Dernier représentant Norvégien de la partie rétro, Henning Berg vient compléter la collection de portraits où John Carew, Tore André Flo, Steffen Iversen, John Arne Riise et Ole Gunnar Solskjaer ont déjà pris place. Troisième joueur le plus capé de la sélection (100), Henning Berg a principalement sévi en Angleterre. Le Royaume de Sa Majesté, terre d’accueil privilégiée pour les footballeurs originaires du pays des fjords.

Défenseur polyvalent, Henning Berg a pendant de longues saisons été le premier et le seul joueur jusqu’en 2010 de Premier League à avoir remporté le titre avec deux équipes différentes. Et si ce n’est pas le joueur le plus connu du fameux Triplé de 1999, son sauvetage sur la ligne en quart de finale aller de Champion’s League contre l’Inter Milan pour empêcher Colonnese de marquer ce but à l’extérieur si important reste comme un moment marquant de cette splendide saison mancunienne.

Débuts

Natif de Eidsvoll, ville célèbre en Norvège pour y avoir vu la ratification de la Constitution du pays en 1814, Henning part dès son plus jeune âge pour la capitale : Oslo. Là-bas, il rejoint l’équipe de KFUM-Kameratene. Il s’agit d’un club omnisports. De 1978 à 1988, Berg montre de belles aptitudes au sein des diverses sections juvéniles. A 17 ans, le Norvégien est même sur les tablettes de Manchester United mais Alex Ferguson ne concrétise pas le transfert suite aux difficultés pour obtenir un permis de travail permanent. Finalement en 1988, il signe pour l’un des grands clubs de la capitale : Vålerenga.

En dépit de grave difficultés financières, le club est même sauvé de la faillite en 1987, les Bohemians restent parmi l’élite pendant encore deux saisons supplémentaires. Mais à la fin de l’année 1990, Vål’enga descend après quatorze saisons en première division. Après une année dans l’antichambre de la D1, Henning prend la direction des plus grands rivaux de son club : Lillestrøm. Avec les Kanarifugla (Canaris en VF), le défenseur ne s’attarde pas. Une seule saison avant de marquer les esprits. Notamment celui de Kenny Dalglish. L’ancien Red et manager des Blackburn Rovers recherche un solide défenseur pour améliorer son squad.

« Tout ce que je savais, c’est qu’ils venaient d’être promus en Premier League et que Kenny Dalglish était le manager. Mais quand quelqu’un comme Kenny dit qu’il veut vous signer, alors, bien sûr, vous y allez. » – Henning Berg

Mais l’histoire aurait dû être différente pour Berg. En octobre 1992, le célèbre Écossais profite du match à Wembley entre l’Angleterre et la Norvège pour venir superviser … Tore Pedersen. Lors de ce match qualificatif à la Coupe du Monde 94, Pedersen se blesse précocement (22′) et doit laisser sa place à … Henning Berg. Dalglish, tellement impressionné par la prestation du défenseur de Lillestrøm, lui propose immédiatement un contrat pour rejoindre le Lancashire. Un accord est trouvé et Berg rejoint les Rovers contre 400 000 £.

En Angleterre

Dans un premier temps, le nouveau joueur se retrouve sur le banc. Sûrement le temps de s’adapter à ce championnat si particulier, au rythme plus élevé qu’en Eliteserien. Dès la saison suivante, le Scandinave s’approprie le poste de latéral droit. Blackburn joue les premiers rôles en Premier League avec Tim Flowers, David May, Colin Hendry, Graeme Le Saux, Tim Sherwood, Alan Shearer et ensuite Chris Sutton. Deuxième en 1994, les Rovers devancent sur le fil Manchester United pour le titre de champion d’Angleterre 1995. Quatre-vingt un ans après leur dernier sacre, Blackburn réalise le rêve de Jack Walker. En cinq ans seulement, le nouveau proprio du club a amené son équipe de l’anonymat de la D2 au couronnement national.

Berg a joué un rôle important lors de cette saison. Tout au long de cette superbe saison, il n’a manqué que deux rencontres. Le Norvégien est un atout de poids dans l’effectif de Blackburn. Sa polyvalence lui permet de jouer aussi bien au poste de latéral droit qu’à celui de défenseur central. Le tout avec la même régularité dans ses performances. Les deux années post-titre sont plus compliquées pour les Rovers avec une septième et une treizième position au classement. Suite au titre, les joueurs découvrent la Champion’s League. Leur première participation n’est pas glorieuse avec un bilan catastrophique (1V, 1N et 4D) malgré un groupe relativement abordable (Legia Varsovie, Rosenborg et Spartak Moscou En 1996, Alan Shearer quitte le club pour rejoindre Newcastle. C’est le début d’une vague de transfert pour Blackburn.

