Fils d’un des attaquants les plus prolifiques de Norvège (recordman de buts en une saison de championnat avec 30 goals), Steffen Iversen a réussi à écrire sa propre histoire malgré une filiation célèbre. Comme son père avant lui, Steffen a particulièrement brillé avec le club de Trondheim : Rosenborg. Mais également en Angleterre avec notamment un long séjour dans le nord de la capitale britannique.
Pas facile de marcher dans les traces de son père. Surtout quand le paternel est un très grand buteur. Et que le fiston se destine à jouer au même poste. Pourtant, Steffen Iversen n’a pas à rougir de son parcours. Un parcours essentiellement effectué entre la Norvège et l’Angleterre. Sans oublier évidemment la sélection nationale. Retour sur la carrière de Iversen junior.
Odd Iversen
Impossible de débuter ce papier sans revenir brièvement sur la carrière de Odd « Ivers » Iversen. Natif de Trondheim, cité située sur les rives du fjord éponyme, dans le centre de la Norvège, et aux maisons colorées caractéristiques, Odd Iversen a principalement évolué dans le club de sa ville. A la fin des années 60, il tente l’aventure à l’étranger et joue pour le club belge de Malines. Mais Odd rentre au pays trois ans plus tard. Au cours de sa carrière, « Ivers » endosse également la tunique de Vålerenga (club de la capitale norvégienne) pendant trois saisons. Lors de ce passage à Oslo, Steffen voit le jour en 1976.
En 1980, Odd retourne à Trondheim pour mettre un terme à carrière deux ans plus tard dans son club fétiche : Rosenborg. Souvent considéré comme l’un des plus grands footballeurs norvégiens de tous les temps, il a été sacré meilleur buteur du championnat norvégien à quatre reprises (1967, 1968, 1969 et 1979). Le jeune Steffen ne côtoie pas beaucoup son père pendant son enfance. Même les légendes ont leur faille et leur faiblesse. En 1998, dans un entretien, Odd confesse des problèmes d’alcool. Steffen est donc principalement élevé par sa mère, Beate. Comme beaucoup de jeunes garçons, il veut suivre les traces de son père et débute la pratique du football à Trondheim dans le club du SK Nationalkameratene.
«Nous n’avons pas eu beaucoup de contacts dans l’enfance. Mais sur le terrain de football, je l’ai eu comme modèle, comme beaucoup d’autres joueurs.» – Steffen Iversen, à propos de son père Odd
Si Steffen rejoint ce club, Rosenborg garde un œil attentif sur sa progression. Les Troillongan peuvent le récupérer gratuitement à n’importe quel moment grâce à une clause signée par son père. Ensuite, il rejoint Astor FK. Un autre club basé à Trondheim. Et finalement, en 1994, Iversen s’engage avec l’ancien club de son père. Dans un premier temps, il évolue avec les jeunes. Mais pas pour longtemps. Pour sa première apparition avec la réserve, il claque un sextuplé. Dès le 21 avril 1995, Steffen fait ses grands débuts au Lerkendal avec l’équipe première. Rapidement, il gagne sa place de titulaire, marque des buts et inaugure son palmarès *. Il éveille l’intérêt de grands clubs européens grâce à la fameuse victoire (1-2) contre le Milan à San Siro.
L’Angleterre
Lors de la dernière journée du groupe D, Rosenborg s’impose à la surprise générale à Milan. Ce succès élimine les hommes de Arrigo Sacchi de la prestigieuse compétition continentale. Exit Baggio, Baresi, Boban, Costacurta, Maldini et Savicevic. En décembre 1996, soit seulement quelques jours après cette superbe performance, Tottenham débourse £2,3M pour s’attacher les services du buteur scandinave. Iversen débarque dans le Nord de Londres, dans un effectif où Teddy Sheringham est l’atout offensif n°1 du club. Le Norvégien obtient un temps de jeu significatif et montre son adresse devant le but (6).
Malheureusement, Iversen rejoint les Spurs à une période où les Lillywhites de Alan Sugar peinent à sortir du ventre mou du classement et où les managers se suivent sans trouver la formule miracle. En plus de cela, Steffen doit endosser l’étiquette de successeur de Jürgen Klinsmann. Une lourde succession pour un jeune homme de 20 ans. Pire, son ratio sur les deux premières saisons est pire que celui de l’Allemand (9 buts), revenu en prêt à Londres pour éviter à son ancien club les affres de la relégation. Pourtant, les saisons suivantes, Iversen se montre plus réaliste. Meilleur buteur de club avec 13 et 17 buts, le Norvégien participe activement à la conquête de la League Cup en inscrivant un but décisif de toute beauté en demi-finale contre Wimbedon.
« Il me rappelle un peu Jürgen avec son sens du but dans la surface de réparation. C’est un talent exceptionnel et pendant les huit mois où je l’ai observé dans toute l’Europe, je l’ai vu marquer des buts fantastiques. S’il peut faire le travail que Jürgen a fait pour nous, alors nous serons très heureux. » – Gerry Francis, manager des Spurs de 1994 à 1997
Steffen ne s’en doute pas encore mais il a atteint l’apogée de sa carrière londonienne. Des blessures récurrentes vont l’empêcher de pouvoir enchainer de façon régulière. Son temps de jeu s’affaiblit. Les dirigeants perdent patience. Et finalement, il est libéré de son contrat un an avant son expiration. Son passage à Tottenham laisse un goût d’inachevé tant le Norvégien avait le potentiel et le talent. Iversen s’engage avec les Wolves. Dans les West Midlands, le rebond espéré n’arrive pas. Au bout d’une saison, il quitte l’Angleterre pour rentrer au pays. Quelques années plus tard, Iversen retrouve Londres. Le Sud de la capitale et Crystal Palace pour une pige de 13 mois. Et une dernière expérience au pays de Shakespeare.
