommy Svensson, ne tarde pas à convoquer ce défenseur prometteur avec les A. Ainsi, fin janvier 1992, Andersson étrenne la tunique Blågult contre l’Australie par une … défaite (1-0). L’année 1992 est riche en événements pour Patrik. Après ses premiers pas en sélection, il est convoqué pour l’Euro organisé en … Suède. Titulaire dans l’axe central, il forme la charnière avec Jan Eriksson. Première de son groupe où se trouve la France de Platini, invaincue lors des éliminatoires, l’Angleterre et le Danemark, la Suède parvient en demi-finale. Cependant, suspendu, Andersson est remplacé par Björklund et assiste impuissant à la qualification de l’Allemagne (2-3).

L’année se poursuit avec sa participation aux Jeux Olympiques de Barcelone. Emmenée par un brillant Brolin, la Suède atteint les quarts de finale mais doit quitter la compétition face à l’Australie (1-2). Bien installé en équipe nationale, Patrik est dans la liste pour la Coupe du Monde 94. Les Vikings sont l’équipe surprise de cette édition américaine. Deuxième du groupe B derrière le Brésil grâce à un très bon nul (1-1) face aux Auriverde, la bande à Svensson poursuit sa route jusqu’en demi-finale en effaçant les Saoudiens de Saeed Al-Owairan en huitièmes et la Roumanie de Hagi en quarts. La Suède retrouve le Brésil mais ne parvient pas à battre les futurs vainqueurs de la Coupe (0-1). Les coéquipiers de Henrik Larsson se consolent en se hissant sur la troisième marche du podium. Leur meilleure prestation depuis leur seconde place en 1958.

« Je pense qu’ils ont joué un bien meilleur match que lors de la phase de groupe. Le terrain était un peu plus large, donc c’était bon pour l’équipe qui avait la possession. Nous avons dû trop courir aujourd’hui. Et dès que Jonas a été exclu, nous avons su qu’il faudrait un miracle pour que nous gagnions. » – Patrik Andersson, à propos de la demi-finale contre le Brésil en 1994

Son parcours international se poursuit. Cependant, la Suède ne se qualifie pas ni pour l’Euro 96 ni pour la Coupe du Monde 98. Nommé capitaine en 1997, c’est un cadre de la sélection. L’équipe nationale retrouve une compétition internationale pour l’Euro 2000. Mais la prestation de Andersson va lui laisser un goût amer. Expulsé suite à une faute grossière sur Bart Goor, il ne participe pas aux deux autres rencontres et la Suède quitte le Benelux avec la dernière position du groupe B. En mai 2002, sans le savoir, il dispute son dernier match international contre le Japon. En effet, convoqué pour la Coupe du Monde 2002 en Asie, « Bjarred » se blesse lors de la dernière séance d’entraînement avant le match d’ouverture de la Suède contre l’Angleterre. Sur le carreau, il est finalement remplacé par Andreas Jakobsson. Son bilan international se monte à quatre-vingt-seize capes pour un total de trois buts.

Statistiques :

1989-1992 – Malmö FF : 90 matchs, 11 buts

1992-1993 – Blackburn Rovers : 12 matchs

1993-1999 – Borussia Mönchengladbach : 174 matchs, 10 buts

1999-2001 –  Bayern Münich : 37 matchs, 1 but

2001-2004 –  FC Barcelone : 19 matchs

2004-2005 – Malmö FF : 19 matchs, 1 but

1992-2002 – Suède : 96 matchs, 3 buts

Palmarès :

Allemagne :

2 Bundesliga : 2000 et 2001

2 DFB-Ligapokal : 1999 et 2000

1 DFB-Pokal : 2000

Suède :

1 Allsvenskan : 2004

2 Guldbollen : 1995, 2001

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