« Même si je n’avais pas joué beaucoup de matchs de Premier League, le manager a estimé que j’étais plus apte à jouer en Europe et dans les grands matchs, et ces deux matchs contre l’Inter ont été l’occasion pour moi de faire des choses décisives pour l’équipe qui étaient faciles à voir et à retenir. » – Henning Berg

L’occasion pour Berg de rejoindre Manchester United pour £5M. A l’époque, c’est le montant le plus élevé jamais payé pour un défenseur par un club britannique. Supporter des Red Devils depuis son enfance, le Norvégien enfile enfin le maillot rouge. Membre important de l’équipe pour sa première saison, il voit son temps de jeu diminuer en championnat l’année suivante avec l’arrivée au mercato estival 1998 du robuste défenseur Néerlandais : Jaap Stam. Cependant, Alex Ferguson lui conserve sa confiance pour les matchs européens où il se montre décisif contre l’Inter Milan. Malheureusement, une grave blessure en demi-finale contre la Juventus l’empêche de disputer la fameuse finale du Camp Nou contre le Bayern. Lors de cette saison historique, United réalise le triplé. Berg devient alors le premier joueur à remporter la PL avec deux équipes différentes.

Après une dernière saison à Old Trafford, où il bénéficie de la blessure de son compatriote Ronny Johnsen pour jouer davantage, Berg retourne dans son ancien club de Blackburn. Dans un premier temps en prêt mais ensuite, le transfert devient définitif grâce à la volonté de Graeme Souness. Promus en Premier League, les Rovers assurent le maintien et s’offrent un beau bonus avec une victoire en League Cup contre Tottenham (2-1). Capitaine, Berg soulève le trophée au Millenium de Cardiff. La saison suivante, le Norvégien n’apparaît pas comme un premier choix pour le manager Écossais. Après onze saisons en Angleterre, Henning part plus au nord mais ne quitte pas le Royaume-Uni. Direction Glasgow pour une dernière pige avec les Rangers. Une pige d’un an avant de raccrocher les crampons à près de 35 ans.

Avec la Norvège

Si sa carrière en club a été riche mais relativement discrète, Henning Berg figure parmi les meilleurs footballeurs de son pays. Il débute sa carrière internationale en 1992 par une victoire (2-1) contre les Îles Féroé. Plus tard, et nous l’avons évoqué plus haut, sa performance contre l’Angleterre est décisif pour la suite de son parcours. Ses bonnes prestations en club lui valent d’être inclus dans la liste des vingt-trois pour la World Cup 94. Une édition cruelle pour les Norvégiens. En effet, ils sont éliminés du Groupe E avec le même nombre de points (4) que le Mexique, l’Irlande ou encore l’Italie. Mais les Nordiques quittent les USA à cause de leur trop faible différence de buts.

Après voir échouée à se qualifier pour l’Euro 96, la Norvège participe deux ans plus tard à la Coupe du Monde organisée en France avec Henning Berg comme capitaine. Après des débuts moyens (deux nuls contre le Maroc et l’Ecosse), les Løvene sont condamnés à l’exploit contre le Brésil pour sortir du groupe. Face à l’un des favoris de la compétition, les Scandinaves parviennent à retourner une situation mal embarquée suite à l’ouverture du score de Bebeto (78′) grâce à deux réalisations de Flo (83′) et Rekdal (89). Comme en France en 1938, les Norvégiens atteignent les seizièmes de finale. Et comme lors de la troisième édition de la compétition mondiale, ils retrouvent l’Italie. Mais la marche est trop grande et Bobo Vieri endosse le costume de bourreau (1-0).

« A l’époque, et sans le connaître personnellement, celui que j’aimais beaucoup était Henning Berg. C’était un leader fantastique avec une grande autorité dans le jeu. » – Lars Lagerbäck lors de sa nomination au poste de sélectionneur de la Norvège

La bonne série continue avec la première qualification du pays pour l’Euro 2000. Iversen marque le premier but de sa sélection contre l’Espagne pour une victoire de prestige (1-0). Cependant, comme en 1994, la Norvège reste sur le quai avec le même nombre de points (4) que le deuxième qualifié : la Serbie-et-Monténégro. La défaite concédée contre le pays des Balkans (1-0) est décisive. Il s’agit de la dernière grande compétition internationale disputée par la Norvège et Henning Berg. Malgré de nombreuses blessures, il atteint le chiffre mythique des 100 matchs internationaux sur une période de douze ans. Cela le classe sur la troisième place du podium des joueurs les plus capés de son pays derrière Thorbjørn Svenssen (104) et John Arne Riise (110).