Le retour au pays
Son retour au pays est une bénédiction pour le buteur nordique. Une renaissance. Comme son père avant lui, il joue pour Vålerenga. Steffen retrouve ses sensations et semble débarrasser de ses pépins physiques. En 2005, il est un des hommes forts du titre de champion. Le premier depuis 21 ans pour le club d’Oslo. Et le troisième personnel pour le joueur. Dix ans après le premier. Après deux saisons, il décide de ne pas prolonger son contrat pour rejoindre son premier club professionnel : Rosenborg.
Pour son retour au Lerkendal, il remporte à nouveau le championnat et inscrit 18 réalisations devenant le meilleur buteur de la ligue. Son quatrième titre. Ses performances (93 buts en 187 matchs) suscitent les convoitises. Genk pense obtenir le gros lot. Mais malgré une clause dans son contrat pour quitter Rosenborg libre si un nouveau bail n’est pas signé avant la nouvelle année, il décline l’offre des Belges pour demeurer à Trondheim. Iversen remporte deux nouveaux titres de champion de Norvège (2009, 2010).
« Steffen est l’un des meilleurs joueurs de Norvège et c’est bon de le ramener ici » – Rune Bratseth, manager général de Rosenborg
Après sa dernière, et courte, expérience anglaise avec Palace (voir ci-dessus), Steffen Iversen revient à Rosenborg pour son dernier contrat. Son objectif est clair : remporter une septième couronne nationale. Cependant, Rosenborg et Iversen ne parviennent pas à réaliser cette mission. Le Molde de Ole Gunnar Solskjær garde son trophée pour le seconde saison consécutive. Âgé de 36 ans, le buteur décide de raccrocher les crampons après une belle carrière. Une carrière dont son père peut être fier.
Avec les Løvene
Membre régulier des U21 norvégiens depuis ses débuts professionnels, Steffen Iversen est l’un des acteurs majeurs de la très belle prestation de son équipe (3ème place) à l’Euro U21 de 1998. Auteur de trois buts lors de la compétition, son doublé contre les Pays-Bas assure la place sur le podium à son pays. Avec 17 réalisations en 23 sélections U21, il détient le record pour cette catégorie.
La même année, Iversen débute avec l’équipe A pour la campagne qualificative à l’Euro 2000. Et pour la première, et unique, fois de leur histoire, la Norvège parvient à se qualifier pour cette compétition internationale. D’ailleurs, Steffen s’illustre en marquant le but victorieux contre l’Espagne lors de la première rencontre dans un championnat d’Europe pour son pays. Cette réalisation est, à ce jour, l’unique but norvégien marqué dans un Euro. Iversen est un membre important de la sélection.
« Battre l’Espagne dans notre premier match du groupe C a été un grand coup de boost. » – Tore André Flo
Un petit quiproquo entache son parcours international. En août 2008, il manque le rendez-vous pour la convocation du match amical contre la République d’Irlande. Furieux, Åge Hareide le renvoie chez lui. Mais le sélectionneur le retient à nouveau pour le rassemblement suivant afin de disputer la phase de qualification pour la Coupe du monde 2010. Steffen se fait pardonner en inscrivant un doublé contre l’Islande. Finalement, il honore sa dernière cape contre le Danemark dans la course à l’Euro 2012. Au total, il cumule 79 sélections pour 21 buts.
Reconversion
Si Steffen Iversen a mis un terme à sa carrière professionnelle, il n’a pas pour autant arrêté de jouer au football. En 2013, le club de Herd annonce avoir trouvé un accord avec le vétéran de l’attaque. La pige ne dure que deux matchs. Par la suite, Iversen débute une nouvelle carrière en tant que coach. Il prend en main les commandes de Haugar. Puis en 2018, il dirige Trygg/Lade. Parfois, Steffen chausse les crampons pour filer un coup de main.
Annoncé avec insistance par les médias comme le futur entraîneur de Vålerenga depuis le départ du précédent technicien vers la MLS, Steffen Iversen aimerait bien faire le grand saut en Première Division. Cependant, si l’ancien international a bien débuté sa formation pour obtenir les diplômes nécessaires, il n’est pas encore titulaire des brevets pour diriger une équipe de l’élite.
« J’ai joué deux ans au club et je le connais très bien depuis mon jeune âge. Ça a toujours été Vålerenga et Rosenborg pour moi, donc ça serait un énorme défi. » – Steffen Iversen
Pour la petite histoire, son fils : Joey James a passé des tests avec Tottenham et Watford. Sans succès. Mais le jeune garçon de 6 ans a finalement signé avec Barnet pour suivre les traces de son grand-père et de son père pour perpétuer (peut-être) un jour la tradition familiale des Iversen dans le foot norvégien et européen.
Statistiques :
1994-1996 – Rosenborg BK : 78 matchs, 29 buts
1996-2003 – Tottenham Hotspur : 178 matchs, 47 buts
2003-2004 – Wolverhampton : 20 matchs, 4 buts
2004-2005 – Vålerenga : 48 matchs, 19 buts
2006-2010 – Rosenborg BK : 187 matchs, 93 buts
2010-2012 – Crystal Palace : 23 matchs, 2 buts
2012 – Rosenborg BK : 32 matchs, 8 buts
1998-2011 – Sélection norvégienne : 79 matchs, 21 buts
Palmarès :
Norvège :
6 Tippeligaen : 1995, 1996, 2005, 2006, 2009 et 2010
1 Coupe : 1995
Angleterre :
1 League Cup : 1999
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