Dans cette période inédite que subit le monde actuellement avec le report voire l’annulation de la totalité des compétitions de football en Europe, une question perdurait : que faire de l’Euro 2020 qui arrive à grands pas ? La réponse est tombée, il est reporté d’une année et met fin dans le même temps à l’ère Åge Hareide en tant que sélectionneur de la sélection danoise. Retour sur quatre années mouvementées qui, malgré des résultats sportifs satisfaisants, se terminent avec un sentiment de gâchis d’une génération qui pouvaient espérer mieux.

Dans l’éternel espoir de voir Michael Laudrup à la tête de la sélection danoise après une exile au Qatar, c’est finalement Åge Hareide qui est nommé sélectionneur en mars 2016 après le départ de l’emblématique Morten Olsen en poste depuis 16 années. Connu pour son jeu direct et par un court passage à Brøndby où il gagne un championnat, le premier sélectionneur norvégien du Danemark est loin de faire l’unanimité.

À son arrivée l’objectif est clair, la qualification pour la Coupe du Monde 2018 en Russie. Après un échec retentissant pour la sélection danoise en barrages de l’Euro 2016 face à l’éternel ennemi suédois, la DBU (fédération de football danois) et l’ensemble du pays souhaitent revoir sa sélection dans une grande compétition internationale après 6 années blanches. Connu pour son pragmatisme qui a fait son succès à Malmö et à Rosenborg, Hareide peut compter sur une génération de footballeurs danois qui arrive à maturité et s’exporte dans de grands clubs européens. Avec Christian Eriksen en tête d’affiche et de jeunes talents tels que Kasper Dolberg et Pione Sisto, le nouveau sélectionneur a toutes les cartes en main pour réussir à se qualifier dans un groupe plus qu’abordable (Arménie, Kazakhstan, Monténégro, Pologne, Roumanie).

Dublin, la délivrance

Malgré tout, cette qualification sera une vraie bataille. Hareide teste énormément de systèmes de jeu sans réellement trouver celui qui convient parfaitement à cette équipe. Il décide de débuter les qualifications avec une formation à 3 défenseurs en utilisant deux pistons très défensifs. Deux défaites face à la Pologne (3-2) et au Monténégro (0-1) qu’il le fera revenir très rapidement à son célèbre 4-2-3-1 avec lequel il a arboré les différents championnats scandinaves. Une tactique peut risquer dans un groupe qu’il est tout autant. Après une année 2017 triomphale où le Danemark ne perd aucun match et signe une victoire retentissante face à la Pologne (4-0), le champion d’Europe 1992 doit se confronter à l’Irlande en barrages pour accrocher un billet in extremis pour la prochaine Coupe du Monde. Un match nul soporifique à l’aller qui mène à une rencontre historique à Dublin ou le Danemark s’impose largement (1-5) avec Christian Eriksen qui signe la plus belle prestation de sa carrière internationale.

(source : fifa)

Moscow mule

Le Danemark est donc qualifié mais les matchs de préparation font ressurgir les doutes que le public a pu observer au début de l’ère Hareide. Dès que l’adversité augmente, l’équipe affiche un niveau de jeu faible avec un manque de créativité et d’intentions de jeu évidentes. Le 3 juin 2018, Åge Hareide annonce sa liste pour la Russie. Une liste très discutée qui favorise grandement un jeu défensif en oubliant des joueurs comme Daniel Wass ou Rasmus Falk Jensen qui apporte une touche technique dans une sélection qui en manque grandement. De plus, un problème récurrent continue d’exister : les défenseurs latéraux. Plus de 8 joueurs utilisés à ces postes depuis le début de sa nomination et Hareide ne trouve pas les deux titulaires sur les ailes, poste pourtant déterminant dans son système où il utilise des ailiers qui repiquent dans l’axe. La sélection scandinave se dirige Russie sans réelles certitudes avec Jens Stryger Larsen habituellement arrière droit, titulaire sur l’aile gauche et Henrik Dalsgaard à droite malgré une saison compliquée à Brentford en Championship.

(source : IANS)

Australie, France et Pérou pour le Danemark, qui fait dorénavant office d’outsider dans un groupe largement à sa portée. Une phase de groupes qui confirme les différentes idées reçues. La sélection danoise n’est pas venue en Russie pour produire du jeu mais pour le résultat. Aubaine pour le sélectionneur norvégien qui voit une compétition où le jeu direct prime et qui remportera le succès du pire match de la Coupe du Monde 2018 face à la France (0-0). Au final un huitième de finale face à la Croatie où le peuple danois a pu espérer quelques minutes avant de voir une prestation de très haut niveau de Kasper Schmeichel qui ne sauvera pas les siens durant la séance de tirs au but. Contrat rempli pour Hareide qui a réussi son objectif sportif mais qui a terriblement déçu dans les intentions de jeu et dans le comportement où ce dernier s’est amusé à envoyer des pics notamment à la France avant de revenir sur ses déclarations.

La routine

De retour au pays et après avoir subi de nombreuses critiques, la vie normale a repris son cours. Un groupe facile en vue de l’Euro 2020 (Géorgie, Gibraltar, Irlande, Suisse) pour un résultat final quasi identique. 2e d’un groupe derrière le favori dans une campagne monotone où le Danemark enchaîne des prestations très faibles et irrégulières comme en Géorgie avant de battre la Suisse au Parken Stadium. Et une fois de plus, c’est face à l’Irlande que tout se joue et grâce à un match nul dans ce même Aviva Stadium, les Rød-Hvide gagnent le droit de jouer l’Euro 2020.

(source : afp)

Un Euro 2020 qui n’aura donc pas lieu à cause du Covid-19 qui oblige l’UEFA a le repousser d’une année. Une décision aux grandes conséquences pour la fédération danoise qui avait nommé Kasper Hjulmand au poste de sélectionneur à la fin de cette compétition. Dans l’attente d’une réaction de la part de Jesper Møller et d’Åge Hareide, on apprend sur le site officiel de la fédération que le norvégien décide de ne pas prolonger son contrat qui prend fin le 31 juillet 2020. Une décision prise en accord avec l’ensemble de son staff qui laisse place à un nouveau sélectionneur jeune et plein d’ambitions, Kasper Hjulmand.


photo à la une de : Liselotte Sabroe

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