Sur le banc

Une année après avoir arrêté sa carrière de joueur, Henning Berg se lance comme entraîneur. Dès 2005, Lyn mise sur le jeune coach. Localisé à Oslo et fondé en 1896, le club est l’un des plus anciens en Norvège. Traditionnellement, il est associé aux classes aisées de la population quand Vålerenga représente plutôt les classes populaires. Sur le terrain, la première année de Berg est très encourageante ponctuée d’une troisième place. Lyn valorise ainsi son programme de développement des jeunes. Lors de la rencontre contre Rosenborg, Lyn l’emporte à Ullevaal pour la première fois depuis 1968 et réédite l’exploit en déplacement à Trondheim. La suite est moins glorieuse avec un glissement au classement (7ème et 9ème). Après trois saisons, Berg quitte Lyn et retrouve un banc à Lillestrøm. L’expérience n’est pas une réussite. Loin de là. Pendant trois ans, les Fugla flirtent avec la relégation. A trois journée de la fin du championnat 2011, Berg est viré.

Sans job, il rebondit comme consultant pour la télévision norvégienne. Il ne reste pas inactif longtemps. En octobre 2012, Berg devient le premier manager étranger de Blackburn. Mais cinquante sept jours plus tard, avec une seule victoire et six défaites au compteur, il prend la porte. Après cette nouvelle déconvenue, Berg devient scout pour Norwich City et observe principalement l’Angleterre et l’Allemagne. Après cette petite pause, Berg retrouve un banc à Varsovie, en Pologne. Avec le Legia, Berg trouve tout de suite la bonne formule en s’appuyant sur le succès de la saison précédente. Leader de la saison régulière et des Play-Offs, les Wojskowi remportent l’Ekstraklasa. C’est leur dixième titre. Le Legia manque de peu la passe de trois. Premier avant les Play-Offs, ils se font doubler sur le fil par Lech Poznań.

« Je connais l’histoire, je connais les valeurs de ce club, je sais comment les choses ont été gérées et nous sommes impatients de nous assurer que nous gérons ce club de la bonne manière et à l’avenir, il y a beaucoup de choses positives. » – Henning Berg lors de sa nomination à Blackburn

Mais ils se rattrapent en s’imposant en Coupe contre … Lech Poznań (1-1 / 5-4 tab). Deuxième du classement de la saison 2015/16, Berg est limogé après onze journées et un résultat nul (2-2) contre Górnik Zabrze. Henning continue son aventure dans les championnats d’Europe de l’Est et s’engage avec Videoton. Le club basé à Székesfehérvár, en Hongrie, lutte jusqu’à la toute dernière journée pour le titre mais échoue à la seconde place. Licencié, il retourne en Norvège où il s’engage avec Stabæk. A la lutte pour le maintien, Berg l’obtient après le barrage contre Aalesund (1-0 / 1-1). Si Henning débute la saison 2019 sur le banc de Stabæk, une nouvelle expérience à l’étranger l’attire à Chypre. L’offre de Stavros Papastavrou, le nouveau patron de l’AC Omonia Nicosie est très intéressante. Au coude-à-coude avec l’Anorthosis Famagouste pour le titre, Omonia garde l’avantage grâce à ses deux bons résultats (1-0 et 0-0) contre son concurrent direct. Peut-être un nouveau trophée pour Berg. Si le Covid19 permet la reprise du championnat.

Statistiques :

1988-1991 – Vålerenga IF : 66 matchs, 2 buts

1991-1993 – Lillestrøm SK : 20 matchs, 1 but

1993-1997 – Blackburn Rovers : 159 matchs, 4 buts

1997-2000 – Manchester United : 66 matchs, 2 buts

2000-2003 – Blackburn Rovers : 74 matchs, 3 buts

2003-2004 – Rangers FC : 20 matchs

1992-2004 – Norvège : 100 matchs, 9 buts

Palmarès :

Angleterre :

3 Premier League : 1995, 1999 et 2000

1 FA Cup : 1999

1 League Cup : 2002

1 Community Shield : 1997

1 Champion’s League : 1999

1 Coupe Intercontinentale : 1999

2 Kniksen : 1999 et 2004 (honorifique)

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